• Supplément à la vie de Barbara Loden - Nathalie Léger

    Supplément à la vie de Barbara Loden est un roman court constitué de plusieurs niveaux de récits - enfin pas vraiment mais bon vous allez me comprendre !

    Acheté ce matin au Relay, lu d'une traite ce soir, un roman court mais dense ! J'avais peur de ne pas rentrer dedans avant la fin mais finalement j'ai été capté par la densité.

    Pourtant ce n'est pas un récit optimiste.

    Premier niveau : la narratrice a été chargée d'écrire une notice sur l'actrice/réalisatrice des années 1960/1970, Barbara Loden. Or, peu connue, cette dernière n'a pas laissé de traces évidentes hormis quelques films dont sa propre œuvre, Wanda, qui reçu un prix à Venise en 1972 et ne fut diffusé que de manière confidentielle. Marguerite Duras s'extasiait devant ce film tandis que le MLF s'insurgeait !

    En effet, Wanda s'inspire d'un fait divers survenue en Pennsylvanie en 1959, une femme, Alma, accompagne un braqueur de banque pour perpétrer un casse. Le coup tourne au fiasco, lui est tué et Alma, ayant abandonné par ailleurs mari et enfants, réclame la prison tant elle considère sa vie comme un désastre.

    Wanda est l’œuvre de Barbara Loden car elle y enfile les deux casquettes de réalisatrice et d'actrice. La vie de Loden - qui fut la deuxième femme d'Eliah Kazan - est comme celle de son héroïne Wanda/Alma, une désespérance sans fin frappée dès le départ par une enfance malheureuse. Dans ce film Loden montre une "héroïne" - qui n'a rien d'héroïque - partagé entre l'archétype de la pin-up, c'est à dire voulant séduire afin d'être aimée et la femme au foyer, la femme résignée, soumise au mari qui ne l'aime plus ! C'est ce personnage négatif de femme soumise qui déplut tant aux féministes. Mais Barbara Loden voulait montrer ce qu'est une existence dont on n'attend plus rien. Ici, la prison apparait comme un suicide social volontaire et la seule issue.

    La narratrice, pour rédiger sa notice, va faire une longue enquête un peu disproportionnée par rapport à la tâche - mais pas à l'enjeu - comprendre un destin et une condition. Ces personnages - ce que j'appelle improprement les niveaux du récit - se reflètent, s'encastrent. Alma, Wanda, Barbara Loden, la narratrice, la mère de la narratrice...

    Un roman court -je le répète encore au moment ou sort Naissances de Yann Moix ou le pavé sur la Grande Guerre - Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre - mais un roman qui pose la réflexion - sans être un roman à thèse ! Plaisant n'est pas le terme exacte, disons intéressant mais il manque le petit plus qui me ferait le placer dans mes "Coups de Coeur" !

    Enfin ,ajoutons que ce livre est paru en 2012 et a eu le prix France Inter cette année là.

    Ah si, une toute dernière chose : vous ne serez pas étonné si je vous dit que l'intertexte fait référence à Bartleby de Melville ou plusieurs fois à Flaubert et Madame Bovary qui se placent haut en matière de récit d'existences mornes et résignées ! Ici, la filiation est revendiqué !

    A bientôt !

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