• Théétète - Platon

    A l'été 2017, nous avions examiné ensemble les textes du corpus platonicien du tome 1 de la Pléiade ! Durant cet Théétète - Platonété 2018, nous allons nous pencher sur le tome 2 avec des textes aussi importants que le Théétète, le Timée, Le Philosophe ou Les Lois - avant d'aborder les textes apocryphes !

    Aujourd'hui, il sera question du Théétète ou De la Science, texte fondateur de la tradition épistémologique qui tente de donner une définition de la science et de ce qu'est la connaissance. Il forme un ensemble, un  triptyque avec Le Sophiste et Le Politique - et on peut éventuellement rajouter Le Philosophe. C'est un texte de la maturité !

    Pour poser la Science, il faut d'abord démontrer que les Formes existent car ce sont elles qui permettent d'établir ds définitions, d"avoir une dialectique qui construit et ne fait pas que réfuter !

    Selon le jeune Théétète, un des interlocuteurs de Socrate dans ce dialogue, la connaissance procède de la sensation. Or le monde sensible est devenir - les objets se déplacent mais plus encore se corrompent ! Il va donc falloir poser une définition du mouvement en recourant à la tradition d'Héraclite et de Parménide.

    Selon Héraclite, le monde est mouvement ! Dans cette perspective, la connaissance est impossible car comment poser une définition stable sur des objets qui ne cessent de changer ! La Science est condamnée d'avance !

    Si la connaissance est sensation, cela fait dépendre cette connaissance des capacités empiriques des individus - il y a déjà du Berkeley chez Platon ! On perçoit par notre corps et comme le disait Protagoras, "l'homme est la mesure de toute chose." Socrate nuance ce point de vue et ajoute " à la mesure de l'homme compétent". Mais aussi, selon cette conception, la connaissance ne serait qu'un simple "point de vue" et introduit le relativisme en sciences ! La vérité est-elle encore possible ?

    Le Théétète  est donc un dialogue aporétique - qui mène à une aporie, une impasse philosophique. C'est aussi un des derniers dialogue qui mets en scène Socrate, un des premiers dialogue de maturité - comme on l'a dit ! - et un des derniers de jeunesse !

    Au début de ce texte, Socrate rappelle aussi que sa mère était accoucheuse et que lui-même accouche les âmes des hommes ! Si l'on perçoit pas nos sens, et notre corps, il y a certains choses que nous "percevons" par notre âme (comme le concept de pair et impair par exemple !) Ce dialogue se déroule quelques jours avant le procès de Socrate.

    La connaissance procède de la compétence mais aussi du savoir d'être compétent. On sait la propension de Platon à s'attaquer aux sophistes qui prétendent à une compétence universelle mais trompeuse. Dans ce texte, à cet égard, Socrate risque de blesser son autre interlocuteur Théodore qui a reçu une éducation sophiste -  ce qui conduit ce dernier à se défausser de la conversation en arguant de son âge ! Il est suggéré ici que Socrate, "accusé de corrompre la jeunesse" prends en réalité grand soin de l'éducation de celle-ci !

    Socrate procède par des exemples et montre que les compétences vont des sciences aux artisans. Une science est une science de quelque chose, elle a un objet ! Il y aurait donc autant de sciences que d'objets/ Mais en disant cela, on ne dit pas ce qu'est une science, on se contente d'énumérer ses objets ! Ne peut-on définir la science que par une liste de sciences ? Définition bien insuffisante en réalité !

    La connaissance est ce qui implique d'accéder à la vérité et donc aux essences. Socrate va réfuter Protagoras et Héraclite en montrant que la perception ne peut accéder à la vérité !

    De même, la science n'est pas l'opinion vraie car on peut avoir une opinion vraie sans en avoir la science ! On peut tomber sur le vrai par hasard ! De plus, l'âme humaine est une "tabula rasa", semblable à ces tablettes de cire qu'utilisaient les Grecs. Les objets entrent dans l'âme par les sens et y laissent une trace. Plus la trace est profonde, mieux on retiendra !

    Il convient alors de définir ce qu'est un faux jugement, quand la perception n'est pas en adéquation avec la pensée mais aussi quand la pensée n'est pas en adéquation avec elle-même !

    Socrate utilise alors l'image d'un colombier pour une connaissance que l'on possède mais que l'on a pas, qui est seulement une possibilité à disposition, comme ces oiseaux dans le colombier, représentants les connaissances, et dont on peut se saisir !

    La science est en réalité l'opinion vraie quand celle-ci est accompagnée d'une définition. Connaître, c'est être assuré d'une science. C'est donc l'opinion vraie justifiée !

    Voilà, il y aurait encore beaucoup à dire car l’œuvre de Platon est inépuisable et la tradition philosophique depuis 2500 ans n'est jamais qu'un commentaire de Platon ! Par exemple, ici, on voit l'influence de Théétète sur la philosophie des sciences et la tradition empirique - ou encore sur l'ontologie ! c'est d'une richesse prodigieuse !

    A l'avenir, je prévois aussi de vous faire des billets sur des ouvrages critiques de l’œuvre de Platon, là Luc Brisson me vient en tête car suis plongé aussi en ce moment dedans !

    Philosophiquement votre ! A bientôt !

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