• La pensée d'Edgar Morin est une pensée complexe, non totalisante et ce grand homme revient sur les philosophes qui l'ont aidé a forger ces idées dans Mes philosophes.Mes philosophes - Edgar Morin

    Mais ce livre n'inclut pas que des philosophes à proprement parler ! Certes, il y a Héraclite, Descartes, Hegel, Heidegger mais aussi des littéraires (Proust, Dostoïevski) et un compositeur (Beethoven).

    On commence avec Héraclite, que Morin a découvert très tôt et qui est venu féconder ses lectures ultérieures. Avec ce présocratique, "tout coule" à l'instar du fleuve et le monde est impermanence où les contradictions sont signes de vérité. Morin note des similitudes avec le Tao, à la même époque, dans l'antiquité. Il y a aussi la plus fondamentale des contradictions, les liens entre vie et mort, s'incluant réciproquement !

    Ensuite, deux chapitres, un sur le bouddhisme où le monde est aussi impermanence, un sur Jésus qui promet une victoire sur la mort.

    Abordons ensuite Montaigne et deux de ses traits : le scepticisme et la tolérance. Morin souligne que Montaigne est, comme Spinoza, comme Marx, comme Freud, un post-marrane. Montaigne nous apprend, dans sa connaissance de lui-même que chaque homme porte en lui l’humaine condition de toute l'humanité.

    Je ne m’appesantirait pas sur Descartes qui introduit le sujet comme transcendance où le moi objectivé se resubjective en moi-je. Morin analyse à son tour le cogito.

    Spinoza nous livre l'idée d'une nature autocréatrice.

    Vient ensuite Pascal qui pose l'incertitude et le doute et est connu pour son pari sur l'existence de Dieu et ses angoisses face à l'infiniment petit et l'infiniment grand !

    Morin apprécie tout particulièrement Rousseau qui réfléchit sur la nature et veut une régénération éthique de l'humain ou encore réconcilier raison et sentiments, Lumières et Romantisme. Dans son Premier discours pour l'académie de Dijon en 1750, Rousseau établit un lien entre morale et progrès qui mènera à nos considérations actuelles notamment sur l'écologie. Rousseau se fait aussi pédagogue. Morin aussi en déclarant vouloir " intégrer l'énergie critique des Lumières mais dépasser leur rationalité abstraite".

    C'est ensuite au tour d'Hegel d'entrer en scène dans le livre de Morin car Hegel est le penseur de la "contradiction et du devenir" qui pose et veut la vérité dans la totalité dans un mouvement "encyclopédant" et à coups de dialectique. On est face à la quête du savoir total et absolu qui est en fait une illusion car la totalité se fait et se défait dans le devenir. Il faut se nourrir des contradictions : le "Vernunft". Ces contradictions sont irréductibles et c'est la grande découverte que fait Morin pour lui-même à cette lecture. Il existe des "ruses de la raison" qui produisent des scories de l'Histoire que l'on ne peut décider. Le concret équivaut à la complexité et Morin fait évoluer la dialectique hégélienne en dialogisme, avec des contradictions indépassables et complémentaires.

    La lecture de Hegel se complète généralement avec celle de Marx et sa praxis révolutionnaire et la notion d'"homme générique". Marx a voulu relier sciences humaines et sciences biologiques et développer les potentialités de l'être humain. Morin a été résistant durant la Seconde Guerre Mondiale et en même temps un communiste stalinien mais il procédera à des révisions personnelles à la fin des années 1950. En un certain sens, pour lui, Marx dépasse Hegel mais il y a nécessité aujourd'hui d’élargir le marxisme - de le dépasser à son tour - avec le pouvoir de l'imagination.

    Arrive ensuite le premier écrivain de mes philosophes, Dostoïevski suivi de toute l'humanisme russe et sa compassion pour la souffrance. Ce génie littéraire a mis l'accent sur le délire humain et les incertitudes de l'homme qui peut être possédé par des idées aussi bien que par des démons.

    Dostoïevski est suivi par Proust qui a su comme lui montrer la multiplicité et la complexité humaine - jusque dans sa phrase ! Ce sont les boucles rétroactives du style proustien et la mise en valeur de la vie subjective dans un élan impressionniste !

    On ne pouvait éviter de parler des psychanalystes : Freud et derrière lui Rank, Jung et Ferenczi. Il est question du rapport à la mort et de la nature semi-imaginative de l'homme qui conduit au névrose qui sont des compromis avec la réalité au moment où le roman commence à explorer la multiplicité de nos identités comme on l'a vu avec Proust mais aussi Joyce et Faulkner !

    Morin aborde ensuite l'Ecole de Francfort avec Adorno, Horkheimer et Marcuse qui ont livré une critique de la raison instrumentale qui conduit au totalitarisme. Ces penseurs ont sur revisiter le marxisme de l'intérieur dans une perspective plus fructueuse que celle d'un Althusser. Concernant la raison, ils ont montré qu'en son coeur naissait la rationalisation. Il y a aussi, place Morin, de la vérité dans les contradictions et non dans la totalité ! Et de préciser que les révolutionnaires sont des marginaux éloignés de la pensée générale.

    Un chapitre est ensuite consacré à Heidegger qui pose le progrès technique comme ressaisissement du monde. Morin souligne à cette occasion qu'il y a deux barbaries : une du fond de l'Histoire et une de progrès glacé et remarque cette nouvelle contradiction dévoilée par Heidegger : le foisonnement des connaissances sur l'homme rend l'homme inaccessible ! D’après Morin, ceci est du à une compartimentations des savoirs, un flou artistique général !

    Un long chapitre séquencé ensuite sur les penseurs de la science : Bergson et la créativité naturelle, l'"élan vital" et le rapport ordre/désordre, Bachelard et sa complexité du réel, complexité qui est non réductible ou Piaget qui analyse les rapports entre les sciences et pose la connaissance inscrite dans la vie. Il y en a d'autres, des penseurs de la science qui sont mentionnés : Von Neumann, Popper ou Husserl !

    Un chapitre court sur le surréalisme et le lien entre prose/poésie qui équivaut à utilitarisme/émerveillement où le rôle de l'imaginaire qui vient compléter la raison pour connaitre le réel !

    Un mot ensuite d'Ivan Illich, ce penseur de 1970 qui dévoile le mal-être psychique comme enjeu de civilisation.

    Enfin, est évoqué la "pensée sublime" de Beethoven !

    On voit donc que toutes les lectures qui ont fait le parcours de Morin se complètent les une les autres dans un rapport dialogique.Morin ajoute que plus nous nous connaissons nous-même, plus nous connaissons le monde et réciproquement.

    L'idée maitresse à retenir est qu'il vaut avoir recours à la Reliance - confronter dialogiquement les idées - pour espérer quelques brides de connaissance d'un savoir total inatteignable à jamais !

    Comme vous le voyez, il y avait beaucoup à dire ! Un livre peu épais mais très dense !

    A bientôt !

     


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  • Je vais revenir dans le monde de la philosophie avec un billet - le 499ème - sur le plus célèbre des six Diogène de l'Antiquité, Diogène de Sinope (413 - 327 avant JC), celui dont on disait qu'il vivait dans un tonneau. En fait, il s'agissait d'une grande amphore, la barrique étant une invention des Gaulois !

    Diogène de SinopeIl faut rester très prudent sur les biographies des hommes de l'Antiquité, biographie que l'on ne reconstitue que par morceaux et qui mélangent la légende forgée par les disciples.

    Ce Diogène là était né d'un banquier véreux qu'il accompagna en exil. Arrivé à Athènes, Diogène s'attacha au pas d'Antisthène, un philosophe qui plaidait pour le plus grand dépouillement et dont l'enseignement était centré sur l'éducation, précepte qu'il tenait lui-même de Socrate.

    Diogène fut d'abord tenu à l'écart - à coup de bâtons, par les autres disciples d'Antisthène mais il fut finalement accepté en leur groupe !

    Diogène développa sa propre philosophie par la suite, au sein de sa pithos -son amphore - et vivait à contre-courant de la cité grecque, se disant "citoyen du monde". Il voyageait d'ailleurs beaucoup, d'Athènes à Corinthe, au fil des saisons. Il se rapprochait ainsi de l'idée de mondialisation telle qu'Alexandre le Grand put la mettre en œuvre.

    Une autre caractéristique des cyniques avec le dépouillement est leur liberté de paroles -même avec les Puissants - et leur liberté d'action. Diogène n'hésitait en effet pas à se livrer à la copulation en public. Le terme cynique a pour racine le chien car on les accusait de vivre comme des chiens.

    Diogène voulait "choquer le bourgeois". C'était plutôt une mise en scène qui rappelle celle des prophètes bibliques. il s'agit pour les cyniques et Diogène de remettre en question la société et ce que nous tenons pour des valeurs sures et qui ne sont souvent que des préjugés. Diogène est donc un contestataire.

    Pour Diogène, il y a la Nature et c'est tout ! On est donc dans une pensée matérialiste,à l'opposé de l'idéalisme de Platon. Matérialisme et idéalisme, ces deux courants opposés de pensée de la philosophie sur lesquelles Michel Onfray discours abondement depuis 11 ans dans sa "Contre-Histoire de la Philosophie".

    Ce que professe Diogène, au final, c'est une recherche de la liberté, en vivant en autarcie, avec les moyens les plus simples, afin de trouver le bonheur. Un franciscain avant la lettre ?

