• Protagoras - Platon

    Protagoras - PlatonAbordons désormais le texte de Platon nommé Protagoras ! Hippocrate, un homonyme du célèbre médecin, vient trouver Socrate pour lui demander conseil et pour l'accompagner chez Protagoras, un célèbre sophiste très réputé, qui est de passage à Athènes ! Hippocrate désire en effet recevoir l'enseignement de ce savant ! Socrate demande alors "mais qu'enseigne Protagoras ?"

    De fait, Protagoras enseigne l'art de discourir sur un certain savoir, ce savoir à trait à la vertu ! Comment bien conduire sa vie et ses affaires ! Socrate et le sophiste vont alors s'engager dans un dialogue devant une docte assemblée où l'on retrouve Hippias des précédents dialogues mais aussi Prodicos et Callias - entre autre !

    Protagoras est en vérité un redoutable rhéteur et Socrate trouve ici un interlocuteur redoutable ! Le sophiste soutient contre Socrate que la vertu s'enseigne ! Le dialogue commence et va se poursuivre - pour Ô surprise ! - s'achever par une inversion des points de vues ! Voyons comment se fait ce "cheminement" !

    On a très tôt dans le texte un mythe qui nous est raconté par Protagoras, celui de Prométhée et Epiméthée. Epiméthée - celui qui réfléchit après coup  ! - doit distribuer des dons et des aptitudes aux animaux de la création : griffes, poils, vitesse, force etc... Mais il oublie l'homme qui se trouve démuni (néotène !). C'est ce qui fera la grande force de l'homme en réalité, car Prométhée - celui qui réfléchit avant ! - va dérober le feu et apporter la technique à l'homme qui permettra à celui-ci de se fabriquer tous les outils pour pallier à l'absence de griffes (couteaux), poils (vêtements) etc ! Dans un troisième temps, comme les hommes se font la guerre avec la technologie, Zeus envois Hermès qui apporte la loi. Conclusion provisoire de Protagoras en forme de paradoxe, la vertu est distribué à tous - par Hermès  ! - mais néanmoins s'enseigne !

    Il est posé ensuite que la vertu est une chose composée : courage, modération, piété en sont certains des éléments ! Dès lors, la somme est-elle égale ou différente des parties ? On verra que pour Protagoras, le courage - qui compose la vertu - est différent de toutes ses autres composantes !

    Socrate effectue alors un détour par la poésie. Il s'appuie sur un poème de Simonide qui contient une contradiction sur la difficulté de devenir et d'être vertueux ! La subtilité repose dans cette différence des termes entre "être" et "devenir" ! On peut devenir vertueux, il est difficile de le rester perpétuellement - de l'être - à moins d'être aussi des dieux ! Il est aussi considéré que l'on ne peut devenir mauvais que si on a été bon au préalable ! D'une certaines façon, l'interprétation de poèmes, l'achoppement sur des termes précis pose ici problème à Socrate/Platon et Platon, dans la suite de son oeuvre, particulièrement dans La République cherchera à substituer l'herméneutique par le calcul et l'art de la mesure - comme l'a montré Bernard Stiegler, s'inspirant de Derrida (La pharmacologie de Platon), dans ses cours de Pharmakon.fr.

    Arrive alors dans le dialogue la célèbre maxime de Socrate : "Nul ne fait le mal volontairement" ! C'est notamment le plaisir qui nous détourne du bien ! Un exemple qui n'est pas dans le texte, on va voler car l'objet volé nous apportera une satisfaction ! Socrate pointe alors un autre paradoxe : le plaisir est associé au bien donc on fait le mal parce qu'on est victime du plaisir, ou pour le dire autrement, on fait le mal parcequ'on est victime du bien ! Il y a là une contradiction !

    Socrate dégage alors que la vertu est liée au savoir ! Pour faire le bien, pour être vertueux, il faut disposer d'un savoir, d'un art de la mesure, évaluer la hiérarchie des plaisirs et des peines, les avantages et les inconvénients ! Donc en réalité, si on fait le mal, c'est par ignorance ! " Construisons des écoles et fermons des prisons !" dira Victor Hugo !

    A la fin du dialogue, les positions respectives de Socrate et Protagoras se sont inversées ! Protagoras est bien confus car il s'est contredit lui-même alors que Socrate admets que la vertu s'enseigne, précisément parce qu'elle relève d'un savoir !

    Voilà pour mon analyse ! J'ai passé certains aspects sous silence parce que je ne les ai pas complétement assimilés ou même compris - ou simplement par oubli sur des points de détails ! Il est aussi possible que j'ai fait des contresens plus ou moins légers ! Tout ceci mérite d'être affiné ! Donc si vous êtes étudiant et avez à bûcher sur ce Protagoras, je ne saurais trop vous conseiller de lire à fond ce dialogue éventuellement en gardant mon analyse  sous le coude comme grille de lecture afin possiblement de l'amender ! On n'est jamais mieux servi que par soi-même !

    A bientôt !

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