• Sous ce titre qui pastiche Au bonheur des Dames, il y a un roman de Daniel Pennac (voir mon précédent billet sur Comme un roman) qui mêle à la fois intrigue policière et humour acerbe.

    L'histoire se passe donc dans le Grand Magasin ou Benjamin Malaussène, chargé de famille, fait office de Bouc Emissaire. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si des bombes ne se mettaient à exploser dans les rayonnages.

    A bien y réfléchir, le sujet pourrait être grave, d'autant qu'il est plus tard question d'ogres modernes commettant des meurtres sur des enfants, mais la matière est traité avec tellement d'esprit, une plume ironique maniant l'humour le plus acerbe que finalement ca passe!

    Benjamin Malaussène  a la charge de ses frères et soeurs depuis que leur mère s'est fait la belle. il y a Clara, l'obsédée de la pellicule, Thérèse qui ne croit qu'en l'astrologie, Jérémy qui mettra le feu à son collège et le Petit qui dessine des Ogres Noel. Il y a aussi Louna qui est enceinte, Tante Julia et le fidèle Julius. Chacun de ses personnages aura un rôle à jouer et permettra d'identifier le poseur de bombes et ses motivations. d'autant que les soupçons retombent sur Ben qui se trouve présent à chaque attentat.

    Parmi les personnages, citons aussi Théo et son photomaton, Sainclair, Lecyfre, Lehmann, Risson, Cazeneuve, Coudrier, tous caractérisés et facilement reconnaissable. Mais qui sont ces petits vieux qui bricolent aux sous-sol, allant jusqu'à fourrer du desherbant dans leurs poches?

    Voila un roman bien plaisant à lire que je vous recommande.

    A bientôt !


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  • L'école formaliste russe est née pendant la Première Guerre Mondiale et interrompue par la dictature vers 1930. Elle n'émerge et n' est pleinement connue en Europe occidentale et aux Etats-Unis qu'àavec deux publications fondamentales Russina Formalism de Victor Erlich (1955) et Théories de la littérature, textes des formalistes réunis, présentés et traduits par Tzvetan Todorov (Seuil, 1965).

    Au même moment, l'oeuvre de Propp et de Jakobson est exposée par Levi-Strauss, un des fondateurs du structuralisme.

    Les Essais de linguistique générale de Jakobson voient leur première traduction en français en 1963 par Nicolas Ruwet.

    C'est donc la remontée d'un continent englouti !

    Au cours de l'hiver 1914 - 1915, des étudiants fondent le Cercle linguistique de Moscou "appelé à promouvoir la linguistique et la poétique". Un premier ouvrage est publié à Petrograd en 1916.

    Les principaux membres du groupe ont été Eikhenbaum (1886-1959), Tynianov (1894-1943), Jakobson (1895 -1983), Chklovski (1893 - 1984), Tomachevski (1890 - 1957). Le Cercle de Prague continuera, à partir de 1926, ce que le formalisme russe a eu de meilleur. En 1932, un décret du Comité central du parti Communiste d'URSS dissout tous les groupes littéraires mais toute création littéraire novatrice était déjà arrêtée.

    La méthode formelle est "une science autonome ayant pour objet la littérature considérée comme série spécifique de faits". Elle rompt donc avec l'esthétisme, la science du Beau, la philosophie et les interprétations psychologiques. Jakobson dit aussi "l'objet de la science littéraire n'es tpas la littérature mais la littérarité,  ce qui fait d'une oeuvre donnée une œuvre littéraire". Les formalistes rompent donc avec l'Histoire (genres, biographies des auteurs...) et s’intéressent  à la linguistique.

    Dans les années 1960, émergera un courant qui poursuivra et prolongera les travaux des formalistes russes, à savoir le structuralisme, qui s’intéresse au texte et rien qu'au texte.

    (Fiche-résumé d'après le chap. 1 de l'ouvrage de J.Y. Tadié: La critique littéraire au XXème siècle chez Pocket - n°179)

    A bientôt !


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  • Paru en 1996, Code SSN est un roman de guerre et d'anticipation de Tom Clancy qui décrit un conflit fictif entre les marines des USA et de la Chine - en Mer de Chine - pour le contrôle de gisements pétrolifères près des Îles Spratley. L'action du roman concerne quasiment uniquement les sous-marins et en particulier, l'un d'eux, sous pavillon américain, l'USS Cheyenne - de classe Los Angeles - et son très efficace et compétent commandant, Bartholomew "Mack" Mackey. On retrouve donc encore des submersibles comme dans Octobre Rouge.

    Ca se lit mais le roman a pas mal de défauts ! Tout d'abord, on peut comme moi être agacé par ce que je perçois comme du Nationalisme déplacé et un certain chauvinisme de la part de l'auteur, à la limite de la propagande ! Les USA "toutes belles, toutes puissantes", en policiers du monde (comme dans la réalité me direz-vous ?) face à des Chinois incompétents et largement surclassés technologiquement  - comme si on avait voulu envoyer un message à la Chine dans le vrai monde, par fiction et conflit imaginaire interposés : "Ne vous frottez pas à nous ou nous vous écraserons !". Or je doute que si un jour, par malheur, un conflit devait éclater pour de bon entre ces deux Puissances, la déclinante et l'émergeante (je vous laisse déterminer qui est qui ? C'est assez facile !), les Etats-Unis aient la partie si aisée !

    En effet, dans le roman, ce sont pas moins de dizaines de sous-marins chinois - et parrainés par des instructeurs russes - des engins de classe Han, Romeo, Alfa, Ming, Akula et même Typhoon (tout y passe !), autant de navires de surface, des flottilles entières d'avions de combat, qui sont détruits là où les Américains ne perdent qu'un hélico et un seul sous-marin !

    Ensuite, on se croirait dans un jeu vidéo ! Et en effet, ce Code SSN - dont l'écriture est bien en-dessous de ce que produit Clancy d'habitude - est en effet tiré d'un, est une transcription d'un jeu vidéo ! C'est donc très répétitif et on nous assène tout du long plus d'une centaine de fois " Préparez Tubes 1 et 2", "Mesures de grenadage", "rapport de CO", etc,... Le traducteur de l'édition française a d'ailleurs été épaulé par un sous-marinier de profession !

    Pour en revenir à l'aspect politique, comme il ne faudrait quand même pas mécontenter la vraie Chine, les Chinois du roman ne sont pas le gouvernement légitime de ce pays communiste mais un usurpateur du nom de Li Peng, conservateur marxiste, soutenu par un militaire haut-gradé et par le lobby du pétrole chinois ! A la fin, le "bon" dirigeant, Jiang Zemin, la ligne "progressiste" bien entendu, est rétablit au pouvoir par les Américains !

    En fait, on suit toute cette guerre fictive à travers les yeux et les opérations de l'USS Cheyenne. Coulage par le fond de différents types de sous-marins ennemis, destruction de convois militaires, appui à la flotte américaine pour sa protection, destruction de bases par des missiles Tomahawk (ceux de la Première Guerre du Golfe), cartographie de champs de mines, rapatriement du dirigeant chinois légitime et traque d'un nouveau type de sous-marin.

    Roman avec beaucoup de termes techniques mais selon moi, on ne fait pas une bonne histoire en recopiant le "manuel d'engagement", ici du parfait petit sous-marinier ! Et bien entendu donc, les Américains sont très courageux et "terrassent" d'innombrables ennemis comme au "tir aux pigeons" (ou "comme à la foire" comme dit le roman texto !) - la mort désincarnée ! On peut occire des centaines de Chinois sans s'émouvoir mais verser une larme comme le héros du récit lorsque qu'une demi-douzaine de militaires de l'Oncle Sam se font tuer en service ! Et évidemment, les Chinois, perfides - rappelez-vous du "Péril Jaune" au début du XXème Siècle avec Fu Manchu et "les 100 jours de Pékin" de la Révolte des Boxers ! -  ne s'attaquent et ne coulent que d"innocents" navires civils - qui a bien y regarder n'ont rien à faire là car on est tout de même plus près des  eaux chinoises que des côtes américaines ! Ah l'Impérialisme qui a fait et continue de faire tant de torts à l'Humanité pour des histoires de gros sous !

    Ca aurait gagné clairement à être moins long et on sent à la fin que l'auteur en a marre et il évacue en dix pages la dernière confrontation et la dernière mission !