    Pour clore ce billet, je dirais que je l'ai rédigé avec sur les genoux le livre de Lucien Jerphagnon, Histoire de la pensée, un excellent ouvrage que j'ai déjà utilisé pour mes articles !

    A bientôt !


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  • Je vais maintenant vous présenter de manière très rapides certains des concepts de base de la philosophie d'Aristote en m'appuyant sur le livre de Lucien Jerphagnon - que j'admire beaucoup par ailleurs ! - Histoire de la pensée -pages 145 à 184 !

    Dans le célèbre tableau de Raphaël, l’Ecole d'Athènes, Platon montre le ciel - et le monde des Idées tandis qu'Aristote pointe le doigt vers le sol. En réalité, la différence entre les deux philosophes ne se situe pas à ce niveau-là : idéalisme contre matérialisme.

    Aristote ne sépare plus le monde des essences et le monde confus des expériences sensorielles. Plutôt, il divise le monde entre un domaine supralunaire -les astres- où les choses sont immuables et à leur place et où réside le théos et un domaine sublunaire où les objets et les êtres deviennent, sous l'impulsion d'un Premier Moteur, nôtre monde.

    Il est très difficile pour nous d'appréhender cette vision du kosmos, nous post-modernes qui sommes passés par Copernic, Kepler, Galilée, Descartes et Newton !

    Chaque chose est composé de matière -ainsi les briques d'une maison - et va prendre une forme - la maison. Les briques sont des choses en puissance et la maison une chose en acte. Matière et forme sont ensemble ce qu'Aristote désigne comme la substance qui peut être ensuite sujet.

    Il distingue aussi quatre causes : les matériaux de construction sont la cause matérielle, l'architecte la cause formelle et la maison le but final, la cause finale, les ouvriers enfin sont la cause efficiente.

    Les substances peuvent être sujet et sont alors liées à des prédicats. Ce sont les catégories d'Aristote qui sont au nombre de dix : essence, quantité, qualité, relation, lieu, temps, position, avoir, action et passion.

    L'homme dispose d'une intelligence végétative, sensitive et intelligible et est le seul être pourvu d'un logos ( le verbe et la raison).

    Dans les Analytiques, Aristote développe une "science" du syllogisme. Exemple : Les hommes sont mortels (Grand Terme ou Majeur), Socrate est un homme (Petit Terme ou Mineur) donc Socrate est mortel (conclusion).

    Aristote va s'interesser à de nombreux sujets : physique, biologie, arts, politique.

    J'aurais l'occasion d'y revenir plus en détail dans le futur !

    A bientôt !


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  • Même si j'ai la possibilité de suivre des enseignements de philosophie à la faculté, je m'intéresse aussi à cette discipline par moi-même, en dilettante et hors des murs de l'institution, en écoutant notamment les discours de personnes comme Michel Onfray, Bernard Stiegler (dont je vous recommande le site Pharmakon !) et Luc Ferry.

    C'est sur Luc Ferry que nous allons nous arrêter aujourd'hui et sur son ouvrage Apprendre à vivre ("je vais te raconter l'histoire de la philosophie" précise le bandeau -le ton est au tutoiement). C'est le premier d'une série d'ouvrages dont le tome 2 porte sur les mythes.

    La philosophie à l'université est devenue technique mais elle est bien plus que cela et revêt trois aspects qu'expose Luc Ferry : la theoria (discours de la connaissance), la morale et l'éthique (manière de se comporter vis-à-vis d'autrui) et enfin une sotériologie (doctrine du salut). C'est tout en gardant à l'esprit ces trois axe que notre philosophe avance dans l'histoire de la philosophie au fil de six chapitres.

    Il y a tout d'abord la philosophie des Anciens, celle de Socrate, de Platon, d'Aristote, des stoïciens et des épicuriens. Le cosmos, harmonieux et divin, est au centre de tout. La theoria consiste à le contempler. Le rôle de l'homme consiste à être à sa place dans l'harmonie : c'est une vision aristocratique. De plus, le salut, pour les stoiciens consiste à ne considérer que le présent, ici et maintenant et non le passé ou/et le futur.

    Puis, les monothéismes - en particulier le Christianisme - sont présentés. Pour le Christianisme, le Verbe s'est fait chair et le divin est en la personne du Christ. Ce n'est plus la raison qui prévaut mais la foi. Le Christ doit racheter la Chute et promet - pour qui a la foi - la vie après la mort. La morale réside dans l'amour d'autrui et le savoir vient des sources d'autorité.

    Ensuite vient la modernité, avec l'Humanisme, avec Descartes qui introduit le sujet et avec les Lumières. L'attention est portée sur Rousseau qui annonce que l'homme se différencie de l'animal par sa liberté. Alors que l'animal n'obéit qu'à son instinct, son "programme", l'homme peut se perfectionner : c'est le sens de "grandir". La science se développe et à alors pour finalité la liberté et le bonheur. L'homme occupe la place centrale.

    Succède à cette période, la post-modernité et la "Déconstruction". Ce sont Nietzsche, Freud et Marx, qui mettent à mal les valeurs traditionnelles. Nietzsche récuse toute forme d'idéalisme et instaure le matérialisme. Le socialisme, le scientisme, le communisme et les idées démocratiques des Lumières sont accusés d'être autant d'idéalismes !

    Nietzsche fait de "la philosophie au marteau". Il invente les concepts de '"Éternel Retour" et de l'"Amor Fati" : vivre le présent (reprenant les stoïciens et le bouddhisme), concilier les "forces réactives" (forces qui s'opposent) et les "forces actives". Il s'agit de vivre sa vie au maximum, c'est la "Volonté de Puissance" qui donna lieu à tant d'interprétations erronées et dommageables ! Ferry note que ce matérialisme renonce à faire sa propre autocritique.

    Dans le dernier chapitre, Luc Ferry plaide pour un nouvel humanisme. En effet, la decontruction - et les avant-gardes artistiques - ont permis en quelque sorte, en plaidant pour l'ici et maintenant - la mondialisation où la finalité de l'homme est éclipsée. Heidegger avait bien perçu la "technicisation" du monde. Et si la transcendantalité des Anciens et du Christianisme ("Dieu est mort") ont été battu en brèche, un courant de pensée philosophique, héritier de Kant, procède d'un nouvel humanisme post-nietzschéen à savoir à travers Husserl qui pose une "transcendance dans l'immanence" : pour faire court, il y a de l'"invisible" dans le réel, un horizon indépassable (les faces cachées à notre vue d'un cube par exemple). Par ailleurs, le temps de l'autoréflexion est venu !

    Le défi de la philosophie moderne - et c'est le mot de conclusion (provisoire ?) de l'auteur de ce livre didactique - est de construire une philosophie de notre temps, le XXIème siècle (pas forcément à l'Université !).

    A bientôt !

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  • Arthur Schopenhauer est le premier philosophe contemporain, le premier de ceux que Paul Ricoeur a appelé les philosophes de "l'Ere du Soupçon" (Nietzsche, Freud, Marx).

    Je vais m'interesser à son écrit Sur la Religion que j'ai lu dans une édition partielle, celle de la collection "Les Livres qui ont changé le monde" (Le Monde/Flammarion) et dont je commenterais les grandes lignes.

    Schopenhauer livre une attaque en règle contre les religions monothéistes. Dans le premier fragment de l'ouvrage tiré des Paralipomena, le fragment 174, le philosophe met en scène un dialogue entre Démophèle (qui défend la religion) et Philalèthe (qui la critique de manière virulente).

    La religion se voit reproché de présenter du vrai sous l'apparence du faux, ou encore de recourir à des allégories pour se faire comprendre. A contrario, la philosophie tente de discerner le vrai sensu proprio. La religion a recours à de tels artifices car elle s'adresse aux masses, aux gens de tous niveaux intellectuels alors que la philosophie est réservée à une élite. Philalèthe reproche ce procédé à la religion. Il reconnaît que la masse doit s'élever en pensée mais ne peut le faire car engluée dans le labeur. il plaide pour une évolution intellectuelle de l'humanité.

    Démophèle reprend ensuite l'argument de Voltaire à savoir que la religion est le garant de la morale et de l'Ordre Public. A quoi son interlocuteur rétorque que la religion est un moyen d'asseoir le pouvoir et de citer les croisades et la Saint-Barthélémy.

    D'autre fragments complètent cette édition dont une intéressante généalogie du monothéisme - le Judaïsme découlerait d'un culte babylonien - et un plaidoyer pour les droits des animaux.

    Schopenhauer est donc très critique du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam et les oppose aux religions d'Orient. Le philosophe était en effet très influencé par le Bouddhisme.

    Je me rends bien compte que mon exposé est très incomplet. Le mieux - si cela vous interpelle - est de lire vous-même ce penseur dont on a fait à tort un philosophe du pessimisme.

    J'avais déja eu l'occasion de vous parler du Traité d'Athéologie de Michel Onfray. Le philosophe de l'Orne puise sa pensée notamment chez Schopenhauer. Donc vous savez où chercher...!

    A bientôt !


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  • Le présent billet a pour objectif de faire le lien entre les précédentes considérations sur les Présocratiques, Socrate, Platon, Aristote, Epicure... bref le panorama de la philosophie que j'ai entamé sur ce blog ( et qui s'étendra sur la durée) et un exposé réalisé dans le cadre de mes études et disponible sur inlibroveritas, sur "Mythologie et littérature" chez Michel Tournier.

