• Le Sophiste - PlatonNous abordons, avec le Théétète, le Parménide ou aujourd'hui Le Sophiste, les textes de la maturité de Platon et force est de constater que ces écrits- là sont de plus en plus ardus par rapport aux textes sur lesquels j'ai fait des billets en 2017, les écrits de jeunesse !

    Le Sophiste est un dialogue platonicien qui a trait à la métaphysique, domaine hautement spéculatif ! Si Socrate y apparaît au début, il n'est pas l'une des deux personnes qui dialoguent ici ! C'est ici l’Étranger d’Élée qui mène le dialogue face au jeune Théétète qui lui donne la réplique ! La figure de Parménide, qui était déjà présente dans un précédent dialogue éponyme est également évoquée et ses thèses discutées !

    Il est question ici de l'être, de la nature de l'être, du non-être, interrogations et enquêtes qui doivent permettre de définir la nature du sophiste ! On sait que Platon a construit toute sa philosophie par opposition à des gens comme Protagoras ou Gorgias, les sophistes qui professait tout et son contraire pour de l'argent, figures opposées à celle du Philosophe !

    Si Socrate n'intervient pas ici, c'est aussi parce que, à travers l’Étranger d’Élée, Platon critique la Théorie des Idées qui attribue traditionnellement à Socrate !

    Pour parvenir à une définition du sophiste, l’Étranger et Théétète vont s'employer à pratiquer une sorte de classification par dichotomie. Le sophiste est finalement, à ce stade, définit comme un chasseur intéressé par les jeunes gens riches, un marchand de connaissances pour l'âme, un commerçant de détail, un fabricant des sciences qu'il vend, un athlète au combat de paroles et un purificateur ! On est donc pas sorti de l'auberge !

    On a donc six définition qui montre aussi la prétention encyclopédiste du sophiste, spécialiste auto-proclamé en tout et contradicteur de tous sur tous les sujets ! Il parle mais ne parle de rien ! Il est du côté du Non-Être et de l'obscurité, là où le Philosophe est du côté de l'Être et dans la lumière (ça rappelle le Livre VII de la République et le mythe de la Caverne !).

    Le sophiste énonce des propositions fausses et parle de ce qui n'est pas ! Or comment parler de ce qui n'est pas ! Dès lors ce dialogue se tourne autour du problème de l'Être et du Non-Être ! C'est ici que Parménide est évoqué, l'Un, le Tout et toutes ces notions !

    A un moment du texte, il est question des Fils de la terre et des Amis des Formes où Il est établit et rappelé que la question de l'Être est à l'origine de l'opposition entre Idéalistes et Matérialistes. Les partisans des Idées admettent l'existence de l'âme mais aussi d’entités invisibles et transcendantes comme la justice ou la sagesse ! Les Amis des Formes excluent de l'existence l'agir et le pâtir - dès lors comment connaître ?

    Cet écrit propose aussi à un moment des éléments de linguistique ! Un discours n'est possible qu'avec des sujets et des verbes entremêlés - tout ça pour dire que tout discours porte forcément sur un objet ! La dialectique a aussi son rôle à jouer ! Sont aussi énoncés les différents genres : Être, Mouvement, Repos, Même et Autre ! Il y a donc cinq genres et ceux-ci sont entremêlés de même !

    Le Non-Être n'est pas forcément le non-existant ! En effet, le Non-Grand peut être le Petit ou l’Égal ! Le Non-Être est donc une réalité ! De là, les phrases vraies disent des choses de ce qui est et les phrases fausses de ce qui n'est pas !

    On en revient au sophiste qui est celui qui est producteur de discours (Logos), production humaine et non pas divine. Avec le Logos, le sophiste produit des simulacres de la réalité, là où le Divin produit la Nature et l'image de la Nature (reflets, ombres,...)? Dès lors, la tromperie est possible - on peut mêler l'Autre et le Logis et ainsi obtenir des discours faux et introduire l'erreur. Le sophiste est celui qui imite les choses qu'il ne connaît pas, sachant pertinemment qu'il trompe son interlocuteur !

    Voila ! Je n'ai évidemment pas la prétention d'avoir fait le tour de ce texte et vous invite à le lire vous-même si la philosophie vous intéresse - et à l'accompagner de lectures d'ouvrages critiques qui ne manquent  pas ! Ce qui précède n'est qu'une mise-en-bouche !

    A bientôt !


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  • Parménide - PlatonQue voilà un texte difficile ! A vrai dire, j'ai lu le Parménide  - ou Des Idées - de Platon - qui est un discours sur l'Un - et n'ai rien compris !

    Ce texte représente pourtant un tournant majeur dans l’œuvre du philosophe - et occidentale en général ! - puisqu'il y reprends une cosmologie qui est antérieure à lui-même ! Ce dialogue, Parménide, est en outre considéré comme fondamental par les Néo-Platoniciens - comme Plotin - puisqu'on s'y entretient de l'Unicité de l'être ! N'ai donc pas compris grand chose mais vais tout de même essayer de vous en entretenir en m'aidant notamment de Wikipédia !

    Dans ce dialogue, si Socrate est présent, ce n'est pas lui qui s'exprime ! il s'agit plutôt d'un échange entre Parménide, alors âgé et le "jeune Aristote" - qui n'est pas ici Aristote de Stagire, l'auteur de la Métaphysique. On notera une impossibilité pour Socrate, même jeune, d'avoir pu rencontrer Parménide car leurs dates d'existence ne correspondent pas !

    Platon introduit ici un nouvel élément dans le réel, celui des "Formes intelligibles", là où le "sensible" est ce qui est dans le flux, en changement perpétuel ! Lorsque j'imagine un arbre, c'est une Forme intelligible que je visualise, Forme que je ne peux pas toucher !

    L'Un est le principe d'unité sous-jacent à la multiplicité des Idées et des phénomènes. Mais l'Un fait-il partie de l'Être ou lui échappe-t'il ? Ou est-il, troisième hypothèse, dans un état intermédiaire changeant ?

    En lisant ce texte, j'ai eu l'impression qu'on disait tout et son contraire ! En fait, cela vient qu'on examine 9 hypothèses au total - et il est parfois difficile de s'y retrouver !

    On va ainsi passer en revue les caractéristiques de l'Un : a-t'il des parties ou non (?), est-il dans l'espace et le temps ou non (?), est-il semblable ou dissemblable (?), en mouvement ou au repos (?) etc... C'est, en fait, j'ai l'impression un texte très "technique" qui s'appuie sur la tradition philosophique qui a précédé Platon - et cette tradition - qui nous est méconnue (les Pré-Socratiques) est considérable (et si mal conservée !) !

    Reste vivante la question de l'accès aux Formes ! Comment les connaissons-nous ? Par la réminiscence ? Via notre âme ? Sont-elles seulement connaissables ?

    Parménide examine successivement, dans les 9 hypothèses, les thèses relatives à l'Être : Être/ Néant (ou non-Être), Repos/Mouvement, Identité/Différence, Égalité/Inégalité, Vieillesse/Jeunesse, Absolu/Relativité, Fini/Infini en nombre, Un/Multiple, Divisible/Indivisible, En contact/Sans contact et Grand/Petit. Pour certaines de ces thèses, on a là une préfiguration des catégories (de l'être) d'Aristote !

    je ne reviendrais pas sur les 9 hypothèses, disons "simplement" qu'elles se divisent en deux groupes : la thèse positive - qui regroupe les hypothèses 1 à 5 avec des nuances : "l'Un est".  Puis la thèse négative avec les hypothèses 6 à 9 qui pose "l'Un n'est pas" ! Ardu je vous l'ai dit !

    Pourtant ce dialogue difficile a une influence considérable sur la suite de l'Histoire de la Philosophie puisqu'il fonde véritablement toute la métaphysique occidentale ! Chaque moment de l'analyse de l'un a donné lieu à une branche de la philosophie, pas seulement le Néo-Platonisme mais aussi pour ne citer qu'un exemple, l'Idéalisme de Berkeley !

    Il faudra donc que je revienne sur ce texte à titre personnel, une seule lecture ne saurait suffire (pour aucun texte philosophique de manière générale  - à part peut-être les textes de Michel Onfray !). Une chose est sûr, il ne faut pas commencer Platon et la Philo par ce texte ! Sous peine de découragement !

    Avant de prendre congés, je voulais vous signaler que si j'ai obtenu ce mois-ci ma Licence L3 de Philosophie, je ne poursuis pas en Master, pas pour le moment, pas avant deux ans, 2020 - 2021 ! Vais en effet, entre temps, essayer de passer le concours de bibliothécaire en suivant une formation préparatoire pour les deux prochaines années !

    Je continuerai cependant à lire de la philosophie dans l'intervalle mais en autodidacte - et peut-être même à un rythme plus soutenu que durant ma formation de philo car ai coutume, pour une lecture au programme, à faire 3 ou 4 lectures de mon initiative !

    A bientôt !


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  • A l'été 2017, nous avions examiné ensemble les textes du corpus platonicien du tome 1 de la Pléiade ! Durant cet Théétète - Platonété 2018, nous allons nous pencher sur le tome 2 avec des textes aussi importants que le Théétète, le Timée, Le Philosophe ou Les Lois - avant d'aborder les textes apocryphes !

    Aujourd'hui, il sera question du Théétète ou De la Science, texte fondateur de la tradition épistémologique qui tente de donner une définition de la science et de ce qu'est la connaissance. Il forme un ensemble, un  triptyque avec Le Sophiste et Le Politique - et on peut éventuellement rajouter Le Philosophe. C'est un texte de la maturité !

    Pour poser la Science, il faut d'abord démontrer que les Formes existent car ce sont elles qui permettent d'établir ds définitions, d"avoir une dialectique qui construit et ne fait pas que réfuter !

    Selon le jeune Théétète, un des interlocuteurs de Socrate dans ce dialogue, la connaissance procède de la sensation. Or le monde sensible est devenir - les objets se déplacent mais plus encore se corrompent ! Il va donc falloir poser une définition du mouvement en recourant à la tradition d'Héraclite et de Parménide.

    Selon Héraclite, le monde est mouvement ! Dans cette perspective, la connaissance est impossible car comment poser une définition stable sur des objets qui ne cessent de changer ! La Science est condamnée d'avance !

    Si la connaissance est sensation, cela fait dépendre cette connaissance des capacités empiriques des individus - il y a déjà du Berkeley chez Platon ! On perçoit par notre corps et comme le disait Protagoras, "l'homme est la mesure de toute chose." Socrate nuance ce point de vue et ajoute " à la mesure de l'homme compétent". Mais aussi, selon cette conception, la connaissance ne serait qu'un simple "point de vue" et introduit le relativisme en sciences ! La vérité est-elle encore possible ?

    Le Théétète  est donc un dialogue aporétique - qui mène à une aporie, une impasse philosophique. C'est aussi un des derniers dialogue qui mets en scène Socrate, un des premiers dialogue de maturité - comme on l'a dit ! - et un des derniers de jeunesse !

    Au début de ce texte, Socrate rappelle aussi que sa mère était accoucheuse et que lui-même accouche les âmes des hommes ! Si l'on perçoit pas nos sens, et notre corps, il y a certains choses que nous "percevons" par notre âme (comme le concept de pair et impair par exemple !) Ce dialogue se déroule quelques jours avant le procès de Socrate.

    La connaissance procède de la compétence mais aussi du savoir d'être compétent. On sait la propension de Platon à s'attaquer aux sophistes qui prétendent à une compétence universelle mais trompeuse. Dans ce texte, à cet égard, Socrate risque de blesser son autre interlocuteur Théodore qui a reçu une éducation sophiste -  ce qui conduit ce dernier à se défausser de la conversation en arguant de son âge ! Il est suggéré ici que Socrate, "accusé de corrompre la jeunesse" prends en réalité grand soin de l'éducation de celle-ci !

    Socrate procède par des exemples et montre que les compétences vont des sciences aux artisans. Une science est une science de quelque chose, elle a un objet ! Il y aurait donc autant de sciences que d'objets/ Mais en disant cela, on ne dit pas ce qu'est une science, on se contente d'énumérer ses objets ! Ne peut-on définir la science que par une liste de sciences ? Définition bien insuffisante en réalité !

    La connaissance est ce qui implique d'accéder à la vérité et donc aux essences. Socrate va réfuter Protagoras et Héraclite en montrant que la perception ne peut accéder à la vérité !

    De même, la science n'est pas l'opinion vraie car on peut avoir une opinion vraie sans en avoir la science ! On peut tomber sur le vrai par hasard ! De plus, l'âme humaine est une "tabula rasa", semblable à ces tablettes de cire qu'utilisaient les Grecs. Les objets entrent dans l'âme par les sens et y laissent une trace. Plus la trace est profonde, mieux on retiendra !

    Il convient alors de définir ce qu'est un faux jugement, quand la perception n'est pas en adéquation avec la pensée mais aussi quand la pensée n'est pas en adéquation avec elle-même !

    Socrate utilise alors l'image d'un colombier pour une connaissance que l'on possède mais que l'on a pas, qui est seulement une possibilité à disposition, comme ces oiseaux dans le colombier, représentants les connaissances, et dont on peut se saisir !

    La science est en réalité l'opinion vraie quand celle-ci est accompagnée d'une définition. Connaître, c'est être assuré d'une science. C'est donc l'opinion vraie justifiée !

    Voilà, il y aurait encore beaucoup à dire car l’œuvre de Platon est inépuisable et la tradition philosophique depuis 2500 ans n'est jamais qu'un commentaire de Platon ! Par exemple, ici, on voit l'influence de Théétète sur la philosophie des sciences et la tradition empirique - ou encore sur l'ontologie ! c'est d'une richesse prodigieuse !

    A l'avenir, je prévois aussi de vous faire des billets sur des ouvrages critiques de l’œuvre de Platon, là Luc Brisson me vient en tête car suis plongé aussi en ce moment dedans !

    Philosophiquement votre ! A bientôt !


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  • Pour une philosophie de terrain - Christiane VollaireL'image du philosophe perché dans sa tour d'ivoire à la peau dure ! Il serait l'intellectuel parfait qui théorise des revendications qui ensuite vont donner lieu à des luttes "sur le terrain" !

    Christiane Vollaire, dans son essai Pour une philosophie de terrain, montre à contrario que c'est le combat sur le terrain - bref la praxis ! - qui va faire émerger de nouvelles réflexions philosophiques. Étymologiquement, le "terrain" est d'abord le terrain militaire, le lieu de la bataille - et donc de l'action ! Pour une philosophie de l'action qui agit sur le réel ?

    On retrouve là la vieille opposition entre idéalisme - les idées tombent du ciel ! - et empirisme - tout procède des sens. La philosophie de terrain va engager le corps, le mouvement, le déplacement, voir l'exil ! C'est aussi l'expérience qui va importer !

    L'auteure se base d'ailleurs sur son expérience personnelle. Diplômée de philosophie, elle a d'abord enseigné puis a été infirmière durant dix années. Elle a aussi pas mal publier dans des revues de philosophie et de médecine, réfléchissant sur sa pratique. Se pose alors, dans le recours au terrain, pour la pratique/pensée philosophique, la question de l'enquête. Quel est le statut de l'enquêté ? Victime, témoin ou expert ? Quelle attitude doit adopter l'enquêteur ? Doit-il être neutre ? Doit-il s'immerger dans le milieu étudié (investigation participante) ?

    Dans un second chapitre, Christiane Vollaire revient sur sept figures de la philosophie et leur rapport au réel ! On a Spinoza, Marx et Engels, Simone Weil, Hannah Arendt, Pierre Bourdieu et Michel Foucault.

    Avec Spinoza, nous est rappelé que l'intellectuel parle toujours depuis un point de vue inscrit dans un contexte historico-politique. Ici, c'est celui d'une société très religieuse.