    Je ne doute pas que Tom Clancy ait écrit de bien meilleurs trucs ! Pour une autre fois ? Sans doute !

    J'antidate cet article en novembre 2009 sur eklablog et Overblog mais il fait bien partie de mon "Défi Lecture 2021" !

    Donc "Défi Lecture N°10" (à la moitié de l'année, il n'y aura sans doute pas 65 lectures comme en 2020 !).

    A bientôt !


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  • Le vent Paraclet est un essai de Michel Tournier, paru chez Gallimard en 1977.

    Qu'est que le Paraclet? L'étymologie de ce mot est grecque et signifie avocat, intercesseur. Le Paraclet fait référence au Saint-Esprit de la Trinité.

    Petite présentation rapide de Michel Tournier (reprise du site de l'Académie Goncourt dont il fait partie depuis 1972 !).

    Né à Paris en 1924, il fait ses classes à Saint-Germain en Laye et au lycée Pasteur de Neuilly. Suit les cours de philosophie de la Sorbonne et de l'université de Tübingen. Un échec à l'agrégation de philosophie en 1950 lui ferme les portes de l'université. Il gagne alors sa vie à la Radiodiffusion Française puis à Europe 1.

    Michel Tournier est un tenant de l'école traditionnelle du récit, dans une époque marquée par le Nouveau Roman. Plus imprégné du sens que de la forme, il a néanmoins côtoyé l'un des fondateurs du Structuralisme, l'anthropologue Claude-Lévi-Strauss, dont il a suivi les cours en 1948 - 1949.

    Le mythe permit à Tournier de passer de la métaphysique au roman.

    Sa bibliographie comprend Vendredi ou les limbes du Pacifique, Le roi des aulnes, Les météores. Michel Tournier est un exemple d'auto-hypertextualité, puisqu'il a composé une version pour la jeunesse de son roman sur Robinson : Vendredi ou la vie sauvage.

    Pour information, on parle d'hypertexte et d'hypotexte, au sens du critique Gérard Genette, quand un texte y reprend le propos d'un texte x, une réécriture, en d'autre termes. Ainsi, Robinson Crusoé de Daniel Defoe, rédigé en 1719, d'après un fait divers qui marqua l'époque, est l'hypertexte de Vendredi ou les limbes du Pacifique.

    Dans Le vent Paraclet, l'auteur a un propos en large partie autobiographique agrémenté de réflexions assez pertinentes sur la société contemporaine (celle des années 70 mais cela reste, de manière assez étonnante, d'actualité en 2010 !), des interrogations philosophiques, sa conception de la littérature...

    Il parle de Leibniz, de L’Éthique de Spinoza, du Discours de la Méthode de Descartes. Il regrette l'aspect froid de nos sociétés occidentales où la liberté accrue, la disponibilité des biens se payent par une solitude renforcée de même.

    Dans le troisième chapitre, il aborde la question des mythologies à proprement parler. Le rôle de l'auteur est de vivifier les mythes, selon lui.

    Il avoue aussi son attachement à l'Allemagne, raconte son expérience de la guerre, son amour pour un pays détruit pas la folie nazie.

    Bref, il y a beaucoup trop de choses dans cet essai pour que je puisse tout rapporter ici et encore je le fais de manière désordonnée. Je ne saurais que vous conseiller de lire ce livre qui est disponible chez Folio.

    Voila, bientôt, vous trouverez sur inlibroveritas une analyse sur la question des mythes vue par Tournier rédigé dans le cadre de mes études de Lettres et peut-être dans les prochains mois un billet sur Vendredi ou les limbes du Pacifique.

    A bientôt !


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  • Le mouvement du Surréalisme fait partie de ces avant-gardes artistiques du début du XXème siècle, tout comme Dada et le Futurisme, qui entendaient marquer une rupture avec tout ce qui s'était fait avant, dans le contexte de l'Après-Première Guerre mondiale !

    Le Surréalisme touchait à tous les genres de l'art, aussi bien la littérature que la peinture, la musique ou le cinéma, et, alors que la psychanalyse commençait à avoir de l'écho, voulait utiliser toutes les forces psychiques de l'homme - mentionnons juste le recours à l'écriture automatique. Ce mouvement se caractérise par sa grande transdisciplinarité et la collaboration entre ses membres.

    Le chef de file du Surréalisme est André Breton qui écrira deux Manifestes du Surréalisme, en 1924 et en 1930 (et des prolégomènes à un troisième manifeste ou non en 1942). Parmi les surréalistes éminents, on peut citer aussi Robert Desnos, Louis Aragon, Paul Eluard, Antonin Artaud, pour les Lettres, Max Ernst, René Magritte, Salvador Dali pour la peinture et  Luis Bunuel et Man Ray pour le cinéma et la photographie.

    Le Manifeste de 1924 était à l'origine une préface. Ces textes rassemblent des principes d'écriture et se veulent un hommage à l'imagination, un appel à l'émerveillement et ils mettent en avant la contamination de la réalité par le rêve. Parmi les procédés, on a donc l'écriture automatique et dans les exercices, celui du Cadavre exquis, qu'il soit sous forme de texte ou de dessin.

    Sont donc données en 1924 des premières définitions du Surréalisme, exhibant ce que doit être l'image surréaliste. L'inspiration est puisée aussi dans la psychanalyse, le genre fantastique et les arts primitifs, en particulier africains. Bref, c'est une attitude non conformiste qui est prônée et revendiquée !

    Définition du Surréalisme donnée par Breton : « Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale ».

    Dans le second Manifeste de 1930, Breton affranchit le Surréalisme de la morale, redonne les définitions, critique certains surréalistes après avoir prononcé les premières "excommunications"? C'est aussi un refus de la politique et du mercantile. En revanche, est affirmé le goût pour l'ésotérisme.

    Breton a, à ce moment là, quelques conflits avec d'autres artistes, positions qu'il clarifiera plus tard sans les désavouer.

    Nous aurons l'occasion de revenir sur des oeuvres surréalistes ! En attendant, je vous renvoie à mon billet sur Corps et bien de Robert Desnos.

    Après, certains considèrent le Surréalisme comme un "vaste enfumage", il n'en reste pas moins que c'est un mouvement qui a fait école jusqu'à nos jours et qui a compté !

    A bientôt !


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  • Le destin tragique d'Alain-Fournier, tué durant la Grande Guerre, le 22 septembre 1914 dans les Hauts-de-Meuse, à vingt-huit ans, est connu.

    Il est pratiquement l'auteur d'une seul ouvrage, Le Grand Meaulnes. Un seul roman donc, et un deuxième inachevé, de la poésie, des articles à Paris-Journal et une correspondance (principalement avec son beau-frère Jacques Rivière).

    Mais quel roman ! Roman paysan, roman de l'enfance, basé sur des éléments en partie autobiographiques, roman initiatique, roman de l'échec (et non échec du roman !), c'est aussi le premier ouvrage classique du XXème siècle, abondamment étudié à l'école.

    Le Grand Meaulnes est un adolescent qui, un jour d'hiver, découvre le Domaine inconnu, sorte de Paradis Perdu, le mode de l'enfance regretté où l'on trouve des amoureux, des dames évanescentes, des Pierrots, des Fées, des paysans et des enfants.

    Pris par cette ambiance éthérée, le jeune héros n'aura de cesse de retrouver ce lieu isolé, caché et mystérieux et la jeune Yvonne de Galais, princesse du lieu.

    Le drame du frère, Frantz de Galais, abandonné par sa fiancée, simple couturière, laquelle ne veut pas croire à son bonheur, apporte un ancrage réaliste au passage. Le roman oscille en permanence entre merveilleux et réalisme, entre rêve et réalité.

    Le Grand Meaulnes parviendra-t'il à réunir Frantz et Valentine, sortes d'Adam et Eve chassés du Paradis ? Va-t'il y sacrifier son propre bonheur ?

    Le dénouement, elliptique, suggère que le héros retrouve une partie de son enfance et part "vers de nouvelles aventures" avec sa propre fille que lui a donné Yvonne de Galais, qu'il a épousé entre-temps et qui finit par mourir, dans une sorte d'expiation.

    Un roman enchanteur et un incontournable !

    A bientôt !