    Je m'appuie pour le rédiger sur le brillant ouvrage du regretté Lucien Jerphagnon : Histoire de la pensée - D'Homère à Jeanne d'Arc et sur le chapitre "du mythe au discours rationnel".

    L'Age du Mythe est une appelation après-coup ou le réel commence à se mettre en place. L'Homme préhistorique a pour préoccupation principale sa survie qu'il assure au moyen de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Une avancée majeure s'opère avec la découverte de l'agriculture et de l'élevage.

    Dès lors, l'homme, jusqu'alors nomade (car il suivait les migrations du gibier) se sédentarise. Il va inventer la poterie, les mathématiques et l'écriture.

    Avec l'écriture, la civilisation naissante a alors la possibilité de consigner des mythes (mais en réalité l'écriture chez les Sumériens et les Egyptiens sert d'abord à consigner les récoltes et les impôts). C'est ainsi que l'Epopée de Gilgamesh et les mythes homériens, d'abord oraux, sont parvenus jusqu'à nous (en réalité leur mise par écrit eut lieu des siècles après les évènements d'origines).

    Mais revenons aux hommes préhistoriques, du paléolithique à l'age de fer, alors que les communautés ne sont encore que de petits villages. A cette époque, le naturel et le surnaturel se mélangent. On inaugure les premiers rites religieux et les premières sépultures (pour éviter que les cadavres ne soient dévorés par les charognards - et viennent hanter les vivants ?).

    L'Homme prend conscience de sa finitude (il peut mourir) et s'interroge sur ses origines (je vous renvoie aussi au billet " l'au-dela dans les lettres grecques et latines", toujours d'après un article de Jerphagnon). Les mythes renvoient à l'Origine du Monde - Que l'on pense à la Théogonie  du grec Hésiode. il se pourrait que les peintures de Lascaux n'aient pas seulement qu'une valeur esthétique mais renvoient aussi à des questionnements ou à des rites shamaniques (mais ignorant le mode de pensée de nos lointains ancêtres, on n'en sait rien en réalité !). Les Mythes renvoient au "commencement". Penser bien sûr aussi aux textes religieux, à la Bible !

    Les mythes ont une autre fonction : ils permettent de penser l'Homme dans la collectivité. Les mythes sont des réalités pour ceux qui y croient. ils ont un pouvoir structurant sur la communauté. Les veillées, les récits oralisés se transmettent de générations en générations avec peut-être de nouvelles variantes selon les lieux et les temps. Claude Levi-Strauss a introduit la notion de mythèmes, qui sont des sortes d'unités, de motifs de base dans les mythes qui se combinent pour créer ces histoires.

    Le mythe est aussi intériorisation des contraintes. Il fait un peu office de "loi" : les prescriptions et les interdits.

    Mais bientôt, l'Homme va commencer à percevoir des lois dans la Nature (qu'il expliquait jusqu'alors par le mythe), des causes, des effets, des fins (il ne va plus attribuer les phénomènes naturels forcément aux dieux). Un autre équipement intellectuel vient avec le temps ! Ce n'est pas encore l'émancipation d'avec les dieux mais une philosophie naissante.

    La philosophie, avec le temps, prendra le pas sur les mythes. Qu'on ne s'y trompe pas : les mythes ne sont pas des fictions à l'origine mais ils le sont devenus. On peut dire aujourd'hui que "le mythe, c'est l'imagination à l'oeuvre dans sa fonction adaptative, créatrice dans un but pratique d'une projection collective de l'humain." Ceci afin de ne pas vivre dans l'incohérence. Simplement, avec les siècles, des méthodes plus puissantes de connaissance sont venues remplacer les mythes : l'Homme va faire usage de sa raison. Aux mythes succédera la philosophie (en concurrence avec la religion) puis bien plus tard la science fera son apparition. Mais l'Homme parviendra-t-il un jour à obtenir toutes les réponses, on peut se le demander ! Ce n'est pas le but de la philosophie et la science soulève également plus de questions qu'elle n'en résoud !

    Sur ces réflexions profondes, je vous dis à bientôt !


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  • Epicure est l'un des philosophes qui a été le plus calomnié de tout temps. Cependant, à notre époque, sa "côte" est à la hausse, dans un temps dominé par l'utilitarisme et la quête du bien-être. Un disciple du sceptique Pyrrhon d'Elis fut le premier à baptiser Epicure et ses disciples du nom de "pourceaux".

    Epicure serait, selon les sources, né à Samos ou à Athènes (en 342/341 avant JC) et aurait vécu son enfance à Samos.Quoi qu'il en soit en 323, av. JC  il séjourne à Athènes puis un court temps à Mytilène (312 av. JC?) avant de s'établir à Lampsaque. A ce stade, il écrit beaucoup  et commence à professer sa doctrine et à réunir amis et disciples (Métrodore, Timocrate, Idoménée, Léontios, Thémista, Polyène ou Colotès...).

    En 306 av. JC, il revient à Athènes, fait l'acquisition du "Jardin" et ouvre une école. Il meurt en 270 av. JC de la Maladie de la Pierre.Quatorze scolarques vont lui succéder.

    La source principale par laquelle la doctrine d'Epicure nous est parvenue sont les Vies et doctrines des philosophes illustres, dixième livre, de Diogène Laerce ainsi que dans divers témoignages antiques glanés par des érudits. Le texte le plus lu du philosophe est la Lettre à Ménécée.

    La doctrine d'Epicure fonde le bonheur sur la recherche de l'ataraxie ou état de tranquillité de l'âme, c'est à dire absence de douleurs de l'âme. Pour cela, il ne faut rechercher que les plaisirs simples. En effet, le philosophe épicurien classe les plaisirs, les besoins et surtout les désirs en plusieurs catégories. Il y a les désirs naturels dont la satisfaction est nécessaire, les désirs naturels mais non nécessaires que l'on peut contenter occasionnellement et les désirs vains qui au bout du compte vont causer plus de désagréments. Parmi ces désirs vains, il y a la recherche de la gloire et de la richesse et l'engagement dans la carrière politique. C'est en raison du rejet des épicuriens de la vie politique qu’apparaîtront des méfiances de la part des élites romaines lorsque Lucrèce (de 99 à 44 av. JC), auteur de De la nature,  se fera le relais d'Epicure dans le monde latin. Dans ces désirs vains et illimités, Epicure range aussi la passion voluptueuse.

    Parmi les vertus enseignées au Jardin, il y a aussi la philia, c'est à dire l'amitié, montée en grande estime. On évoquera aussi le tetrapharmakos ou Quadruple remède qui enseigne qu'il ne faut craindre ni les dieux, ni la mort et "le bien est facile à contenir, la mal est facile à supporter."

                     (Billet réalisé d'après le dossier "Epicure" du magazine Lire numéro 390 de novembre 2010)


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  • Edmund Husserl est un philosophe de la première moitié du XXème siècle. Il est l'auteur de L'idée de la phénoménologie, des Méditations cartésiennes, de L'origine de la géométrie ou encore de La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale.

    On peut regretter qu'à la fin de sa vie, celui-ci fut persécuté par les nazis, parce que juif, et se vit retirer jusqu'à son accès à la bibliothèque universitaire !

    La phénoménologie est donc la grande affaire de Husserl. Il interroge la conscience et la notion de monde. Je vais essayer de résumer ici très schématiquement certaines de ses idées.

    Pour ce philosophe, la conscience est d'abord conscience de quelque chose. Chaque objet du monde transcendant (extérieur à soi) donne lieu a un acte de visé intentionnel de cette conscience.

    Pour percevoir, le monde, il faut s'arracher au monde. C'est ce que l'on appelle la réduction phénoménologique ou époché (mise entre parenthèses de nos habitudes sédimentées, de nos préjugés, de nos habitus).

    Il y a donc dans la conscience une sortie de l'intérieur vers l'extérieur et réalisation d'une transcendance dans une immanence. Les objets se donnent en "chair et en os" (et non en images) à l'intérieur de nous.

    Une des conséquences est que l'existence du monde n'est pas apodictique (ce qui signifie qu'elle n'est pasEdmund Husserl indubitable), par contre notre ego, lui, est apodictique et c'est sur lui, à partir de notre conscience que l'on va pouvoir donner sens au monde.

    Les objets se donnent selon plusieurs modes de visé intentionnels : la présentation (par nos sens) et la présentification (par le rêve, le souvenir...). C'est l'intuition qui va nous permettre de donner du sens au monde et par là l'accès à la connaissance. Husserl évoque les idéalités pures, qui ne sont pas liées au sensitif, comme les concepts logiques, mathématiques ou géométriques.

    D'autre part, c'est l'imagination qui va nous donner accès aux essences, aux types catégoriales. La caractéristique d'une essence, d'une idéalité pure, c'est d'être réactivable. Ainsi l'essence "chien" est réactivée chaque fois que nous voyons un chien. Par l'imagination, on peut opérer des variations sur les essences, ainsi, imaginer toutes les espèces de chiens possibles, il n'en demeure pas moins que la catégorie "chien" persiste.

    Husserl s'intéresse aussi au corps et à la chair, au temps où à l'empathie et l'intersubjectivité. Concernant le temps, il pose le concept de rétention qui fait qu'une chose passé -immédiatement révolue -reste présente à notre esprit, ainsi le son dans sa durée, de son commencement à sa fin.

