• La Métamorphose est un des récits les plus emblématiques de Franz Kafka - récit sous forme de nouvelle qui penche vers le fantastique mais n'appartient pas qu'à cette catégorie à laquelle il emprunte pour devenir en réalité un compte philosophique ! Un récit sur le soi, l'altérité et le regard des autres !

    Gregor Samsa connaît une nuit de rêves agités et s'éveille changé en un énorme cafard !La Métamorphose et autres récits - Franz Kafka comme on n'est pas dans un récit réaliste mais dans une sorte de fable ou d'allégorie, cela n'étonne pas outre mesure sa famille !

    On peut retrouver ce récit puissant qu'est La Métamorphose dans l'édition de Claude David en Folio classique ! Ce n'est pas, comme l'indique le titre, le seul texte du recueil qui contient en outre : Conversation avec l'homme en prière, Conversation avec l'homme ivre, Regard, Vacarme, Le Verdict et Le Soutier ! Mais la célèbre histoire qui narre la mésaventure de Gregor Samsa, éclipse toutes les autres ! Je ne parlerais dont que d'elle car n'ayant plus l'édition sous la main et ma lecture remontant déjà à des années, n'ai plus la teneur de ces autres récits secondaires en tête !

    Cependant, Regard comporte différents "fragments de réel" avec parfois un humour délicieusement grinçant et cynique, des textes qui peuvent faire mal par les vérités qu'ils assènent ! Il est clair que Kafka porte un regard désabusé sur le monde ! Les autres nouvelles se résument à des collections d'anecdotes qui tendent vers un "but" précis, ce qui est parfois surprenant ! Humour au second degré de mise !

    Dans La Métamorphose, pas d'explication au fantastique ! Samsa est devenu un cafard et c'est comme ça ! Il est vraiment devenu physiquement un cafard ! Le personnage central, de plus, ne s'interroge pas sur ce qu'il lui est arrivé, ce qui est déconcertant pour le lecteur ! Les autres protagonistes n'agissent pas non plus "comme attendu" ! Toutefois la famille de Samsa a une réaction qui elle n'est pas surprenante ! En effet, ils sont dégoûtés et apeurés par le monstre qu'est devenu leur fils qu'ils continuent à reconnaître toutefois ! Peu à peu, le pauvre Samsa est ostracisé, rejeté, mis à l'écart ! C'est une métaphore efficace pour tous les individus qui ont été, de tout temps, bannis par les leurs, leur communauté, en raison de leurs croyances politiques, religieuse, ou orientations sexuelles - ce qui en dit long sur le caractère désespérant de la nature humaine que l'auteur a bien cerné !

    On peut donc faire à la fois une lecture "au pied de la lettre" de ce texte puis par la suite une lecture plus métaphorique ! Ce texte a donné lieu a plus d'une centaine d'interprétations selon certains théoriciens !

    Voilà ! C'est le "gros morceau" de ce recueil !

    A bientôt !


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  • Les Particules élémentaires fut l'événement de la rentrée littéraire 1998 et l'on se déchira dans des polémiques sans fin à son sujet ! C'est peut-être à cause de ces critiques que Houellebecq manqua cette année-là le Prix Goncourt où ce roman à l'acide était nominé !

    En réalité, toute une presse fut alors partagée entre enthousiasme et répulsion devant le Les Particules élémentaires - Michel Houellebecqstyle novateur de l'auteur mais décontenancée par sa vision négative et sans concession de nos sociétés - lucidité ? A voir !

    Houellebecq connut donc le succès avec ce livre alors qu'il avait auparavant remporté l'estime du public et de la critique avec Extension du domaine de la lutte ! Les Particules élémentaires est considérable par sa taille (400 pages), par son ambition et par son sujet !