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  • Voici un petit roman, de moins de 150 pages qui se présente sous le forme d'un peu plus d'une soixantaine de chapitres (souvent très court, rarement plus de quatre pages) et s'articule en trois parties. L'auteur, Louis-Stéphane Ulysse nous livre, avec Toutes les nouvelles de mon quartier intéressent le monde entier, un récit très vivant où les différents éléments introduits de chapitre en chapitre se répondent dans des jeux d'échos amusants.

    Le narrateur est un "négro" qui zone dans un quartier de banlieue nommé Près-de-Paris, ce qu'on nomme aujourd'hui les "territoires perdus de la République", ces zones qu'on a laissé honteusement à l'abandon. Pourtant ici nul misérabilisme car l'auteur a choisi le parti-pris de l'humour pour dédramatiser et n'insiste pas sur la violence même si il y a des morts et des drames - en particulier l'assassinat de la "petite filles des caves" !

    Notre narrateur a une passion, le Graph à laquelle il s'adonne avec son ami Kadaf. Ils sont repérés par Sandra, une jeune galeriste, qui les fait connaître. Après la mort de Kadaf, sa côte s'envole sur le marché de l'art et personne ne sait que c'est en réalité le narrateur qui signe ses toiles.

    Une pittoresque galerie de personnages dans ce roman, Christian le drogué, Macintosh la racaille, Marvelous, l'adepte de la gonflette, Faye, l'immigré malien,  "Sanchez le fou" qui voit des soucoupes volantes, Wham qui tapine derrière la gare, Mathilde la vieille dame, Rabah le travesti ou encore Bartone le patron du café et ses concours de blagues. On suit les destins de tout ce petit monde.

    A la fin, la Cité est rasée et un lotissement est construit à sa place. Les personnages retournent dans l'anonymat pourtant entre temps, leurs histoires ont suscité notre intérêt.

    Je referme donc la dernière page de ce livre dont je vais faire don à la bibliothèque de mon Foyer car il pourrait intéresser des gens pas habitués à la lecture !

    A bientôt !


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  • Play-back - D. DaeninckxPlay-back est un roman de Didier Daeninckx, à ne pas confondre avec Play-back de Raymond Chandler. Pourtant les deux ouvrages ont en commun d'être des polars ou des romans noirs (les distinctions m'échappent!) et dans le cas du livre de Daeninckx, l'intrigue se déroule dans les années 1980 à l'ombre du TOP 50, des magouilles du show-biz et sur fond de crise industrielle.

    Patrick Farrel  est un jeune écrivain auquel les éditions Noséné vont faire appel pour pondre une biographie de Bianca B. la star du HIT 50, bref il devient un nègre !

    Il fait donc le voyage jusqu'à Longrupt en Lorraine et découvre une région en pleine effondrement : les usines sidérurgiques ont fermé, celles qui restent sont délocalisées en Chine -propos qui en passant reste plus que jamais d'actualité.

    C'est donc au final un roman de la mélancolie et de la décrépitude mais que Daeninckx traite avec un certain humour pour éviter que la lecture ne soit trop pesante. L'enquête est classique et la lecture plaisante.

    J'avais choisi ce roman de manière totalement aléatoire dans une des bibliothèques municipales que je fréquente . Le hasard fait parfois bien les choses. Je n'avais pas fait au départ le rapprochement avec Didier Daeninckx, l'auteur d'un autre roman, le Der des Der dont j'avais lu il y a peu de temps l'adaptation BD par Tardi.

    Une bonne surprise donc et je reviendrais probablement sur cet écrivain à l'avenir si je met la main sur d'autres de ces livres.

    A bientôt pour d'autres découvertes !

    Précision : l'édition Folio que j'ai lu date de 1992, ce n'est donc pas un nouvel auteur. Il est né en 1949 et a travaillé comme ouvrier. Il est par ailleurs très engagé à gauche.


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  • Philippe Labro porte de multiples casquettes. On le connaît d'abord journaliste, reporter à Europe 1, France-soir, Paris-Match, TF1, A2 entre autres. Il est aussi écrivain et réalisateur de cinéma.

    De 1985 à 2000, il assume la position de directeur des programmes de RTL.

    La dépression est une maladie nerveuse qui touche de plus en plus de gens dans nos sociétés modernes. Bien plus profonde que la simple déprime, elle est une chute du désir, de la volonté de vivre.

    Labro a connu cette épreuve de 1999 à 2001 et il utilise tous ses talents d'écrivain pour en faire le récit dans Tomber sept fois, se relever huit, paru en 2003, donc avec le recul.

    Divisé en trois parties,ce récit autobiographique raconte la descente, la maladie et ses symptômes, des maux auquel il ne parvient pas à donner de nom. L'apathie, le désintérêt, la dévalorisation de soi, le ressassement, les suées et réveils nocturnes... Tout ceci est rapporté avec une grande authenticité que tout ceux qui ont traversé pareil épreuve reconnaîtront sans peine. Il y a aussi une touche d'humour dans ce livre : l'autodérision.

    Ayant moi-même vécu un épisode dépressif en 1992-1993, je ne peux que confirmer l'authenticité des symptômes décrits. En passant, je souhaite à Florian qui connaît pareil supplice à l'heure actuelle un bon rétablissement.

    Philippe Labro ne donne pas vraiment de recette type pour s'en sortir. Tout dépend évidemment de chaque individu. L'aide des proches et le suivi médicamenteux, la patience, sont indispensables.
    Dans la troisième partie, enfin, il parle de son rétablissement.

    Il faut toujours garder espoir!

    Un livre à lire pour découvrir une maladie mal connue.


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  • Ce roman, très poignant d'Elisabeth Motsch, La Bécassine de Wilson, constitue à la fois un témoignage sur l'autisme et aussi un roman. Car même si l'auteur est maman d'un enfant Asperger (un trouble de l'autisme), elle est avant tout un auteur de fiction. Par ailleurs, elle a aussi composé des albums pour la jeunesse, tous parus à l’École des Loisirs.

    Dans ce roman, donc, on suit la journée de Gabriel, qui accompagne ses parents, Pierre et Ariane, lors d'une randonnée? Ceci nous permettant de mieux comprendre -ou d'essayer du moins - ses symptômes. Gabriel est en effet totalement dépourvu des codes sociaux. Son trouble se situe au niveau de la communication.

    Parmi les éléments de ce roman, nous est aussi montré l'effarante attitude des pédagogues et des soignants, la discrimination, l'incompréhension, le manque d'empathie... C'est un véritable parcours du combattant pour l'enfant mais aussi pour les parents qui se retrouvent accusés d'être à l'origine des problèmes de leur enfants par des psychanalystes incompétents, voir à ce sujet la théorie des Mères Frigidaires.

    C'est pourtant la maman qui, en surfant sur la Toile, parviendra au bout du compte à mettre un nom sur la maladie de son fils.

    Maintenant, Gabriel est adolescent et sur le chemin de sa promenade, il fait la connaissance de Louis, un vieil homme bourru. La Becassine de Wilson, c'est aussi la relation entre le vieillard et l'adolescent.

    Voila, une lecture que je vous recommande !

    A bientôt !


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  • Pourquoi lit-on ?  Telle est la question que Daniel Pennac se pose dans cet essai.

    A vrai dire, ce serait plutôt pourquoi ne lit-on pas ? Ou pourquoi ne lit-on plus ?

    Quand on ouvre Comme un roman, on entre dans un ouvrage de pédagogie active, frais et enthousiaste, à mettre entre les mains de tous les enseignants.

     Au début de l'essai, il est aussi question du temps où enfant nous conservions un attrait pour la lecture, la mythique heure du conte du soir. Pourquoi ce goût s'efface-t'il peu à peu ?

    Pour l'auteur, la lecture doit avant tout demeurer un plaisir. Il ne faut donc pas forcer le lecteur mais éveiller sa curiosité. Qu'importe ce qu'il lise, du Zola, du Le Clézio ou du Barbara Cartland. Avec le temps, le lecteur saura reconnaître la vrai littérature, celle qui est jubilatoire! Et il ne faut surtout pas se laisser intimider par le livre !
    Il est aussi question d'une classe ou c'est "le prof qui lit des livres à ses élèves".

    Pennac définit aussi les droits du lecteur et du non-lecteur. Car oui, il y a des gens qui ne lisent pas et qui demeurent des gens tr

    Pourquoi lit-on ?  Telle est la question que Daniel Pennac se pose dans cet essai.
    A vrai dire, ce serait plutôt pourquoi ne lit-on pas? Ou pourquoi ne lit-on plus?

