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Les Provinciales - Blaise Pascal
Les Provinciales ou Les Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères est un ensemble de dix-huit lettres publiées anonymement en 1656 et au début de 1657 pour prendre la défense d'Antoine Arnauld jugé par la faculté de théologie, à savoir la Sorbonne.
En effet, dans une lettre de 1655, Arnauld défend les jansénistes de l'accusation d'hérésie. Les adversaires - les jésuites et les thomistes (les dominicains qui suivent les préceptes de Saint-Thomas) et le P. Annat, jésuite et confesseur du roi - attaquent à travers Jansénius, la théologie de la grâce de Saint Augustin.
Le christianisme est une religion du salut. Jésus, par sa crucifixion et sa résurrection, a racheté le péché originel. Tout homme qui croira sera sauvé. Pour être sanctifié, il faut recevoir la grâce de Dieu mais selon certains, par exemple le moine Pélage, l'homme peut se racheter par ses seules actions. La grâce s'oppose à la notion de libre-arbitre. Les jésuites pensent que les actions des hommes suffisent, les calvinistes (protestants) penchent pour la grâce à laquelle il ajoutent la prédestination (peu importent les actes, c'est Dieu qui décident d'accorder la grâce et pas à tout le monde).
Les jésuites et les autorités judiciaires ne découvriront jamais qui est l'auteur des Provinciales du vivant de l'auteur. De fait, c'est Blaise Pascal aidé d'amis qui collationnaient les références citées dans ces lettres missives.
Blaise Pascal est né en 1623 et meurt en 1662. C'est à la foi un philosophe (on lui doit Les Pensées -écrites après Les Provinciales). C'est aussi un homme de science, génie précoce, auteur de traités scientifiques (dont un sur les cônes à 16 ans), prônant l'intuition en mathématiques et l'expérimentation en physique, inventeur d'une machine à calculer la Pascaline (voir l'article "Histoire de l'informatique" sur historia-drizzt).
Dans Les Provinciales, Pascal pratique la satire à l'encontre des jésuites dont il critique la théologie morale ou casuistique qu'il juge trop laxiste car elle semble pouvoir s'adapter à toutes les situations, complaisante pour rassembler large !
L'auteur épistolaire piège un jésuite en l'attirant dans une maïeutique (un questionnement) ou cette casuistique complaisante est mise à jour, provoquant les sourires du lecteur complice !
Les lettres sont une œuvre qui évolue avec les péripéties judiciaires et après une lettre 11 sur le rire classique et le rire religieux, les lettres suivantes sont directement adressées aux jésuites.
En conclusion, sur la morale relâchée des jésuites, Pascal l'emporte mais pas sur le problème de la grâce. Par la suite, il tentera de convertir les libertins et Les Pensées seront -entre autre- une revanche sur l'échec des Provinciales.
Il faut retenir que ces dix-huit lettres sont un combat. Une minorité - celle de Port-Royal, bastion du jansénisme - essaie de préserver sa liberté de conscience contre un pouvoir qui écrase.
A bientôt !
« Le Troisième Testament - Xavier Dorison et Alain AliceEssor de la Presse et de l'Edition au XIXème Siècle »
Tags : jesuite, lettre, provincial, grace, pascal
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