• Les Renards pâles - Yannick Haenel

    Pour cette rentrée littéraire 2013, Yannick Haenel, qui avait suscité la polémique autour de l'emploi de la fiction dans son Jan Karski, nous revient avec un nouveau roman : Les Renards pâles.

    Avant de vous dire, ce que sont les Renards pâles, je vais brièvement vous décrire la structure du livre qui est en deux parties. Le propos est politique - à l'heure où le politique se désengage - et c'est un propos subtil qui mériterait une deuxième lecture, crayon en main - j'espère toutefois ne pas faire de contresens ici !

    La première partie est le récit d'un narrateur quadragénaire, qui vit en marge, touche les Assedics, et est expulsé de chez lui ! Il vit désormais dans sa voiture, las d'être exploité par le monde des patrons et il découvre l'univers des exclus - de ceux que la société a rejeté à l'issue de la sélection qu'elle pratique insidieusement, ceux-là même qui sont montrés du doigt par les "braves gens". Notre personnage demeure désormais dans l'"intervalle" où l'envers des choses, cette vitre que traversent par exemple les salariés qui se suicident ou ce vide qu'occupent les sans-papiers. A la fin du récit, il brûle ses papiers d'identité et le "je" devient désormais le "nous" en forme de manifeste de la seconde partie, la parole des Renards pâles !

    Car, avec ce roman - qui va plus loin qu'un simple "roman de distraction",- c'est une diatribe en règle contre la société du XXIème siècle, celle qui est en crise et se fissure de partout, qui est livrée, contre ses méthodes de coercition, contre son culte illusoire du travail - à l'opposé de la futilité - et sur les boucs-émissaires.

    Dans ce chaos, cet envers du décor, se place la figure Dogon du Dieu Renard, le dieu du chaos - qui occupe le vide et nous vient du peuple des falaises, d'Afrique comme celle de Belleville. Par lui pourrait bien advenir la révolution, par l'emploi du masque et le refus d'être identifié, fiché et contrôlé ! Masques rituels africains se confondent alors avec celui que portent les Anonymous !

    Un livre qui va bien au delà de la vision simpliste que nous donne les médias des sans-papiers, car ce sont en quelques sorte eux, les Renards pâles !

    De plus, l'ombre de la Commune de Paris, révolution du peuple réprimée par les bourgeois, cette ombre plane sur ce roman !

    J'ai failli placer ce roman dans mes "coups de coeur" mais je le trouve un peu bref, bien que dense !

    Et si vous parcourez les rues de Paris, dans le XXème arrondissement, vous croiserez peut-être la figure de "Godot" sous quelques graffitis !

    A bientôt !

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