    La pensée d'Husserl est ardue à comprendre et j'ai quelques difficultés à comprendre certains de ses aspects. Ce qui précède est très sommaire et je ne peux que vous inviter à le lire si vous vous intéressez à la philosophie. Husserl professe la fois en les idées et l'idée -justement - que l'homme peut échapper à sa finitude en poussant ses progrès techniques vers des buts infinis.

    Voila pour ce quart d'heure de philo !

    A bientôt !


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  • Il existe chez Points une collection baptisée "Le Goût des Mots" dirigée par Philippe Delerm. On y trouve à ce jour nombre d'ouvrages ayant tous en commun l'amour de la langue : Le Grand Bêtisier des mots, Les Expressions de nos grands-mères, L'Art de la ponctuation, Parlez-vous la langue de bois  ou encore Le Sottisier de l'école sont quelques un des titres déja parus.

    Mais là, je vais parler des Brèves de philo - la sagesse secrète des phrases toutes faites, recueil de citations et de lieux communs repris et analysés par Laurence Devillairs, philosophe et spécialiste de Descartes."

    On voit que derrière des expressions comme "Pas de souci !", "Trop bon, trop c...", "c'est avec l'expérience qu'on apprend" ou "C'est plus fort que moi" ne se cache pas forcément des vérités indépassables. L'auteur va s'évertuer à nous montrer que parfois cette sagesse populaire, ce conformisme, peut être décortiqué pour être mieux contredit.

    Prenons quelques exemples tirés du livre :

    Ainsi " Personne n'est irremplaçable" ! Pour bien analyser cette expression, il faut se rendre compte qu'elle nie la personnalité de l'individu. Thomas Berhard déclarait dans Le Naufragé :  "Chaque homme est unique et chaque homme, pris isolément, est effectivement la plus grande œuvre d'art de tous les temps". Or dans l'expression précédente, on considère l'homme non pas dans son individualité mais selon son utilité. C'est au final une détestable vision consumériste du monde qui va bien avec la logique du capitalisme !

    L'expression "Chacun ses goûts" est intéressante également. Là l'auteur, Laurence Devillairs s'appuie sur Kant pour démontrer que l'on peut varier en matière de goût mais pas en matière de jugement de la Beauté. C'est beau ou pas point et cela de manière objective tandis que le goût est subjectif. La Beauté est universelle mais pas les goûts des individus. Cela mériterait plus ample débat.

    A chaque expression, la philosophe consacre deux ou trois pages. C'est donc - et on peut le regretter - un rapide survol de principes philosophiques sous-tendus par ces expressions communes.

    Cependant, j'ai bien aimé ce recueil et je dois dire que j'ai bien ri par moments notamment pour "Elle est sympa cette robe" qui "prouve" qu'à notre époque, on confond les objets et les individus !

    Chose appréciable, le livre se termine par une présentation d'une trentaine de philosophes et penseurs de Socrate à Nietzsche en passant par Paul, La Rochefoucauld, Rousseau ou Freud !

    Une lecture divertissante et enrichissante. La philosophie à la portée de toutes et tous !

    A bientôt !

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  • La philosophie a sa place à part entière dans biblio-drizzt. Pourtant, je suis davantage de formation littéraire (où on s’attache au style) que de formation philosophique (où on s’attache aux idées). Néanmoins, j’ai entamé une série de billets avec « Philosophies de l’Inde » et « Philosophies chinoises » et quelques penseurs grecs.

    Je m’attarderais cette fois-ci sur une des plus grandes figures de la philosophie occidentale, à savoir Platon et à son texte célèbre Le Banquet où Socrate est mis en scène.

    A l’origine, il y a un jeune aristocrate athénien, Aristoclès, qui prend vite comme surnom Platon (427 av. JC/347 av. JC). « Platon » signifie en grec ancien « large ». Est-ce un adjectif pour qualifier sa pensée ? Peut-être…mais il est plus probable que cela qualifie sa carrure. Le jeune Aristoclès est en effet large d’épaules. Grand et solide, habile à la lutte.

    Platon fut l’élève de Socrate pour lequel il vouait une admiration sans bornes. Socrate fut condamné à boire la ciguë car on l’accusait de corrompre la jeunesse. De son vivant, Socrate ne laissa aucun écrit mais Platon se chargea de diffuser sa pensée mêlée à la sienne propre. Il le met en scène dans des textes dont l’intérêt est autant philosophique que littéraire et qui sont aussi de vraies pièces de théâtre. Le Banquet fait partie de ce corpus.

    Je n’ai pas la prétention de faire une analyse savante du Banquet. Ce n’est pas dans mes compétences mais je me propose de souligner certaines caractéristiques et certains concepts très célèbres dont on a peut-être perdu de vue qu’ils provenaient de ce texte.

    Le texte que j’ai lu est donné dans la traduction d’Emile Chambry (1922).

    Le Banquet  est un texte qui parle de l’Amour. Il y a un récit cadre qui est le fait d’Apollodore. L’autre récit met en scène Socrate, Agathon, Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane et Alcibiade. Au cours d’un banquet, les protagonistes se proposent de disserter sur l’Amour.

    Phèdre, se basant sur La Théogonie d’Hésiode, entame une apologie d’Eros. Puis Pausanias ajoute que « c’est mal poser la question que de nous faire ainsi simplement louer Eros. » En effet, pour ce dernier, il n’y a pas un Eros mais deux comme il y a deux Aphrodites.

    Ensuite, Eryximaque va encore développer le propos de son prédécesseur. Lui est médecin et va donc s’attacher à sa science. Puis c’est au tour d’Aristophane de souligner la puissance d’Eros.

    Mais c’est Socrate comme toujours qui aura le dernier mot en pointant les contradictions des intervenants précédents !

    Je voudrais surtout insister ici sur la Théorie des Androgynes. C’est en effet dans Le Banquet que l’on trouve ce passage. Cette théorie postule qu’au départ les êtres possédaient quatre bras, quatre jambes et qu’ils ont été coupés en deux. Ceci explique qu’aujourd’hui, chacun recherche sa « moitié ».

    Voila un texte fondateur, d’un abord difficile. Pour en savoir plus, je vous renvoie aux éditions du texte qui comportent pratiquement toujours une bibliographie savante.

     

    A bientôt !

     

    COMPTE A REBOURS : 4

     


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  • Après un billet sur les philosophies de l'Inde - et en attendant un autre article sur la religion de l'Egypte -voici une présentation du confucianisme et du taoïsme.

    On a couramment l'habitude d'opposer ces deux mouvements de pensées. Dans une première approche et pour simplifier mon propos, on pourrait dire que le taoïsme, qui est antérieur au confucianisme, est fondé sur l'idée que l'individu fait partie d'un système naturel, le Tao, et fait la part belle à l'intuition, à l'indépendance, à l'action immédiate et à l'humour. Cette croyance comprend la pratique de la magie et de l'alchimie mais trouve principalement son inspiration dans la nature.

    Le confucianisme est un système philosophique pragmatiquesur l'apprentissage, le devoir et l'acceptation des structures sociales et de la préséance. L'individu fait partie d'une hiérarchie, ignorant la magie et le surnaturel.

    Les préceptes confucéens ont pour noms :

           - Li, les rituels, la propriété, l’étiquette

           - Hsiao, l'amour des parents pour leurs enfants et réciproquement

           - Yi, la droiture

           - Xin, l'honnêteté et la loyauté

           - Jen,  la bienveillance, l'humanité envers les autres

           - Chung, la fidélité à l'Etat.

    Le texte classique du taoïsme est le Tao-te-King (Ve/IIIe siècle avant JC) qui est attribué à Lao Zi.

    Ce n'est pas à l'aide du langage que l'on peut exprimer de manière adéquate ce qu'est le Tao. Il est sans nom parce que chaque nom détermine une chose existante et que le Tao est la réalité qui se situe au-delà de toutes les différences et qui règne sur tout ce qui existe.

    La Voie droite pour le sage consiste à se laisser conduire par le Tao, en se libérant intérieurement de toute activité égoïste. Le sage agit à travers le "non-agir". Il s'abstient de toute intervention inutile sur le cours des choses. Moins l'homme prend d'initiatives, plus les choses suivent le Tao.

    Le confucianisme remonte à l'enseignement de Confucius (551 - 479 avant JC) qui se situe dans la  tradition d'une pensée extrêmement ancienne à laquelle il veut donner une autorité. Son enseignement fut rassemblé par ses disciples dans l'ouvrage Lun Yü.

    Confucius défend une philosophie morale et politique de tradition ritualiste. Les vertus fondatrices, les préceptes, se réalisent dans les relations fondamentales entre souverain et serviteur, père et fils, frères ainé et cadet, époux et épouse, ami et ami.

    La stabilité du Royaume repose sur la moralité de l'individu et le rôle central de la famille.

    L'idéal est le noble cultivé, le sage. C'est pourquoi, l'éducation est particulièrement importante, qui s'applique à l'esprit et au cœur.

    Voila quelques notions abordées qui ne font que présenter très sommairement ces deux philosophies très anciennes et qu'il faut connaitre si l'on veut comprendre les modes de vie des chinois, et notamment leurs attitudes face , par exemple, aux grandes catastrophes naturelles, tsunamis, tremblements de terre. Leur pensée est très différente de la pensée européenne. Taoïsme et confucianisme sont toujours d'actualité et la Chine joue un rôle de plus en plus grand dans notre monde.

    A bientôt ^^


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  • Nous autres, Européens, avons tendance à croire que la philosophie est née en Grèce. En effet, notre pensée se modèle sur la philosophie grecque mais on trouve également des systèmes conceptuels en Inde, en Chine ou en Iran.