    Quand on ouvre Comme un roman, on entre dans un ouvrage de pédagogie active, frais et enthousiaste, à mettre entre les mains de tous les enseignants.

     Au début de l'essai, il est aussi question du temps où enfant nous conservions un attrait pour la lecture, la  mythique heure du conte du soir. Pourquoi ce goût s'efface-t'il peu à peu?

    Pour l'auteur, la lecture doit avant tout demeurer un plaisir. Il ne faut donc pas forcer le lecteur mais éveiller sa curiosité. Qu'importe ce qu'il lise, du Zola, du Le Clézio ou du Barbara Cartland. Avec le temps, le lecteur saura reconnaître la vrai littérature, celle qui est jubilatoire! Et il ne faut surtout pas se laisser intimider par le livre !

    Il est aussi question d'une classe ou c'est "le prof qui lit des livres à ses élèves".

    Pennac définit aussi les droits du lecteur et du non-lecteur. Car oui, il y a des gens qui ne lisent pas et qui demeurent des gens très bien!

    Voici ces droits :
    1. Le droit de ne pas lire.
    2. Le droit de sauter des pages.
    3. Le droit de ne pas finir un livre.
    4. Le droit de relire.
    5. Le droit de lire n'importe quoi.
    6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible).
    7. Le droit de lire n'importe où.
    8. Le droit de grappiller.
    9. Le droit de lire à haute voix.
    10. Le droit de nous taire.

    Je signale également que Pennac fut un élève tourmenté dès l'école primaire. Il en parle avec nostalgie dans Chagrin d'école, prix Renaudot en 2007, que j'ai lu à l'époque et que j'avais déjà apprécié. Je vous reparlerais donc très certainement de son œuvre un jour !

     A bientôt et bonne lecture !


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  • Francis Scott Fitzgerald est revenu dans l'actualité ces dernières années de manière régulière.

    Tout d'abord en 2007, de façon indirecte. En effet, le prix Goncourt a été attribué cette année là à Gilles Leroy pour son roman Alabama song. Or de quoi s'agit-il? En fait d'une biographie romancée de Zelda, la femme de Fitzgerald. Jai lu Alabama song. Je l'ai trouvé plaisant mais un peu court. Certes Gilles Leroy a mener son enquête sur cette femme, victime en quelque sorte de son mari, mais l'aspect "Fitzgerald a piqué toutes ses idées à sa femme" (je grossis un peu le trait) m'a laissé dubitatif ! Sans compter qu'Hemingway n'y est pas présenté à son avantage.

    Bon, l'autre actualité de Fitzgerald est de 2009 et il s'agit - les plus perspicaces d'entre vous le savent - de l'adaptation ciné de L'étrange histoire de Benjamin Button. Adaptation que je n'ai pas vu mais dont mon professeur de littérature comparée a souligné à ses étudiants le caractère guimauve.

    Ceci dit, la nouvelle originale, qui figure en troisième position dans le recueil Les enfants du jazz, et qui est par ailleurs très courte - on peut s'étonner qu'elle ait donné lieu à un film de deux heures ! - est excellente et met en scène le thème du double, largement utilisé en littérature fantastique (L'étrange cas du docteur Jekyll et Mister Hyde, Le Horla etc). Ici le double c'est Button et lui-même : le Button et son âge apparent et le Button et son âge réel.

     Fitzgerald aborde le fantastique de manière ludique. Il n'y a que deux nouvelles de ce genre dans le recueil, celle précitée et "La coupe de cristal taillé", nouvelle fort cruelle soit-dit en passant.

    L'auteur est un écrivain de la nostalgie, d'une époque perdue. Il aborde fréquemment dans son œuvre le thème de la mondanité, du glamour, des paillettes, sur fond de prohibition de l'Amérique des années 20. Pour cet aspect nostalgie, on lira" La sorcière rousse" en particulier.

    L'humour est très présent dans ces nouvelles. Dans "le dos du dromadaire", dans "Gretchen endormie", dans "Mr Icky", sorte de mini pièce de théâtre à la Beckett.

    Il ne faut pas négliger le poids du temps et de l'histoire. Ainsi un grand dramaturge anglais du XVIIème siècle fait une apparition dans "Tarquin des beaux quartiers".

    Bref, il faut lire Fitzgerald, auteur sous estimé mais de grand talent : que ce soit "Les enfants du jazz" ou "Gatsby le magnifique" !


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  • Une fois n'est pas coutume,  avant de vous parler d'un roman, je vais vous faire une rapide présentation de son auteur.  Je vous invite à aller faire un tour sur Wikipédia dont je tire ces infos.

    George Arnaud, de son vrai nom Henri Girard est né à Montpellier le 16 juillet 1917.

    Licencié en droit, ayant fait Sciences Po, il refuse de prêter serment à Pétain.

    Le 25 octobre 1941, il est au centre de l'accusation dans l'affaire d'Escoire.

    Il vit à Paris de 1943 à 1947 puis s'embarque pour l'Amérique du Sud le 2 mai 1947.

    Là-bas, il mène une vie de bourlingueur dont il s'inspirera pour Le salaire de la peur, publié en 1950 qui connaitra rapidement un vif succès.

    En 1952, le cinéaste Henri-Georges Clouzot tourne l'adaptation du salaire de la peur avec Yves Montand et Charles Vanel. L'année suivante, le film est récompensé au Festival de Cannes (Grand Prix et prix d'interprétation à Charles Vanel). Arnaud restera réservé quant à la fidélité de cette adaptation.

    Il meurt d'une crise cardiaque en 1987.

    Le salaire de la peur se caractérise, selon moi, par une écriture réaliste, voire naturaliste.

    Suite à l'explosion d'un puit de pétrole dans la plaine de Zulaco, la compagnie exploitatrice du gisement engage quatre chauffeurs pour convoyer de la nitroglycérine jusqu'au foyer dans des camions vétustes.

    Parmi la faune des désespérés, de rejetés de la vie qui attendent un futur improbable dans cette ville d'Amérique du Sud, il se trouve des gars pour répondre à l'offre d'emploi.

    Gérard, Johnny et deux autres "perdus" sont engagés. Gérard et Johnny vont faire équipe et prendre le volant du deuxième camion.

    Mais si Gérard, le héros du roman, accointé à Linda, une pute au grand cœur, semble rester maître de ses nerfs, Johnny le roumain cède vite à la peur. Le périple s'annonce difficile sur des routes cabossées, d'autant que le vil Smerloff - le chauffeur remplaçant - a saboté l'un des camions.

    Je ne vous dévoile pas l'issue, que vous connaissez probablement déjà si vous avez vu le film de Clouzot, diffusé et rediffusé largement, mais le dénouement, sous ses mauvais auspices, ne semble pas faire l'ombre d'un pli.

    Bref un très bon roman, à l'ambiance désenchanté et un tantinet sordide.

    A bientôt !


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  • L'été approche et il est donc temps de parler de quelques romans "grand public" qui feront de bonnes lectures de plage. Vous savez bien, ces best-sellers à la Dan Brown où à la Tom Clancy!

    Odyssée suit une double intrigue. D'une part, on a le spectre - qui semble tout droit sorti d'un mauvais James Bond - qui dirige sa société Odyssée et qui creuse en secret quatre tunnels à l'échelle du Nicaragua.

    D'autre part, il y a la découverte, à la suite de la tempête Lizzie, de ruines celtiques en plein Océan Atlantique!

    Les deux intrigues finissent par se rejoindre, bien évidemment !

    Mais tout cela est un peu gros! J'ai été un peu déçu de cette lecture. Si on veut lire ce livre jusqu'au bout, il faut renoncer à toute notion de vraisemblance.

    L'affreux méchant - le Spectre - et sa secte de druidesses qui menacent l'équilibre planétaire - est trop caricatural!

    De plus, il est fait mention d'une théorie fumeuse selon laquelle Troie se serait située non pas en Turquie, mais en Angleterre, la Guerre de Troie n'étant qu'un prétexte pour mettre main basse sur l'étain. Pourquoi pas? Mais bon, je suis très sceptique!

    De Dan Brown, Cussler emprunte le coté falsification de l'Histoire à des fins romanesque, de Tom Clancy, le coté roman d'espionnage.

