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Emmanuel Carrère
Faisons encore une incursion dans la littérature contemporaine avec Emmanuel Carrère.
A l'heure où les préférences des auteurs vont à l'autofiction, se mettant eux-même en scène dans des aventures imaginaires, Emmanuel Carrère, après avoir lui-même un temps pratiqué le roman (La Moustache, La Classe de neige...), explore le récit autobiographique depuis L'Adversaire.
Emmanuel Carrère est le fils d'Hélène Carrère d'Encausse, soviétologue et académicienne. Il est ancien étudiant à Sciences-Po puis débute sa carrière dans la critique de cinéma pour Positif et Télérama.
En 1983, il publie son premier roman, l'Amie du jaguar chez Flammarion avant de passer chez P.O.L (qui demeure son éditeur à ce jour) avec Bravoure en 1984. Il garde un contact avec le monde de l'audiovisuel et s'occupant de scénarios pour la télévision notamment Léon Morin, prêtre. Certains de ses récits seront adaptés au cinéma notamment L'Adversaire en 2002 par Nicole Garcia avec Daniel Auteuil, le documentaire Retour à Kotelnitch en 2003 dont il est question dans Un roman russe et il réalise lui-même La Moustache en 2005.
Cet écrivain est souvent perçu par la critique comme un auteur narcissique et pessimiste. Il y a en effet chez lui une angoisse intérieure qu'il évoque dans ces récits. On s’intéressera ici à ses trois derniers livres : L'Adversaire (2000), Un roman russe (2007) et D'autres vies que la mienne (2009), récits dont les évènements se suivent dans le temps et qui marquent une montée en puissance de la maitrise de l'auteur.
L'Adversaire s'intéresse au cas de Jean-Claude Romand, inquiétant et énigmatique protagoniste d'un drame familial qui a défrayé la chronique en janvier 1993. Mythomane invétéré, celui-ci s'était inventé une vie de médecin et acculé par ses mensonges a fini par assassiner les siens. Carrère retrace et tente de comprendre le parcours de ce criminel sans pour autant l'excuser. Un voyage au fond de la noirceur de l'âme humaine !
Un roman russe débute par une enquête pour le magazine Envoyé spécial. Carrère se voit confier une enquête sur le dernier des prisonniers hongrois de la Seconde Guerre Mondiale, resté 55 ans en Russie dans un asile psychiatrique à Kotelnich. Partant de là, l'écrivain va revisiter ses origines russes, l'histoire de son grand-père maternel, collaborateur durant l'Occupation. Parallèlement, on trouve aussi un récit érotique dans cet ouvrage au coeur de la relation sentimentale entre Carrère et sa compagne de l'époque, Sophie.
Enfin, D'autres vies que la mienne, au sujet duquel les critiques sont unanimes pour dire que c'est un succès se penche sur le travail de deuil : victimes du tsunami de 2004, mort du cancer de la belle-sœur de Carrère. L'auteur marque enfin son ouverture aux autres et apaise un peu l'angoisse qui le tient au corps.
Bref, j'avoue que j'ai une préférence pour les ouvrages de cet écrivain que je préfère à beaucoup d'autres de ses contemporains. Même si son œuvre est résolument sombre, ses dernières évolutions montrent un regain d'optimisme. Une lecture a recommander !
A bientôt pour une nouvelle chronique !
Tags : carrere, roman, recit, russe, autres
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