Saisir la complexité du réel en sciences n'est pas chose aisée et c'est particulièrement vrai dans les sciences encore jeunes que sont la Sociologie et la Psychologie ! Ces dernières décennies, alors que tout le monde prend la plume et que paradocalement on lit de moins en moins, on a assister à une mode du récit de soi, de l'autobiographie et de l'autofiction ! Dans un contexte accentué d'individuation croissante de nos sociétés !

En Sociologie, le recours au discours biographique, au témoignage, a longtemps été suspect mais depuis les années 2000, les choses changent et l'approche qualitative en définissant sa méthodologie, trouve sa légitimité à côté des méthodes quantitatives à base de questionnaires transformés soumis à l'analyse statistique.

Ce qu'on reproche au récit de vie, c'est justement son aspect par essence subjectif ! L'enquêté est suceptible de mentir. Ce biais peut être éliminé en comparant le témoignage avec des données administratives ou d'autres témoignages. Ainsi si vous enquêtez sur la vie en usine, si vous comparez 30 témoignages, les grandes lignes devraient en être similiaires ce qui permet de démasquer les mythomanes !

Ces récits de vie fournissent alors une formidable approche longitudinale, donnant des infos sur des aspects personnels, familiaux, économiques, culturels notamment. Evidemment ça demande un travail de mise en forme de la part de l'enquêteur, du chercheur ! Le résultat final de  l'étude, la réponse à la problématique de départ est quelque chose qui se construit.

Le livre Parler de soi paru aux éditions de l'EHESS, collection de communications et de publications reprend tous ces aspects et en évoque d'autre ! Il est ainsi question des silences de l'interviewer, de l'influence du chercheur sur l'enquête, de son empathie face à la violence de certains récits (le livre aborde notamment le cas des néonaticides ou des questions sexuelles) et de la résistance du terrain qui a aussi une valeur herméneutique !

C'est là un excellent ouvrage, pour tout étudiant en Sociologie (dont je suis aussi) qui veut en faire son métier, pour les considérations méthodologiques mais aussi pour tout individus friand de questions de nature humaine par les exemples abordés et pour tous ceux qui veulent "faire chauffer leurs neurones" (mais pas trop non plus pour ne pas risquer l'AVC !).

A bientôt !