• Nous allons retrouver aujourd'hui les situations attachantes décrites par Marie-Sabine Roger dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler de La Tête en friche, son roman de 2008.

    La théorie du chien perché est le titre d'une nouvelle d'une trentaine de pages qui figure dans le petit recueil du même nom - chez Babel - avec une autre nouvelle : Je suis plein d'autres aussi.

    Etienne est le personnage de la première nouvelle cité plus haut et Juliette, celle de la seconde (la première dans l'ordre du recueil).

    Comme Germain, le héros de la Tête en friche, Etienne et Juliette sont des déficients mentaux, des idiots ou des autistes. Les récits sont racontés de leurs points de vue.C'est donc à une population que l'on entend jamais que Marie-Sabine Roger donne la parole.

    Juliette est une petite-fille, atteinte de TOC et pratiquant maints rituels qui la parasitent (lavages des mains, vérification de l'électricité, etc...) ballotée entre Lucile et Matthieu, sa famille d'accueil, ses parents et un foyer. Juliette entretient une sorte de monologue constant le long de la nouvelle, cultive la pensée magique, réfléchit par néologisme dans un style qui rappelle par moment le parlé orale de la petite de Zazie dans le métro de Queneau.

    Bien que ce soit un dialogue permanent d'elle à elle-même dans sa tête, elle ne parvient jamais à se faire comprendre. Pourtant, elle a sa propre logique ! Un drame de l'incommunicabilité ?

    Dans sa solitude, Juliette - "mabikette" - se lie d'amitié avec une mamie par le biais d'un livre de contes (on retrouve un thème entre Germain et Margueritte dans le roman de 2008 ci-dessus).

    Etienne est un simplet dont la vie va traverser un drame puisqu'il perd succesivement sa mère et son frère. Mais l'"idiot du village" ne se rend compte de rien et regresse, laissé livré à lui-même à l'état d'animal, de chien -homme, de "chiomme" comme il se désigne.

    Dans cette situation à la Rousseau, il va développer sa propre forme de réflexion philosophique - il existe une multitude de niches et d'hommes qu'on ne rencontrera jamais, ce qui lui donne une idée de l'infini - et je lance dans une quête du bonheur et en conclut que le bonheur n'arrive que de "bonne heure" et donc il se lève tôt !

    A la fin de la nouvelle, Etienne est "sauvé" par son oncle Pierre.

    Des personnage attachants, innocents et naifs qui suscitent amour (leurs mamans réelles ou d'adoption) et hostilité (le compagnon de Lucile, Matthieu, le frère Jean) mais qui chez le lecteur ne peuvent que susciter que compassion et sympathie davantage que pitié ! Ce fût mon sentiment en tout cas !

    La littérature sublimerait-elle le réel ?

    Je vous recommande,cela va de soi, cette lecture -rapide qui plus est et vous dit...

    ... A bientôt !


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