    On connaît les théories de Marx et Engels sur la réification des prolétaires et la marchandisation du travail. Il est montré ici que ces schémas se reproduisent alors dans la famille avec le patriarcat.

    Simone Weil étudie et condamne la division du travail qui conduit à la séparation entre travail intellectuel et travail manuel - où ceux qui donnent les ordres sont dans un rapport de domination et ceux qui les subissent ne pensent plus pour éviter la souffrance.

    Hannah Arendt revient sur le procès Eichmann en 1961, s'interroge sur les conditions du procès, les responsabilités dans le massacre des Juifs et pose la "Banalité du Mal"  - ce qui lui valut nombres de reproches !

    Pierre Bourdieu se penche lui sur la Guerre d'Algérie et le déplacement des paysans algériens pour éviter qu'ils ne soient contaminer par les rebelles ! Une réflexion sur l'exil donc - et la désocialisation.

    Enfin, je ne m'attarderais pas sur Michel Foucault, théoricien du bio-pouvoir et très engagé sur le terrain notamment sur la question des prisons ! Il est aussi question ici de son analyse de la révolution iranienne en 1979 qui s'est retourné en déversement de violence.

    Enfin, dans le troisième temps de l'ouvrage, il est question d"études sur le terrain mené par la philosophe, auteure de cet essai !

    C'est d'abord en Égypte en 2011, depuis la place Tahrir où elle donne la parole à des protagonistes qui s'opposent à un système étatique intégralement corrompu.

    C'est ensuite au Chili, en 2012, dans un pays également corrompu, livré avec le coup d'état de Pinochet de 1973 à l'ultralibéralisme à des fins d'enrichissement personnel. On voit alors que l'Amérique du Sud est une terre déchirée la violence qui s'inscrit dans trois temporalités, courte, moyenne et longue durée et où se pose un problème mémoriel.

    Puis, c'est la Bulgarie en 2014 où, on n'en a pas beaucoup parlé, mais vingt personnes se sont immolés par le feu un peu partout dans le pays, là encore pour protester contre un État corrompu. Christiane Vollaire donne la parole à ceux qui étaient là.

    Pour finir est associée la possibilité de lier la philosophie de terrain à une pratique de la photographie documentaire, loin du pathos et du sensationnel - et qui donne encore plus de sens. En clair, procéder à une "politisation de l'Esthétique" là où on avait une "esthétisation du Politique". Il est ici mentionnée la collaboration avec le  photographe Philippe Bazin.

    Un petit ouvrage - moins de 200 pages - néanmoins très dense - avec une bibliographie assez fournie et qui ouvre de nouvelles pistes de réflexions ! A une époque où la philosophie peut apparaître comme sclérosée, il est temps de la faire renouer avec le réel à travers la pratique et de savoir "d'où l'on parle" !

    A bientôt !

    PS : J'ai emprunté ce livre à la Bibliothèque Universitaire de ma ville où j'espère par ailleurs faire un stage cet été 2018 !


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  • Depuis presque une dizaine d'années, je consigne des réflexions - qui me viennent de mes lectures et deDes Réflexions à foison - VII mes expériences du monde - dans des carnets numériques ! C'était déjà bien avant que je fasse des études de Philosophie ! Peut-être un jour établirais-je un système et des synthèses thématiques ?

    Voici les quelques discussions du jour !

    Le langage permet de maîtriser le temps ! Il permet de ramener les choses au présent et nait avec l’écriture de l’Histoire.

    Pourtant, le langage est incapable de dire ce qu’est « le Temps ». Pour se faire il utilise des approximations telles que « le temps s’écoule » confondant temps et phénomènes temporels !

    (03/11/2013)

                                                                       ***

    Ouverts d’esprit, racistes ? Antisémites ?

    On l’est tous potentiellement car on ne choisit pas dans quel milieu on naît !

    Tous se joue dans l’éducation or on ne choisit pas – nos aînés – notre milieu – nous l’impose.

    L’intolérance n’est pas génétique !

    Claude Lévi-Strauss : Nature et culture !

    (04/11/2013)

                                                                    ***

    1 univers avant le Big Bang ---- 1« tour de manège » de plus

    n univers --- n « tours de manège »

    Mais tout de même un univers initial

    Donc 2 théories interféreraient

                              Univers cyclique

                              Et naissance du premier univers

    A combien de « tours de manège » en sommes –nous ?

    (Et le multivers dans tout cela ?)

    (04/11/2013)

                                                                       ***

    La métempsycose ? La réincarnation des âmes ? Quelle « foi » y accorder ?

    Moi, je me rappelle que lorsque j’avais 5 ans et que me venait mes premières pensées –pas encore quoi que des réflexions – sur la mort, j’avais, à 5 ans, l’impression d’avoir vécu bien plus longtemps que 5 ans ! Il est vrai que quand on est enfant, on n’a pas la même notion du temps ! Et la légende du « baiser de l’ange » qui nous effacerait nos souvenirs de nos vies antérieures ?

    L’oubli est nécessaire à la construction de la mémoire et de l’identité – à l’échelle d’une seule existence – et de plusieurs ?

    Deux potes à moi, des intellos des bacs à sable, ont eu une conversation dans le bus, dont je me souviens, à la fin des années 1980, du temps du lycée ; Ils expliquaient qu’ils avaient l’impression de connaître déjà des lieux où ils ne sont jamais allés.

    Mais il faut remarquer que de par la culture qu’il acquiert, par ses lectures, l’individu curieux de nature possède une mémoire antérieure à sa naissance. Par exemple, je n’ai pas vécu la Seconde Guerre mondiale mais j’en ai des images par les documents historiques que j’ai lu ! C’est par l’écrit que l’homme entre dans l’histoire. D’où aussi mon journal comme témoignage et fil rouge pour ma famille !

    (18/11/2013)

                                                                       ***

    La bêtise, ce n’est pas tant le manque de culture mais plutôt d’avoir des certitudes !

    « Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien ».

    Attention toutefois à ne pas tomber dans la fausse modestie. Pourquoi se cacher que l’on a une grande culture lorsque c’est effectivement le cas ! Moi et mes nombreuses lectures : entre 2 et 5 romans/essais par semaine !

    (18/11/2013)

                                                                     ***

    Le but de la quête de la connaissance n’est pas d’acquérir une érudition absolue, ni même d’approcher la Vérité mais plutôt de combattre ses propres certitudes.

    Je me rends compte que cela peut être déstabilisant !

    Le sage est plus « perdu » que l’ignorant !

    (19/11/2013)

                                                                     ***

    La Vie a-t-elle un sens ? En tout cas, elle est complexité !

    (20/11/2013)

                                                                     ***

    Dans les temps antiques, le cosmos, les dieux et les passions humaines étaient reliés. Puis, il y a eu compartimentation – et désenchantement ? – dans leur étude.

    Avec les plus récentes découverte de la Physique – Le Big Bang, le multivers, la science se mêle de nouveau au religieux – est-ce un bien ? Un mal ?- au philosophique et au métaphysique ! Un retour de la transdisciplinarité que j’appelle de tous mes vœux – pour mieux approcher la complexité du réel !

    (25/11/2013)

                                                                     ***

    J’imagine – ou plutôt, j’en ai rêvé – que l’avenir du cinéma et du jeu vidéo se situe dans une sorte de « 3D Max Interactive », au croisement entre technologie Wii, holographie en couleur et possibilité de déplacer des objets sur des interfaces en « solide » à la manière de Minority Reports ou des films Marvel Iron Man ou Agents of Shield !

    On visionnerait un film de manière nouvelle, on se déplacerait dans le décor, on pourrait même bouger les objets mais, dans le cas d’un film – et pas d’un jeu vidéo ! – on aurait un message d’erreur si on déplace un objet dont le héros a besoin !

    Visionnaire !

    (29/11/2013)

                                                                        ***

    Être lucide sur le monde rend-t-il plus heureux ?

    (01/12/2013)

     

    C'est tout pour cette fois ! A bientôt !

    (Libre à vous de creuser ces pistes de réflexions en commentaires ! J'y répondrais volontiers !)


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  • Hegel est un philosophe ardu à lire mais tellement brillant ! Nous allons aujourd'hui nous intéresser à ses théories sur l'art. L'Art, pour Hegel, relève avec la Religion et la Philosophie, de l'Esprit absolu qui succède lui-même à l'Esprit subjectif et à l'Esprit objectif.

    L'art qui va nous intéresser ici, pour illustrer notre propos, est l'architecture  - c'est un art du dessin - comme la sculpture et la peinture, dans lequel notamment Michel-ange a brillé à la Renaissance. Pour Hegel, l'architecture est un langage, et c'est à ce titre qu'elle est un art, quand elle se différencie des productions purement fonctionnelles. Elle est alors dite autonome, ce qui se produit lorsque la fonction et la forme ne sont pas séparées ! Ou encore quand elle ne sert pas seulement à satisfaire des besoins pratiques !

    L'Histoire de l'art vue par Hegel - L'art symboliqueL'architecture devient autonome et langage, lorsqu'elle communique certaines représentations qui façonne l'"extériorité sensible", l'espace que nous percevons autour de nous, dans les trois dimensions !

    L'art permet de manifester l'Absolu et il a longtemps été associé à la religion. Hegel considère alors que c'est au moment où il est associé au religieux que l'art est le plus libre. L'art est mis au service des dieux, manifeste l'Absolu mais en réalité, à travers l’œuvre d'art, c'est lui--même que l'artiste exprime !

    L'art imite-t'il la nature ? Au départ, peut-être ! Se référer à la "religion des fleurs" en  Inde ! C'est une première étape de l'art symbolique ! Puis il s'en affranchit en géométrisant les formes. C'est la seconde étape de cet art symbolique !

    L'Histoire de l'art et de l'architecture comprends trois âges pour Hegel : l'âge symbolique, l'âge classique et l'âge romantique. On part de formes lourdes qui vont s'affiner ! Nous allons nous intéresser aujourd'hui à l'art symbolique avec l'architecture égyptienne.

    Dans l'art symbolique, à travers l'architecture, le contenu spirituel de la représentation est d'abord général et abstrait. Il y a chez les Égyptiens, auxquels nous allons nous intéresser, une géométrisation des formes et de la nature - même dans la représentation des personnages ! Mais le plus bel exemple est la pyramide qui a une forme de tétraèdre et qui est un universel abstrait avec un côté spirituel : le tombeau d'un Pharaon.

    En réalité, l'architecture est l'art symbolique par excellence ! La pyramide est une représentation de l'Absolu alors que par la suite, dans l'art classique, avec le temple grec, on a affaire à une construction qui contient une représentation de l'Absolu.

    La pyramide est l'exemple parfait d'une œuvre symbolique (au sens historique), car, si elle possède une figure, c'est une figure abstraite. Certes elle est un tombeau mais elle existe de manière autonome par rapport au tombeau.

    L'architecture est un langage muet qui gagne en autonomie. Les architectures doivent demeurer des symboles et pas seulement des signes. Elles communiquent donc des représentations mentales.

    Je vous parlerais prochainement de l'art et de l'architecture classiques !

    A bientôt !

    PS : Pour concocter ce billet, je me suis appuyé sur les cours de Philo/ Esthétique que je suis à la fac, et d'un blog intitulé "Le phiblogZophe" consacré à la photographie, à l'architecture et au cinéma - et à Heidegger !


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  • Je vous livre ici à nouveau quelques unes de mes pensées ! Et oui ! Je réfléchis parfois !


    Le Monde est dans notre Esprit.
    (14/10/2013)


    Pour accéder à des vérités supérieures comme une prise de conscience de son soi, il faut un « déphasage » ! Ainsi lors de crise, il faut un déphasage – recul - par rapport à la société (cas des marginaux, des précurseurs, des révolutionnaires…) et pour se connaître soi-même, la maladie mentale peut constituer ce genre de déphasage ! A condition d’un retour à la « normale » après ce déphasage. Prise de conscience puis retour critique !
    (17/10/2013)

    Des Réflexions à foison - VI



    La souffrance apparaît avec la Vie et le mal avec l’Homme.
    (18/10/2013)


    L’individu est riche d’altérité. Sans même prendre en considération l’inconscient, on n’est jamais le même à aucun moment de sa vie et de plus, nous portons des masques sociaux en fonction de nos interlocuteurs !
    (20/10/2013)


    Ce sont les gens qui ne savent rien qui ont des certitudes.

    La connaissance entraîne le doute

    (Et le doute détermine la connaissance. Descartes ?)
    (26/10/2013)


    Comment appréhender Dieu et les intermondes ? Plus généralement l’Invisible ?

    Il y a des choses que la science ne peut prouver car elle se base sur l’expérimentation et sur ce qu’elle voit ! Or ces choses précitées sont-elle des réalités … ou pas du tout du fait qu’on ne peut les « toucher » par nos sens, par une méthode empirique.

    La science se fonde-t-elle sur l’empirisme. Sur l’observation oui !

    Ressortent-elle donc à contrario de notre imagination ? Peut-on les former dans notre esprit comme des idées ?

    Les idées de Platon. Idéalisme et empirisme. Idéalisme et matérialisme. Matérialisme et empirisme…

    Un autre sujet à creuser !
    (27/10/2013)


    Pour être heureux, il faut croire en quelque chose de supérieur à soi.

    L’Humanité !?
    (28/10/2013)


    Peut-on imaginer que la matière, l’Univers et tout ce qui est soit né du rien ?

    Comment concevoir ce rien qui précède l’existence de l’Univers ? Dès lors qu’on tente de l’imaginer, on tente de se le représenter donc on donne une forme – et un nom – à ce qui n’en a pas !

    Or le point zéro est indicible. Peut-être même – en tout cas dans l’état actuel de nos sciences – par les mathématiques !
    (01/11/2013)

    Sur ces mots - pleins de sagesse ? - que je livre à votre sagacité, je vous dis à bientôt !


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  • Idées directrices pour une phénoménologie - Edmund HusserlLa phénoménologie transcendantale est la grande affaire d'Edmund Husserl. Notre homme n'est pas philosophe de formation et pourtant son objectif est d'établir la philosophie comme une science au même titre que les mathématiques ! La phénoménologie est une méthode.

    En 1913, dans son gros ouvrage dont le titre complet est Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pure - et son premier tome "Introduction générale à la phénoménologie pure" - Husserl pose pour la première fois une première définition et présentation systématique de ce qu'est la phénoménologie qu'il distingue de la psychologie empirique d'alors ! Le spectre de la première discipline étant plus large que celui de la seconde.

    Il s'agit de se détacher de l'"attitude naturelle", notre façon naïve de percevoir et d'appréhender les choses, compréhension spontanée et immédiate - et fautive de ce fait ! - du monde. En effet, l'expérience et la conscience naïves envers le monde ne sont pas dénuées de préjugés !

    Husserl distingue immanence - ce qui est dans la conscience et donné absolument - et la transcendance - ce qui est hors de la conscience et non donné absolument ! Ce livre d'Husserl est un prolongement à Descartes et une réponse à la Critique de la Raison Pure  de Kant ! Pour le philosophe de Moravie, le monde s'explique par l'activité du sujet ! C'est le sujet qui donne un sens aux choses, qui cherche à dégager la rationalité du monde. Ce n'est pas le monde qui explique le sujet mais plutôt l'inverse !

    Les Idées de la phénoménologie comporte quatre sections !

    Dans la première section, Husserl porte son attention sur la connaissance des essences ou comment passer de l'observation de faits particuliers simples à la saisie des essences ? Le texte présent est donc bien une épistémologie, fonder la philosophie comme une science ! On est au delà du simple principe de l'induction toutefois.

    Comment passer de l'observation particulière de mon moi ou du moi d'autrui à l'essence de la subjectivité ?