    Qui est l'auteur? Un ancien chasseur d'épaves, le fondateur de la NUMA, une organisation qui est reprise dans le livre.

    Donc en conclusion, ce roman est un peu à la littérature ce qu'un film d'action moyen est au cinéma, un divertissement pop-corn !


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  • Voici le premier roman, Saint-Denis bout du monde, d'un écrivain de 42 ans, Samuel Zaoui et c'est une réussite !

    L'auteur possède la double appartenance séfarade et algérienne. Son roman, c'est à la fois l'Odyssée et la recherche du père et des origines.

    Tout d'abord il y a Souhad. enfant d'immigré, elle et ses deux frères ont atteint la réussite sociale. Elle est agrégée de lettres, eux sont ingénieur et chirurgien. Mais comme si tout succès avait un prix, il y a eut un troisième frère Jouad, victime d'un crime raciste.

    Or, voila que récemment le père est mystérieusement retourné au bled et dès lors Souhad s'interroge. Elle va rencontré trois vieux arabes et un grand noir. Et avec cet équipe, elle s'embarque à travers un périple en camionnette sur les routes de France, de Saint-Nazaire à Cholet, en passant par Saint-Étienne, Sochaux, Nice. Ils vont faire du tourisme industriel sur les lieux où les immigrés suèrent sang et eau après leur arrivée en métropole.

    C'est toute la difficile condition des immigrés, arabes, tziganes, Roumains, Polonais qui est dépeinte.

    Un livre à mettre entre les mains des racistes et de tous les exploiteurs de peurs et des misères du monde pour les faire réfléchir ! A moins que pour eux ce soit déjà trop tard !

    Au final, un livre très humain!

    Voila, c'était ma chronique du jour! A bientôt !


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  • j'ai déja eu l'occasion de parler brièvement du dernier Prix Nobel de Littérature, J.M.G. Le Clézio lorsque j'ai posté mon billet sur l'ouvrage de Gérard de Cortanze qui s'attarde sur la vie de cet écrivain avec une riche iconographie à l'appui.

    Cette fois-ci je vous parlerais de Ritournelle de la faim.

    Il s'agit d'une mise en fiction de la vie de la mère de Le Clézio

    Le roman commence sur l'évocation de la Maison Mauve, le projet du grand-oncle d'Ethel, Monsieur Soliman. Mais le vieil homme meurt et la fillette est dépossédée de son héritage par son père Alexandre Brun.

    Alexandre est marié à Justine mais entretient une relation avec Maude, une chanteuse rencontrée avant son mariage.

    Le livre nous montre le déclin d'une époque, la montée du fascisme, la guerre en arrière plan, la famine (d'où le titre) et l'antisémitisme.

    Dans ces périodes troubles, Ethel entretient d'abord une amitié avec Xenia, dont la famille a fuit la Russie bolchevique. Plus tard, elle s'éprend d'un jeune anglais, Laurent Feld, qui fréquente le salon de son père où l'on parle beaucoup de politique et qu'elle retrouvera après la guerre à Nice où les Brun se sont réfugiés après que le père ait ruiné sa famille en faisant des affaires avec des escrocs.

    On peut donc dire que ce roman a une base autobiographique mais Le Clézio nous y remémore avec insistance le poids de l'Histoire. A ce titre, cette lecture se révèle instructive.

    Si, par ailleurs, vous n'avez pas lu l'ouvrage de Gérard de Cortanze Le Clézio : Vérités et Légendes, il est conseillé de s'y reporter en parallèle à la lecture de Ritournelle de la faim, vous ne pourrez qu'en apprendre plus sur l'écrivain!

    A bientôt pour de nouvelles chroniques !


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  • Que fait un écrivain quand il n'arrive pas à trouver le sommeil ? Il pense à des fictions. Ainsi, durant ses nuits blanches, August Brill imagine une Amérique où le 11 septembre n'a jamais eu lieu mais où les Etats-Unis se déchirent dans une guerre civile.

    C'est dans ce monde alternative qu’apparaît Owen Brick. Venu de notre réalité, il doit y retourner avec l'ordre de tuer Brill afin que la guerre que l'écrivain a imaginé cesse!

    Comme vous le voyez, dans ce roman, les différents degrés de fiction s'entremêlent. Ce qui pourrait être un exercice littéraire risqué est cependant bien mené et Auster retombe sur ses pieds.

    Ce que j'aime dans ce roman, ce son les personnages! August Brill, le septuagénaire, qui a récemment perdu sa femme, Sonia, victime du cancer, Miriam sa fille unique, divorcée depuis cinq ans et Katya, la propre fille de Miriam dont le petit ami, après qu'ils aient rompus, a été tué en Irak dans des conditions horribles. Ces trois personnages vivent sous le même toit et se soutiennent les uns les autres.

    La psychologie des personnages est particulièrement bien décrite et leur biographies nous sont révélées par touche. Le lecteur assemble peu à peu le puzzle de leurs parcours.

    Le livre se termine par le récit de la mort de Titus, le petit ami de Katya et on comprend pourquoi le grand-père imagine un monde sans la guerre en Irak. Certes, l'Amérique où les fédérés de Bush Jr. affrontent les Séparatistes n'est pas franchement "joyeuse" mais notre réalité est peut-être, à mon avis, pire encore car elle, elle est justement bien réelle.

    Voila, décidément Paul Auster est un auteur que je lis et relis avec plaisir à chaque fois.
    Petit bonus : le livre est court - 182 pages, chez Actes Sud, dont ne devrais pas rebuter ceux qui ont parfois quelques difficultés à se plonger dans un livre et à le finir.

    Voila, bonne lecture à toutes et à tous!


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  • On dit d'Albert Camus qu'il est un "philosophe pour Classes de Terminale" ! C'est manifester un mépris mal placé pour un homme qui fut véritablement un Humaniste et dont l’œuvre a un fort retentissement encore aujourd'hui ! Le natif d'Algérie est à la fois un écrivain et un philosophe... Et un Prix Nobel - de Littérature - qui plus est ! Trop tôt disparu, en 1960, dans un tragique accident de voiture !

    Parmi son œuvre, L’Étranger figure en bonne place ! J'ai découvert ce roman à la fin des années 1980, en classe de Première S - puis l'ai relu, cela devait être en 2005/2006 ! Ma première lecture ne m'avait pas trop emballé ! L'histoire de ce colon, Meursault, qui tue un Arabe sur une plage ! Je trouvais qu'il y avait des relents racistes ou/et anticolonialiste ! Mon analyse était erronée  certainement ! Ma seconde lecture remis les pendules à l'heure ! Avec la maturité et l'expérience !

    "Aujourd'hui, Maman est morte."  Cette phrase est peut-être l'incipit le plus connu de la littérature française ! L’Étranger  s'inscrit dans "le cycle de l'absurde" ! L’œuvre de Camus comporte trois phases : L'absurde, la révolte et l'amour qui s'articule autour de romans, de pièces de théâtre et d'essais qui forment un tout !

    "Absurde" ? Oui, telle semble être la réaction de Meursault, face à l'existence ! Il semble apathique, détaché de tout - comme si les événements ne le touchaient pas ! Même lorsque ces événements s’enchaînent de manière implacable, il ne contrôle rien ! C'est pourtant sa vie qui se joue et il est condamné à mort !

    Le roman se déroule en trois temps ! D'abord l'enterrement de la mère du personnage principal, puis a lieu la bagarre sur la plage et le meurtre de l'Arabe et enfin l'arrestation et l'interrogatoire de Meursault par les autorités. Celui-ci désarçonne tous ses interlocuteurs, son avocat, son aumônier, etc... Il est condamné à la peine capitale et au dernier moment, refuse de se confesser, ce qui provoque la colère du dit homme d’Église !

    L'absurde ! Oui ! Absurde du destin qui se joue de nous ! Meursault en effet ne contrôle rien, n'a de prise sur rien et laisse échapper sa vie ! Mais ne sommes nous pas tous à la merci de la contingence/du hasard !? La prise de conscience de cet état de fait entraîne la révolte - qui n'est pas une solution seulement une réaction épidermique ! La seule réponse appropriée sera l'amour - hélas Camus est décédé avant de conclure son œuvre !

    L’Étranger est un roman emblématique qui dépeint l'Algérie d'avant la Guerre civile, l'Algérie de notre auteur ! C'est véritablement un incontournable !

