• Les Perses - Eschyle

    En Grèce ancienne, le théâtre avait une fonction éminemment sociale - et débordait aussi sur le domaine religieux ! Dans l'Athènes classique, il fallait compter avec trois grands dramaturges : Sophocle, Euripide et Eschyle, spécialisés dans la tragédie, là ou Aristophane l'était dans la comédie. Nous allons maintenant parler de la pièce Les Perses d'Eschyle !

    De ces grands tragédiens, qui ont écrit à eux trois des centaines de pièces, on n'a hélas conservé que très peu de textes ! D'Eschyle, on n'a que sept pièces ! Les Perses  - qui raconte la déroute de l'armée de Xerxés des mains des Grecs - est un de ces morceaux d'anthologie. Ce texte fait partie d'une tétralogie dont on a perdu les autres éléments ! C'est aussi de fait la plus ancienne pièce de théâtre de l'histoire de la dramaturgie que l'on ai conservé (pour l'Occident du moins car je ne sais pas ce qu'il en est en Extrème-Orient ?)

    Au début du Vème siècle avant J.-C., les Cités de Ionie, à l'est de la Grèce, alors sous domination perse, se révoltent contre leurs maîtres mais sont vite ramenées dans les rangs ! Comme elles demandent de l'aide à Sparte puis à Athènes, il s'ensuit un conflit avec toute la Grèce. Les Barbares - comme les désignent les Héllènes - sont menés par Darius puis par son fils Xerxès !

    Les armées des Perses sont innombrables mais combattent de façon désordonnée du fait de leur composition hétéroclite. Les Grecs, eux, ont adopté la Phalange constituée d'Hoplites qui combattent de manière coordonnée à la lance et au bouclier ! Les Guerres médiques, comme on les appelle, culminent dans les années 490 - 480 avant J.-C. L'épisode des 300 au défilé des Thermopiles est connu puis ce furent les victoires grecques de Marathon - sur terre - et de Salamine - sur mer, à dix ans d'écart !

    La pièce d'Eschyle différent en beaucoup de point du récit que donne l'Historien Hérodote de son côté ! Le dramaturge crée ici une œuvre qui pose que le collectif dépasse l'individuel et en dépeignant la souffrance des hommes - en l'occurrence des Perses, l'individu communie avec le groupe dans le grand dessein commun ! L'art donne à Eschyle ici une forme d'immortalité !

    Techniquement, Eschyle est connu pour avoir renouvelé la tragédie, en ajoutant une personne au chœur, en introduisant les masques et les tréteaux.

    La pièce commence avec le chœur des vieillards qui gouvernent l'Empire perse en l'absence du Roi Xerxès parti à la guerre ! Atossa, la mère du Roi entre alors en scène et nous raconte deux rêves qu'elle a fait qui se révéleront prémonitoire : celui de deux femmes-esclaves dont l'une est indocile et rebelle (allégorie de la Grèce - dont on peut peut-être voir une réminiscence dans l'attelage aux deux chevaux du Phèdre  de Platon composé plus tard ?) et l'autre rêve d'un aigle déchiqueté par un épervier !

    Survient ensuite un messager qui annonce la déroute des armées perses, la mort de maints hommes vaillants ! La pièce n'est que cela, récit de la défaite et des pertes, ce qui confère un caractère épique à l’œuvre !

    Puis, le spectre de Darius (Dareios) sort de sa tombe, attiré par les lamentations des vivants, constatant l'afflux de ses anciens sujets en Hadès et il se désole avec les survivants !

    Enfin, dans un dernier temps, c'est Xerxès lui-même qui intervient et fait le même terrible constat !

    C'est par définition un classique et un chef-d’œuvre de la dramaturgie, une pièce très courte mais très intense ! On comprends en lisant - et encore plus en assistant à une de ses représentations modernes (ce dont je n'ai pas eu le privilège !) - ce que pourra être le pouvoir de la catharsis que théorisera Aristote dans sa Poétique, épanchement libérateur ici en action !

    A bientôt !

    « PréambuleMichel Vaillant - Tome 1 : Le Grand Défi - Jean Graton »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :