• Les insoumises - Jean Haechler (4ème partie)

    Continuons la présentation des dix-huit femmes du recueil de textes, Les insoumises  de Jean Haechler avec cette fois comme femme d'exceptions, nous avons Marguerite-Julienne Le Pastour, bourreau de son état;  la scientifique déconsidérée Nicole-Reine Lepaute et la mathématicienne autodidacte Sophie Germain !

    Commençons si vous le voulez bien par Marguerite-Julienne Le Pastour. Une des solutions pour en femme de s'élever socialement dans les anciens temps était de se travestir en homme et c'est ce que fit la demoiselle ! De cette façon, elle s'engagea dans plusieurs armées, pour la France et contre les Autrichiens (elle est née en 1718 - on ignore la date de sa mort car on perdit sa trace ! - donc elle était engagée dans la Guerre de Trente ans !). Elle devait déserter plusieurs fois risquant de lourdes peines !

    Marguerite-Julienne, qui a pris le nom de Henri, toujours travestie en homme, très ambitieuse, va alors briguer la charge de "exécuteur des hautes oeuvres", c'est à dire bourreau, un métier très prisé, prestigieux même sous l'Ancien Régime qui demande un savoir-faire dans l'administration du trépas et un total manque de pitié ! Cette charge est alors exercé par des familles de bourreaux. "Henri" va d'abord seconder des bourreaux, passant par Montpellier puis, sur lettres de recommandations, et toujours sous l'identité d'un homme, exercer la charge de bourreau dans la ville de Lyon, devenant "Monsieur de Lyon". En chemin, elle  ramassé une jeune servante qu'elle fait passer pour son épouse et qui ignore tout de la supercherie !

    Mais cette jeune servante finit par la trahir et la condition de femme de Monsieur Henri est dévoilé ! On hésite alors entre "laisser couler" et une peine exemplaire ! Un certain Noël Roche, laquais du magistrat instructeur, M. de Rochebaron, tombe amoureux de Henri devenue Henriette. C'est ce qui va sauver la mise à Marguerite-Julienne Le Pastour ! Elle devra reconnaitre qu'elle est une femme en devenant Madame Henriette Roche puis révélant enfin son identité Marguerite-Julienne Roche ! Le magistrat instructeur très mal à l'aise dans cette affaire découvrira que l'accusée prenait un plaisir particulier à torturer surtout les femmes dans sa tâche de bourreau (car c'est aussi une des fonctions du métier que de soumettre à la Question, à la torture !). Peut-être Noël Roche avait-il quelques pulsions sadiques !? Le couple se marie, elle a une petite fille et on n'entends plus jamais parlé d'elle !

    En ce qui concerne les femmes scientifiques, beaucoup, qui ont fait d'importantes découvertes dans divers domaines, se sont fait spolier leur mérite lorsqu'elles travaillaient en couple avec un mari savant ! Molière a donné par ailleurs une image très négative des "Femmes savantes".

    Nicole-Reine Lepaute était une mathématicienne, physicienne et touchait à l'ingénierie. Son mari était Jean-André Lepaute, un escroc notoire, qui "faisait des recherches dans le domaine de l'horlogerie", mais qui aimait surtout s'attribuer les découvertes des autres et avait ainsi volé à un certain Pierre-Augustin Caron son système d'échappement pour montres plates ! Mal lui en pris car le jeune Caron fut plus tard connu sous le nom de Beaumarchais et il en couta à Jean-André Lepaute !

    Mais Nicole-Reine fut aussi trompée par le savant nommé Alexis Clairaut, génie des mathématiques, très précoce. Ce mathématicien et Madame Lepaute firent ensemble des calculs très fastidieux et très pointus pour déterminer le moment du passage de la Comète de Halley. Clairaut publia ensuite sa Théorie du mouvement des comètes sans mentionner les contributions de sa camarade afin de ne pas déplaire à sa maîtresse Mlle Goulier, une femme jalouse de nature.

    Mais grâce à un troisième homme, honnête celui-ci, Jérôme Lefrançois de Lalande, jeune astronome, responsable de l'Observatoire astronomique du Palais du Luxembourg, les torts seront partiellement réparés car cet homme fera connaître les mérites scientifiques de Madame Lepaute et collaborera par la suite avec elle, ébloui par elle, notamment dans la rédaction de calendriers avec les positions des astres pour les marins et des Ephémérides. Notre brillante savante sera élu membre associé de l'Académie de Béziers.

    A la fin de sa vie, Madame Lepaute veillera sur son mari, dérangé de la tête et devenu délirant et s'éteindra quelques mois avant lui en 1788.

    Les insoumises - Jean Haechler (4ème partie)Venons en à Sophie Germain pour terminer cet article ! Mais là je vais être plus bref car ai commencé une série d'articles sur les mathématiciens (en commençant par le génial Gauss - avec qui Sophie Germain correspondit !) et donc ferais un article plus détaillé et plus spécifique sur cette autodidacte des maths !

    Sophie Germain est connue comme mathématicienne mais fut aussi physicienne et plus encore philosophe en réalité ! Elle se forme très tôt aux Maths, dès l'âge de douze ans, en passant ses jours et ses nuits à lire des ouvrages de plus en plus pointus de cette discipline. L'entrée à Polytechnique, nouvellement fondée, étant interdite aux femmes, elle n'a d'autres choix que se former elle-même allant jusqu'à apprendre le latin pour lire Newton.

    Notre jeune femme pleine de volonté et doté d'un esprit brillant entre en correspondance avec Joseph-Louis Lagrange, prof à Polytechnique et "l'un des géomètres les plus illustre des temps moderne". Elle lui propose des résultats et des analyses mathématiques mais use pour cela d'un stratagème et signe sa correspondance du nom de "Monsieur Le Blanc" ! Lagrange est ébloui par son excellence dans la discipline et plus encore lorsque la vérité comme quoi elle est une femme est révélée !

    Sophie Germain participera ensuite à des concours mathématiques, s'y reprenant à plusieurs fois (car sa méthode d'analyse a les défauts des autodidactes) mais finira par décrocher les prix ! Un des problèmes concerne la "modélisation mathématique  de la vibration des surfaces élastiques" et la confrontation de la théorie avec l'expérience. Elle s'attaquera aussi au redoutable Théorème de Fermat, resté indémontré pendant 200 ans, où elle fournira des pistes intéressantes mais il faudra encore attendre jusqu'aux travaux d'Andrew Wiles en 1994 pour sa résolution !

    Notre brillante mathématicienne correspondit aussi avec Gauss, d'abord en tant que Monsieur Le Blanc puis en tant qu'elle-même et craignant avec l'avancée des armées de Napoléon que le grand savant ne connaisse un sort à la Archimède, fera tout pour qu'on le mette à l'abri !

    Son oeuvre philosophique, sur la fin de sa vie, alors qu'elle était malade, comporte les Considérations générales sur l'état des sciences et des lettres ainsi que les Pensées détachées, des réflexions pour elle-même ! Mais je reviendrais sur cette femme de génie dans le futur !

    Je vous dis à dans très peu de temps pour la cinquième partie de cette recension détaillée (qui en comptera finalement six !) avec trois autres femmes marquantes !

    A bientôt !

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