• Invisible - Paul Auster

    Voici un roman étrange de Paul Auster au sujet duquel on n'aura pas le dernier mot.

    En effet, parce qu'il met en scène successivement plusieurs narrateurs et que la plupart de ceux-ci font partie de ce que l'on appelle en théorie littéraire, des "narrateurs non-fiables", on peut dire qu'il y a autant de lectures possibles, de réceptions envisageables d'Invisible qu'il y a de lecteurs.

    Invisible bouscule les repères de la fiction.

    Au départ, il y a le personnage d'Adam Walker, jeune étudiant en littérature à l'université de Columbia, en 1967. Celui-ci va faire la connaissance de Rudolf Born, un être mystérieux et malsain et sa compagne du moment, l'énigmatique et torturée Margot. Ces deux derniers personnages sont des français expatriés.

    Born va entrainer Walker dans un meurtre puis prendre la fuite. Ce roman est en effet un roman de la disparition et de la fuite tout autant qu'un roman d'initiation.

    De nos jours, mourant, Adam Walker adresse un tapuscrit relatant les évènements le concernant lui et Born à son ami d'université devenu écrivain, James - Jim - Freeman (avatar de Paul Auster ?) pour qu'il mette en forme le récit. Puis il lui adresse un second tapuscrit très transgressif et dérangeant puisqu'il ne décrit pas moins qu'un inceste !

    Le troisième et ultime tapuscrit décrit comment Walker essaie de faite capoter, en guise de vengeance, le mariage de Born avec une française dont le mari est dans le coma suite à un accident de voiture. Adam Walker fait alors la connaissance de Cécile, la future-belle fille de Born. Mais là encore, il sera contraint à prendre la fuite. Victime de machination de Born qui pourrait bien être un espion. Réalité ou fantasme? Fiction ?

    La surprise finale vient quand le lecteur apprend que le récit d'inceste consenti entre Adam Walker et Gwyn sa soeur ne relevait que du fantasme. Selon les dires de celle-ci, il ne s'est jamais rien passé. Là encore qui croire ? Les repères de la fiction sont bousculés une fois de plus.

    Le roman s'achève sur la retranscription du journal intime de Claire Juin dans lequel on apprend qu'elle a revu Born quarante ans plus tard, que le mariage avec sa mère ne s'est jamais fait et que Born sous couvert de sa fiction a suggéré qu'il pourrait être l''auteur de l'accident du père de Claire . Personnage malsain donc et nouvelle séquence d'indécision dans le récit !

    Voici donc un texte qui sous couvert de fiction tient un discours métatextuel, précisément sur le statut et les mécanismes de la fiction.

    Un Paul Auster de bon cru !

    A bientôt !

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