    Cette préoccupation pour les essences nous rapprochent des considérations mathématiques, discipline qui s'intéresse par définition aux essences, le triangle idéal, le carré idéal etc,... Les faits bruts n'ont pas de sens en philosophie - sauf à rester dans le dogmatisme ! Il faut s'en arracher, en tirer le sens et synthétiser  -comme on synthétisera nos différentes perceptions et souvenirs...

    La deuxième section contient des descriptions proprement phénoménologiques : comment pouvons-nous avoir accès aux choses telles qu'elles se donnent ?

    C'est possible en mettant entre parenthèses l'attitude naturelle - de là on découvre l'ego ! Dans cette section, Husserl pose tous ses concepts fondamentaux : intentionnalité, réduction ego, transcendantal,... Husserl va aussi plus loin que Descartes dans l'analyse du "je" et ne le fais pas reposer sur Dieu !

    Dans la troisième section, sont introduits les notions de noème - l'objet constitué en tant que sens par la conscience - et de noèse - l'acte de l'esprit qui rends possible ce genre de constructions ! Souvenir, perception et imagination sont ainsi trois types de noèses !

    Enfin, dans la quatrième et dernière section, Husserl réponds aux objections qui lui ont été faites ! La réduction phénoménologique ne fait rien perdre au monde et permets au contraire d'expliquer le monde notamment le temps - la rétention ! - et l'espace - le corps !

    Le monde ne se comprends qu'à partir du mode de données et la phénoménologie permets aussi une ontologie, un accès à l'être ! Heidegger, l'autre tenant de la phénoménologie - quoiqu'un peu différente de celle de Husserl - mettra cette question ontologique au cœur de son ouvrage majeur Être et Temps !

    Voilà, la pensée de Husserl est éminemment complexe mais diablement intéressante !

    A bientôt !


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  • La façon dont nous traitons les animaux en dit souvent long sur nous, sur notre humanité, notre rapport au monde et aux autres. Que l'on fasse partie des "30 Millions d'amis" ou que l'on exploite sans vergogne les bêtes, nous avons des responsabilités vis-à-vis des animaux. Progressivement, nous prenons conscience que l'animal a une sensibilité et peut souffrir et nous reconsidérons le grand mensonge que nous nous cachons à nous-même, la réalité des abattoirs tandis que le végétarisme et le véganisme trouvent de plus en plus d'échos !

    L'homme a longtemps considéré l'animal comme lui étant inférieur ! Le pli est posé dès les textes du premier Monothéisme. En effet, dans le Judaïsme et les écrits de la Genèse, il est posé que les bêtes sont mises à disposition d'Adam et qu'une fois le Pêché originel introduit, l'homme a le droit de consommer les animaux et de les mettre sous le joug. Fini le temps de l'Harmonie et de la coexistence pacifique !

    Pourtant, par la suite, les penseurs juifs comme Moise Maimonide établiront que "la connaissance de Dieu est préférable aux holocaustes" et on "ne fera point cuire un chevreau dans la lait de sa mère".  On ne sacrifie plus les bêtes sur les autels et on préfère la prière intérieure et le recueillement.

    Découlent aussi de la tradition et du canon, dans le Judaïsme, moins dans le Christianisme mais à nouveau dans l'Islam un certain nombre d'interdits alimentaires : porcs, fruits de mer etc,...

    Chez les Grecs, la problématique de l'animal commence avec Pythagore. Tuer un animal est commettre un crime effroyable car croyant en la réincarnation, les pythagoriciens affirme que tuer une bête est comme tuer un père ! On retrouve pareille pensée dans les religions de l'Orient, comme le Bouddhisme !

    Pour les Stoïciens, l'animal est dépourvu de raison qui est l'apanage de l'Homme. Tout relève d'une harmonie cosmique, œuvre des Dieux et chaque chose est à sa place et à son utilité. L'animal a un rôle à jouer et est un "miroir de la nature". Il est aussi "au service de l'Homme".

    Platon établit que, hormis celles qui sont inertes, chaque chose a une âme, en découle une hiérarchie des âmes. L'âme est vu comme un attelage ailé dans le Phèdre, peut se réincarner en animal suivant sa nature dans le Phédon et a trois parties dans la République.

    Aristote décrit une âme végétative, sensitive et intellectuelle. L'âme est ce qui anime et informe le corps.Aristote a beaucoup écrit sur les animaux notamment une Histoire des animaux et il établit qu'il y a une continuité d'une espèce à l'autre qui passe par d'infimes variation, une "échelle des êtres".

    Théophraste, ami et collaborateur de son mentor Aristote fut véritablement le premier penseur à manifester une amitié réelle envers les animaux avec lesquels les hommes forment une "véritable famille" Nous leur sommes "apparentés" " dans la même maison". Les bêtes sont pour lui aussi animées de sensations et de désirs. Les hommes sont devenus insensibles et s'arrogent le droit de tuer les animaux - cette opinion est aussi partagée par Plutarque. Aux sensations et désirs que posséderaient les bêtes selon Théophraste, Plutarque rajoute les sentiments , l'intelligence - déjà décrites chez eux par Aristote - et enfin l'imagination.

    Pour Porphyre, ce sont de "mauvaises habitudes" qui ont poussé l'Homme à devenir le plus cruel des animaux ! Après Théophraste et Plutarque, Porphyre élargit la gamme de capacités des animaux et comme son maître Plotin pense que le corps - et donc la consommation de viandes - alourdit l'âme de l'Homme !

    Quittons l'Antiquité pour aborder la Renaissance - qui est une redécouverte des textes antiques ! Montaigne le premier fait un éloge des bêtes dans un passage fort célèbre de L'Apologie de Raymond Sebond, où il place les hommes et les animaux sur un pied d'égalité ! Les animaux possèdent des capacités remarquables qui dépassent même dans certains cas les nôtres ! Les bœufs et le chiens sont capables de compter, les fourmis et les abeilles font des sociétés complexes, les éléphants ont de la mémoire, etc,... L'auteur des Essais  multiplie les exemples dans ce texte sur lequel j'ai par ailleurs travaillé durant mes études de Lettres !

    Les choses se compliquent avec Descartes qui marquent un grand retour en arrière ! Le Penseur de la Haye voit le monde selon la dualisme de la chose pensante et de la chose étendue (res cogitens  et res extensa). Le monde n'est alors plus qu'un gigantesque mécanisme d'horloge dans lequel les animaux - qui n'ont pas le langage, ne penseraient pas -  et sont donc des machines. Ils ne sauraient ressentir les choses ! On peut donc frapper son chien comme l'affirmera Malebranche puisqu'il ne ressent pas la souffrance ! Cela nous parait impensable aujourd'hui - et révoltant !

    Les Quakers sont à l'opposé de cette pensée. L'argument de cette secte religieuse dérivée du Protestantisme est théologique. Pour eux, la présence de Dieu se fait ressentir dans tout être vivant et donc on doit le respect à chacun de ces êtres ! Chaque créature désire avoir son droit naturel.

    La Mettrie, athée et libertin du Siècle des Lumières, provoque le scandale avec son ouvrage L'Homme-machine. Il retourne l'argumentaire de Descartes en posant que l'Homme - qui a la pensée - n'est lui aussi qu'un automate perfectionné ! Dès lors pourquoi dénier la pensée aux animaux ? Ceci choquera profondément l’Église pour qui l'Homme tient une place éminente dans la Création.

    Condillac démonte aussi les théories de Descartes sur les animaux-machines. S'appuyant sur Hume, il analyse les différences entre sensation et réflexion et pose que la sensation est l'unique source de la connaissance, en bon empiriste. La différence entre l'Homme et l'animal est que, contrairement à ce qu'on croit, seuls les hommes s'imitent les uns les autres - perfectionnant ainsi leur connaissance, les animaux, eux, ne font que réagir de la même façon dans un nombre de situations limitées !

    Jean-Jacques Rousseau avance quand à lui que l'on a nul besoin de faire souffrir les animaux, la Terre regorgeant d'autres ressources ! Le droit des bêtes à ne pas souffrir ne doit pas reposer sur la présence ou non de telles capacités sensibles ou intellectuels chez elle mais sur le ressort de la pitié ! Si on veut manger un bœuf, il faudrait l'égorger nous-même et ne pas se cacher la réalité et déléguer la sale besogne ! Avec le philosophe suisse, apparaît la critique de l'alimentation carnée dans notre modernité !

    Emmanuel Kant lie lui les obligations que nous avons avec les bêtes dans les obligations que nous avons avec nos semblables. Il faut faire "comme si" les bêtes étaient des personnes humaines. Or pour Kant, l'homme est une fin et non un moyen. qui se comporte mal avec une bête se comportera mal avec un homme !

    Les Penseurs de la Cause Animale

    Arthur Schopenhauer - dont on savait l'amour pour son caniche ! -  porte de violentes accusations contre le Judéo-Christianisme qu'il accuse d’avoir rendu les hommes cruels à l’égard des animaux par son anthropocentriste ! L'Homme n'est pas le seigneur de la terre et les bêtes ne sont pas un produit à notre usage !

    Jeremy Bentham introduit l'Utilitarisme dans le débat animal. Selon lui, il faut raisonner de manière pratique en termes de recherches de plaisir et d'évitement de désagréments et de souffrances ! Il ne s'agit alors pas tant de renoncer à ou d’interdire l'alimentation carnée mais d'éviter le maximum de souffrance à l'animal en lui infligeant une mort rapide et indolore.

    Charles Darwin va secouer encore plus fort les institutions religieuses en abolissant la frontière entre l'Homme et l'animal. En effet, si l'Homme descend du singe, il est lui-même un "Homme-animal" ! Scandale ! Et cela oblige à reconsidérer les capacités et les droits des uns et des autres !

    Passons pleinement dans la Modernité dans un troisième temps ! L'idée du végétarisme va peu à peu émerger dans nos société ! Ainsi le Russe Léon Tolstoï prône celui-ci afin pour l’Homme de trouver sa voie morale. On en doit pas tuer les bêtes ! il faut savoir d(où vient le poulet qu'on a dans notre assiette, la souffrance qu'il enduré ! En finir avec l'hypocrisie institutionnalisée ! Pour un végétarisme éthique ! Henry Stephens Salt prends acte de l'émergence de ces nouvelles pratiques alimentaires et montre pour appuyer le mouvement que la consommation de viande n'est pas un impératif biologique ! Le mouvement pour aller "de la Barbarie à l'Humanité" est en marche !

    On commence à considérer véritablement le point de vue de l'animal, notamment avec Jacob von Uexkull qui analyse que chaque bête à son expérience du monde propre et singulière. Heidegger et Deleuze s'en souviendront ! On en peut donc définitivement pas comparer l'animal à une machine ! Enterré Descartes !

    Les notions opposées de "spécisme" et anti-spécisme" sont introduites par Peter Singer et son ouvrage de référence La Libération animale. Comme il y a un racisme, il y a un spécisme, a tendance à classer le monde vivant en espèce et à établir une hiérarchie ! Pour singer, l'élément qui confère des droits aux animaux n'est pas la capacité à raisonner ni la même la force physique mais la capacité à ressentir, l'aptitude à la souffrance qui est commune à tous. Un principe d’égalité !

    Carol J. Adams établit, elle, un parallèle intéressant et pertinent entre les luttes du féminisme et du végétarisme, ayant constaté dans les années 1970 que nombre de féministes étaient également végétariennes ! Le dénominateur commun est que dans les deux cas, on a une opposition à une tentative de domination masculine. Que l'on pense aux publicités pour les hamburgers qui utilisent l’imagerie "Pornochic" !

    Tom Regan mélange les approches de Kant - l'animal n'est plus un simple moyen ! - et utilitariste de Bentham ! Les animaux voient là encore leur sensibilité réaffirmée et ils faut éviter de les faire souffrir.

    On entre alors dans un processus de codification et de légifération du Droit animal, notamment avec Martha Nussbaum qui pose "dix règles pour le bien-être animal" parmi lesquelles la santé physique, le sens, l’imagination et la pensée, les sentiments, la raison pratique ou encore l'affiliation.

    Jacques Derrida dans un texte publié après 2004 - donc de manière posthume -, attaque violemment notre attitude vis-à-vis des bêtes ! Le philosophe qui se sentait gêné nu devant son chat dénonce l'"exploitation d'une survie artificielle à des fins d'exploitation interminable"  - en clair engraisser les vaches, les porcs, les poulets indéfiniment dans des élevages afin de les abattre - souvent non sans une forme de cruauté ! Derrida fait même un parallèle choquant avec la Shoah pour mieux marquer les esprits !

    Les Penseurs de la Cause Animale

    On doit donc, et c'est le cas avec Sue Donaldson et Will Kymlicka, reconsidérer les Droits des animaux et leur donner de nouveaux statuts ! Ces deux derniers auteurs que nous aborderons proposent une classification entre animaux domestiques et animaux sauvages - auxquels ils ajoutent les animaux liminaires - entre deux ! - tels les rats, les souris, les pigeons,etc,...

    Récemment, des groupes d'activistes telle l'organisation L214 - qui filme clandestinement dans les abattoirs afin de dénoncer les conditions de mises à mort - sensibilisent de plus en plus à la cause animale. A priori, je ne suis pas prêt à renoncer aux steaks au poivre que me prépare mon paternel les samedis midis mais je dois avouer que de telles démonstrations de cruauté envers les bêtes d'élevages font réfléchir ! Il n'est pas inenvisageable que je réduise ma consommation de viandes dans un premier temps !

    Le discours végan - qui banni toute exploitation de l'animal - y compris la fourrure, la laine, la chasse, la corrida, les produits pharmaceutiques testés sur l'animal et l'expérimentation animale - semble plus cohérent que le végétarisme ! Mais est-ce tenable dans nos sociétés de carnivores/omnivores !? Enfin cohérene dans une certaine mesure et limite ! En effet, la science découvrant que les plantes ont aussi une sensibilité et des intérêts, cela a l'air d'une blague mais que faire du "cri de la carotte" ? Et les robots ? N'exploitons-nous pas avec l'intelligence artificielle - à l'aube du transhumanisme - une autre forme d'êtres vivants ?

    C'est un vaste débat philosophique et de société qui est loin d'être clôt !

    A bientôt !

    PS : Ce billet a été réalisé avec l'aide précieuse du Hors-série Le Point Références N°69 de juin-juillet 2017 - "L'Homme et l'Animal - Les textes fondamentaux" dont il constitue un compte-rendu !


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  • Discours de métaphysique - G.W. LeibnizL'Histoire de la philosophie a connu un certain nombre de génies touche-à-tout à commencer par Aristote puis à la Renaissance Pic de la Mirandole - auquel une de mes profs de Lettres me comparait non sans malice ! - et enfin Leibniz qui fut le dernier génie encyclopédique de l'Humanité !

    Enfant, Leibniz maîtrisait déjà le grec et le latin et lisait toute la tradition philosophique ! Adulte, il brilla par son éclectisme ! On lui doit le calcul infinitésimal - avec Newton - la dynamique, une machine à calculer, une horloge portative, des éoliennes et tout un tas d'innovations ! Il était au sommet dans le domaine philosophique mais aussi en mathématiques, en physique, en médecine, en biologie, en psychologie, en géologie, en paléontologie, en droit, en Histoire,etc... Graphomane n'arrivant pas à mener un ouvrage ou un projet à terme, on n'a pas à ce jour encore fini d'éditer les 250000 pages qu'il a laissé de son vivant ! Husserl, autre graphomane célèbre, est battu !

    Dans le domaine philosophique, il est connu pour ses Essais de théodicée bien qu'il n'existe pas vraiment d'ouvrage qui résume sa philosophie ou qui serait l'équivalent de l’Éthique pour Spinoza ou le Discours de la méthode pour Descartes !