    Je me pencherais, de manière synthétique, dans ce billet sur l'Inde. Je reviendrais plus tard sur le Confucianisme, le TaoÏsme et le Zoroastrisme. En attendant, pour ce qui concerne la philosophie grecque, ej vous renvoie aux billets que j'ai déja consacrés aux présocratiques, à Socrate et Aristote (et un jour prochain Platon) dans la rubrique "Philosophie".

    On trouve les débuts de la philosophie en Inde dans les Vedas (savoir). Ce sont des écrits volumineux, réservés au culte, donc à l'usage des prêtres.

    Les Vedas rassemblent le savoir mythologique et religieux des premiers temps de la civilisation. Les parties les plus anciennes pourraient remonter à 1500 ans avant J.C.

    Les Vedas comprennent quatre divisions

            Rigveda (hymnes de louanges)

            Sâmaveda (chants)

            Ayurveda (formules sacrificielles)

            Atharvaveda (formules magiques)

    auxquelles sont joints des textes explicatifs :

            Les Brahmana qui expliquent le sens et la finalité des sacrifices ainsi que le bon emploi des formules.

            Les Upanishad, philosophiquement les plus importants et qui contiennent les thèmes fondamentaux.

    La doctrine du Karma et de la réincarnation, la pensée unifiante de l'identification d'Atman et Brahmane sont dans les Upanishad.

    L'époque des systèmes philosophiques classiques commence à partir de 500 avant J.C.

    La philosophie commence alors à déborder le cercle des prêtres (Brahmanes).

    Il existe des systèmes orthodoxes, qui reconnaissent l'autorité des Vedas comme révélations et aussi des systèmes non -orthodoxes

    Il y a classiquement six systèmes orthodoxes :

             Sâmkhya et Yoga

             Nyâya et Vaiseshika

             Vedânta et Mîmâmsâ

    Et  dans les systèmes non-orthodoxes, on recense

              Le bouddhisme, le jaïnisme

    A partir de 1000 après J.C. la philosophie indienne entre dans sa période postclassique et à partir du début du XIXème siècle, dans sa période moderne qui se caractérise par la rencontre avec la pensée occidentale.

    Il est toujours bon de mentionner ses sources : Atlas de la philosophie - La Pochothèque

    A bientôt !


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  • Michel Onfray est un philosophe contemporain et un essayiste qui a beaucoup fait parler de lui en 2010 car au centre d'une polémique à propos de son livre L'affabulation Freudienne où il démonte le mythe du créateur de la psychanalyse. J'entendais l'autre matin sur France Culture une réplique d'Elizabeth Roudinesco, la gardienne du temple freudien au sujet de Onfray. Elle déclarait que "la polémique autour d'Onfray a[vai]t débutée avec Le traité d'athéologie".

    Il faut aussi savoir que Michel Onfray a été professeur de philosophie dans l'enseignement secondaire et qu'il a démissionné en 2002 pour écrire des livres et également pour lancer l'initiative louable de "L'Université Populaire de Caen" accessible à tous où depuis huit ans, il dresse une "contre-histoire de la philosophie" (que l'on peut retrouver éditée chez Grasset, en CD et tous les étés sur France-Culture) où il s'écarte de la ligne officielle de l'enseignement de la philosophie. Ses cours -auxquels j'ai assisté - sont bien construits, didactiques et bibliographie abondante à l'appui.

    Mais revenons sur le Traité d'athéologie. Onfray milite pour une société post-chrétienne. Entre la religion et la philosophie, il choisit clairement la philosophie. Pour lui, les religions ne sont que des fables, des mythes; elles prônent le déni du corps, la haine de soi, la haine des femmes, sont une offense à la raison et à l'intelligence. On comprendra que dès lors , le philosophe ne se fasse pas que des amis en tenant ces propos. Pour ma part, j'adhère totalement même si je le trouve un peu parti-pris par moment : en effet, pour ne parler que du christianisme, on ne peut nier son impact sur toute la littérature européenne - Onfray déplore ces influences  or nier ce fait c'est rejeter toute notre culture héritée du religieux.

    Le sentiment antireligieux n'est pas né avec les Lumières qui étaient encore déistes mais on progresse à cette époque. Le premier athée est probablement le curé Meslier. Rousseau énonce l'athée vertueux. Onfray préfère d'Holbach, Hélvetius, les matérialistes ou Lumières Radicales à Rousseau et Voltaire (pour en savoir plus lire "Contre-Histoire de la philosophie -tome 4 -les Ultras des Lumières").

    Au XIXème les attaques contre Dieu se radicalisent avec ceux que l'on a appelés les philosophes du soupçon : Marx, Freud, Nietzsche

    Le Traité comprend quatre parties : Athéologie - Monothéismes - Christianisme - Théocratie. Onfray "tape" aussi bien sur le Judaïsme que sur le Christianisme et l'Islam. Ce n'est pas tant Bush contre Ben Laden mais Bush et Ben Laden  contre d'Holbach et Nietzsche. Pourtant si j'ai bien compris, Onfray ne remet pas en cause le sentiment religieux profond que certains individus peuvent avori au fond du coeur si cela leur permet de bien vivre. Ce qu'il condamne, ce sont les institutions religieuses et les dogmes qui permettent à des hommes d'en asservir d'autres au nom de Dieu.

    La démonstration sur le Christianisme est éloquente ! Jésus n'a jamais existé mais n'est qu'un concept, la Bible et le Nouveau Testament ont été composés sur une si longue période que l'on peut leur faire dire ce que l'on veut, Paul de Tarse était un hystérique et Constantin et les premiers chrétiens ont massacré quantités de païens, brûlé des bibliothèques antiques. Plus proche de nous, Pie XII a collaboré avec les nazis et le Vatican a joué un rôle néfaste au Rwanda en 1994 (Onfray cite des études dans la bibliographie pour appuyer ces accusations graves!). Bref, la religion de l'amour du prochain aurait bien besoin de se réformer.

    En 2010, Onfray s'attaquait à Freud et la psychanalyse qui pour lui constitue une sorte de religion du XXème siècle. Pourtant, il a un point commun avec le médecin autrichien. Freud comparait la religion à une névrose infantile dans L'avenir d'une illusion (voir mon billet sur cet ouvrage sur biblio-drizzt), en 2005, Onfray signait son Traité d'athéologie.

    Les deux hommes se rejoignent sur ce point.

    Voila, je termine ici un autre billet mettant en avant un ouvrage contre la religion. Afin de contrebalancer ce fait, je donnerais d'ici l'année prochaine la parole à François Mauriac à travers son livre Vie de Jésus.

    Le livre d'Onfray est toutefois à lire et conseillé à tous les gens disposant d'ouverture d'esprit !

    A bientôt !


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  • Albert Jacquard est un scientifique dont le domaine d'expertise est  constitué par les sciences génétiques mais c'est aussi un libre penseur. Depuis plus d'une décennie, il est également militant au sein du DAL (Droit au logement). Il a donc développé une pensée philosophique, sur les grands problèmes de société, et une éthique.

    En effet, les sciences du vivant, le clonage, l'IVG, les OGM, le décryptage du génome, posent un certain nombre de question et le scientifique devient philosophe quanfd il s'interesse aux conséquences, aux applications et à la portée de ses recherches.

    Petite philosophie à l'usage des non-philosophes est un recueil d'accès facile, une série d'interviews d'Albert Jacquard, présentées sous forme d'articles de quelques pages, classés par ordre alphabétique et mené par Huguette Planès, une enseignante de philosophie. Le livre a été publié en 1997 et est disponible au Livre de Poche (référence 14562).

    Parmi les articles, on trouve Biologie, Génétique; Mathématiques,, Nature, culture, Technique et cela ne nous étonnera pas mais on trouve aussi des concepts plus généraux tels Autrui, Bonheur, Conscience, Fraternité, Ethique, Imagination, Liberté, Religion, Sagesse, Travail, Vérité. Quelques thèmes historiques aussi tels Hitler et Koweit.

    Un ouvrage fort interessant, à recommander particulièrement aux adolescents qui abordent l'année de philosophie. Le point de vue de Jacquard est argumenté, cohérent. il milite pour une démocratie de l'éthique.

    A signaler également que l'éminent généticien anime "la minute d'Albert Jacquard" où il développe sa réflexion, tous les jours du lundi au vendredi, peu avant 18 heures sur France Culture.

    Voila ! A bientôt !


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  • La connaissance que nous avons de Socrate, on la doit à Platon. En effet, Socrate a la particularité, parmi les philosophes les plus connus, de n'avoir laissé aucun écrit.

    Contrairement aux présocratiques (voir le billet sur ce sujet), Socrate est un philosophe sans  cosmologie. il ne s’intéresse pas à la Nature car il juge que l'on ne peut pas la connaître. De fait, il resserre son discours sur l'Homme. C'est l'Homme qui est au centre de ses préoccupations.

    La méthode de Socrate s'appelle la maieutique, c'est "l'art d'accoucher les esprits", en ayant recours au dialogue et à l'interrogation.

    "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien." disait le philosophe. En ce sens, le savant, celui qui dit savoir est le plus ignorant des hommes car il ne sait même pas qu'il ne sait rien tandis que l'ignorant sait au moins qu'il ne sait rien. Étrange paradoxe! C'est cela l'ironie socratique.