    Et Camus d'ajouter : "Tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère est un condamné à mort." !

    A bientôt !


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  • Fils d'un père mécanicien et d'une mère institutrice, François Bon se passionne très tôt pour les livres.
    Après avoir travaillé dans l'industrie, il publie en 1982 un premier livre, Sortie d'usine. Depuis, il n' a jamais cessé d'écrire.

    François Bon est aussi un spécialiste des ateliers d'écriture. Il pratique cet exercice auprès de personnes en difficultés tels des SDF ou des détenus.

    Prison  relate un de ces ateliers d'écriture qui a eut lieu à la prison de Bordeaux. C'est l'occasion pour ces individus en rupture de ban de prendre la parole.

    Dans ce livre, on croise Brulin - assassiné dans un squat - Christian, Tignasse, Séfia, Ciao. On découvre des fragments de leurs textes et l'on s'aperçoit que dès l'enfance ceux-ci ont été rejetés aux abords des villes.

    François Bon nous décrit le monde pénitentiaire et quelques destins d'hommes brisés qui ont beaucoup en commun. C'est un peu à chaque fois la même histoire : une enfance difficile, l'abandon livré à soi-même, les petites combines, les potes, les rivalités de quartier, l'errance...

    A travers leur façon de s'exprimer sur le papier si maladroite, les détenus se dévoilent.

    Un livre plein d'humanité que je vous recommande chaudement !


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  • George Perec est l'auteur de la disparition et de la vie mode d'emploi. Il se livre à des jeux d'écriture en s'imposant certaines règles. Il a appartenu à l'Oulipo.

    Mais je m’intéresserais à W ou le souvenir d'enfance qui est la tenue parallèle de deux récits dont la liaison ne s'effectue qu'à la fin.

    D'un coté, on a le récit autobiographique de l'enfance de l'auteur. Connaissant mal la vie de Perec, je ne saurais vous dire dans quelle mesure cette biographie est véridique ou fictionnelle. On remarque toutefois que l'auteur n'est pas sur de ses souvenirs et souvent la mémoire lui fait défaut.

    L'autre récit qui alterne avec les souvenirs d'enfance est l'exposition de la vie sur l'ile de W toute entière dédié au sport. Mais en réalité, le propos est autre. Plus on avance dans la connaissance de W, plus on constate avec un certain effroi que cette société est absurde et cruelle. On en vient à se demander très vite si Perec -qui aurait rédigé le texte sur W à l'âge de douze ans - ne décrit pas là une société fasciste. Ceci est confirmé à la fin avec le rapprochement avec les camps de concentration - Perec, d'origine juive, a eu une partie de sa famille, notamment sa mère, qui est morte dans ces camps.

    Les plus pessimistes pourront aussi voir dans l'idéal sportif de W et la compétition, une métaphore pour toute existence.

    Un très bon livre, qui fait réfléchir ou alterne la peinture de plus en plus choquante de W et les récits d'enfance plus léger, comme un contrepoint!

    Sur le même thème - la Shoah - je suis en train de lire le récit très poignant, récit de la réadaptation d'une survivante,  par une auteure non juive, Soazic Aaron et qui s'intitule le non de Klara.

    A très bientôt pour une nouvelle chronique !


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  • A coté des grands classiques de la littératures, des auteurs incontournables du moment et de ma passion pour le fantastique, la SF et la paralittérature, je présenterais sur ce blog de temps à autres des petits écrivains locaux -le terme petit n'a ici rien de péjoratif.

    Gilles Letournel est né en 1942 dans l'Orne et a à ce jour publié trois romans dont un sur Guillaume le Conquérant qui lui a rapporté deux prix.

    La Boissière se déroule donc dans l'Orne, moins d'une décennie après la guerre.

    C'est une histoire d'enfants, Milo, Sylvain, Laurent et leurs copains. Le livre retrace d'ailleurs des moments typiques de l'enfance : les vacances, la venue du cirque, les premières bétises...

    On pourrait se demander si ils sont autobiographiques.

    Le style est plaisant, simple et accessible. Certes ce roman ne révolutionnera pas la littérature mais il est bien construit.

    C'est aussi et surtout l'histoire d'un drame de la Guerre - celle de 39 - 45. En effet, le père de Laurent est allemand et Louise, sa  mère espère le retour de celui-ci. Elle cherche à savoir ce que le soldat est devenu et l'apprendra à la fin. Mais je vous laisse le découvrir.

    En résumé, une lecture que j'ai trouvé interessante, bien qu'au départ, j'ai tendance à me méfier de la littérature du "terroir" mais là non!

    Il me tarde de lire le livre sur Guillaume le Conquérant.

    Habitant dans la même petite ville que l'auteur, je vais m'enquérir de savoir si il travaille à un nouveau livre.

    La Boissière est publié chez L'Ecir.


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  • Quinze ans - Philippe LabroQuinze ans est un roman semi-autobiographique, qui raconte de manière romancée l'adolescence de son auteur, Philippe Labro ! C'est une fenêtre sur une époque révolue, regrettée où le monde semblait plus simple et plus calme !

    Dans l’œuvre de Labro, Quinze ans se situe après Le Petit Garçon et avant L’Étudiant étranger. Le jeune adolescent y fait la connaissance d'un jeune homme Alexandre et sa sœur Anna. En lisant ce pitch, on pense aussitôt au Grand Meaulnes d'Alain-Fournier ! Il y a quelques points communs mais cela s'arrête là !

    Époques rêvées de l'enfance et de l'adolescence ! Pas sûr car les adolescents étaient alors - au début des années 1950 - plus libre et plus bridés dans leurs élan - on est avant la rupture de mai 68 !

    Le "petit garçon" a grandi et est donc ado à Paris ! Solitude, rêves, attente ponctuent son quotidien ! L'arrivée d'Alexandre, être plein de grâce, svelte, est comme une révélation ! Le narrateur se lie avec cet être élégant et prend le thé en fin de journée avec lui chez la vieille, curieuse et mystérieuse "Madame Ku". Puis c'est la rencontre avec Anna et notre adolescent en tombe amoureux ! C'est donc aussi l'histoire d'un premier amour !

    Époque plus simple oui car le monde était alors divisé en deux blocs - pendant la Guerre Froide : le Bien contre le Mal ! Plus calme, pas sûr car la Guerre de Corée est là ! Dans ce monde, les jeunes n'ont pas droit au chapitre, dénués de droits et de moyens ! Pas de télé, pas de vitesse,  pas de pilule...

    Mais dans ce contexte où les choses allaient moins vite, l'amour est peut-être plus véritable et se déclame comme de la poésie ! Un roman plein de nostalgie assurément ! La frontière entre amitié et amour est floue et notre narrateur espère que quelque chose d'exceptionnel lui arrive !

    Un roman d'apprentissage de Philippe Labro ! J'ai bien aimé et cela se lit vite !

    A bientôt !


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  • André Gide est un auteur dont je reconnais le talent ! Toutefois ce ne fut pas gagné lors de mon premier contact L'immoraliste - André Gideavec son oeuvre ! C'était en 1988, en classe de Première Scientifique avec le roman publié en 1902, L'immoraliste  !

    J'avais alors détesté cette histoire d'un type qui abandonne sa femme et qui se livre à la pédérastie/pédophilie sur de jeunes garçons arabes au Maghreb ! Gide lui même penchait du côté des garçons au passage - donc quelle part d'autobiographie ? En plus, j'avais un prof de Français très maniéré et que je détestais ! Cela ne m’empêchait pas d'avoir les meilleures notes de la classe même si le jour de l'oral du Bac de Français, je me récoltais un "cuisant" 9/20 donc pas la moyenne ! Ça n'augurait de rien puisque vingt ans plus tard, je devais faire des études de Lettres après m'être lancé dans l'écriture !

    Ce que je reproche à L'immoraliste, c'est précisément son côté immoral ! C'est le récit de la renaissance d'un homme après une longue maladie, qui recouvre la santé et sent en lui un changement de physiologie - plus proche de la nature, il se baigne nu ! - qui le bouleverse !

    Cet homme, c'est Michel, "l'immoraliste" dont le narrateur - qui est un autre personnage, - raconte les confidences. Marcel est un érudit peu concerné par la chair - mais cela va changer après sa maladie - qui a épousé une femme dévouée Marceline qui va le veiller pendant toute sa convalescence. Si Marceline ressent des sentiments plus vifs pour son mari, lui n'éprouve pas de véritable amour pour sa femme.