    Pour Leibniz, le fonctionnement de l'esprit humain repose sur deux principes - le principe de non-contradiction et le principe de raison suffisante ! Ces deux principes s'appliquent sur deux règnes, le règne de la nature et le règne de la grâce ! Ces deux règnes sont unis par la métaphysique.

    Un des problèmes qui se pose aux philosophes chrétiens est de savoir pourquoi le mal existe si Dieu est bonté et est omniscient et omnipotent ! Il y a contradiction apparente ! En réalité, un mal existe pour un bien et l'homme a une vision limitée du monde, ce monde que Dieu a crée comme le meilleur des mondes possibles !

    Leibniz veut expliquer la foi par la raison. Rationaliste, Leibniz pose Dieu comme ordonnateur du cosmos et de ses lois mais aussi comme gouvernant du monde. Dieu existe car il a toutes les perfections donc possède aussi l'existence (preuve a-apriorique) et Dieu existe comme cause motrice initiale (preuve à-posteriori).

    Penchons nous maintenant sur le Discours de métaphysique, court mais dense texte de 1686 !

    Leibniz y repose que le monde est bon car il est l’œuvre de Dieu qui est Bonté ! Il va plus loin en affirmant que c'est le meilleur des mondes possibles - que Dieu a conçut librement par son entendement. Dieu agit toujours de la meilleure façon possible, optimale !

    L"homme est libre de ses choix et il n'y a pas de fatalisme - comme chez Spinoza ! Toutefois, chaque essence - ou "monade" - contient en elle toutes ses possibilités, le conatus qui se réalise la meilleure façon possible ! Chaque monade possède un point de vue unique sur l'univers! Et si l'homme est libre, il est toutefois prédestiné dès le départ. Dieu connaît par avance toutes les actions de l'homme qui n'en reste pas moins maître de ses choix ! Les hommes inclinent sans nécessité.

    Leibniz qui connaissait toute la tradition philosophique fait le lien entre la philosophie antique, médiévale et moderne ! Il jette des ponts entre scolastique et les philosophies modernes comme le cartésianisme, le rationalisme et l'empirisme anglais.

    Les substances interagissent les unes sur les autres et Dieu les accommode ensemble. La question se pose aussi de savoir si Dieu répare le règne de la nature au fur et à mesure des imperfections de celui-ci ! Une sorte de Dieu horloger ? A -priori, si j'ai bien compris la philosophie de Leibniz, Dieu ne "bricole" pas ! Car toutes les possibilités sont là dès le départ ainsi que le devenir de chaque substance et Dieu a choisit le meilleur !

    Dieu s'est incarné en Christ dans le Christianisme afin de réparer le Péché originel qui a rapport à la connaissance et est un péché d’orgueil davantage que lié au sexe (explication simpliste !).

    C'est Dieu qui a fixé les lois du règne de la nature ! Le règne de la grâce a trait à la théologie, à la théologie "révélée" (Bible, Nouveau Testament...) et à la théologie rationnelle qui veulent expliquer pourquoi et comment Dieu s'est incarné !

    Dans le Discours de métaphysique, Leibniz revient sur les mouvements des corps - et "corrige" Descartes ! Les corps sont mis en mouvement par le moteur premier ! Il s'oppose aussi à la version de Newton ! Il s'interroge sur les causes finales et les concilie avec les causes efficientes du modèle cartésien. Les règles mécaniques ne dépendent pas que de la seule géométrie - res extensa - mais ont aussi rapport avec la métaphysique et Dieu qui a fixé les lois de la nature.

    Enfin, dans ce texte, le philosophe s'interroge sur la connaissance, sur les idées chères à Platon, sur la réminiscence du même Platon. Pour les empiristes, nos âmes sont au contraire des "tablettes vides" et tout vient de nos sens. Mais nos idées sont-elle en nous ou viennent -elles de Dieu (l'occasionnalisme de Malebranche ?) ?

    Nous sommes libres de nos actions mais celles-ci interviennent en fonction des lois de Dieu dans la nature. Leibniz interroge aussi comme Descartes l'union du corps et de l'âme.

    En conclusion, il revient sur Dieu comme monarque du meilleur royaume possible. Dieu accorde la grâce à qui il veut suivant ses propres raisons inconnaissables !

    Leibniz est un penseur d'une richesse affolante ! J'aurais l'occasion d'y revenir car, pensée subtile et difficile à saisir, j'ai certainement du faire quelques erreurs et raccourcis dans ce présent billet ! Peut-être un sujet de mémoire de Master pour moi ?

    A bientôt !


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  • Nous allons maintenant parler d'un dialogue de Platon - dont j'ai pour la première fois entendu parler en Licence L1 Cratyle - Platonde Lettres modernes, dans un cours sur les Surréalistes en 2008  - ce texte, c'est le Cratyle.

    Socrate s'engage dans ce dialogue dans une discussion avec Hermogène et Cratyle portant sur le langage et plus précisément sur la question de la rectitude des mots.

    Le mot qui désigne la chose est-il la chose ? Hermogène pose d'abord que le langage dérive d'une convention et d'un arbitraire - ce qu'on ne peut nier ! Toutefois, si on va au bout des conséquences de cette proposition, il pourrait alors exister un langage "public" où chacun désigne les mêmes choses des mêmes noms - et un langage "privé" où chacun désigne les choses pour lui-même avec les termes que lui seul à choisi ! Une idée qui intéresserait Ludwig Wittgenstein qui a montré que le langage était un collectif et qu'un langage privé ne pouvait exister faute de références communes !

    La question du langage est sous-tendue par la problématique du vrai et du faux. En effet, le langage permet d'établir la vérité ou du moins de tenter de la cerner. Si le langage est relatif, propre à chaque individu - chacun son langage - cette vérité inaccessible. La connaissance naît du partage et de la confrontation !

    Or les activités humaines ne se font-elles que par rapport à leur propre valeur ou à l'opinion qu'on en a ? Par rapport à leur valeur ! Aussi pour "tisser", il faut un instrument propre à cette activité, déterminé par sa valeur, une navette et pour "nommer" un instrument qui est le mot. Il apparaît alors qu'il faut un spécialiste des mots, un législateur. Par ailleurs, l'instrument doit s'adapter à l'usage, à chaque cas ! On signalera au passage la parenté étymologique entre "tissage", "tisser" et "texte" fait de mots !

    Le législateur institue le langage qui se forme ensuite et se constitue par l'usage, aussi bien chez les Grecs que chez les Barbares.

    Socrate pose ensuite qu'il y a une recherche naturelle de dénomination. Homère intervient ainsi que  la tradition.

    Les Dieux font un usage correcte des noms, avec les dénominations correctes des choses. Car de fait, les Dieux sont plus raisonnables que les hommes. Les noms donnés par les Dieux reposent en outre sur une étymologie plus appropriée ! Les noms manifestent une réalité ! La nature des choses.

    Socrate multiplie alors les exemples de noms de héros dans Homère et  décompose leur étymologie pour montrer qu'ils correspondent bien à leurs caractères ! Exemples tirés d'Hésiode aussi ! Socrate décompose ensuite les noms de "Dieux" (theon - celui qui  court à l'image des dieux primitifs, le soleil et la lune), "Démons" et "héros" (qui provient de eros, l'amour entre un Dieu et une mortelle - ou encore d'eroteticos, l'orateur).

    Socrate affirme ensuite que de nouveaux mots sont formés en ajoutant/ retranchant des lettres ou des syllabes. Le langage s'altère,  évolue au cours du temps, par l'usage, fixé par le législateur.

    Viennent ensuite des explications de Socrate sur les noms : "homme" - anthropos (celui qui fait l'étude de ce qu'il voit), "âme" - psyche et "corps" -  soma (le "sépulcre" - sema - de l'âme). Puis des explications sur les noms des divers Dieux ! Ce Cratyle est donc un texte de référence pour un certain nombre d'étymologies de termes et de concepts ! Après les Dieux, les éléments, la division du temps, les astres, des concepts et des qualités ayant trait à l'âme et à la pensée ! Il semble toutefois utile que le lecteur ait des rudiments de grec ancien, matière de moins en moins enseignée dans nos écoles !

    Socrate montre aussi par ailleurs les emprunts de mots d'un peuple à l'autre, entre les Grecs et les Barbares - ce qui en rends plus difficile l'analyse étymologique.

    Quantités de termes sont analysés dans ce texte qui  se révèle en fait très technique ! Hélas, ne m'y connaissant pas en grec ancien, je ne suis pas à même de dire si les "interprétations " de Socrate sont hétérodoxes - voire farfelues ! - ou pas ?

    Reste la question des noms primitifs dont dérivent toutes les étymologies précédentes. Socrate pose que ceux-ci procèdent par imitation - et dans un rapport au corps ! On dénomme en imitant par la voix. Les choses ont en effet une sonorité ! Et une couleur ! Mais, en matière d'imitation, il ne s'agit pas ici de musique ou de peinture ! Il s'agit d'imiter les "essences" ! Les sons et les lettres imitent les choses ! Par la suite, Socrate recours aussi  à des exemples.

    On retrouve ainsi dans le Cratyle, sous- jacent, l'idée d'une langue Adamique ou Edenique qui donne aux choses leurs véritables noms.

    Le dialogue se clôt enfin par un échange entre Socrate et Cratyle - resté muet jusque là, sur les critères de vérité (le langage énonce toujours le vrai car le faux ne se dit pas !), sur l'imitation,  qui reprennent, synthétisent et approfondissent ce qui a précédé dans le texte. Le critère de vérité résulte de l'adéquation entre la chose et son imitation. Socrate questionne enfin sur le statut de l'image née de l'imitation, propos récurrents dans l'oeuvre de Platon. L'image est inférieure à la réalité (qui sera elle inférieure à l'Idée !).

    Un dialogue qui a ainsi trait à l'Epistémologie chez Platon et avec lequel nous complétons et terminons notre analyse de tous les textes de l'Edition Pléiade de Platon établie par Léon Robin !

    A bientôt !


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  • Attardons nous maintenant sur le dialogue de Platon - mettant comme toujours en scène son maître Socrate, Euthydème - Platonle "Père de la Philosophie" - dialogue intitulé Euthydème, nouvelle attaque en règle contre les sophistes ! On connaît les arguments de Platon qui les accuse de travestir la vérité - voire de ne pas la rechercher, de se faire payer pour leur enseignement et surtout pour plaider aussi bien "blanc" que "noir" sans distinction !

    Ce dialogue a pour sous-titre De l'Eristique ou encore Le Disputeur dans l’Édition de la Pléiade établie par Léon Robin (Tome I). Il traite du genre réfutatif qui est un genre de discours. Socrate y rencontre deux sophistes "au savoir prodigieux", Euthydème et Dionysodore. Si Socrate/Platon semble faire leur éloge au début du texte, il porte un jugement sévère contre eux dans l’Épilogue du dialogue !

    Le texte est construit comme un récit enchâssé où Socrate raconte à son ami Criton, philosophe athénien du Vème siècle avant J.-C. sa conversation avec les deux sophistes alors en présence de Clinias et Ctésippe, échange duquel Criton n'a pu entendre un traître mot, étant trop loin dans la foule !

    Je vous avouerais que ce dialogue me pose problèmes n'ayant rien compris aux échange sur le "savoir absolu" possédé "de tout temps" par les deux sophistes (est-ce une allusion à la réminiscence et au Ménon ?) et à la partie sur les pères de tous les hommes ! Platon effectue-t'il là une démonstration de l'absurde du discours des sophistes ? Je n'en suis pas sûr ?

    Conformément à un dialogue précédent - encore le Ménon ! - on s'interroge quant à savoir si la vertu s'enseigne, ce que prétendent professer les deux sophistes du texte et même bien plus ! Socrate réfute alors que ceci n'est qu'une question de définition et de justesse des mots ! On sait que Platon a soucis de faire œuvre d'épistémologie - là encore par apport à la vérité ! - et ce problème du langage s'inscrit dans une problématique de bannir l'herméneutique (ce dont il sera question dans d'autres textes - en particulier La République) - pour la remplacer par la calculabilité ! Mais bon cela dépasse le cadre du dialogue présent ! Et cela prouve en tout cas que l'on peut jeter des passerelles entre les textes du corpus platonicien et la cohérence de l’œuvre (malgré trois périodes et des revirements dans la pensée qu'il ne faut pas négliger !). Platon est continuités et ruptures !

    Le dialogue repose encore une fois sur la dialectique et par moment le discussion s'envenime ! Les deux sophistes s'amusent avec leurs interlocuteurs - en particulier avec Clinias - ce qui les rends antipathique et Socrate doit intervenir pour calmer le jeu ! Il y a toutefois par ce procédé du "clash" une touche humoristique pas toujours présente dans les dialogues de Platon même si il y a souvent l'ironie socratique !

    Socrate pose que la recherche du bonheur passe par la possession de bien qui s'acquiert soit par la fabrication, soit par la chasse ! Or fabrication et chasse sont des techniques qui relèvent d'un savoir ! De plus, il n"y a pas que la fabrication qui relève d'une connaissance mais aussi l'utilisation ou comment bien utiliser l'objet produit ! De plus, il y a recours à autrui car la production du pêcheur, de l'agriculteur, du chasseur, passera entre les mains du maître de cuisine !

    Les sophistes, eux, prétendent enseigner la vertu et pour cela, ils changent les hommes, transforment les gens mauvais en bonnes personnes - de fait, ils font "périr" les gens - pas au sens physique évidemment mais au niveau de leur personnalité,, ils les changent !

    Suivent ensuite dans le dialogue des "prises de bec" particulièrement avec Ctésippe et des digressions dont je n'ai pas saisi toute la teneur - comme évoquées plus haut ! Enfin, le texte est volontiers moqueur à l'égard de sophistes que Platon/Socrate discrédite une fois de plus au profit de la philosophie, l'amour de la sagesse et la seule "méthode" de recherche du Vrai avec la dialectique ! Dans ce teste, Platon se mets en quelque sorte à la place des sophistes !

    Je vous dis à bientôt ! Nous parlerons du langage avec le Cratyle - texte dont j'ai entendu parlé la première fois lors de mes études de Lettres modernes !

    A bientôt donc !


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  • Ménon est un dialogue de Platon qui est un questionnement sur la vertu, comme l'indique le sous-titre, De la Vertu. Ménon - PlatonEn effet, Ménon et Socrate essaient de trouver une définition de la vertu et de savoir si elle s'enseigne ou si elle relève du don, de la capacité innée. Et donc, si elle ne s'enseigne pas comment s'obtient-elle ? On verra qu'une fois de plus avec Platon/Socrate les arguments sont d'une grande finesse !

    Dans un premier temps nos interlocuteurs posent que la vertu a rapport avec l'excellence. Quelle est alors l'essence de l'excellence ? Ménon cite des exemples de vertu, chez l'homme, chez la femme, chez l'enfant ou chez le vieillard, mais Socrate insiste sur la nécessite de trouver une unité dans tout cela pour parvenir à une définition de ce qu'est la Vertu !

    L"excellence est-elle la capacité de commander aux hommes ? Cela ne saurait donc être la vertu de l'esclave ! "Avec justice et sans injustice" qui plus est ! Un commandement vertueux est un commandement juste.

    La justice est -elle une qualité supplémentaire, participe-t'elle de la vertu ou est-elle vertu ? La vertu ne saurait donc être défini là encore par un cas particulier

    Socrate propose à Ménon, pour parvenir à des modèles de définition, de raisonner à partir du système d'Empédocle. Ceci aurait donc trait au système des perceptions, les sons, les couleurs, etc,..

    Puis, Ménon pose que la vertu serait le désir de posséder les belles choses - qui sont aussi les bonnes choses et les choses utiles ! Mais les biens dont il parle sont des biens extérieurs. Mais là encore, il faut se les procurer "avec justice et piété".