    Socrate sait manier les paradoxes. En voici quelques uns:

    - Pour apprendre, il faut déjà savoir.
    - Il est meilleur de subir l'injustice que de la commettre.
    - Le tyran est le moins libre de tous les hommes.

    On trouve une allusion à Socrate dans le Gargantua de Rabelais (là encore voir le billet sur ce livre).  Platon, qui bâtira sa philosophie sur la dualité contradictoire du sensible et de l'intelligible, compare Socrate aux silènes, ces petites boites d'aspect hideux (comme Socrate) mais qui renferme des choses précieuses (la sagesse du philosophe).

    Quelques mots d'Histoire pour terminer. Socrate se donna la mort en absorbant de la ciguë après avoir été jugé par Athènes. La cité venait de traverser la Guerre du Péloponnèse (à la fin du Vème siècle avant JC), l'avait perdu contre Sparte et le parti démocratique revenait au pouvoir.

    Le procès de Socrate fut un procès politique. On l'accusa de ne pas reconnaitre les dieux de la cité, de vouloir en introduire de nouveaux et de corrompre la jeunesse.

    Socrate accepta le jugement et ainsi disparu le plus grand penseur de son temps.

    A bientôt !


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  • En préambule de ce billet, je reprendrais certains propos de Stefan Zweig, dans La Guérison par l'esprit, concernant la théorie du refoulement de Freud, homme envers lequel Zweig avait une profonde admiration et avec lequel il correspondit durant plus de trente ans :

    "[...] Les instincts ne se laissent pas réprimer, et il est vain de supposer que, lorsqu'on les réprime, ils sont chassés et disparus à jamais. Tout au plus arrive-t'on a refouler les instincts du conscient dans l'inconscient. Mais alors, soumis à cette déviation dangereuse, ils se tassent dans le fond de l'âme et engendrent par leur constante fermentation l'inquiétude nerveuse, les troubles et la maladie."

    Inconscient, refoulement, névrose, Libido posent les bases de la psychanalyse. Alors qu'à la fin du XIXème, la règle était encore de passer sous silence les instincts profonds de l'homme, ses pulsions, Freud ouvre la boite de Pandore. On ne s'étonnera pas alors des hostilités qu'il rencontra. Pourtant, l'homme a révolutionné la connaissance de l'individu, infligeant la troisième blessure narcissique après Galilée et Darwin.

    Je vais présenter ici, un écrit de 1927, fort controversé lui aussi, L'avenir d'une illusion, puisque Freud s'attaque à la religion. Il avait auparavant déjà signé Totem et tabou, où il abordait  davantage les cultes animistes. En 1927, Freud est déjà âgé (il meurt en 1939) et ne redoute plus les attaques. De plus, il a conservé toute sa vivacité d'esprit.

    Reproduire ici en détail l’argumentation de cet ouvrage est une tâche ardue mais je tenterais d'en dégager certains points saillants.

    L'auteur explique ici que la fonction de la religion est de rassurer l'homme sur les dangers que fait porter sur lui la nature et également d'assurer la cohésion sociale, d'éviter que les individus s'entretuent mutuellement.

    Parce que l'homme préhistorique a tué le Père, il s'invente un Père de substitution à savoir Dieu. Freud assimile la religion (il parle essentiellement du christianisme) à une névrose infantile et appelle à dépasser ce stade. Il proclame par ailleurs sa foi en la science.

    Sachant qu'il sera contesté, il se pose lui même en son propre interlocuteur contestataire et démonte un à un toutes les oppositions que l'on pourrait lui faire.

    Bref, on comprendra le caractère polémique de cet ouvrage.

    A bientôt !


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  • Empédocle fait partie de ce que l'on appelle communément les philosophes "présocratiques". Il est l'homme qui a inspiré Nietzsche et Hoderlin, en qui se rejoignent deux temps de la pensée, la pensée mythique et le rationalisme. Sa biographie est auréolée de légendes.

    Empédocle, comme beaucoup de Grecs, a développé une vision tragique de l'existence et du monde qui par-delà la simple gestion de ressources que l'on peut tirer de la Nature, c'est l'Amour et la Haine qui s'affrontent dans le Cosmos de façon cyclique. Tout n'est-il que combinatoire ?

    Empédocle naquit à Agrigente, une ville de la Grande-Grèce, en 490 avant J.-C. Il dut connaitre le pythagorisme et l'héraclitéisme, très vivaces en Sicile. Les grands courants mystiques comme le Culte de Dionysos ont  aussi dû l'influencer.

    Notre Présocratique était considéré comme un Mage qui rédigeait des Purifications. Il a écrit notamment un poème nommé De la nature qui fait songer à Parménide. Comme tous les Présocratiques, nous n'avons plus que des fragments de son oeuvre. Le Mage se fait le relais de la Divinité. Empédocle se dit "vagabond exilé des dieux". Cet exil est cependant fait de réincarnations successives. Et notre penseur se souvient de ses vies antérieures. Il se réclamait pour cette raison d'une puissance surnaturelle.

    On lui attribue aussi un certain nombre de prouesses : avoir purifier un marais de ses miasmes, avoir modifié le climat, sorti une femme du coma,... La légende de sa disparition présumée dans l'Etna qui rejeta sa sandale est aussi resté célèbre.

    Parménide nous a laissé un Être présenté comme "une sphère bien arrondie, immobile, enserrée dans les liens puissants de la nécessité, demeurant continue et contigüe à elle-même." Ce Sphairos acquiert le mouvement avec Héraclite. A côté de cela, c'est le Logos (qu'on traduit par Raison ou Langage) qui donne le sens des choses et des êtres, que nous ne parvenons pas toujours à appréhender.

    L'Être est donc harmonie mais au coeur de l'Être règne la lutte des contraires. Empédocle transforme le Sphairos en cette sphère ontologique, d'où rien ne diverge et qui est Esprit sacré et ineffable. Il est lumière pure et ignore les ombres que la Haine apporte. Il est l'absolu divin inaccessible aux hommes. Il ignore la lutte et le multiple. Un Paradis perdu ! Le fondement de tous les commencements !

    Mais la Vie est, pour Empédocle, une tragédie cosmique où l'Amour et la Haine se livrent une lutte constante. Les âmes qui arrivent dans le monde sont déchues. Les éléments, les êtres et les choses sont d'abord unis par l'Amour puis séparés par la Haine. Le Monde se divise et se réconcilie et les individus sont l'enjeu de ce drame universel.

    L'Amour se trouve au coeur du Sphairos et tout se lie à lui pour constituer l'Un tandis que la Haine est rejetée à la périphérie. Mais par la suite, elle se diffuse, se propage au coeur du Sphairos et en sépare les éléments. L'Amour ne cherche ensuite qu'à réunifier les choses. Les choses se rapprochant par affinités et similitudes ensuite. Mais les individus sont composés de plusieurs constituants.

    Cette lutte de l'Amour et de la Haine se retrouve donc chez l'Homme car le microscosme est le reflet du macroscosme. Les quatre éléments qui constituent les êtres et les choses -  l'eau, l'air, la terre et le feu sont primordiaux et essentiels - et forment des cercles concentriques. Les chairs naissent du mélange de ces quatre éléments. S'incarner est donc bien une chute qui procède d'une division, d'une séparation.

    Voilà, je vous fais grâce de la physiologie d'Empédocle car il y a déjà pas mal de choses à assimiler ici présentement !

    Je tire mon chapeau à Jean Brun qui a publié un excellent petit "Que Sais-je?" sur "Les Présocratiques" (titre du livret) dont j'ai largement prélevé les éléments qui précédent et qui a éclairé ma lanterne !

    A bientôt !


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  • Diderot avait une oeuvre scripturale très variée ! On connait le Philosophe, le romancier,  le critique d'art mais on passe souvent à côté du traducteur et c'est pourtant par ça que notre auteur commence sa carrière dans les lettres.

    En 1745, Diderot traduit une oeuvre du Comte de Shaftesbury, l'Essai sur le mérite et la vertu - mais en réalité, le natif de Langres va beaucoup plus loin qu'une traduction car il annote le texte, accumule tellement de matériaux à côté qu'on a pu dire qu'il se l'était véritablement appropriée !

    Shaftesbury (1671-1713) est un philosophe anglais dont ont déjà été publiés en France le Soliloque à un auteur et les Exercices. Déiste, platonicien et optimiste, adversaire de Hobbes, son influence fut immense sur le siècle des Lumières, tout honnête homme possédant à cette époque un exemplaire des Caractéristiques des hommes, mœurs, opinions et temps, qui regroupe l’ensemble de son œuvre.

    Dans cet ouvrage de Shaftesbury et donc dans la traduction de Diderot, il est question de la Vertu et de ce qu'est le bien dans la nature. Le bien, c'est agir conformément à sa constitution. il faut raisonner en termes d'ensemble, de système globale ! De même, la vertu est ce qui participe au bien général et procure le Bonheur.

    Il est posé que l'on n'est pas vertueux si l'on agit selon ses intérêts privés. Même si l'effet des actions contribue au Bien, si le motif qui pousse à l'action n'est pas noble, l'action n'est pas vertueuse. Dans cet optique, le Religieux agit parce qu'il a peur du châtiment de Dieu. Ce motif d'agir est nommé affliction dans le texte et il est des afflictions sociales et des affflictions particulières. C'est le sentiment qui nous anime qui fait l'action vertueuse.

