• Erik Satie

    Erik Satie est un artiste complet du XXème siècle, célèbre pour certains, méconnu pour d'autres. A une époque où le style wagnérien domine la musique classique, Satie va composer une oeuvre où a contrario, c'est le dépouillement qui prime sur l'emphase.

    Satie est né à Honfleur le 17 mai 1866 d'une mère protestante écossaise et d'un père catholique français. Très vite, la famille s'installe à Paris mais la mère du jeune garçon meurt alors qu'il n'a que quatre ans ! Dès lors, l'enfant va être confié à ses rigides grand-parents paternels et vivre de 1872 à 1878 en pension à Honfleur. Je signale au passage que sa maison est devenu de nos jours un musée qui montre une exposition agencée en parcours scénographique très intéressant.

    Erik Satie est un élève mal poli et paresseux et au terme de six années de pensionnat, son père le rappelle à la capitale. Entre temps, en 1874, le garçon a pu prendre des leçons de piano avec Vinot, de l'école de Niedermeyer, organiste à l'Eglise Sainte-Catherine. Le retour à Paris marque la fin de cet initiation. Dorénavant, c'est son père, tout aussi rigide, qui se charge de son éducation.

    En 1879,Mlle Barnetsche, pianiste de renom, devient sa belle-mère et lui inculque des rudiments musicaux suffisants pour qu'il puisse entrer au Conservatoire. Satie prend aussitôt en haine et la musique et le Conservatoire d'où il est renvoyé après deux ans et demi de cours, jugé sans talent, et réadmis en 1885.

    Par la suite, Erik Satie est touché par la grâce et hante Notre-Dame-de-Pairs et s'immerge dans le chant grégorien.

    Dégouté du Conservatoire, il le quitte définitivement en 1886 et s'engage dans un régiment d'infanterie à Arras. Mais il se rend compte qu'il a échangé une prison pour une autre, se rend malade et est finalement réformé.

    De 1890 à 1898, Satie fréquente le "pays des peintres et des poètes", c'est à dire la Bohème et Montmartre. Il quitte en effet  le domicile paternel pour un logis exigu qu'il appelle "le placard". Il devient rapidement une des figures pittoresques de ce microcosme. Il lit Mallarmé et Verlaine, fréquente "le Chat Noir" de Rodolphe Salis. Ses premières admirations musicales vont à Bach, Chopin, Schumann. Il lit également Salambo de Flaubert, visite l'Exposition Universelle de 1889 où il admire des ensembles de chanteurs roumains (ces deux éléments apporteront une touche d'orientalisme à certaines de ses compositions par la suite). C'est sa période "gothique" avec les première œuvres que sont les quatre Ogives. En 1887, il s'attèle aux Sarabandes et l'année suivante aux Gymnopédies.

    A partir de 1891, il est "tapeur à gage" à l'auberge du Clou où il fait la connaissance de Debussy. Il est séduit par un mage, le Sar Joseph Péladan et devient en 1888, membre de l'Ordre de la Rose-Croix Kabbalistique pour lequel il écrit de la musique. On peut donc dire qu'à cette période, Erik Satie est partagé entre le clinquant de la fête et des cabarets et le mysticisme et l'ésotérisme (l'écrivain humoriste Alphonse Allais,également né à Honfleur, le surnommera "Esoterik Satie").

    En 1892, Satie engage une liaison avec le peintre Suzanne Valadon (1865 - 1938), la mère d'Utrillo. L'idylle se brise au bout de six mois et l'artiste en gardera une misogynie légendaire. En 1893, il prend ses distances avec Péladan et abandonne ses idées religieuses.

    En 1898, Erik emménage à Arcueil dans ce qui deviendra sa "tour d'ivoire" et où nul n'entrera, hormis lui-même, et ce jusqu'à sa mort, 27 ans plus tard. Il s'isole peu à peu, conservant toutefois une amitié avec Debussy, fondée sur une estime réciproque. En 1905, il s'inscrit à la Schola cantorum ou pendant trois ans, il étudie le contrepoint.

    Erik_Satie_portrait.jpgEn 1911, l'artiste solitaire sort de son isolement musical lorsque Ravel révèle ses premières œuvres au public de la Société musicale indépendante (SMI). La gloire commence alors pour Satie.

    Début 1915, il fait la connaissance de Jean Cocteau et collabore avec lui et Picasso au ballet cubiste Parade dont la création au Chatelet en 1917 provoque un scandale. Satie est alors catalogué "artiste décadent". Néanmoins, il est soutenu par un groupe de jeunes artistes, des musiciens, les Nouveaux Jeunes qui deviendront le Groupe des Six.

    Parade, pourtant, marqua une date. Pour Apollinaire, ce "bijou de boulevard" constituait le point de départ de "l'esprit nouveau". Le poète participa à la rédaction du programme et inventa à cette occasion le mot "sur-réalisme".

    Après la Grande Guerre, Satie participe de la contestation générale qui règne dans les avant-gardes artistiques et sert de porte drapeau notamment au mouvement Dada de Tristan Tzara. A partir de 1921, de jeunes musiciens se regroupent autour de lui et forment l’École d'Arcueil.

    A la fin de sa vie, Satie se fâche plus ou moins avec la plupart de ses admirateurs et disparait sans amis et sans enfants le 1er juillet 1925 d'une cirrhose du foie. On retrouvera notamment pas la suite dans son appartement d'Arcueil, dans un état de désordre incroyable, plus de 4000 cartes de visites annotées et 200 faux-cols ainsi qu'un grand nombre de costumes et de paires de chaussures, témoignant de l'aspect obsessionnel d'un artiste à la personnalité par ailleurs excentrique et atypique !

    Pour terminer ce billet, je voudrais vous indiquer une référence bibliographique, à savoir :

    Anne Rey; Satie; Seuil - collection "Solfèges"

    qui contient les informations données plus haut et des indications de pur solfège sur les compositions d'Erik Satie, informations qui dépassent largement mes compétences !

    A bientôt !

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