    Nous sommes dans une impasse et Ménon compare alors Socrate à une torpille, ce poisson électrique dont le toucher vous pousse dans la torpeur. En effet, Ménon ne trouve plus ses mots, ne sait plus rien. Il y a alors impossibilité de la recherche et le "paradoxe de Ménon" se fait jour !

    Ce paradoxe dit qu'on ne peut rechercher une chose si on ne sait pas déjà ce qu'elle est ou comment l'identifier dans ce même cas si on la trouve par hasard ? C'est alors un moment célèbre du dialogue où Socrate fait une démonstration à base de figures géométriques tracées dans le sable à l'esclave de Ménon. Ce recours à la géométrie rappelle la phrase censée avoir été gravée au fronton de l'Académie de Platon : "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre !".

    Le problème géométrique consiste à doubler la surface d'un carré, non pas en doublant chaque côté - ce qui ferait quatre fois la surface et non pas deux ! En fait, il faut passer par les diagonales !

    Il s'agit de montrer que l'on n'apprends jamais rien, on ne fait que se "ressouvenir" ! C'est le principe de la réminiscence ! Mais d'où connaît-on ces choses ? De par nos vies antérieures et plus encore de quand nous n'étions pas humains mais des âmes désincarnées contemplant librement les idées (voir aussi la dialogue Phèdre à ce sujet et son char ailé !). De fil en aiguille, ceci nous conduit à poser l'immortalité de l'âme.

    Pour Socrate, l'opinion vraie et la science sont une même chose qui se rejoignent par le raisonnement de causalité. Une opinion raisonnée repose sur une affirmation qui résulte d'un argument qu'elle cherche à prouver. Le discours peut ébranler l'opinion mais ne peut ébranler la science ! Doxa contre science !

    Arrive alors Anytos et Socrate propose alors de laisser tomber l'essence et de revenir à l'interrogation initiale sur la vertu, à savoir si elle s'enseigne ou pas En procédant par hypothèses !

    Première hypothèse : la vertu est une science. Le savoir guide l'action correcte. C'est l'intelligence qui nous oriente vers le vice ou la vertu. Donc si cette hypothèse est juste, la vertu - parce que liée au savoir - s'enseigne !

    Mais y a-t'il alors des "maîtres de vertu" ? Dans les faits, non, pose Socrate, en prenant en exemple des hommes vertueux comme Thémistocle, qui n'ont pu enseigner la vertu à leurs fils ! De même pour Aristide, Périclès et Thucydide ! Anytos est alors fortement irrité par cette argumentation et prends dès lors ses distances. La vertu ne s'enseigne pas ? Impensable !

    On en revient alors aux Sophistes qui prétendent enseigner la vertu, que Anytos a auparavant, avant de s'irriter, dénigrés et opposés aux grands hommes tels Périclès ! Mais pour Socrate, au final, ni les sophistes, ni les grands hommes ne peuvent enseigner la vertu !

    Pour Socrate, il y a alors une deuxième hypothèse ! Il n'y a pas que le savoir qui puisse guider la bonne action mais aussi l'opinion droite. L'opinion vraie n'est donc pas moins utile que la science. L'homme vertueux ne SAIT pas ce qu'il doit faire mais il a une opinion correcte, droite par faveur divine.

    Ménon se satisfait de cette réponse mais par Socrate qui souligne le caractère hypothétique de la démarche. Le dialogue - qui se termine encore par quelques précisions sur la science et l'opinion vraie - n'est donc pas pleinement satisfaisant dans ses conclusions !

    A bientôt !


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  • Tout comme dans le Gorgias, dans le Ménexène, un texte qui lui est contemporain, Platon s'attaque à la rhétorique.Ménexène - Platon Ce texte a été écrit vers -387 avant J.-C. car il fait référence à la Paix d'Antalcidas.

    Ce dialogue est sous-titré L'Oraison funèbre et nous retrace les événements des Guerres Médiques et de la Guerre du Péloponnèse pour consacrer la grandeur de la Grèce et en particulier d'Athènes et des grands hommes qui sont morts à la guerre pour la cité !

    En outre, comme dans La République et le Critias, Platon critique une certaine vision anthropomorphiques de dieux querelleurs qui ne leur fait pas honneur !

    Court texte - une vingtaine de page, Ménexène est un dialogue qui tourne surtout autour de l'oraison funèbre proclamé par la maîtresse en rhétorique et en musique de Socrate, une certaine Aspasie, une hétaire, c'est à dire une femme éduquée et de haut rang social et amante de Périclès. Ce texte dans le texte forme l'essentiel du dialogue. Cette œuvre complète les points concernant les aspects politiques et judiciaires de la rhétorique évoqués dans le Gorgias !

    Par ailleurs, les épitaphioi, centraux dans ce texte, éloquence d'apparat selon Socrate, sont des discours en l'honneur des soldats morts à la guerre ! Le philosophe dénonce la vacuité de ce genre en se livrant à un pastiche de celui-ci ! Aspasie, femme et étrangère, n'aurait en théorie pas du prononcer d'épitaphioi ! Pastiche enfin car le discours de Socrate est volontairement truffé d'erreurs et d'approximations !

    Ce que Platon dénonce ici, c'est un usage futile de l'éloquence qui ne sert pas à établir la vérité !

    Je vous dis à bientôt pour la présentation d'un autre dialogue de Platon !


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  • Le Gorgias est un dialogue de Platon fort riche, sous-titré De la Rhétorique qui s'interroge précisément sur la valeur de cet art - la Rhétorique ou encore "art oratoire" comme le nomme Gorgias, du point de vue politique et moral ! En d'autres termes, quel est l'objet de la rhétorique et peut-elle améliorer les hommes ?

    Dans ce dialogue, Socrate fait face à trois interlocuteurs ! Il y a Gorgias, un Sophiste qui vit de la rhétorique, Polos, un rhéteur sicilien, sectateur de Gorgias et enfin Calliclès, hôte de Gorgias et récemment engagé en politique !

    Comme de bien entendu, la dialectique a cours entre deux points de vue ! D'un côté, Gorgias considère que "l'art de bien parler" - très utile pour convaincre en politique ! - est le meilleur de tous les arts ! A contrario, Socrate, pas convaincu par cette opinion et très critique, considère la rhétorique comme un art du mensonge là où le philosophe, avec la dialectique, cherche la vérité !

    Dans un premier temps, Socrate échange avec Gorgias lui-même qui se présente comme "orateur et maître de Gorgias - Platonrhétorique". Le père de la philosophie, pour accéder comme toujours à l'essence des choses, demande à Gorgias une définition précise de son art - ce qui mets celui-ci dans l'embarras.

    Selon Gorgias, l'orateur apporte une conviction sur ce qui est juste et injuste porté par les discours de ce rhéteur ! La rhétorique est donc l'art du discours sur le juste et l'injuste ! Socrate pointe alors que l'orateur "fait croire" qu'une chose est juste ou injuste mais ne le démontre pas véritablement ! Cela reste très superficiel ! C'est un art de la persuasion et non de la conviction rationnelle étayée par des preuves logiques et cohérentes. Cette conviction rationnelle - cette démarche ! - est à contrario le coeur de la philosophie - comme la pratique Socrate !

    Puis Socrate veut savoir si la rhétorique porte sur un "savoir précis". Est-ce alors un art ou un savoir-faire technique, différence qu'on retrouve entre la médecine (art) et la cuisine (savoir-faire) qui porte toutes les deux sur le soin du corps. La rhétorique est alors, pour Socrate, inutile car elle n'apporte pas un savoir précis : les arts sont supérieurs aux savoirs-faire !

    Enfin, la rhétorique peut être dangereuse car elle permets de manipuler les individus, voire les foules ! c'est un semblant de vérité qui peut fausser la vertu de l'homme !

    La rhétorique est-elle limitée au juste à à l'injuste ou peut-elle tout traiter ? En termes de bien ou de mal, de beau ou de laid...? Le dialogue est toujours axé sur le polémos - autrement dit c'est une lutte et dans notre texte, Gorgias finit par prendre les propos et questions de Socrate pour des attaques personnelles et se vexe ! La rhétorique serait donc aussi "abattre l'adversaire par un beau discours" ! Au final, Gorgias perds du terrain et ne parvient pas à donner une définition précise de la rhétorique !

    C'est alors que Polos prends le relais pour défendre Gorgias ! Ce second intervenant insiste lui aussi sur la toute-puissance de la rhétorique si divine. Pour Polos, l'orateur est libre de faire ce qu'il lui chante ! Il peut décider du sort des hommes, à droit de vie ou de mort - d'où la  dangerosité ! A quoi Socrate réplique que l'orateur n'est pas libre car il ne fait pas ce qu'il veut mais ce qu'il lui plaît. Et comme "nul ne fait le mal volontairement", si l'orateur est mauvais, ce n'est pas sa volonté qui résulte d'un choix libre, rationnel et réfléchi, mais c'est l'effet de l'envie qui le guide. C'est la passion qui est la source de l’irrationalité de l'homme !

    Pour finir, Socrate échange avec Calliclès à propos de la vie bonne, des grands orateurs et de l'action politique possiblement mise en œuvre à travers l'art oratoire. Calliclès est dès lors un adversaire d'une autre trempe et celui qui donne le plus de "fil à retordre" à Socrate ! Le troisième intervenant possède en effet pour lui fierté ainsi que l'assurance - acquise par la vie politique ! - qui a manqué à Gorgias et Polos ! Calliclès mets en pratique la rhétorique en politique !

    Les deux hommes ont des visions radicalement différentes du monde et s'opposent sur la justice, le pouvoir et le bonheur. Le bon est-il lié à l'utile ? Périclès et Thémistocle, de célèbres orateurs athéniens ont -ils rendus les hommes de leur cité meilleurs ? Ou pire selon Socrate !? C'est à ce moment du dialogue que l'on rencontre la maxime devenue célèbre qu'"il vaut mieux subir l'injustice que de la commettre" selon que l'on se place du point de vue de la morale ou de la peine ! Et aussi, qu'"il vaut mieux être puni de sa peine que d'avoir l'impunité" et Socrate se référant au cas du tyran macédonien Archélaos !

    A ce stade du dialogue, on a une réflexion politique sur l'attitude à adopter dans une cité par rapport au tyran - ou comment se prémunir de l'injustice - un préambule aux réflexions plus poussées de La République, dialogue de maturité !

    Enfin, le texte se termine véritablement par un mythe - eschatologique - comme en raffole Platon, prologue là au Phédon, à savoir le jugement des morts par les trois juges des enfers, Rhadamanthe, Eaque et Minos qui pour délivrer leur sentence, évaluent les âmes nues ! Socrate constate que les rois, en possibilité d'exercer l'injustice avec plus de conséquences, sont les plus grands fautifs pour ne pas utiliser le terme chrétien anachronique ici de pêcheur !

    Avec le Gorgias, on entre dans "les choses sérieuses" et le "plat de résistance" ! La philosophie de Platon est décidément très riche et d'une difficulté abyssale ! Je n'ai pas la prétention de maîtriser cette œuvre si pléthorique au terme de ces lectures estivales se voulant pourtant exhaustives !

    C'est pourquoi, dans l'avenir, j'analyserais aussi des essais de commentateurs de Platon dont certains célèbres !

    Et comme disait si justement Whitehead, "la plus sûre description d'ensemble de la tradition philosophique européenne est qu'elle consiste en une série d'annotations à Platon."

    A bientôt !


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  • Euthyphron - PlatonEuthyphron  est un des "Premiers Dialogues" de Platon ou texte de jeunesse qui a pour objet la Piété !

    Au début du texte, Socrate croise Euthyphron, un devin, alors qu'il se rendent tous les deux, au Portique royal, à leurs procès et actions en justice respectives.

    En effet, un certain Mélétos, un jeune opportuniste accuse Socrate de corrompre la jeunesse et en par delà de prêcher de faux dieux, allusion au Daimon de Socrate qui l'empêche de commettre certaines actions !

    Euthyphron, de son côté, attente un procès à son propre père car celui-ci a tué - par négligence - un esclave qui avait lui même égorgé un domestique. Socrate profite du savoir d'Euthyphron, non sans une certaine moquerie, pour savoir précisément ce qu'est la Piété / et l'Impiété dont on l'accuse - et si dénoncer son père est un acte pieux comme l'annonce le devin ?

    On est donc là en présence d'une nouvelle tentative de définition qui procédera en plusieurs temps !

    Pour Euthyphron, commettre un acte pieux, c'est d'abord dénoncer toute personne ayant commis une faute ! Mais les dieux eux-même ne commettent -il pas des fautes comme Zeus envers son père Cronos ?

    La Piété serait alors "ce qui est cher au dieux" ! Là encore, les dieux ne sont pas d'accord entre eux, certains aiment certaines choses qui déplaît à d'autres. Les mêmes choses seraient alors pieuses et impies !

    Le devin corrige en avançant que ce qui est pieux, c'est ce qui plaît à tous les dieux ! Se pose alors un autre problème, est-ce parce qu'une chose est pieuse qu'elle est aimée des dieux ou parce qu'elle est aimée des dieux qu'elle est pieuse ? C'est en effet parce qu'il est pieux que les dieux aiment le pieux et non parce que les dieux l'aiment que le pieux est pieux !

    La piété n'est donc pas ce qui est cher aux dieux, ce n'est pas son essence mais seulement  un accident !

    La piété est une partie de la justice en réalité, toutes les choses justes ne sont pas pieuses mais toutes les choses pieuses sont justes ! La piété est cette partie de la justice qui concerne les soins aux dieux, les sacrifices et les prières/demandes mais pas pour améliorer les dieux comme le soin aux chevaux améliore les chevaux ! Les dieux produisent quelque chose mais quoi ?

    Euthyphron est bien embarrassé et le dialogue tourne en rond puisque le devin revient à sa première définition, la piété consiste à dire et faire ce qui est agréable aux dieux ! Socrate estime alors qu'il faut tout reprendre au début mais son interlocuteur, ne voulant pas se ridiculiser à nouveau prends la tangente et congés de Socrate ce qui laisse le dialogue inabouti ! Ce n'est pas la première fois qu'un dialogue de Socrate/Platon se termine ainsi en "queue de poisson" !

    Ce dialogue est en quelque sorte un préambule à l'Apologie de Socrate, le procès en lui-même et défend le mode de vie philosophique par rapport au mode de vie non-philosophique qui prétends défendre la Piété sans savoir même ce que c'est !

    Ce dialogue doit être vu comme un début de réflexion sur la Piété !

    A bientôt !


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  • Lysis - ou De l'Amitié - est un dialogue du jeune Platon dont on dit qu'il aurait été écrit du vivant de Socrate. En Lysis - Platonréalité, il a plus vraisemblablement été écrit plus tardivement car des éléments du système platonicien sont déjà en place ! C'est essentiellement un monologue de Socrate qui sait captiver son auditoire !

    Le texte porte sur les relations d'amitié  - alors teintées en Grèce de pédérastie, ces relations passionnelles et charnelles entre un homme mur et un homme plus jeune qu'il "initiait" et prenait sous son aile. Il est aussi question de la philia, concept pris dans son acception grecque.

    Hippothalès éprouve un fort désir amoureux pour son camarade Lysis et va même jusqu'à lui composer des poèmes. Socrate lui dit alors que mettre l'amoureux sur un piédestal n'est pas forcément la meilleur façon de procéder car ainsi l'objet du désir peut vous prendre de haut !

    Socrate tente ensuite de définir, dans une relation de philia, qui est l'ami, "celui qui aime, celui qui est aimé ou les deux" ? Il avoue ensuite son espérance de rencontrer un jour un véritable ami, ce qu'il n'a jamais connu. Concernant le problème évoqué à l'instant, Socrate, évinçant le cas de l'amour réciproque, avoue son embarras en énonçant que le terme "aml" ne s'applique à aucun des trois cas envisagés ! Ce qui est très problématique en réalité !

