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Ce que je sais de Vera Candida - Véronique Ovaldé
Véronique Ovaldé est une figure montante de la littérature contemporaine. Elle a fait la rentrée littéraire 2011 avec son nouveau roman Des vies d'oiseaux (paru aux éditions de l'Olivier) mais c'est de Ce que je sais de Vera Candida, republié récemment en poche chez J'ai Lu dont je vais vous parler aujourd'hui.
Vera Candida est un roman des femmes écrit par une femme. Je n'ose pas dire roman féministe. Le livre a remporté par ailleurs le Grand Prix des Lectrices ELLE, ce qui va dans ce sens !
Le récit se passe à Vatapuna, une ile fictive au large de l'Amérique du Sud et à Lahoméra un pays du même continent tout aussi fictif. On est dans des lieux en pleine déliquescence, de bidonvilles pauvres et de polices politiques.
Le récit, toujours, s'ouvre de manière rétrospective, en flash-back (ou par une analepse pour parler formaliste). Vera Candida,atteinte d'un cancer, revient sur son ile pour passer ses derniers jours et renouer avec ses racines.
Dans ce livre, on suit quatre générations de femmes : Rose Bustamente qui pêche au filet et exerce aussi le plus vieux métier du monde (pécheuse et pécheresse ?). elle va croiser la route de Jeronimo, une espèce de playboy excentrique et décadent. La génération suivante est celle de Violette Bustamente puis vient ensuite Vera Candida. Enfin, il y a la petite Monica Rose dont on ignore l'identité du père car elle est née d'un viol.
Ce sont donc dans ce roman quatre portraits de femmes blessées qui font face à l'adversité avec courage.
Mais les rares figures masculines du roman sont encore plus mal loties. il y a d'abord Jéronimo dont l'origine de la fortune semble douteuse et qui finira par se pendre, seul et ruiné. Il y a aussi Itxaga -alias billythekid (deuxième allusion au Far-West) - qui n'a pas vraiment les attributs du prince charmant : bec-de-lièvre, doigt amputé (signe de castration), Vespa pour seul véhicule et manque d'assurance pour séduire celle qu'il aime à savoir Vera Candida.
Bref, tous les personnages sont marqués par la souillure. Ce roman pourrait être vite déprimant par ses sujets graves mais comme le style tend du côté de la légèreté, de la désinvolture et plus encore d'une forme de tendresse et d'empathie du narrateur pour ses personnages, la lecture s'avère agréable.
Enfin, un mot sur le titre. Qui est ce "je " de Ce que je sais de Vera Candida. Le narrateur ? Le lecteur? Et l'identité du violeur de Vera Candida ? Je penchais pour un anonyme mais en fait le récit nous assène une révélation assez sidérante dans les derniers chapitres sur son identité et je dois dire que je ne m'y attendais pas et cela a été une claque ! Véronique Ovaldé sait endormir le lecteur pour mieux le surprendre !
Une auteure à surveiller donc !
A bientôt !
Tags : candida, vera, roman, femme, ovalde
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