    Le couple fait un voyage en Afrique du Nord et Michel tombe malade et lutte contre le trépas à Biskra, en Algérie! Ce sera la vision des jeunes garçons pleins de santé - pour qui il ressens dès lors une attirance - qui va le faire se rétablir. Dès lors, Michel est un homme neuf, attentif à son corps et qui s'ouvre à la sensualité !

    Il semble bien que pour Gide et dans ce roman, les questions de morale aient trait/ soient en rapport avec le corps  - sans doute aussi en lien avec l'éducation religieuse bien qu'il n'est pas évident que l’Église condamne le corps, la concupiscence oui, l'adoration du corps crucifié et les mortifications oui mais il y a des éloges du corps chez Saint Augustin il me semble ! Enfin je digresse là !

    Une fois remis, Michel témoigne sa reconnaissance à Marceline et le couple fait un voyage en amoureux en Italie puis rentre en France pour vivre en Normandie et à Paris où Michel est nommé au Collège de France. C'est là qu'il rencontre Ménalque qui promeut une philosophie sensualiste qui est aussi devenue celle de Marcel et procure plaisir et désagrément, exaltation et irritation.

    C'est alors Marceline qui va tomber malade suite à une fausse couche. Michel ne lui laisse pas le temps de se rétablir en Suisse où le couple est installé mais les ramène à Biskra puis vers Touggourt. C'est un chemin de perdition car Marceline meurt abandonnée, épuisée et amère tandis que Michel mène une vie désœuvrée dont ses amis finiront par l'arracher !

    On a là un récit entre Éros et Thanatos ! Le plaisir associé au Pêché originel et à la concupiscence donc ! J'avais relu ce roman en 2005 et l'avait trouvé plus intéressant qu'à la première lecture adolescent ! Comme quoi, on ne fait jamais les mêmes lectures suivant notre âge !

    Par la suite, je devais lire dans la foulée : Les Caves du Vatican, La Symphonie pastorale et Les Faux Monnayeurs  !

    A bientôt !


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  • Le narrateur de ce roman est un marchand de canons. Menacé par un scandale et des poursuites judiciaires, il décide de détruire l'impressionnante masse de documents qu'il a rassemblé au cours de sa carrière.
    Alors qu'il brûle ses archives, le remord l'étreint et il se dit que tout ceci ferait un bon roman d'espionnage.

    Notre marchand de canons a toujours voulu vivre sa vie comme un roman de John Le Carré. Le récit nous mène de l'Irak de Saddam Hussein à l'Afrique du Sud de l'Apartheid, en passant par la Georgie, le Venezuela et d'autres zones de tension de la planète.

    Le roman use d'une écriture journalistique, oscillant en cela entre la fiction et le reportage. L'auteur clame que toutes les dates et les noms sont vrais.

    Le Journal intime d'un marchand de canons est le premier volume d'une série sur l'envers de la Mondialisation qui comprendra Le Journal d'un affameur et Le Journal d'un manipulateur.

     Sans être un chef d'oeuvre, ce livre se laisse lire facilement.

    A éviter toutefois si vous êtes allergiques aux romans à la Tom Clancy ou au film Lord of War.


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  • Un des questionnements des théoriciens de la Littérature est de savoir d'où vient l'inspiration ! Le poète est-il "guidé par les muses" ou son oeuvre résulte-t'elle d'un travail acharné ? Sans doute un peu des deux ? 5% d'inspiration et 95% de sueur !

    Dans cet optique, il existe un imaginaire de la drogue comme substance capable d'ouvrir les "portes de la perception" et de mener l'écrivain vers une meilleure connaissance du réel ! Ou a contrario de le faire sombrer et de tuer sa création !

    Je vais maintenant vous exposer succinctement les rapports entre drogues et Littérature - à traits grossier certes ! - en me basant sur un dossier du Magazine Littéraire N°542 d'avril 2014 dont je fais ici la synthèse !

    Depuis le XIXème siècle, l'univers des drogues tient une grande place dans la Littérature ! Par un imaginaire produit via le recours aux drogues, la nécessité de s'altérer et aussi par l'image que la littérature donne des drogués - qu'on pense à un exemple célèbre, celui de Sherlock Holmes chez Conan Doyle ou plus proche de nous dans le roman American Psycho de Bret Easton Ellis. La drogue et l'addiction deviennent une figure de récit.

    En 1821, Thomas de Quincey livre son récit autobiographique, Les Confessions d'un mangeur d'opium anglais et son consommateur de laudanum, mélange d'opium et d'alcool. Rappelons que l'opium est alors de consommation courante en médecine et pas encore prohibé ! Cet écrivain est le premier à réfléchir sur les modifications physiques et psychiques occasionnées par les drogues !

    Par la suite, on peut rapprocher d'une expérience de toxicomane les hallucinations de Raphael de Valentin dans le magasin d'antiquités dans La Peau de Chagrin de Balzac. De même, la possibilité de fumer de l'opium en pipe est évoquée dans Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier. Dans les Confessions de Musset, l'auteur semble partir dans un délire, rien qu'à imaginer l'effet du laudanum ! Il est aussi question de haschich chez Nerval dont on sait qu'il finira par se pendre à un réverbère !

    Drogues et Littérature

    Pourquoi les écrivains font-ils usage de drogues ? Pour calmer une douleur morale - chez Cocteau - ou physique - chez Sagan après son accident de voiture ! Aussi pour manifester le rejet des conventions sociales - chez la Beat Generation, Kerouac et Ginsberg, Burroughs aussi ! Mais il existe aussi des écrivains qui revendique la prise de drogues à titre expérimental. Ainsi Aldous Huxley relatera ses tentatives sous mescaline dans Les Portes de la perception ! Chez Michaux, c'est une expérience "par les gouffres " et par le langage !

    Mais se drogue-t'on pour écrire ou bien par ce que l'écrivain, décrivant un réel trop insupportable sur lequel il est très lucide doit prendre des substances psychoactives afin d'oublier ? L'énigme reste entière !

    Dans l'Histoire littéraire, les Surréalistes affirmeront que " le Surréalisme est le carrefour des enchantements du sommeil, de l'alcool, du tabac, de l'éther, de l'opium, de la cocaïne, de la morphine" bien que Breton condamna la drogue avec fermeté dans son exploration du subconscient !

    On peut aussi se demander si Sartre aurait écrit La Nausée si il n'avait absorbé de l'extrait de cactus, la mescaline, suite à quoi il fut hanté pendant des années par la vision de petits crabes ! Il y aurait des drogues pour littéraires et d'autres pour philosophes !

    Dans des temps plus contemporain, c'est une vision moins "romantique" qui apparaît avec notamment l'emphase sur l'addiction et la phase difficile de sevrage - aussi les ravages de la drogue ! Entre temps, ces substances - médicinales au XIXème siècle - ont été proscrites et leurs usages réprimés pénalement ! Dans Mille morceaux, l'écrivain américain raconte, dans  un récit semi-autobiographique sa dépendance au crack et les tentatives de sevrage ! Dans Produit,  Kevin Orr raconte les symptômes du manque ! La drogue exprime alors un rejet du réel et une tentative de fuite !

    On le voit ici les choses ne sont pas si simples et les rapports entre drogues et Littérautre sont complexes et changeant selon les époques !

    A bientôt !


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  • Dans Sido ou les points cardinaux, Colette évoque sa petite enfance, sa mère, "Sido", son père "le capitaine" et ses frères,"les sauvages".

    Cette évocation est emplie de nostalgie, très vivante, colorée et pleine d'amour.

    "Sido" apparait comme une figure mythologique, idéalisée. Elle occupe son jardin, qui peut être comparé à une sorte de Jardin d'Eden.

    Colette parle aussi avec beaucoup de tendresse de son père, le capitaine, deuxième mari de "Sido".

    Elle montre aussi combien l'amour était présent dans cette famille, entre le capitaine et "Sido" et entre les parents et les enfants. Seule la soeur ainée parait un peu à l'écart du clan, mal mariée".

    L'édition que j'ai lue est une vieille édition du Livre de Poche. Elle contient aussi "Les vrilles de la vigne".

    Je reviendrais dans un autre article sur l'auteur. Elle commença sa carrière d'écrivain comme nègre de "Willy" en composant la série des Claudine.