    De même, on peut s'interroger de savoir si l'amitié s'établit entre personnes "semblables" ou "opposées" (complémentaire). Un être accompli ne saurait rechercher l'amitié car rien ne lui manque et il se suffit à lui-même !

    Ensuite, Socrate pose que l'amitié est le rapport d'un être imparfait - ni bon, ni mauvais - à un être bon - et que le mal ne saurait aimer le bien. Ce qui découle du cheminement de Socrate est que la recherche de l'amitié et du bien comme objet d'amitié provient d'une fuite par rapport au mal.

    Au bout du compte, l'objet d'amitié n'est pas aimé pour lui même mais pour autre chose et ainsi de suite dans une récession à l'infini ! A l'infini ? Presque ! Car le moteur premier est l'aversion pour le mal. Toutefois l'amitié subsisterait malgré la disparition du mal car les désirs qui ne s'appuient pas sur la crainte du mal perdureraient et donc l'amitié !

    Ce dialogue est très important car il propose en effet une première ébauche de la théorie des Idées - derrière l'amitié, se cache l'Idée de Bien.

    A bientôt !


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  • Lachès - PlatonLors de son procès, Socrate fut notamment accusé de "corrompre la jeunesse" ! Si on peut douter du bien-fondé de ce grief, il n'en est pas moins vrai que les dialogues de Platon mettant en scène Socrate ont souvent la question de l'éducation - de la jeunesse donc ! - en point de mire ! C'est le cas avec l'Alcibiade, le Charmide - que nous avons vus précédemment - ou encore du "programme de formation" de La République !

    Dans le Lachès, il est au centre du dialogue de trouver un précepteur pour des jeunes gens et Socrate semble tout indique par sa sagesse mais celui-ci se dérobe, montrant sa modestie habituelle  - " Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien !".

    Le Lachès est en réalité un dialogue de Platon sur le courage, une nouvelle tentative de définition d'une idée ou plutôt d'une vertu morale, qui une fois de plus mènera à une impasse ! Mais c'est la cheminement, la maïeutique, qui importe !

    Lachès est un célèbre général athénien, donc bien placé pour savoir a-priori ce qu'est le courage ! Il propose plusieurs définitions comme autant de tentatives qui sont toutes détruites par les questions de Socrate !

    Lysimaque et Mélésias viennent d'assister, au gymnase, à une leçon d'entraînement donné par un maître d'armes, en compagnie de Nicias et Lachès, deux généraux très réputés. Socrate souligne alors qu'un métier demande l'expérience de professionnels. Lysimaque et Mélésias, soucieux d'instruire leur progéniture respective s'interroge sur l'utilité d'un tel entraînement pour la jeunesse. Socrate va alors guider la conversation en poussant les deux militaires à s'en mêler et le propos va tourner autour du courage !

    Pour Nicias, s'entraîner aux armes est d'un grand profit ! Lachès est plus réservé car les Spartiates, guerriers dans l'âme, ne se sont jamais intéressés aux maîtres d'armes de profession - les Lacédémoniens ont l'a vu, n'aiment pas confier leur système éducatif à des étrangers ! il arrive aussi que les maîtres d'armes se ridiculisent sur le champ de bataille comme dans l'anecdote que cite Lachès !

    Le soucis de l'éducation n'est-il pas d'inculquer l'excellence ! La finalité de l'instruction n'est-elle pas la vertu et notamment du courage !? Mais qu'est-ce que le courage ? Tentatives de définition !

    La première définition de Lachès est qu'il s'agit de "faire face à l'ennemi dans la bataille" ! Mais ceci est vite réfuté car on a déjà vu des ennemis fuir, rompre la phalange et néanmoins continuer à combattre en harcelant leurs opposants à la manière de la cavalerie ! Bref, en menant des contre-offensives !

    Le courage, ce serait alors une certaine fermeté d'âme !Mais là encore, la fermeté d'âme peut naître aussi bien de l'intelligence que de l'ignorance ou de la folie ! Argument réfuté à son tour !

    C'est alors au tour de Nicias d'"avancer ses pions" : le courage serait lié au savoir ! En effet, le courage, c'est la crainte ou la confiance dans les choses à venir ! Et cette crainte et cette confiance sont bien en effet liées à un savoir de nature divinatoire !

    Pour finir le dialogue, Socrate ajoute que ce savoir concerne aussi les choses du présent ou du passé donc la définition de Nicias est elle aussi fautive. On n'a pas réussi au terme à définir ce qu'était le courage car on est demeuré incomplet. Les deux généraux ont montré leur ignorance  - et c'est aussi pour cela que Socrate sera condamné à mort plus tard, il remettait en cause les autorités et leur savoir d'une certaine façon !

    Pas de réponse à la question de "qu'est-ce que le courage ?" même si Nicias semble être celui qui s'en est le plus approché ! Mais Socrate/Platon ne confirme pas cette définition ce qui a interrogé les commentateurs.

    Encore un dialogue ou Socrate applique sa méthode de connaissance inscrivant l'oeuvre de Platon dans une démarche épistémologique ! La philosophie recherche la connaissance, tandis que le sophiste trompe et l'artiste imite !

    A bientôt !


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  • Le Charmide est un autre des "dialogues de jeunesse" de Platon, écrit probablement entre la période des Trente Charmide - PlatonTyrans sur Athènes ou après la mort de Socrate soit entre 405 et 388 avant J.-C.  Il est censé se dérouler - comme l'Alcibiade - au début de la Guerre du Péloponnèse !

    Ce dialogue va avoir trait à la question de la sagesse ! Il s'agira dans ce texte sous-titré " De la Sagesse morale" de donner une définition précise de ce qu'est la sagesse ! Mais comme pour le Beau dans l'Hippias majeur; Socrate et ses interlocuteurs n'arriveront pas à une définition satisfaisante à la fin de leurs échanges !

    Au début du dialogue, Socrate revient de la Bataille de Potidée ! En effet, le Père de la Philosophie a pris part aux combats de la Guerre du Péloponnèse contre Sparte ! Il pratiquait donc le courage et la vertu en même temps qu'il conversait dessus ! Le mode de vie correspondait à ses principes ! La philosophie en action, en pratique quelque part ! Mais bon, ce n'est pas la guerre l'objet du dialogue !

    Socrate rencontre Charmide, un beau jeune homme plein de qualités morales ! Là encore on a des allusions aux pratiques homosexuelles des Grecs de l'époque. Critias est aussi dans les parages et sera ici le second interlocuteur de Socrate après Charmide !

    La question est de savoir si Charmide possède la sagesse comme le dit entre autre Critias ! A cette question, Charmide ne sait quoi répondre ! Il dit aussi à Socrate qu'il souffre de maux de tête et le Taon lui propose alors un remède thrace et une incantation ! Le soin s'adresse en effet autant au corps qu'à l'âme et il est bon de savoir avant si Charmide est sage !?

    Mais il faudra au préalable définir ce qu'est la sagesse !?

    Charmide propose alors une première tentative de définition de ce qu'est la sagesse ! Ce serait selon lui agir lentement et avec modération et calme, sans précipitation ! Socrate réfute cette argument assez aisément ! En effet, pour le corps, agir avec rapidité - dans la lutte, dans le jeu d'un instrument de musique - est au contraire une qualité. Plus problématique, la rapidité est aussi un avantage dans les choses de l'esprit comme lire vite, apprendre vite ou délibérer vite ! Ce ne serait donc pas agir avec lenteur que d'être sage !

    Ce serait alors "agir avec pudeur" selon une deuxième tentative de Charmide ! Or la sagesse est toujours bonne mais pas la pudeur. Ce ne saurait donc être cela non plus ! Une référence est fait ici à Homère.

    Être sage ce serait alors "faire ses propres affaires" !? En réalité, Socrate devine que Charmide tient cette troisième définition de son tuteur Critias, qui assiste à l'entretien ! Mais, dit Socrate, une cité ou chacun ferait ses propres chaussures ou laverait son propre linge, ne serait pas une cité sage ! On peut tout à fait, ajoute Critias - qui se substitut alors à Charmide comme interlocuteur de Socrate, fabriquer des choses pour autrui tout en étant sage.

    Critias pose alors une idée répandue chez les Grecs comme quoi la sagesse serait "se connaître soi-même" - comme il est là encore écrit au frontispice de Delphes ! La sagesse, dit Critias, serait science d'elle-même, science des autres sciences et science de l'ignorance.

    Pour Socrate, il est impossible qu'une telle science existe et il procède au moyen d'analogies complexes et c'est un moment très ardu du texte ! Une vue qui serait vue d'elle-même et nos des autres choses ne serait pas une vue. Seul l'étude des sciences particulières, comme la médecine, peut nous aider à connaître  ce que nous ne savons pas !

    Enfin seule une science du Bien et du Mal est susceptible de nous faire atteindre le Bonheur et, contre toute attente, Socrate nous fait savoir que la sagesse n'est pas cette science !

    Au terme du dialogue, on ne sait toujours pas ce qu'est la sagesse !? A la fin du texte aussi, toutefois, Charmide demande à devenir le disciple de Socrate, censé le rendre plus sage.

    Un dialogue très bien construit et agencé - comme souvent chez Platon ! - mais assez décevant intellectuellement car n'apportant pas de réponse au bout du chemin. Peut-être est-ce du au fait qu'il s'agit d'un des "Premiers Dialogues" de Platon où il est encore occupé à réfuter les thèses des autres, celles qui ont cours, plutôt que d'établir son propre système de pensée  - c'est la thèse des érudits.

    Je vous donne rendez-vous très bientôt pour le prochain dialogue/texte qui sera le Lachès !

    A bientôt !


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  • Alcibiade - PlatonL'Alcibiade - Sur la Nature de l'Homme - ou Alcibiade majeur ou encore Premier Alcibiade est un dialogue de Platon, mettant comme toujours en scène la parole de Socrate qui donc ici converse avec un jeune homme dont il est amoureux - la pédérastie faisant partie de la culture grecque comme on sait ! Ce jeune homme, c'est Alcibiade qui a été éduqué par Périclès, le grand homme d’État et qui veut se destiner à la carrière politique !

    Ce dialogue pose des problèmes ! Faisant partie des "Premiers Dialogues", certains philologues le considèrent comme potentiellement apocryphe, pas de la main de Platon mais d'un contemporain ! C'est en tout cas un texte d'initiation de l'Académie pendant des siècles !

    La conversation - si on tient compte de l'âge d'Alcibiade - est censée se dérouler vers 431 avant J.-C. au début de la Guerre du Péloponnèse ! En effet, Alcibiade est un célèbre homme politique et général athénien et il est ici très jeune et s'apprête à faire ses débuts en politique.

    Au début du dialogue, Alcibiade fait montre de trop de confiance et Socrate va lui démontrer qu'il n'est pas encore assez mûr pour la carrière politique ! Le jeune homme croit savoir mais ne sait pas ! Il faut en effet se connaître soi-même pour commander aux autres - voir la célèbre phrase au fronton de l'Oracle de Delphes !

    Il faut produire l'amitié dans la Cité et faire en sorte que la vertu l'emporte ! Justice, amitié et concorde sont les mots clés !

    En fait, Socrate démontre qu'Alcibiade ignore ce qu'est le juste. Le garçon a acquis ses connaissances en les apprenant d'autrui ou en les trouvant lui-même et cela se résumé à lire et à écrire et à jouer de la cithare et à lutter ! il ne possède pas les savoirs techniques comme celui de l'architecte ou du devin, et n'est pas non plus apte à donner des conseils à la Cité concernant les affaires de politiques générales et touchant notamment à la paix et à la guerre !

    Or la politique générale nécessite une connaissance précise du juste - ce qu'Alcibiade n'a pas ! La science à laquelle Socrate fait référence est la justice ! Alcibiade prétends savoir distinguer juste et injuste parce qu'il l'a appris dans son enfance ! Par la vie en société et par la population ! Pour Socrate, la foule est un maître bien volatil ! De même, Alcibiade ignore ce qu'est l'utile !

    Alcibiade soutient alors être bien moins ignorant que les hommes politiques athéniens ! Socrate lui dit alors que ce n'est pas à eux qu'il doit se comparer mais à ces adversaires réels, les autres cités, les Lacédémoniens et le Grand Roi - le Roi de Perse. Pour Socrate, les Spartiates et les Perses sont en réalités bien mieux éduqués qu'Alcibiade !

    La solution consiste à se connaître soi-même. Mais qu'est-ce que "prendre soin de soi" ? - ce n'est pas prendre soin de son corps car nous avons un corps mais il ne nous résume pas car nous le dirigeons ! C'est en réalité prendre soin de son âme.

    Alcibiade doit donc renoncer pour le moment à gouverner tant qu'il manque de science et de vertu. il demande l'aide de Socrate qui n'est pas dupe et sait que le tourbillon de la politique va bientôt perdre le jeune homme !

    Le concept de Cité idéale gouvernée par un Roi-philosophe que l'on verra dans La République est déjà en gestation avec toutes les références à la vertu et à la justice.

    A bientôt !


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  • Criton - ou Du Devoir -est un dialogue très court de Platon - moins d'une vingtaine de pages ! Il s'inscrit dans un Criton - Platontriptyque avec l'Apologie de Socrate et le Phédon qui relatent le procès et les dernières heures et pensées de Socrate en 399 avant J.-C.

    Devant sa condamnation à mort, Socrate va faire face et rester fidèle à sa ligne de conduite jusqu'au bout ! Dans Criton, le maître de Platon et de tant d'autres, va recevoir la visite - durant son "assignation à résidence" - en attendant l'exécution de la sentence - du personnage éponyme, Criton donc ! Celui-ci vient proposer à Socrate de fuir, l'exil plutôt que la mort !

    Mais pour le maître de la maïeutique, fuir serait se dédire et Socrate va argumenter pour expliquer sa décision, son choix ! Tout d'abord, en un certain domaine, il vaut mieux tenir compte de l'avis du spécialiste en ce domaine que de l'opinion de la foule ! Et ici, Socrate oppose encore la doxa à la philosophie !

    Il est évident que les Athéniens ont commis une injustice en condamnant Socrate -  accusé de corrompre la jeunesse et d'impiété envers les dieux ! Ce libre-penseur dérangeait l'ordre établi en montrant à ses interlocuteurs les failles dans leurs opinions ! il est donc condamné à boire la cigüe !

    Dès lors, à une injustice, faut-il répondre par une autre injustice ! "Nullement", réponds Criton ! Or fuir serait commettre une injustice et il "vaut mieux subir l'injustice que de la commettre" !

    Pourquoi une injustice ? En désobéissant aux lois ! On a alors une "prise de parole" des Lois dans ce texte ! D'une part, cela créerait un précédent et d'autre part, s'exiler reviendrait à donner raison aux juges de Socrate ! Celui-ci a toujours vécu sous le régime des lois d'Athènes et ne saurait leur contrevenir aujourd'hui !

    La décision de Socrate est donc irrévocable et on assistera à ses derniers instants dans Phédon ! A charge de ses amis de veiller sur les enfants de Socrate ! Par la suite, Platon transmettra sa pensée (avant de parler en son nom propre !). Ce même Platon tiendra toujours rigueur de la mort de son mentor à la démocratie athénienne et envisagera un mode de gouvernement alternatif - le Roi-Philosophe ! - dans La République et Les Lois !

    Voilà pour ce petit texte mon analyse succincte qui vient compléter mes autres articles sur l’œuvre de Platon !

    A bientôt !

