Pour célébrer les 80 ans du Débarquement de Normandie, en 1944, la Mairie de Caen, en collaboration avec le magazine Paris-Match, a décidé de mettre en avant une figure de la Résistance et de l'Entre-Deux-Guerres, l'iconique Joséphine Baker, vedette du music-hall, à la fois chanteuse, danseuse, actrice et meneuse de revue, pratiquant l'autodérision et célèbre pour sa Revue nègre et son numéro de danse trés "légérement" vétue en 1926 avec un régime de bananes autour de la taille.

L'Exposition  "Joséphine Baker, libre et engagée" se déroule dans les murs de la Mairie de Caen, du 15 juin au 3 novembre 2024 pour la modique somme de 6 euros (3 euros en tarif réduit). L'expo est petite mais très bien conçue et consiste en une trentaine de photographies agrandies des archives de Paris-Match, des panneaux explicatifs, des vidéos de l'INA et quelques objets prétés par des particuliers et des locaux. Joséphine Baker acquiert la nationalité française lors de son troisième mariage, avec Jean Lion, un courtier en sucre industriel !  Elle fait un passage à Caen dans ses années dans un cabaret très prisé de la ville.

Freda Joséphine McDonald est née aux USA dans le Missouri et très jeune subit le racisme. Elle fait un première mariage à l'âge de 13 ans et exécute déjà des numéros de danse avec des artistes de rue. Puis elle fait un second mariage en 1921 avec William Howard Baker dont elle prend le nom.

Après avoir fait partie de plusieurs troupes, parcouru Broadway, Joséphine Baker fait la rencontre de  Caroline Dudley Reagan, une mondaine épouse de Donald J. Reagan, attaché commercial de l'ambassade américaine à Paris. Cette femme voit le potentiel de la jeune femme et la convainc de venir à la Ville-Lumière pour un salaire de 250 dollars par semaine car son époux veut monter la Revue nègre. Ce sera le succès que l'on connait, au Théatre des Champs-Elysées ! En France, Joséphine se sent libérée du poids du racisme.

Notre artiste fraichement débarqué à Paris sera l'égérie des peintres cubistes, se passionnera pour le jazz, tournera plusieurs film dont Zouzou en 1934 un film en tête d'affiche avec un jeune Jean Gabin - un autre futur héros de la Seconde Guerre mondiale en tant que tankiste - et aura une liaison avec Georges Simenon qui lui servira de secrétaire. Elle était aussi bisexuelle mais ne l'afficha jamais en public et eut une liaison avec Colette et une autre avec Frida Kahlo.

Joséphine est aussi célèbre pour sa danse Charleston et pour avoir chanté "J'ai deux amours" (mon pays et Paris).  Puis des temps plus durs frappe l'Europe puis le monde et Joséphine devient espionne pour la France Libre et les Alliés, ou "Honorable Correspondant", notamment en Afrique du Nord. En mai 1944, elle est officiellement enrolée dans l'Armée de l'Air Française comme "officier de propagande" avec le grade de sous-lieutenant. Durant le conflit, elle a également caché des gens recherchés par les Allemands ! Elle n'est donc pas que belle et intelligente, elle est aussi courageuse et engagé ! Un véritable exemple !

Par la suite, Joséphine épouse Jo Bouillon, un chef d'orchestre, en 1947, achète avec lui le Château des Milandes en Dordogne puis se sépare de son quatrième mari en 1957, en divorce en 1961. Comme elle ne peut pas avoir d'enfant, elle se rêve une famille "arc-en-ciel", multi-ethnique en adoptant pas moins de  douze enfants de toutes origines (Algérie, Finlande, Colombie, Côte d'Ivoire, Japon, Corée,....) dont seulement deux filles. Elle fait encore des spectacles, devient l'égérie de la mode française et se lie avec Grâce de Monaco.

En 1963, de retour aux USA, Joséphine Baker participe à la marche sur Washington avec le Pasteur Martin Luther King, et elle prononce aussi un discours où elle rêve de voir Blancs et Noirs assis fraternellement à la même table.

A la fin de sa carrière, Joséphine est marquée par le poids de l'âge et des difficultés financières qui l'obligent à se séparer de son Château de la Milandes. Mais elle assurera toujours le couvert de ses enfants, aidé notamment par Grâce de Monaco et d'autres amis. Parmi ses amis, on compte Bruno Coquatrix, directeur général de l'Olympia, Line Renaud alors débutante à qui elle prodigue ses conseils, Brigitte Bardot ou Jean-Claude Brialy.

Notre icone meurt le 12 avril 1975, peu de temps après sa dernière prestation sur scène. Elle entre au Panthéon le 30 novembre 2021.

Voilà des tranches de vie et un moment d'Histoire très intéressants. Je remercie mon amie Laura de m'avoir invité à visiter cette expo. J'ai passé une très bonne après-midi en son agréable compagnie et il faudra remettre ça pour de futures expos, cinés ou concerts. Merci Laura !

A bientôt !