• Pourquoi la fiction? - Jean-Marie Schaeffer

    "Jamais l'humanité n'a consommé autant de fictions que de nos jours et jamais elle n'a disposé d'autant de techniques différentes pour étancher cette soif d'univers imaginaires."

    Parmi ces techniques, citons le roman, la BD, le cinéma, la télévision, le jeu vidéo...

    Toutefois la fiction -la mimésis d'Aristote - est la proie de soupçons. N'est-elle pas vaine, voir dangereuse?
    Depuis Platon, les antimimétiques accusent la fiction de mettre en avant des exemples que l'on ne doit pas imiter, d'exalter le vice et aussi de ne pas être un moyen pour accéder à la connaissance, une source de savoir à l'instar de l'étude.

    Ce débat se prolonge de nos jours dans les accusations que l'on porte sur les jeux vidéos en réseau - les MMORPG -  soupçonnés de couper les ados de la réalité et de promouvoir la violence.
    Déja, des siècles plus tôt, on accusait la lecture de romans de n'être pas une activité convenable pour les jeunes filles.

    Puis, il n'y a pas si longtemps les griefs contre certains programmes pour la jeunesse.

    Dans son livre, Jean-Marie Schaeffer défend la fiction contre les antimimétiques. Après avoir posé la problématique et analysé  les différents types de dispositifs fictionnels, du leurre mimétique - mimicry - a support biologique (les couleurs du caméléon, les ailes des papillons...), aux plus élaborés des processus en évoquant aussi la feintise ludique propre aux enfants,l'auteur aborde la question de la finalité, de l'utilité de la fiction.

    La mimésis implique imiter, feindre, représenter et connaitre.

    Que l'on songe à Don Quichotte ou à Emma Bovary, et l'on jugera encore la mauvaise presse dont à jouis le roman dans le passé.

    Je ne déflorerais pas ici l'argumentation de l'auteur. C'est un ouvrage érudit et pointu que voila, parfois difficile à appréhender, faisant appel à des notions de sciences, de psychologie, cinéphiliques, littéraires, en arts du spectacle. Je vous invite à le lire si les questions sur l'art vous importe, la littérature romanesque, théâtrale comme le genre cinématographique.

    Schaeffer démontre entre autre que notre aptitude à accepter la fiction dépend des jeux de feintise ludique et que ce n'est pas le trop plein d'imagination qui est néfaste mais le contraire.
    En effet, l'imagination, encadrée par la raison, peut être source d'enseignement. Elle permet d'anticiper les situations inédites.

    C'est aussi l'éternelle question : la littérature est-elle ouverture sur le monde ou repliement sur soi ?

    Enfin, deux autres lectures complémentaires :
                                        J. Bruner; Pourquoi nous racontons-nous des histoires? Editions Retz
                                        C. Bourday; Qu'est-ce que l'imagination? Vrin

    A bientôt !

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