    Il faut considèrer les êtres dans un système. Les êtres intelligents sont des acteurs du bien et du mal comme les êtres sensibles sont ceux du beau et du laid ! Un être est bon si il suit son penchant naturel, ce en quoi la nature le destine. Il y a aussi une "Sagesse de l'Univers" qui fait que chaque Créature à une juste place à tenir !

    Un gros souci est celui de l'amour-propre qui entrave la vertu et qui réside dans les afflictions privées qui rendent la Créature malheureuse. Il y a une balance de ces afflictions privées et leusr excés les rendent vicieuses. Il  faut économiser ses afflictions.

    Shaftesbury passe ensuite à la fin de l'essai les afflictions privées. Mais avant il parle aussi des afflictions sociales. Certains être sont insensibles au vice et à la vertu. Celui qui fuit la société est forcément triste car l'homme est un être social ! Les satisfactions intellectuelles procurent plus de bien que les plaisirs du corps de plus celles-là se partagent en société (à l'instar du théâtre sur lequel Diderot va beaucoup théorisé dans la suite de son oeuvre - j'en reparlerai une autre fois !). Bref, ces afflictions sociales participent du Bien commun !

    Enfin, à côté des afflictions sociales et des afflictions particulières, il y a une troisième catégorie, celle des afflictions dénaturées qui sont des afflictions particulières mais qui ne servent aucun intérêt, sont entièrement "gratuites".

    Pour résumer, conclure et pour faire court, est mauvais :

    - l'absence ou la faillite des afflictions sociales

    - la démesure des afflictions privées ou particulières

    -  la présence des afflictions dénaturées.

    Finalement, être méchant c'est être malheureux, un état contraire à la Nature à laquelle il vaut mieux être conforme pour être à contrario heureux !

    Le texte de Shaftesbury rejette le dogme religieux et fonde une morale réduite à la pratique de la vertu, sur l’organisation naturelle du monde.

    A bientôt !


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  • Dans la perspective d'ouvrir aussi ce blog à la philosophie, je livre ici un nouveau billet. commençons par le commencement, à savoir les présocratiques (ceux qui viennent avant Socrate).

    On ne sait pas grand chose d'eux et leur passé est mêlé au mythe. Leur période s'étend du VIème au Vème siècle avant J.-C. On n'a plus d'eux que des fragments ou des propos rapportés par d'autres.

    Voici ici une présentation rapide de certains d'entre eux (propos issus de "la philosophie pour les nuls " de Christian Godin).

    Tout d'abord, Thalès, l'homme du théorème. Originaire de Ionie (l'actuelle Turquie), il est l'un des premiers à avoir poussé la réflexion sur l’Être. Selon lui, la nature des choses consiste en l'eau.

    Thalès démontre la puissance de la pensée. Il calcule la hauteur de la grande Pyramide d'après l'ombre portée sur un bâton (là où les Égyptiens se servaient d'une toise).

    On raconte qu'il était tellement absorbé dans sa pensée qu'il tomba dans un puit !

    Parlons ensuite de Pythagore qui fonda une école où il enseignait derrière un rideau. Pour les pythagoriciens, la Nature des choses repose dans les nombres (logos = parole et raison en grec). La Raison des choses est donc dans les nombres. Une anecdote veut qu'un des disciples du maître se suicida en mer ou fut noyé parce qu'il avait révélé le secret des nombres irrationnels.

    On doit entre autres à Pythagore le carré de l'hypoténuse et l'harmonie des sphères.

    "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve." La phrase serait due à Héraclite. Pour lui, les choses ne restent pas en l'état. Il pose le problème de l'identité.

    A l'inverse, Parménide pose l'existence de l’Être unique, immobile, absolu et la non-existence du non-être.

    On doit à Empédocle, l'invention des quatre éléments.

    Démocrite, quant à lui, est le père de l'Atome.

    Voila un aperçu rapide de quelques philosophes grecs. J'aurais pu aussi parler du paradoxe d'Achille et de la tortue ou des sophistes mais j'y reviendrais plus tard.

    A bientôt!


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  • Gilles Deleuze est un philosophe français né à Paris le 18 janvier 1925 et mort à Paris le 4 novembre 1995.
    A partir des années 1960, il écrit de nombreuses oeuvres philosophiques qui auront un fort impact sur la pensée. Il aborde les thèmes philosophiques mais parle aussi de littérature, de cinéma et de peinture.

    Pourparlers est un recueil paru en 1990 qui regroupe des interviews et des articles sur la période 1972 - 1990. Il est découpé en cinq parties.

    La première partie se nomme "De l'anti-oedipe à Mille plateaux". Deleuze y parle des ouvrages cités dans le titre. Dans L'anti-Oedipe, il critiquait la psychanalyse. Selon lui, on délire sur la société, "pas sur papa-maman". Il est question de "capitalisme et schizophrénie".

    Mille plateaux est un ouvrage que l'on peut lire dans n'importe quel ordre. il a été coécrit avec Félix Guattari.
     
    La seconde partie aborde le cinéma. Deleuze introduit les concepts d'image-mouvement et d'image-temps. il dénonce la télévision, guère productrice de supplément mais à fonction sociale et technique.

    La troisième partie est un hommage à Michel Foucault. Deleuze rapporte sa pensée : les rapports entre savoir et pouvoir et la troisième dimension "la subjectivation".

    Les deux dernières parties se nomment "Philosophie" et "Politique".

    Deleuze a tout d'abord été un historien de la philosophie. Ses travaux sur Leibniz lui font considérer la notion de Pli.
    A la fin de l'ouvrage, il aborde les sociétés d'enfermement et les sociétés de contrôle.

    Il est très difficile de rendre compte de la pensée d'un philosophe dans le cadre d'un blog. Je ne connaissais pas Deleuze mais Pourparlers m'a donné envie de rentrer dans son oeuvre.

    Le mieux à faire est encore de le lire dans le texte!

    A bientôt !


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  • Les Lumières désignent un large mouvement intellectuel du XVIIIème siècle étendu à toute l'Europe (Enlightment  en Grande-Bretagne, Aufklarung en Allemagne...) qui avait pour but l'émancipation de l'esprit qui devait permettre aux hommes de se libérer notamment de la superstition !

    On est donc dans le prolongement d'un mouvement amorcé dès la Renaissance, avec Francis Bacon, notamment, qui pose la Raison et son plein usage comme étalon de la pensée - et qui se prolonge au XVIIème siècle avec le Cogito cartésien !

    Les Lumières permettent aussi la naissance de l'opinion publique et d'organes de presse indépendants - réfugiés aux Pays-Bas (avec Bayle) pour éviter la censure. C'est aussi l'apparition de l'Encyclopédie. On pense enfin que les Lumières ont préparé le terrain pour la Révolution française - mais ceci mériterait une analyse poussée car ce n'est pas le seul facteur.

    En 1784, le philosophe allemand Emmanuel Kant rédige un court opuscule intitulé Réponse à la question : qu'est-ce que les Lumières ? (Was ist Aufklarung ?).

    Dans ce texte, Kant invite l'homme à penser par lui-même - "Sapere aude !" - en montrant combien cela est bénéfique. Il s'agit de se défaire de ses préjugés, notamment ceux inculqués par la religion - le Christianisme - et de tout soumettre au libre examen critique. Ne jamais rien prendre pour une évidence ! On n'est pas loin du doute cartésien !

    En agissant ainsi, on échappera au dogmatisme métaphysique, illusion d'une raison qui voit trop grand et s'épuise dans des questions vaines, prenant les vérités pour acquises (les dogmes religieux). On évite aussi le mysticisme religieux qui est une renonciation à la raison, problématique du point de vue de la liberté. Obéir à la raison est obéir à la loi qu'on s'est prescrite et non pas nous assujettir à la loi d'un autre, fut-ce une institution ou un génie !

    L'homme, précise alors l'auteur des trois Critiques, était jusqu'alors dans un état de minorité, comme un enfant. L’avènement des Lumières doit marquer le passage à la maturité - et accessoirement permettre le développement des sciences qui sont alors vue comme source de progrès (ça c'est moi qui rajoute !). Il faut vivre de sa propre expérience et apprendre de ses échecs, comme un enfant qui apprends à marcher et trébuche au début - et finit par se relever et marcher droit !

    Cet accès à la maturité relève d'une pratique individuelle ! Elle est l'affaire de chacun mais est aussi l'affaire de tous ! Il y a un usage public du raisonnement et Kant défends la liberté d'expression et de publication - alors qu'en cet ans, les ouvrages devaient bénéficier de privilèges royaux pour être publier et la censure était très présente ! La liberté d'expression couplée à la liberté de publication permets de répandre les idées émancipatrices !

    Mine de rien ce petit texte est fondateur et constitue une bonne entrée pour toute étudiant - et tout curieux - qui s’intéresserait à ce phénomène intellectuel que furent les Lumières ! A recommander !

    Et n'oubliez pas "Sapere aude !" !

    A bientôt !


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  • La religion positiviste d'Auguste ComteLe XIXème siècle, dans la suite de la Renaissance et des Lumières, vit un grand développement des sciences ! C'est en particulier à cette époque - plutôt dans la seconde moitié du siècle ! - qu'apparurent aussi les Sciences humaines : Histoire, Sociologie, Psychologie, Économie,... On croyait alors à l'idée d'un Progrès infini, naïveté conceptuelle qui fut balayé au début du XXème siècle avec le massacre industrialisé de la Grande Guerre !