    PS : C'est avec plaisir que je vous informe que je viens d'obtenir en mai-juin 2017 ma Licence L2 - ou anciennement le DEUG ! - de Philosophie ! Ne suis-je donc pas un peu légitime pour aborder ces sujets ! Ma moyenne générale est de 12,979/20 - cinquième de la promo dans un mouchoir de poche !


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  • Protagoras - PlatonAbordons désormais le texte de Platon nommé Protagoras ! Hippocrate, un homonyme du célèbre médecin, vient trouver Socrate pour lui demander conseil et pour l'accompagner chez Protagoras, un célèbre sophiste très réputé, qui est de passage à Athènes ! Hippocrate désire en effet recevoir l'enseignement de ce savant ! Socrate demande alors "mais qu'enseigne Protagoras ?"

    De fait, Protagoras enseigne l'art de discourir sur un certain savoir, ce savoir à trait à la vertu ! Comment bien conduire sa vie et ses affaires ! Socrate et le sophiste vont alors s'engager dans un dialogue devant une docte assemblée où l'on retrouve Hippias des précédents dialogues mais aussi Prodicos et Callias - entre autre !

    Protagoras est en vérité un redoutable rhéteur et Socrate trouve ici un interlocuteur redoutable ! Le sophiste soutient contre Socrate que la vertu s'enseigne ! Le dialogue commence et va se poursuivre - pour Ô surprise ! - s'achever par une inversion des points de vues ! Voyons comment se fait ce "cheminement" !

    On a très tôt dans le texte un mythe qui nous est raconté par Protagoras, celui de Prométhée et Epiméthée. Epiméthée - celui qui réfléchit après coup  ! - doit distribuer des dons et des aptitudes aux animaux de la création : griffes, poils, vitesse, force etc... Mais il oublie l'homme qui se trouve démuni (néotène !). C'est ce qui fera la grande force de l'homme en réalité, car Prométhée - celui qui réfléchit avant ! - va dérober le feu et apporter la technique à l'homme qui permettra à celui-ci de se fabriquer tous les outils pour pallier à l'absence de griffes (couteaux), poils (vêtements) etc ! Dans un troisième temps, comme les hommes se font la guerre avec la technologie, Zeus envois Hermès qui apporte la loi. Conclusion provisoire de Protagoras en forme de paradoxe, la vertu est distribué à tous - par Hermès  ! - mais néanmoins s'enseigne !

    Il est posé ensuite que la vertu est une chose composée : courage, modération, piété en sont certains des éléments ! Dès lors, la somme est-elle égale ou différente des parties ? On verra que pour Protagoras, le courage - qui compose la vertu - est différent de toutes ses autres composantes !

    Socrate effectue alors un détour par la poésie. Il s'appuie sur un poème de Simonide qui contient une contradiction sur la difficulté de devenir et d'être vertueux ! La subtilité repose dans cette différence des termes entre "être" et "devenir" ! On peut devenir vertueux, il est difficile de le rester perpétuellement - de l'être - à moins d'être aussi des dieux ! Il est aussi considéré que l'on ne peut devenir mauvais que si on a été bon au préalable ! D'une certaines façon, l'interprétation de poèmes, l'achoppement sur des termes précis pose ici problème à Socrate/Platon et Platon, dans la suite de son oeuvre, particulièrement dans La République cherchera à substituer l'herméneutique par le calcul et l'art de la mesure - comme l'a montré Bernard Stiegler, s'inspirant de Derrida (La pharmacologie de Platon), dans ses cours de Pharmakon.fr.

    Arrive alors dans le dialogue la célèbre maxime de Socrate : "Nul ne fait le mal volontairement" ! C'est notamment le plaisir qui nous détourne du bien ! Un exemple qui n'est pas dans le texte, on va voler car l'objet volé nous apportera une satisfaction ! Socrate pointe alors un autre paradoxe : le plaisir est associé au bien donc on fait le mal parce qu'on est victime du plaisir, ou pour le dire autrement, on fait le mal parcequ'on est victime du bien ! Il y a là une contradiction !

    Socrate dégage alors que la vertu est liée au savoir ! Pour faire le bien, pour être vertueux, il faut disposer d'un savoir, d'un art de la mesure, évaluer la hiérarchie des plaisirs et des peines, les avantages et les inconvénients ! Donc en réalité, si on fait le mal, c'est par ignorance ! " Construisons des écoles et fermons des prisons !" dira Victor Hugo !

    A la fin du dialogue, les positions respectives de Socrate et Protagoras se sont inversées ! Protagoras est bien confus car il s'est contredit lui-même alors que Socrate admets que la vertu s'enseigne, précisément parce qu'elle relève d'un savoir !

    Voilà pour mon analyse ! J'ai passé certains aspects sous silence parce que je ne les ai pas complétement assimilés ou même compris - ou simplement par oubli sur des points de détails ! Il est aussi possible que j'ai fait des contresens plus ou moins légers ! Tout ceci mérite d'être affiné ! Donc si vous êtes étudiant et avez à bûcher sur ce Protagoras, je ne saurais trop vous conseiller de lire à fond ce dialogue éventuellement en gardant mon analyse  sous le coude comme grille de lecture afin possiblement de l'amender ! On n'est jamais mieux servi que par soi-même !

    A bientôt !


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  • Ion - PlatonOn attaque tout de suite le dialogue suivant de Platon dans notre long "marathon" estival de lectures platoniciennes ! Il s'agit de Ion, un texte très court - moins d'une vingtaine de pages en Pléiade et qui porte cette fois sur l'art à travers l'oeuvre d'Homère.

    Il faut savoir que Homère, avec Hésiode, constituait le socle commun de la culture des petits Grecs à l'école durant l'antiquité ! Par la suite, dans La République, Platon portera des accusations contre Homère qui d'après lui nourrirait les enfants d'affabulations qui donnerait une image indigne des dieux !

    De même, Ion, le titre du dialogue provient comme souvent chez Platon du nom du protagoniste principal, Ion , qui est un rhapsode réputé, "spécialiste" d'Homère - et uniquement d'Homère ! Là encore, dans La République, les poètes n'auront pas la meilleure place dans la Cité idéale, s'il n'en sont pas chassés !

    La première partie du texte porte sur l'universalité de l'art ! D'où vient que Ion ne connaissent rien en dehors de l'oeuvre d'Homère ! En réalité, cela ne vient pas d'un savoir sur l'art mais d'une inspiration divine ! Ion est "possédé" par Homère, tout comme les poètes - dont Homère ! - sont possédés par les dieux ! De là vient l'origine du vieux motif de l'inspiration divine du poète - qui sera remplacé au moyen-âge par la grâce que procure l'être aimé !

    Il y a une chaîne qui va du dieu, au public, en passant par le poète et le rhapsode ! Platon utilise la métaphore de la pierre magnétique qui transmet son pouvoir attracteur à travers une chaine d'anneaux ! Elégante image en vérité !

    Puis, par la suite, Socrate - car là encore, dialogue de jeunesse oblige, Platon s'exprime à travers la marionnette Socrate ! - s'interroge pour savoir en vertu de quoi le poète et le rhapsode sont appelés à s'exprimer sur des objets qui relèvent d'arts spécifiques, art du cocher, art du capitaine, art du médecin, art du général ! Avec Ion, il découvre qu'au bout du compte, le rhapsode est un Protée qui relève de tous ces arts et les surplombent ! Il y a bien une excellence de l'art !

    Voilà un petit texte, court certes mais très efficace !

    Je vous quitte et vous donne rendez-vous avec Protagoras !

    A bientôt !


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  • Après l'Hippias mineur, parlons du Grand Hippias ou Hippias majeur, ce texte philosophique précoce de l'oeuvre deLe Grand Hippias - Platon Platon !

    Comme à l'habitude, Socrate est mis en scène dans un dialogue et a pour interlocuteur, Hippias que j'avais présenté comme un savant mais qui est plus précisément un sophiste ! Les sophistes sont ces professeurs qui donnaient des cours de rhétorique contre rémunération et qui ont été largement discrédité par Platon qui leur reproche notamment de ne pas se soucier de la vérité ! Parmi les sophistes connus, on a aussi Gorgias et Protagoras qui feront aussi l'objet de dialogues un peu plus tardifs.

    Dans le prologue, Hippias se "vante" d'être un savant ! Il gagne ainsi, par ce moyen, beaucoup d'argent ! Puis il parle des Lacédémoniens, chez qui il n'a pas fait beaucoup de profits ! En effet, les Spartiates, certes intéressés par son enseignement, possède un système éducatif bien à eux et ne saurait le confier à des étrangers ! Ce dialogue s'inscrit donc dans la longue rivalité en Athènes et Sparte qui a culminé dans la Guerre du Péloponnèse auparavant !

    Très vite, le dialogue en arrive à la formulation de la question du beau ! Qu'est-ce que le beau ? Socrate interroge Hippias sur ce point ! Mais Hippias se fourvoie et ne dit pas ce qu'est le beau mais cite des choses belles ! Qu'est-ce qui fait leur beauté ? Qu'est- ce qui est commun à toutes ces choses ? Le principe du Beau ?

    En réalité, Hippias va donner trois tentatives de définition du Beau - en trois temps - tous réfutés par Socrate ! Le Beau, c'est "une belle jeune fille" ! Cette première définition se fonde sur un constat d'ordre empirique ! Il ne s'agit donc là que d'une opinion, or l'opinion est le contraire de la philosophie ! Ce ne serait être une définition valide ! De plus, l'opinion diffère selon les latitudes ! La philosophie se veut universelle !

    Hippias déclare ensuite que ce qui est beau, c'est l'or ! Donnée empirique là aussi ! Socrate pointe alors l'argument que ce qui convient est ce qui est adéquate ! La bonne matière pour la bonne fonction ! En rapport avec l'utilité ! Ainsi, la cuillère en bois est plus belle - car plus "conforme" ! - que la cuillère en or pour tourner la soupe ! Donc, le beau, ce n'est pas l'or !

    Par la suite, Hippias comprends l'exigence d'universalité d'une définition convenable du Beau ! Il pose alors que le Beau, c'est une existence humaine heureuse ! Mais en réalité, il n'est pas dans l'universalité car il se focalise sur un point de vue grec dont soupçonné d'ethnocentrisme !

    C'est au tour de Socrate de procéder à son argumentation, Hippias s'étant montré défaillant ! Là encore, il procède en trois temps !

    Tout d'abord, Socrate insiste sur le fait que ce qui est beau serait ce qui est convenable ! Mais ceci pose la question de l'apparence et de la réalité ! Le Beau est-il seulement ce qui parait beau ? Ou quelque chose de plus profond ?

    Le Beau n'est-il pas ce qui procure le Bien ? N'est-ce pas ce qui est utile ? Ceci pose la question de l'avantageux, et de la valeur esthétique et de la valeur morale. Ce rapport entre Beau et Bien sera constant chez Platon. Dans Le Banquet, primauté est donnée au Beau et dans La République, au Bien ! Mais l'objection est que ce qui est efficace peut servir à faire le mal !

    Après le convenable et l'utilité, le Beau n'est-il pas plutôt ce qui procure du plaisir ? La définition du Beau doit par ailleurs dépasser le cadre esthétique pour empiéter sur le cadre moral ! Le Beau vaut pour les belles activités, les belles lois, pas seulement pour les belles sculptures ou les beaux palais.

    La plaisir esthétique se limite-t-il à la vue ? Ou l’ouïe, l'odorat, et les autres sens doivent-ils être pris aussi en compte ! Il y a des plaisirs esthétiques qui sont la composante de plusieurs sensation ! Quelle est alors la part de la vue et de l’ouïe ? ll y a ainsi des plaisirs purs et des plaisirs liés au désir !

    Le Beau a de bons effet mais n'est pas le Bien ! Au terme de ce dialogue, Socrate fait le constat que lui et Hippias ont échoué dans une tentative de définition du Beau ! Il y reviendra par la suite dans son œuvre !

    Bien entendu, ce dialogue de Platon mériterait une analyse plus serrée et pointue que dans cet article  - tout comme pour ses autres textes ! Je ne saurais que vous conseiller de vous référer à l’œuvre et à son appareil critique - quand il y a un dans les éditions - si cela vous intéresse !

    Je continue ma lecture estivale des œuvres de Platon ! Nous aborderons dans très très peu de temps le très court dialogue Ion  !

    A bientôt sur l'agora !


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  • Le Petit Hippias - PlatonLe premier tome de la Pléiade des oeuvres de Platon - après un avant-propos de Léon Robin - s'ouvre avec le dialogue Le Petit Hippias ou Hippias mineur. C'est donc supposément le premier des "textes de jeunesse", ce corpus qui s'étend jusqu'à la fondation de l'Académie en 387 avant J.C.  Dans ce groupe d'écrits, Platon reste très attaché à la pensée de Socrate qu'il s'approprie !

    Socrate avait pour habitude de questionner les "savants" à la fois pour "élever son âme" mais peut-être aussi pour leur faire pointer leurs contradictions. Cette attitude de Socrate qui consiste à se faire passer lui-même pour moins savant qu'il n'est, à feindre l'ignorance, s'appelle l'ironie socratique et est une forme de la maieutique : amener l'autre,  l'interlocuteur, à "accoucher" ses idées !

    De quoi est -il question dans Le Petit Hippias ? Hippias, un savant, vient de faire un cours sur l'oeuvre d'Homère, L'Iliade - consacrée à Achille ! - et L'Odyssée - consacrée à Ulysse ! Pour Hippias, L'Iliade est supérieure à L'Odyssée et Achille a Ulysse car le fils de Thétis est un homme vrai alors que Ulysse est faux et trompe son monde !

    Socrate va alors demander à Hippias des éclaircissements ! Ce texte porte donc sur le rapport à la vérité ! Vaut-il mieux prêcher le faux volontairement ou involontairement ? Liens entre capacité et connaissance ! Pour Hippias, il vaut mieux le faire volontairement !

    Ce qui amène Socrate à démontrer qu'il y a là une contradiction ! Si certes, pour prêcher le faux, il vaut mieux connaître le vrai (car celui qui ignore le vrai peut "tomber dessus" par hasard), il est aberrant de dire que le meilleur homme est celui qui dit le faux -et donc fait d'une certaine façon le mal volontairement !

    Dans ce texte, on part d'un classique incontournable de la pensée grecque, l'oeuvre d'Homère, pour déjà, dans celle de Platon - ses écrits ! - interroger ce qu'est la vérité ! Socrate affirme par ailleurs dans le Gorgias que "Nul ne fait le mal volontairement".

    Ce qui frappe dans ce premier texte, c'est déjà la rigueur de la pensée de Platon ! Une oeuvre exigeante et de haut niveau, souvent d'une difficulté abyssale ! Pour ma part, j'adore cette grande richesse de pensée et me lance dans la lecture, cet été 2017, de l'intégralité des textes de Platon - ceux que je n'ai pas déjà lu du moins ! Pour ceux que j'ai lu, vous pouvez déjà retrouver de très courtes - et passables ! - analyses sur ce blog (L'Apologie de Socrate, Le Banquet, Phédon, Phèdre, La République).

    Philosophiquement votre !

    A bientôt !


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  • Nous allons maintenant nous pencher sur ce penseur de l'antiquité tardive qu'est Plotin et dont le disciple Porphyre aTraité 51 - Sur l'origine des maux - Plotin rassemblé les textes - pour la postérité - dans six Ennéades !

    Dans son Traité 51, Plotin s'interroge sur la nature du mal et l'origine des maux ! Le mal est-il consubstantielle à l'être ou est-il au contraire une absence, un manque, une privation ?

    Si le mal s'oppose au Bien, comment nos âmes, en vertu que l'on ne connaît que ce qui nous ressemble, aspirant à la vertu, pourraient-elles connaître le mal ?

    Le mal serait l'absence de forme, l'absence de mesure.

