• Les insoumises - Jean Haechler (2ème partie)

    Pour ce second billet sur le recueil Les insoumises de Jean Haechler qui dresse les portraits de 18 femmes exceptionnelles, nous allons resté dans les XVIème et XVIIème siècles avec Louise Labé, Catherine de Parthenay et Marie Le Jars de Gournay !

    On sait peu de choses de Louise Labé, c'est du moins ce qu'on m'a dit durant mes études de Lettres. En réalité, on en sait déjà beaucoup ! On sait que c'est une femme de Lettres, très savante et qui fit partie de "l'école lyonnaise" avec Maurice Scève et Pernette du Guillet.

    A une époque où la langue vernaculaire, le Français, allait s'affirmer et connaître ses premières lettres de noblesse, Louise Labé, fille d'un cordier, écrivait de la poésie, genre alors très répandu. Elle est surtout connu pour ça et en réalité son oeuvre est mince en volume.

    Les Elégies de Louise Labé sont son oeuvre la plus célèbre. Avec la mise en avant de la gloire et la figure de l'amante qui se met en avant et se transforme en poétesse pour chanter sa douleur. Mais il y a aussi le rejet de la douleur d'amour et de l'amour dans l'innamoramento ! Et bien sûr la question de l'écriture féminine. Sur l'amour, on lui doit aussi un essai, Débat de Folie et d'Amour, plus encore une œuvre de Théâtre qu'un essai à vrai dire un dialogue et son œuvre qui connut à l'époque le plus rapidement de succès !

    Évidemment une telle réussite poétique fit des jaloux et Louise Labé fut l'objet de calomnies injustifiées. On la disait de "mauvaise vie" pour tenter de la discréditer et on parla même jusqu'à des temps récents d'imposture littéraire, qu'elle n'était pas l'auteure de ses œuvres et serait juste un prête-nom pour un de ses amis ! Quel intérêt pour un homme d'écrire sous le nom d'une femme alors que c'était plutôt l'inverse qui se pratiquait !

    De l'hostilité, Catherine de Pathenay en rencontra beaucoup, jusqu'à la guerre civile et le Siège de La Rochelle ! Cette protestante qui vivait en pleines Guerres de Religion, sous Henri IV, refusa d'abdiquer sa confession et de se convertir au Catholicisme et ce, même jusqu'à un âge avancé !

    Catherine de Parthenay était duchesse de Rohan et avait deux fils, Soubise et Rohan qui menèrent les armées protestantes dans le Sud-Ouest et dans le Midi ! Comme les précédentes femmes que j'ai présentées dans ma recension, elle était une femme de conviction et également fort instruite !

    Le terrible Siège de la Rochelle, une des dernières places-fortes de la Religion Réformée, qui dura de 1627 à 1628 fut un vrai massacre avec quinze milles des vingt-quatre milles habitants de la ville qui périrent de faim dans des conditions atroces, à tel point qu'on dit que la vue de ces affamés, hommes, femmes et enfants, arrachèrent des larmes à Louis XIII au moment de la capitulation ! Doit-on voir vraiment comme un exploit cette entêtement de Catherine de Parthenay, et sa dernière fille Anne, pour leurs convictions au dépens de leurs populations ? L'auteur de l'ouvrage semble trouver cela admirable, moi je suis plus partagé car c'est toujours le peuple qui en fait les frais !

    Enfin terminons avec Marie Le Jars de Gournay, elle aussi très instruite, dans les Lettres, le latin, le grec,... Qui à l'âge de 23 ans devint l'amie de Montaigne qui avait alors dépassé la cinquantaine (55 ans, je crois ? A vérifier ?). L'homme de Lettres Bordelais en fit sa fille par alliance et ils partagèrent un amour platonique !

    Marie avait été transportée par la lecture de la Première Édition des Essais, celle de 1580. Elle allait alors servir de secrétaire au grand homme et contribua surtout à la Troisième Édition, de 1587, puis aux Éditions Posthume, ajoutant des préfaces, des index des auteurs, référençant les citations de la culture antique, ce qui demandait une grande érudition grecque et latine !

    Mais Marie de Gournay, qu'on tenta aussi bien évidemment de salir, en la traitant notamment de "vieille fille" - elle n'était il est vrai pas très belle mais les vraies qualités et la vraie beauté sont intérieures ! Elle composa aussi de la poésie, ainsi que des traités féministes, écrivit ainsi Égalité des hommes et des femmes. Elle prit part aux premiers débats d'alors sur la langue française en s'opposant notamment à Vaugelas. Elle connut les grandes oeuvres de son temps, Corneille avec Le Cid mais aussi Guez de Balzac (à ne pas confondre évidemment avec Honoré, deux siècles plus tard !). Enfin, elle traduisit du latin en commençant par Virgile !

    Ce qu'on sait moins, c'est qu'elle fut peut-être à l'origine de l'Académie Français que créera Richelieu en 1635. En effet, elle tenait "salon" chez elle en une sorte d'Académie ! Pour prendre un anachronisme, on dira qu'elle fut une "Lumière" de son temps ! C'est François de la Mothe le Vayer qui hérita de sa bibliothèque alors qu'elle même avait hérité de celle de Montaigne !

    Voila, je vous donne rendez-vous pour la troisième partie (d'un ensemble qui devrait en compter cinq !?) de cette recension par le menu de l'ouvrage de Jean Haechler et on recommencera notre présentation avec Mademoiselle (de) Maupin et des airs d'Opéra !

    A bientôt !

    « Tous philosophes ? - Jean BirnbaumLes Mythes de Cthulhu - H.P. Lovecraft (1ère partie) »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :