• Un coeur intelligent - Alain Finkielkraut

    Alain Finkielkraut est un écrivain, philosophe et essayiste français. Il anime chaque semaine une émission sur France Culture, Répliques.

    Quel est le propos d’Un cœur intelligent ? Le livre est un rapport à la littérature. A une époque où la religion et la philosophie ne parviennent pas à apporter des réponses aux questionnements de l’Homme, la littérature pose notre lien au réel. En effet, tout est narration, tout est récit… Finkielkraut utilise neuf textes remarquables de la littérature mondiale pour tenter d’aborder certaines problématiques.

    Ces textes sont La Plaisanterie de Milan Kundera, Tout passe de Vassili Grossman, Histoire d’un allemand de Sébastian Haffner, Le Premier Homme d’Albert Camus, La Tache de Philip Roth, Lord Jim de Joseph Conrad, Les Carnets du sous-sol de Fédor Dostoïevski, Washington Square de Henry James et Le Festin de Babette de Karen Blixen.

    Faisons un rapide tour d’horizon sans entrer dans les détails.

    Dans La Plaisanterie, un jeune militant d’un pays communiste compose, par dépit amoureux, une lettre légère, ou par bravade, il renie les idéaux de son pays. Cela  lui vaut d’être arrêté, mis au ban et envoyé dans un camp. C’est la révolte des Pays de l’Est contre la révolte de Mai 1968 qui sont mis en perspective par Kundera. Le héros du roman aura l’occasion de se venger de celui qui l’a dénoncé et fait interner. Du moins, c’est ce qu’il croit mais il obtiendra l’effet contraire : en séduisant son épouse, il rendra un service à ce dernier. Car en le nœud du problème, c’est que la société a évolué entre temps et pas le héros. Il est resté hors l’Histoire, figé comme un vestige du passé !

    Tout passe est un roman testamentaire de Vassili Grossman, qui narre le retour chez lui d’un survivant des camps de Staline après la mort du dictateur. Sommes-nous devant un nouveau Edmond Dantès ou un nouveau Colonel Chabert ? Rien n’est moins sûr. De fait, le roman interroge sur la question des dénonciateurs et analyse leur mobile. Plus on progresse dans le récit, plus ces dénonciateurs sont monstrueux et pourtant, ils sont humains et ont tous leurs raisons d’agir. C’est ce que nous montre Grossman analysé par Finkielkraut.

    Histoire d’un allemand nous montre comment une société, l’Allemagne des années 1930, s’est vu entraîné dans la folie et la barbarie nazie. En réalité, l’auteur nous montre un mécanisme d’endoctrinement implacable : l’esprit de camaraderie, cette « psychologie des foules » qui a jadis été théorisée par Gustave Le Bon et dont les dictateurs, Hitler et Staline en tête, se sont resservi.

    A propos du Premier Homme, Finkielkraut revient sur la brouille entre Camus et Sartre –avec Janson au milieu – à l’occasion en 1951 de la sortie de L’Homme révolté.  Sartre accuse Camus de prôner une révolte bourgeoise, détachée de l’Histoire. Camus, lors de la remise de son Prix Nobel déclarera préférer sa mère à la justice. Ces propos feront couler beaucoup d’encre. Débats complexes que je peine à vous retranscrire ici et que Finkielkraut rapporte. Le Premier Homme, roman posthume, apporte de nouveaux éclairages.

    La Tache de Philip Roth est le récit des déboires d’un universitaire, qui cache la vraie couleur de sa peau et qui se retrouve sur un malentendu accusé de racisme. C’est l’histoire de l’Amérique des bien-pensants et du politiquement correct.

    Lord Jim est un récit de navigateur où comment un homme passe à côté de son destin, dévie les circonstances qui auraient pu faire de lui un héros et reste toute sa vie avec un poids sur sa conscience…

    Puis Finkielkraut se penche sur Les carnets du sous-sol, histoire de solitude et de misanthropie, Washington square où une jeune fille est mal considérée par son père et enfin Le festin de Babette, récit sur l’art qui déjoue à la fois ascétisme et matérialisme.

    Bref des études très intéressantes qui vous donneront peut-être comme moi envie de vous pencher directement sur les textes dont il est question. En attendant, chaque « article », chaque étude, permet de se faire une première idée.

    Par ailleurs, je vous renvoie à mes billets précédents sur Henry James (Le motif dans le tapis), Albert Camus (Le Premier Homme) et Karen Blixen (Le Festin de Babette) ainsi qu’à mon étude sur « la figure du général Löwenhielm ».

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