    Le Bien est le premier principe dont découle l'Intellect - la première des trois hypostases qui sont l'Un, l'Intellect et l'Âme du monde où tout prend origine ! L'âme doit se détourner de la matière et se tourner vers les dieux !

    Si le Bien est l'origine, le mal est la fin ! Là ou tout fini ! Le mal, c'est la matière !

    Les corps participent à la matière ! Plotin, tenant du néo-platonisme, reprends l'idée de Platon, dans le Phèdre, comme quoi le corps est la "prison" de l'âme !

    Les corps participent donc à la matière et ne sont pas le mal premier. La matière jette une ombre sur l'âme et le vice apparaît lorsque l'âme se tourne vers les biens matériels - idée que l'on retrouvera chez Saint Augustin ! Cette ombre c'est le mal second et la matière, c'est le mal premier !

    Le mal dans l'âme est un défaut de Bien où cette âme voit l'obscurité.La déficience absolue est le mal premier. Le mal (les vices) agit comme un accident de l'âme.

    La matière est ce qui n'a pas de forme. Le mal découle ainsi de la nécessité d'informer le monde  avant ce modelage par les dieux selon les trois hypostases.

    Pour se tourner vers le Bien, il faut acquérir la vertu en se séparant du corps - idée qu'on retrouve déjà dans le Phédon ! Le vice est une faiblesse de l'âme. Enfin, le mal est aussi un non-être.

    Voilà, maladroitement résumés certains aspects de la complexe pensée/philosophie de Plotin !

    A bientôt !


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  • "Philosopher, c'est apprendre à mourir", écrivait Montaigne dans ses Essais qui puisait aux sources de l'antiquité !Phédon - Platon Dès les débuts de la philosophie, on s'est interrogé sur la mort et il existe, chez les philosophes antiques, une dialectique entre préoccupation de la mort - que l'on prépare - et soucis de soi !

    Dans le dialogue socratique du Phédon, composé par Platon, la mort est au cœur du propos ! Il est question du procès de Socrate et de la sentence - l'empoisonnement à la ciguë - qui s'ensuivit ! Socrate accepta le jugement des Athéniens et s'éteignit au milieu de ses amis. Echécrate demande à Phédon de lui raconter les derniers instants de Socrate avant son trépas et, dans ce dialogue éponyme, ceci est prétexte à une réflexion sur la mort !

    Quelle est l'attitude du philosophe face à la mort ? Le philosophe, pose Socrate, est celui qui pense à la mort constamment - a lors il serait ridicule pour lui de "faire marche arrière" lors des derniers instants ! Socrate ne prône toutefois pas le suicide car ceci aurait été un motif de condamnation de plus, accusé de corrompre la jeunesse. Il va donner une définition de la mort et procède comme à son habitude par la maïeutique.

    La mort est ce qui délie l'âme du corps ! Cette âme rejoint ensuite la demeure des dieux et contemple la vérité ! Car on le sait, "le corps est la prison de l'âme" et parce que l'homme est attaché aux biens matériels, luxe, plaisir et donc empêché par son corps, son âme ne peut accéder aux vérités ! La mort nous rendrait donc plus libre !

    On retrouve ici la théorie des idées ! L'âme non liée au corps contemplerait les idées pures. Il y  a aussi un jeu de contraire. Socrate avance que la mort étant le contraire de la vie et la mort survenant au terme de la vie, alors la vie pourrait survenir à partir de la mort ! Sorte de réincarnation ou métempsycose ? Influences orientales ?

    Le thème de la réminiscence est à nouveau exposé ! A nouveau ou pour le première fois ? Car le Phédon vient avant le Phèdre mais après le Menon - et je ne connais pas toute l’œuvre de Platon - deux tomes en Pléiades - loin de là !

    Le dualisme est au cœur du discours : âme/corps, Bien/Mal, immortelle (divin)/mortel, invisible/visible. C'est une constante dans l’œuvre !

    Le Phédon est en fait un récit enchâssé ! Phédon nous raconte les dernières heures de Socrate et sa discussion avec ses amis, notamment Simmias et Cébès.

    Simmias utilise une métaphore avec la lyre où lorsque la lyre (le corps) est cassé, l'harmonie (l'âme) disparaît. Ce à quoi Socrate réplique que l'harmonie ne peut avoir aucun effet en retour, ni agir sur les cordes tandis que l'âme peut agir sur le corps - contre un certain déterminisme biologique (très en vogue au XXIème siècle !) ! Bref, l'âme ne peut être comparée à une harmonie et l'analogie est fausse !

    Cébès utilise l'argument que si l'âme survit au corps - et donc vient "animer" un autre corps, on ne sait pas combien il y a de "cycles" et si la vrai mort n'est pas celle de l'âme ! Socrate utilise à nouveau la théorie des contraires pour le réfuter. Et il évoque au passage les Idées comme explication du monde, on explique ainsi les nombres paires par l'Idée de Dualité.

    Socrate établit qu'il convient de se purifier par la philosophie avant de mourir puis fournit une eschatologie, sur le devenir des âmes, guidées par leur Démon - pas au sens du Christianisme ! - ou qui sans guide, errent dans les cimetières, encore attachées aux réalités matérielles  (on se croirait dans Ghost Whisperer !) Socrate mentionne aussi la géographie de l'au-delà, la Terre Supérieure et le Tartare où coulent divers fleuves qui font circuler les âmes suivant leur passif !

    Puis, c'est le moment poignant, le récit de Socrate buvant le bol de ciguë et demandant qu'on "sacrifie un coq à Asclépios" !

    Un dialogue très riche - comme toujours avec Platon - et d'une grande complexité voire difficile ! Je n'ai d'ailleurs pas saisi toutes les subtilités à vrai dire !

    A bientôt !


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  • Dans sa correspondance avec Élisabeth de Bohème - qui fera l'objet d'un prochain billet ici même, Descartes s'entretient avec la princesse en exil des écrits de Sénèque? En effet, la jeune femme est accablée de maux - sa santé, sa famille - et le philosophe du Cogito s'emploie à la soulager ! Mais de quel texte du précepteur de Néron s'agit-il ?

    De vita beata  - traduit par De la vie heureuse, La vie heureuse ou encore Du bonheur est De la vie heureuse - Sénèqueun texte de Sénèque écrit vers 58 après J.-C. C'est un texte incomplet en 28 courts chapitres ou paragraphes dédié à Gallion, frère aîné de l'auteur. C'est aussi un dialogue avec un interlocuteur  imaginaire où Sénèque s'entretient du bonheur, de la vertu, de la volupté, de richesses, d’Épicure, de la Sagesse et du Bien Souverain !

    Une certaine interprétation pose ce texte non comme un traité de sagesse mais comme une tentative de justification par son auteur de son mode de vie à qui il avait été reproché précisément de ne pas vivre selon ses principes philosophiques !

    Dans une première partie, Sénèque pose que le chemin de la sagesse n'est pas forcément celui que suit la foule et le plus grand nombre ! La foule est en effet "le pire interprète de la vérité" ! Ensuite, l'auteur cherche une définition du Souverain Bien qui est en accord avec la Nature ! Les Stoïciens, "école" de pensée et tradition philosophique dont fait partie Sénèque posent en effet que certaines choses dépendent de nous et d'autres non ! Ce que l'on peut modifier, c'est la représentation que l'on se fait des choses et non les choses en elles-mêmes ! Il faut, donc, de plus, vivre selon la Nature sur laquelle on ne peut agir mais à laquelle il faut s'adapter comme le navigateur qui règle ses voiles sur le vent en pleine mer !

    La Vertu doit dicter notre conduite - et en cela Sénèque rejoint la tradition et la pensée de Platon. Il faut "mépriser les événements extérieurs" de la Fortune et entrer en nous même, ne fait qu'un avec nous même ! De plus, il faut se fier à la Raison !

    Puis, Sénèque s’attaque à Épicure et condamne la vision comme quoi le Bonheur se résumerait au Plaisir ! Le Plaisir est vice et l'"École d’Épicure est maîtresse d'ignominie" ! Le Plaisir, enfin amollie l'homme et n'est pas source de Vertu !

    On aura compris que le Bonheur se fonde sur la Vertu à ce stade !

    S'ensuit une seconde partie où Sénèque se justifie à proprement parler sur son mode de vie jugé dispendieux par ses détracteurs ! Quel comportement doit adopter le philosophe par rapport aux biens de ce monde !

    En fait, Sénèque établit que le philosophe n'est pas esclave de ses biens et est parfaitement conscience de la Fortune peut les lui arracher ! Si cela lui arrivait, il n'en demeurerait pas moins un philosophe ! Donc, en résumé, ce n'est pas la richesse matérielle qui fait l'homme ! Toutefois, rien n'oblige le sage à vivre dans la pauvreté !

    De plus, la richesse permet la générosité, la libéralité et la prodigalité ! Sénèque termine an ajoutant qu'il n'est pas parfait mais aspire à la sagesse tandis que ses ennemis sombrent dans la faute et le mal !

    Un petit texte philosophique par sa taille mais important et grand par ses implications !

    Nous y reviendrons !

    A bientôt !


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  • Aujourd'hui, nous allons nous enfoncer dans l'érudition la plus érudite en vous parlant de Descartes et de ses "héritiers".

    Descartes, c'est bien connu - et étudié en Terminale ! - a posé le doute systématique comme principe de connaissance dans le Discours de la Méthode (1937) notamment ! Il fait ainsi émerger le cogito et entends prouver l'existence de Dieu, le principe métaphysique absolu !

    Dans les Méditations métaphysiques (1941), le philosophe de La Haye poursuit son édifice théorique et entends se questionner sur l'immortalité de l'âme.

    La dualité de l'âme et du corps chez les RationalistesDescartes avance aussi trois types de substances, la substance infinie qu'est Dieu, la res cogitans ou substance pensante et la res extensa ou matière étendue ! L'âme est ainsi une res cogitans, immatérielle et immortelle et le corps une res extensa, matérielle et corruptible !

    Mais dès lors, comment l'âme peut-elle agir sur le corps puisque l'une est immatérielle et l'autre matérielle suivant le principe qu'une chose pour en mouvoir une autre doit être de même nature ?

    Descartes trouve une "solution" en établissant l'existence de la glande pinéale comme siège de l'âme. Les actions de l'âme se font ressentir à travers cette épiphyse qui meut alors le corps par les "esprits animaux", "solution" trouvé peu satisfaisante par d'autres philosophes notamment Malebranche, Spinoza et Leibniz dont nous allons voir maintenant quelles alternatives ils proposent !

    Malebranche est un tenant de l'occasionnalisme ! Dans cette "théorie", c'est Dieu qui intervient dans la liaison entre l'âme et le corps ! Ainsi vous ne bougez pas votre bras parce que votre âme l'a décidé mais en réalité, c'est Dieu qui sert d'intermédiaire et qui bouge votre bras parce que votre âme l'a voulu ! Les substances n’interagissent pas Dieu les connecte à chaque occasion ! Mais cela suppose un Dieu - pensé alors comme un Horloger cosmique ! - qui rectifie son ouvrage - ce qui déplaisait à Leibniz !

    Spinoza, quant à lui, pose le principe du Panthéisme ! Selon lui, âme et corps ne relèvent pas de natures différentes mais d'une seule substance, le Dieu-Nature. Dès lors elles peuvent interagir ou plutôt non, elles n’interagissent pas vraiment puisqu'elles sont les manifestations d'une seule substance !

    Cela semble un peu ardu à comprendre mais c'est encore plus compliqué avec Leibniz, ce génie touche-à-tout en son temps qui a inventé le concept de monade qui pour le coup n'est pas non plus aisé à saisir. Selon le philosophe de Leipzig, le monde n'est constitué que de monades, "sans portes, ni fenêtres" et dont les actions sont préétablies par Dieu dès la création de l'Univers : C'est la thèse de l'Harmonie préétablie ! Le substances n'interagissent pas. dans l'acte créateur, Dieu harmonise pour toujours leurs actions ! Ce qui au passage, vaut mieux que la théorie de Malebranche pour Leibniz comme mentionné plus haut !

    Voilà ! Houlà tout ceci parait bien nébuleux, n'est-ce pas ! Les philosophes sont des gens bien barrés sinon des originaux ! En réalité, au XVIIème siècle et jusqu'à la Révolution politique, industrielle et philosophique - avec Nietzsche notamment au XIXème siècle, Dieu est au cœur des débats philosophiques - on ne se débarrasse pas comme cela de 1000 ans de tradition scolastique ! Certes Descartes fait entrer la Raison dans la Philosophie mais il ne jette pas Dieu pour autant ! Lui qui dit se méfier des enseignements acquis hérite tout de même d'une longue tradition ! Leibniz, lui, veut concilier l'ancien et nouveau mode de penser !

    Quoi qu'il en soit, le Cartésianisme refonde la Science - avec Copernic - décentre l'Homme et va permettre de relativiser Dieu -  Révolution industrielle donc jusqu'aux Big Datas - qui veulent renouer avec l'Art Divinatoire ! - et au Transhumanisme de nos jours !

    Mais bon, là je m’égare !...

    A bientôt ! Philosophiquement vôtre !


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  • Entre-t'on en philo comme on entre en religion ?

    Dans ce petit livre de moins de 200 pages, Jean-Paul Jouary, agrégé de philosophie et prof dans cette matière introduit le lecteur à quelques thématiques de la discipline. C'est en réalité un manuel de philosophie à l'usage de ceux qui vont entrer en Terminale et découvrir cette matière que nous avons-là !

    On ne s'en rends pas compte forcément mais nos opinions sont bourrées de préjugés ! Il est difficile de "penser par soi-même" et les philosophes peuvent nous y aider ! Nos façons de penser, et même nos goûts sont déterminés par la société car l'homme est un animal social et dès la petite enfance, nos parents nous inculquent des manières de voir !

    Jouary aborde donc quelques notions tout en restant suffisamment compréhensible et sans trop rentrer dans les détails !

    La philo est bel et bien une matière pas comme les autres ! Si le scientifique produit des connaissances, le philosophe conçoit des raisonnements et des concepts - mais à partir des connaissances des savants ! Dans l'Antiquité, le philosophe était touche-à-tout, philosophe et aussi physicien !

    La première leçon du bouquin nous dit qu'il ne font pas se reposer sur les apparences et aller au fond des choses - cela demande un travail ! Et c'est aussi l'éternel dualisme entre idéalisme et matérialisme ou entre rationalisme et empirisme ! Jouary soumets aussi son lecteur à des questionnements avant d'aborder chaque thématique !

    Illusion et vérité ! Le réel est-il connaissable ? Doit-on se contenter d'établir des lois sur la nature ou doit-on chercher à élucider pourquoi cela fonctionne ainsi ? Ceci n'est plus du domaine de la science mais de la métaphysique ! C'est aussi l'opposition entre doute méthodique (Descartes) et scepticisme plus ou moins radical ! Entre aussi en jeu l'opposition entre subjectivité et objectivité !

    Puis l'auteur se pose la question de l'origine des idées générales, de la culture - qui est liée au travail ! -, de la société, de l'acte moral et de ses fondements et motivations, de la liberté, du "Beau" et du rôle et de l'utilité de l'art !

    Des thématiques que j'aborderais pas ailleurs plus en détails dans de futurs billets philo !

    Le livre propose dans une deuxième partie des extraits de textes philosophiques allant de Platon à Merleau-Ponty en passant par Aristote, Spinoza, Descartes, Hegel, Engels, Sartre ou Nietzsche !

    Puis dans une troisième -et plus courte ! - section, l'auteur propose quelques sujets généraux à traiter par le futur étudiant en philosophie !

    A bientôt !

    PS : Dédicace à Madame Sibireff, ma prof de philo de Terminale !


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