    Ce XIXème siècle fut aussi le siècle du Positivisme du philosophe Auguste Comte (1798 - 1857). C'est aussi à Comte que l'on doit l'invention du mot "sociologie" ! Comte vouait une foi infini dans la science et pensait qu'elle pouvait et devait conduire la société !

    Dans son Système de politique positive, notre philosophe commence par énoncer la "Loi des Trois États" ! Trois âges se sont succéder au cours de l'Histoire de l'Humanité, trois moments qu'on retrouve aussi bien dans le développement personnel de l'individu ! L'Humanité - et l'homme ! - sont donc passés par l'âge théologique, l'âge métaphysique (intermédiaire) et enfin l'aboutissement, l'âge positif. Ces trois moments sont des étapes obligées !

    Au départ, l'homme cherche à avoir une connaissance intime et absolue des choses. Il appréhende son propre corps et plaque son propre fonctionnement sur les objets et la nature? Ça débute avec le fétichisme puis le polythéisme et la monothéisme, les trois moments de l'âge théologique.

    L'esprit plaque une explication dès qu'il observe quelque chose et la théologie  fournit une explication pratique des choses. Elle explique en effet tout par les dieux. Par la suite, dans l'âge métaphysique, ces entités invisibles sont remplacées par des forces abstraites.

    Enfin, dans l'âge positif, l'humanité renonce à la connaissance absolue - car elle est impossible ! - et se contente d'énoncer des lois qui lient les phénomènes entre eux sans chercher non plus les causalités.

    La seconde loi que Comte énonce est celle de la classification des sciences, de la plus abstraite et éloignée de l'homme à la plus concrète et particulière ! On a a ainsi, découlant les unes des autres, mathématiques, astronomie, physique, chimie, biologie, psychologie et sociologie. Enfin, ces diverses sciences passent successivement par les trois âges.

    La physique sociale se donne le but d'expliquer la société, mais comme les sciences en général n'ont pas pour seul but de développer des objets techniques (inventions), la sociologie se veut prescriptive et doit déboucher sur une réforme de la société. il doit y avoir consensus au moyen d'une éducation scientifique appropriée - les individus adhéreront alors tous au modèle de société réglé sur le principe spirituel des sciences. En effet, les phénomènes de sociétés reposant sur des faits, on ne pourra, ni ne devra rejeter les opinions de la société, ce qui équivaudrait à rejeter la méthode scientifique !

    Comte distingue le pouvoir temporel et spirituel. Le pouvoir temporel induit des gouvernements et des États différents - par exemple, en Europe - mais un pouvoir spirituel - qui traduit des tendances plus que des actes, devra unir plus largement les hommes par -delà les frontières ! Auparavant, c'était le Christianisme, c'est désormais la Science ! On doit faire toute confiance au Savant qui est le dépositaire de ce savoir.

    Personnellement, cette foi - aveugle ?- dans la Scientifique et sa Science me parait au mieux naïve au pire dangereuse ! Je me méfie de tous les discours qui situent la Vérité entre les mains d'une minorité ! Mais peut-être ma lecture de Comte est-elle fautive !?

    Voilà, je clôt ici cet article introductif à la pensée de Comte, y reviendrais dans le futur si j'en viens à analyser plus en détails son corpus d'écrits !

    A bientôt !


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  • Dans quelques mois, je pense ouvrir un second blog consacré à l'Histoire de la Littérature!
    Je posterais des textes sur les époques, les genres, les grands auteurs.
    Mais en attendant, je continue ce blog et pour étendre mon propos, je vais maintenant ajouter des biographies de penseurs!

    Pour commencer  cette série, voici une fiche sur Aristote le philosophe grec.

    Aristote est né à Stagire en Macédoine, en 384 avant J.-C. et décédé à Chalcis, en Eubée en 322 avant J.-C.Aristote

    Il fréquenta l'Académie de Platon dont il fut le disciple. Par la suite, il devait être le précepteur d'Alexandre le Grand.

    En 335 avant J.-C, il fonde le Lycée à Athènes, dit aussi école péripatéticienne.

    Son approche se veut encyclopédique. Il conçoit un univers fini, "rigoureusement hiérarchisé selon le rapport en tout être de la forme et de la matière, et s'offrant globalement à l'emprise d'une pensée humaine dont les modalités doivent s'adapter à chaque objet d'étude."

    Il est l'auteur de nombreux traités de logique, de politique, de biologie, de physique et de métaphysique.

    L’œuvre d'Aristote exerça une influence majeure sur la science et la philosophie de l'Islam à ses débuts aussi bien que sur la pensée chrétienne médiévale

    Parmi ses œuvres :                                                                                                 

    Organon (logique)

    Éthique à Nicomaque

    Politique

    Physique

    Métaphysique

    Sa Poétique est toujours un ouvrage de référence en ce qui concerne la définition des genres littéraires. Il y définit la diégésis (narration) et la mimésis (représentation théatrale), auquel on rajoutera la poésie lyrique.

                                                                                                  Source : adapté de Le Petit Larousse illustré 2007


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  • La philosophie rationaliste commence avec Descartes ! Celui-ci en pratiquant le doute systématique a permis de fonder de nouvelles bases pour les sciences à partir de son époque, rompant avec la tradition aristotélicienne et la scolastique !

    Discours de la méthode - René DescartesLe Discours de la méthode est un essai publié en 1637, à Leyde, qui se compose de six parties et qui est accompagné de trois autres textes, applications de la "méthode cartésienne" : Les Dioptriques, Les Météores et La Géométrie ! Nous nous contenterons ici d'évoquer l'essai fondateur !

    René Descartes a fait ses études au collège jésuite de La Flèche ! C'est ce qu'il évoque dans la première partie du Discours, reprenant d'abord l'éloge que lui ont fait ses maîtres du savoir livresque - et des différentes disciplines : philosophie, théologie, mathématiques, poésie, rhétorique, médecine, droits, etc... pour finalement avouer qu'il a fini par découvrir que ce savoir n'était pas "sûr" et ne l'attirait guère ! Il a donc par la suite préféré voyager et lire dans "le grand livre du monde". Finalement, revenu des livres et des voyages, Descartes décida de se plonger en lui-même, pour s'étudier lui-même , et en tirer une base de connaissance solide !

    Descartes nous explique ensuite qu'il préfère un ouvrage construit par la raison d'un seul qu'une œuvre élaborée et retouchée au fil du temps par les contributions de plusieurs ! Ceci s'applique particulièrement à l'éducation des jeunes esprits qui passent entre les mains de nombreux éducateurs. Le philosophe de La Haye utilise ensuite la métaphore de la maison qui a été bâtie sur de mauvaises fondations et qu'il faut raser et reconstruire - ce qui concerne aussi son esprit - ou encore la comparaison avec le chemin balisé par les connaissances des prédécesseurs et la route aventureuse qui passe par les sommets et les gouffres !

    Ce que veut Descartes, c'est "reformater" son esprit, le délier de tous ses préjugés pour trouver le point de départ d'une nouvelle connaissance qui serait plus solide ! Ceci va l'amener au doute systématique ! Il propose alors un début de méthode ! D'abord le doute donc, ne rien tenir pour vrai avant de l'avoir examiné par soi-même, soigneusement et sans précipitation ! Pour cela, diviser les problèmes en petits éléments puis les examiner du plus simple au plus compliqué et enfin procéder à des dénombrements de toutes ces parties pour être sûr d'en omettre aucune ! Bref, c'est ce que nous nommons avec la méthode scientifique, l'analyse puis la synthèse !

    Descartes utilise pour son entreprise de "reformation" du savoir, la métaphore de la maison - dont on doit tracer les plans, contacter les architectes, accumuler des matériaux ! Et en attendant d'avoir quelque chose de sûr, pour son esprit, le philosophe de La Haye se fournit auprès d'une "morale par provision" reposant sur quatre ou cinq maximes de bon sens !

    La connaissance se constitue de par l'entremise de nos sens, la vue, l’ouïe, l'odorat, le goût, le toucher ! L'imagination et l'entendement entre aussi en jeu ! Mais nos sens peuvent nous tromper ! Dans un autre texte très connu de Descartes, les Méditations métaphysiques, Descartes s'interrogera sur l'existence des corps ! Tout peut être mis en doute !

    Qu'est-ce qui nous assure en effet que notre vie n'est pas semblable au rêve ! N'y a-t'il pas un malin génie qui nous trompe ? Descartes parvient à sortir de cette aporie en posant le Cogito, le fameux "Je pense, donc je suis" ! Si je peux douter de ce que je pense, je ne peux douter que je pense !

    Après le Cogito, Descartes démontre aussi l'existence de Dieu ! La finitude ne saurait concevoir l'infini si un Dieu n'avait mis cette idée en l'être humain ! De là, parce que ce Dieu n'est pas trompeur, on est quasi assuré que les corps existent, que les essences coïncident avec des existences !

    Descartes inaugure donc la tradition du rationalisme, moment philosophique continental qui s'oppose à l'empirisme anglo-saxon ! Les deux seront fusionnés par Kant dans l'idéalisme transcendantale !

    Avec Descartes, l'homme mets la nature au pas, pense la res cogitens  et la res extensa, les animaux-machine, l'ère du calcul ! En caricaturant à l'extrême, on peut tirer une ligne allant de Descartes à Hiroshima en passant par les Lumières et la fin du Progrès lors de la Grande Guerre !

    J'aurais sans doute l'occasion de vous reparler de Descartes dont la pensée est décidément très riche !

    A bientôt !


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