    Elle termina sa carrière en étant élue à l'Académie Goncourt à l'unanimité en 1945.

    Bref, c'est un livre que je recommande à tout ceux qui aiment les écritures délicates et subtiles, émotionnelles mais sans sensiblerie.


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  • Le Clézio : Vérité et légendes - Gérard de CortanzeVous n'êtes pas sans savoir, pour peu que vous suiviez l'actualité , que le Prix Nobel de Littérature 2008 a été attribué à Jean Marie Gustave le Clézio.

    Donc, poussé par la curiosité et un peu honteux de n'avoir encore rien lu de cet auteur, je me dirigeais vers mes bibliothèques préférées (la municipale et l'universitaire) pour tacher de me documenter.

    Hélas, comme par hasard, tous les ouvrages de cet écrivain ont été empruntés par d'autres curieux!
    Néanmoins, je trouvais deux de ces titres : La Quarantaine et Coeur Brule et autres romances.

    Comme le premier est assez volumineux - et que j'ai déja de nombreuses lectures en cours - j'optai pour le second moins épais.

    Je n'en suis a l'heure actuelle qu'aux cinquante premières pages et la lecture me plait. C'est l'histoire de deux soeurs dont l'une est juge et dont on devine que l'autre va tourner mal. Le style est plaisant et efficace!

    En tout cas, pour moi, première bonne impression!

    J'empruntais deux autres ouvrages.

    D'abord une étude par un universitaire (québécois si je me souviens bien), Oog Chung, assez pointu et sur laquelle je ne m'attarderais pas ici : Le Clézio : une écriture prophétique.

    Ensuite une biographie par Gérard de Cortanze dont il sera l'objet ici ou plutôt pour moi l'occasion de donner des repères sur la vie de cet écrivain.

    La famille de Le Clézio a des origines mauriciennes. En effet, un de ses ancêtres, à la fin du XVIIIème siècle s'embarque de Lorient pour cette ile.

    Mais l'auteur a aussi des ancêtres bretons et anglais.

    Il grandit à Nice avec sa mère et son frère, séparé de son père qui est médecin en Afrique. C'est lui, le père qui est anglais.

    L’œuvre de Le Clézio inclut la recherche du père. Comme chez de nombreux écrivains (Voltaire, Camus...), la relation père fils est difficile car le premier est loin.

    Mais l'enfant Le Clézio le retrouvera à l'occasion d'un voyage au Nigéria en 1948, à l'age de 6 ans.

    Finalement le père rentrera en France.

    Très jeune Le Clézio écrit déjà. Plus tard, il se lance dans la carrière d'écrivain.

    Le 18 novembre 1963, il obtient le prix Renaudot pour Le Procès-verbal.

    Le livre de Gérard de Cortanze retrace tout cet itinéraire, en s'attachant sur les thèmes de l’œuvre, une abondante et somptueuse iconographie à l'appui.

    Il est question notamment de la découverte du Mexique puis du Désert

    Je vous y renvoie donc en vous indiquant que l'ouvrage est publié aux Éditions du Chêne.

    PS : A noter que Gérard de Cortanze a aussi publié un ouvrage sur Paul Auster (voir mon article sur Dans le scriptorium).


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  • Le premier homme est un roman inachevé de Camus. En effet, le manuscrit a été trouvé dans sa sacoche, le 4 janvier 1960, date où il trouva la mort dans un accident de voiture.

    Il se compose de 144 pages, d'une écriture parfois difficile à déchiffrer, jamais retravaillé.

    Le roman, en partie autobiographique, sera finalement publié en 1994 chez Folio par Catherine Camus.

      L’œuvretotale de Camus, prix Nobel de littérature en 1957, peut se découper en trois étages :

    D'abord, l'absurde ! Il ne faut pas chercher de significations aux choses. Cette première strate du Camus philosophe est représentée entre autre par L'étranger.

    Le deuxième niveau est la révolte, et cette fois-ci on lira La peste.

    Enfin, le troisième niveau est l'amour et Le premier homme se classe ici.

    Le premier homme est le récit de la recherche du père. Comme Jacques Cormery, Albert Camus n'a pas connu son père, mort durant la Grande Guerre.

    Quand Jacques Cormery quitte l'Algérie pour se rendre à Saint-Brieuc sur la tombe de son père, il se rend compte qu'il a dépassé l'age de celui-ci à sa mort.

    Il va alors interroger sa mère, analphabète, et revenir sur ses souvenirs sur fond de guerre d'Algérie.

    Ce roman est aussi une évocation de la pauvreté. L'enfance de Jacques nous est relatée avec une foule de détails qui donnent un effet de réel et une certaine saveur au texte.

    Ce roman m'a beaucoup touché. C'est peut-être là l'un des meilleurs récits de Camus, le plus authentique.

    Je vous en recommande la lecture , d'autant que l'édition Folio s'accompagne de note sur la genèse du texte qui intéressera tout ceux qui veulent explorer le processus de création littéraire !

    En complément, on pourra lire "Pierre-Louis Rey commente le premier homme d'Albert Camus" (Foliothèque 152)


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  • Paul Auster est un écrivain américain, né en 1947. Une grande partie de ses œuvres évoque la ville de New-York.
    Il a d'ailleurs écrit une trilogie New-yorkaise.

    Dans le scriptorium raconte l'histoire d'un vieil homme, que nous appellerons Mr Blank, qui se réveille désorienté dans une chambre inconnue. Il n'a aucun souvenir de la veille. Des personnes semblent veiller sur lui et lui administrent un traitement - à moins qu'il ne soit leur prisonnier. Sur une table reposent des manuscrits dactylographiés que Mr Blank va lire.

    Ce roman court - 150 pages - est une réflexion sur la littérature et une mise en abyme. Cependant, la fin qui ne dévoile pas véritablement la solution de l'énigme pourra en décevoir certains. C'est toutefois une lecture que je recommande.

    J'ai apprécié ce récit mais, ayant lu également du même auteur Brooklyn Follies, j'ai préféré cette seconde œuvre.

    A bientôt pour d'autres compte-rendus et bonne année 2009 à toutes et à tous !


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  • Jean Echenoz est un romancier français, lauréat du Prix Médicis en 1983 pour Cherokee et du Prix Goncourt en 1999 pour Je m'en vais dont il va être question ici ! Le style d'Echenoz se caractérise par une grande liberté, jouant avec les homonymies, pratiquant le mode oralisant, et son écriture n'adhère pas, par ce fait, à un code défini. Par ailleurs, cet écrivain fait de nombreuses références aux auteurs novateurs du XVIIIème siècle tel Diderot.

    Je m'en vais, paru aux Éditions de Minuit - les éditions du Nouveau Roman ! - est le second volet d'un diptyque formé avec Un an, paru en 1997. Ce second roman - de 1999 - est tout aussi intéressant par le fond de l'intrigue que par la forme ! On y recroise des personnages et des situations du précédent roman ! Pourtant, la lecture de Un an n'est pas indispensable !

    J'ai lu ce roman lorsque j'étais en première année de Lettres modernes comme représentatif d'une certaine littérature contemporaine !

    Ferrer, le personnage principal, tient une galerie d'art dans le IXème arrondissement de Paris. Il est un ancien artiste reconverti dans la promotion des autres artistes. Mais son affaire s'étiole car les temps sont durs ! Il a de plus des problèmes cardiaques et doit éviter les grandes variations de températures !

    Ce personnage a un contact peu reluisant, un certain Delahaye qui lui trouve les "bonnes affaires" et opportunités ! Il fait s'embarquer Ferrer pour le Pôle Nord pour récupérer le chargement de La Nechilik, un bateau échoué sur la banquise qui contient des antiquités lapones fort anciennes. A son retour, l'univers de Ferrer va s'écrouler !

    Ce récit lorgne un peu du côté du récit policier ! Intéressant donc pour l'intrigue - et le dépaysement du Grand Nord ! - mais aussi pour la façon dont le narrateur raconte l'histoire - sans guillemets. On en apprends par le biais de ce narrateur plus sur la vie des héros du récit !

    La fin de Je m'en vais ne constitue pas vraiment une fin mais plutôt un début !

    Pour ma part, j'ai beaucoup aimé ce texte dans lequel on s'immerge assez facilement !

    A bientôt !


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