    On suit le parcours parallèle de deux frères très dissemblables durant les cinquante dernières années du XXème siècle où on peut contempler toutes les métamorphoses de cette époque tant sur le plan social, moral ou métaphysique ! Houellebecq s'inscrit donc dans une démarche que l'on peut qualifier de balzacienne, retranscrire son époque en chirurgien ! C'est bien ce qu'il manquait dans notre littérature contemporaine aux dires de nombreux commentateurs !

    A côté de Balzac, on retrouve l'influence du sociologue/philosophe Auguste Comte et son positivisme dans ce roman ! La théorie des trois âges de l'Humanité y figure en bonne place : âge théologique, âge métaphysique et âge positif, celui de la science qui doit nous dessiller !

    Avec ce livre, Houellebecq accède au statut convoité d'écrivain majeur de notre époque !

    Bruno et Michel sont donc deux frères, nés dans les années fastes des Trente Glorieuses, eux demi-frères en réalité, dont la mère est une caricature de la femme libérée adepte de toutes les utopies. Mais délaissés par leurs parents biologiques, les deux hommes ont été élevés par des grands-mères très pieuses voire bigotes !

    Bruno va avoir une adolescence chaotique et brimée puis s'orienter vers l'enseignement tout en tentant de percer comme écrivain. Les premières années de Michel, à contrario, se caractérisent par les études et l'activité intellectuelle avant qu'il ne devienne une sommité dans la recherche en biologie moléculaire !

    L'idéologie libertaire est illustrée par la sexualité problématique des deux frères ! Bruno est en effet obsédé par le sexe mais toujours frustré et finit par rencontrer Christiane. Michel, lui, est indifférent au désir et dénué de passion, tout cérébral ! Il reconnaît trop tard l'amour qu'il porte depuis le lycée à Annabelle puis retourne dans la solitude.

    Les destins des personnages sont tragiques ! Christiane et Annabelle finiront par se suicider, Bruno terminera à l'asile tandis que Michel disparaîtra en mer, après avoir laissé des travaux sur le code génétique qui changeront l'Humanité !

    Houellebecq dénonce et veut régler ses comptes dans ce roman avec l'idéologie libertaire et individualiste - matérialiste aussi ! - qui fait des hommes des "particules élémentaires" ! Les individus sont toujours en proie à la souffrance et à la solitude !

    La fin du roman fait écho à Aldous Huxley ! En effet, les travaux de Michel Djerzinski, grâce au clonage, ont donné naissance à une nouvelle Humanité (thématique qu'on retrouvera dans La Possibilité d'une île !), libérée du désir , de la sexualité et de la mort (bref débarrassée d'Eros et Thanatos - ce qui fait notre côté humain précisément) !

    J'ai beaucoup aimé ce livre ! Houellebecq, auteur polémique, confirme tout le bien que je pense de lui ! Une mention spéciale au passage nostalgique - et anecdotique ! - sur Pif Gadget, ses haricots sauteurs et ses Artémia salina !

    A bientôt !


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  • Les personnages de "fou" ont fait les beaux jours du cinéma et souvent rapporter des prix d'interprétations aux acteurs qui les incarnaient (Dustin Hoffman dans Rain Man ou Tom Hanks dans Forrest Gump pour ne citer qu'eux) ! Mais la littérature n'est pas en reste depuis la plus ancienne figure de "dément" le Don Quichotte de Cervantès qui prend des vessies pour des lanternes, jusqu'aux plus récentes incarnations !

    De plus, Philip K. Dick est un auteur de SF américain - lui-même diagnostiqué schizophrène un temps - qui a le don pour produire des œuvres à tiroirs sinon labyrinthiques, à plusieurs "degrés de réalités" ! Mais ce génie a aussi écrit des histoires plus ancrées dans la banalité du quotidien, loin de la SF qui cependant questionnent tout de même sur notre rapport aux choses !

    Confessions d'un barjo - Philip K. DickC'est le cas de Confessions d'un barjo, roman écrit en 1960 et publié en 1970 aux USA et en 1975 en France qui raconte l'histoire d'un "idiot du village", un type hors des clous, incapable de gérer sa vie et de subvenir à ses besoins trop pris par ses lubies qui consistent à collectionner des objets, à les analyser "scientifiquement " et à émettre toutes sortes de théories improbables : invasion extraterrestre, fin du monde ! Bref un type en décalage !

    Pas de jugement dans ce roman de Dick mais un portrait bien dressé de Jack Isidore, le "barjo" en question, qui vit chez sa sœur Fay et Charley son beau-frère. Le regard enfantin et innocent de Jack nous livre une critique acerbe de la famille "modèle" américaine ! Fay est en effet dépensière, égoïste, tournée uniquement vers elle-même ! Tandis que suite à une crise cardiaque, le pauvre Charley se retrouve hospitalisé, la jeune femme noue des relations ambigües avec Nathan, jeune étudiant marié et nouvellement installé dans la région ! L'intrigue se déroule en effet dans l'Amérique profonde des campagnes isolées !

    Charley va très mal réagir aux événements et devenir de plus en plus violent ! Cela se terminera très mal pour le couple ! Au final qui est le plus "barjo" des trois ? Jack, au contraire de Charley, va vite comprendre les machinations de sa sœur ! Il est bien le seul homme que la "belle" ne manipule pas étrangement !

    Une tentative réussi de Dick dans le "mainstream" ! Un roman cocasse et cruel à découvrir comme l’œuvre complète de cet excellent auteur !

    Le réalisateur Jérôme Boivin en livra une adaptation au cinéma, en 1992, avec Hippolyte Girardot dans le rôle du taré !

    A bientôt !


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  • Allan Folsom est un écrivain américain - né quasiment le même jour que mon père, en 1941 - qui s'est spécialisé dans le thriller !

    L'Empire du Mal n'est pas un roman fantastique même si certains éléments comme la couverture pourraient nous le faire penser !

    Dans le récit qui nous est livré, un jeune médecin américain est à Paris pendant une semaine lorsqu'il croise par hasard celui qui a poignardé son père 20 ans auparavant devant ses yeux ! Dès lors, il va mener l'enquête !

    Trois intrigues se croisent dans ce roman qui joue avec les habituelles théories du complot ! On rencontre aussi dans ces pages par-ci par-là des nazis qui semblent mener de sombres machinations ! En réalité, une organisation secrète, dirigée par un riche industriel d'origine allemande, vise à la restauration du nazisme sur fond d'expériences médico-chirurgicales inédites…

    Si le thème est hyper-classique et rebattu, le traitement et l'écriture sont intéressants ! Folsom sait bien mener son monde et le suspens nous tient jusqu'à la dernière page !

    Voilà, je n'en dirais pas plus ! Le genre de roman de pur divertissement !

    A bientôt !


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  • Je commence donc cette chronique avec L'Or de Cendrars.

    C'est un roman, écrit en 1925. Il raconte l'ascension de Suter - le général Suter - qui émigre de sa Suisse natale pour s'implanter aux Etats-Unis et accomplir le rêve américain. C'est une biographie imaginaire qui se déroule durant la première moitié du XIXème siècle.

    Suter va d'abord débarquer à New-York ou il va très bien s'accoutumer. Personnage plein de débrouillardise, il décide de coloniser la Californie avec l'aide de quelques Canaques, des Indiens et des Blancs.

    Son entreprise va se révéler florissante et il est en passe de devenir l'homme le plus riche du monde si un évenement imprévu ne se déroulait - la découverte de filons d'or sur ses terres qui va provoquer la ruée vers l'or de 1848 et le ruiner.

    C'est l'histoire d'une ascension sociale et d'une déchéance.

    Le style est sobre et précis. La lecture est facile et j'ai fortement apprécié ce roman qui de plus se lit vite.

    L'Or est une transition pour l'écrivain Suisse. Il l'a composé après son retour du Brésil en 1924. Il marque la fin de sa période "poésie" et le début de sa période "roman".

    Voici donc la première lecture que je vous recommande.


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