• Londres - Virginia Woolf

    Virginia Woolf est une grande figure de la littérature moderniste anglaise du XXème siècle. Elle est surtout connue pour avoir fait partie du Groupe de Bloomsbury et s'être suicidée par noyade à 59 ans.

    Mais les écrits de cette écrivaine de grand talent sont aussi célèbres par la façon dont ils retranscrivent la société britannique. C'est dans ce cadre que se situe Londres, un recueil de textes réunis par Mario Fortunato, écrivain et ancien directeur de l'Institut culturel italien de Londres pour une édition italienne.

    Dans cet ouvrage, on trouve des articles de presse, des conférences, des extraits du journal intime de Virginia Woolf, rédigés entre 1909 et 1932. Faisons-en maintenant une revue de détails si vous me le permettez !?

    Le premier texte raconte une sortie de Virginia durant l'hiver pour s'acheter un crayon et est l'occasion de nous décrire l'ambiance des rues londonienne, l'allure des passants interlopes, de nous brosser le tableau d'une librairie, le destin des ouvrages obscurs et de nous faire rencontrer le papetier et son épouse.  Bref "partir à l'aventure" !

    Il y a ensuite deux textes qui nous décrivent l'intérieur de la maison des époux Carlyle, Thomas l'essayiste et sa femme  Jane. Si le premier texte est assez court, le second propose une "réflexion" sur les tâches ménagères, l'entretien d'une maison qui n'a pas l'eau courante et comment ça forge le caractère des individus fussent-ils célèbres, plus parlant que l’œuvre elle-même et les biographies.

    Après nous avoir présenté un "Salon moderne" puis le "Tribunal des Divorces" - où il s'agit pour ce second lieu de maintenir les apparences puritaines, Virginia Woolf nous parle longuement, dans un texte de conférence, de ses membres, des lieux et de l'effervescence intellectuelle qui s'y déroulait, parlant du beau, du bien, etc,... Puis dans un second temps, on y vint à parler ouvertement de sexe et l'ambiance y fut réputée sulfureuse. Mais ce récit ne dit pas ce qu'il en était vraiment sur ce dernier point, se contentant de relever les rumeurs ! On aurait pourtant aimé savoir !

    Le texte suivant, "Orage sur Wembley" parle de l'Exposition coloniale qui s'y est tenue en 1924  - 1925 et utilise ces conditions climatique qui causèrent apparemment des dégâts aux pavillons comme une métaphore judicieuse pour le déclin de l'Empire colonial britannique. Bien à propos et prophétique !

    "Les Docks de Londres" nous décrit à la fois la saleté des docks et l'effervescence qui y règne, l'intense activité qui voit des tonnes et des tonnes de marchandises y transiter tous les jours pour alimenter le cœur de l'Empire, en provenance de ses Dominions. Le texte suivant sur Oxford Street nous parle du commerce fin qui se tient une fois que les matières brutes des docks ont été transformées en produits de luxe.

    L'écrivaine nous parle ensuite des Abbayes et des Cathédrales de Londres ! D'abord la Cathédrale Saint-Paul qui célèbre les vertus des morts du commun, puis l'Abbaye de Westminster réservée aux Rois et Reines et aux aristocrates. Il semble y avoir chez Virginia Woolf un certain rejet de la démocratie au profit de la monarchie, fut-elle parlementaire comme en Angleterre. Un autre texte sur la Chambre des Communes - où le pouvoir est délégué aux comités et où plus aucune figure n'a la stature pour être immortalisée dans le marbre - confirme cette impression.

    Le "portrait d'une Londonienne" est celui de Madame Crowe, qui a tenu Salon pendant soixante ans, de  cinq heures à sept heures afin de collecter toutes les rumeurs ou ragots à la manière d'une commère mondaine. Mais nulle condamnation ici de la part de Virginia Woolf qui insiste au contraire sur le fait que la vieille Dame reconstituait les morceaux épars de la vie de Londres en un  tableau cohérent et était la mémoire vivante de la ville !

    Dans le dernier texte, l'auteure nous raconte son baptême de l'air au-dessus de Londres, comment l'Humanité nous parait alors insignifiante depuis le ciel et comment le sentiment de finitude et de mort semble imminent, le pilote de l'avion se transformant alors en figure de Charon  - pour avouer à la fin que le baptême de l'air n'a pas eu lieu ce jour là et que tout s'est fait en imagination, retranscrit par la magie des mots et le miracle de l'écriture !

    Un excellent recueil dans une très belle traduction d'une certaine Chloé Thomas. A priori, j'aime beaucoup le style et la prose de Virginia Woolf et renouvellerai l'expérience, peut-être avec Mrs Dalloway ?

    J'ai emprunté ce livre avant le confinement à la Bibliothèque de Caen, la BAdT, et remercie au passage le lecteur ou la lectrice érudite qui a ajouté des indications biographiques (dates de décès, noms de famille,..) dans les marges au crayon à papier de manière fort pertinente et utile ! Eh oui, c'est aussi ça la vie d'un livre !

    A bientôt !

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