Rodolphe Töpffer (1799 - 1846) est un Suisse francophone natif de Genève qui fit carrière comme professeur des écoles et qui avait un fort penchant pour l'art. Son père pratiquait la peinture.

Malheureusement, le fils Töpffer ne put suivre l'exemple paternel en raison d'une maladie chronique des yeux qui bloqua sa carrière de peintre professionnel.

Ceci ne l'empêcha pas de se rabattre sur des histoires illustrées dont les premières furent crées par ses soins dans les années 1820. Par ailleurs, le jeune homme, avant cela, avait fait des études littéraires à Paris et étudia le grec. C'est en dispensant quelques cours qu'il devint professeur et conserva le dessin en dilettante.

Rodolphe Töpffer fonde son propre établissement scolaire en 1824 et entreprend des excursions avec ses élèves dont il tire quelques essais et romans, tels que Voyages en zigzag ou Nouvelles genévoises. Il se mets par la suite à illustrer ses récits.

C'est en 1827 qu'il achève, pour ses élèves et amis, un long récit de 30 pages, contenant 158 planches - que l'on considère aujourd'hui comme une bande-dessinée : L'Histoire de M. Vieux Bois qui raconte des dépits amoureux, narrés comme une course-poursuite avec suicides ratés du personnage et un dénouement plus heureux. Il ne publie pas cet objet mais le redessine, l'améliore pendant des années dans une version plus longue présentée comme des "histoires en estampes" et publiée en 1837 sous le titre Les Amours de M. Vieux Bois. Cette deuxième version comporte 88 pages et 198 planches et la version suivante de 1839 a 221 planches pour 92 pages. Töpffer pose les premières technique du média en matière de montage, découpage et composition dans le temps.

Comme le droit d'auteur n'existe pas à cette époque en France, Mr. Vieux Bois sera vite piraté, en Angleterre en 1841 sous le nom de Mr. Bachelor Butterfly puis aux Etats-Unis en Mr. Obadiah Oldbuck, première BD publiée aux Etats-Unis !

Par ailleurs jusqu'en 1831, Töpffer a aussi conçu, toujours pour ses proches, Le Docteur Festus, les premières versions de M. Cryptogame,M. Jabot et M. Pencil qui seront par la suite réunies en recueils.

C'est en 1833, avant 1837 et les Amours de Mr. Vieux Bois, que parait son premier album oblong, Histoire de M. Jabot qui narre les tentatives d'ascension sociale d'un parvenu, prétextes à quiproquo dans la lignée de Molière !

Avec M. Crépin en 1837, le professeur se livre à une critique - non sans malice - du système éducatif. C'est cette même année que paraissent les Amours de Mr. Vieux Bois qui dont parodie les élans du coeur. En 1840 sont publiés les recueils de ses premières œuvres M. Pencil et Le Docteur Festus concernant respectivement l'art et les sciences qui sont égratignées à leur tour. Et six ans plus tard, sort la très politique Histoire d'Albert contre le fondateur du Parti radical genevois. Il propose aussi dans L'Illustration une version remaniée de M. Cryptogame : Histoire de M. Cryptogame. Son M. Trictrac reste inachevé et parait à titre posthume en 1937.

Töpffer est donc un véritable précurseur, et un théoricien du 9ème Art. Il a rédigé des essais à ce sujet dont Réflexions et menus propos d'un peintre genevois - Essai sur le beau dans les arts ainsi que Essais d'autographie.

Ce faisant il ouvre la voix pour ses successeurs proches : Christophe (Le Sapeur Camembert, La Famille Fenouillard, Savant Cosinus) ou encore Wilhelm Busch (Max und Moritz).

On peut donc dire sans se tromper que Töpffer est l'inventeur de la BD !

A bientôt !