• Leçons de sociologie - Emile Durkheim

    Emile Durkheim est le père fondateur de la sociologie française, le terme ayant été des décennies plus tôt inventé par Auguste Comte ! Après la Seconde Guerre mondiale, cette sociologie durkheimienne est tombé en désuétude...

    Mais au début du XXème siècle, Emile Durkheim était la figure d'autorité. Les Leçons de sociologie est un ouvrage qui regroupe dix-huit cours dispensés entre 1890 et 1900. Entrons tout de suite dans le vif du sujet !

    L'objet d'étude de Durkheim dans ces cours est la morale qu'il classifie en plusieurs sous-catégories de morales ! Il y a la morale individuelle, la morale domestique et la morale civique. Et entre ces morales, il y a la morale professionnelle.

    Leçons de sociologie - Emile Durkheim

    Tout acte social entraîne une conséquence qui est l'adéquation de cet acte avec ce qui est permis ou prohibé ! Les actes individuels sont régis par la pression collective. si dans le cas de la morale civique, c'est toute la société qui fait pression avec ses lois, il y par contre autant de morales professionnelles, il y a la morale industrielle or l'économie et l'industrie se développe du temps de Durkheim, au début du XXème siècle et le sociologue constate que les liens entre les sociétés qui forment le tissus économique sont lâches - au grès des contrats et des affaires. L'auteur a conclut à un relâchement de la morale dans la sphère économique qui contamine la morale individuelle des acteurs.

    En résumé, toutes les formes de l'activité sociale ont une discipline sociale qui leur est propre ! La discipline morale empêche l'industrie d'attenter aux intérêts collectifs, la problématique de Durkheim : société contre individus ! Pour Durkheim, la société prime !

    La vie économique relève-t'elle de l'anarchie morale ? En rapport avec la "main invisible" d'Adam Smith, d'un monde qui s'autorégule ! Or les fonctions économiques agissent sur le reste de la vie sociale, sur le bonheur de la communauté sociale. Elles peuvent être sources de conflits or la société recherche la paix. L'économie ne serait productive qu'en troublant la paix sociale.

    Dans le deuxième cours, Durkheim se livre à un long exposé sur les corporations de métier,  actives au Moyen-âge, abolies à la Révolution française mais remontant en fait à l'Antiquité. Ces corporations avaient, au delà des aspects utilitaires, un caractère unificateur : "une grande fraternité régnait dans leur sein". Ce sont donc des milieux moraux ! Elles fixaient des règles de vie.

    A notre époque, dans un troisième cours, Durkheim plaide pour des "corporations nationales" alors que jusque là elles étaient liées à la commune ! Doit-on faire un parallèle avec les !syndicats qui apparaissent au début du XXème siècle ?

    Après la morale individuelle, la morale familiale et professionnelle, dans les cours suivants, Durkheim se penche sur la morale civique qui est en rapport avec le groupe politique : l’État. Or qu'est-ce qu'une organisation gouvernementale ? Ce n'est pas comme on a pu le croire en lien avec un espace, un territoire, mais c'est en réalité un ensemble qui lie entre eux plusieurs groupes secondaires, des familles, des corps de métier, etc,.  Durkheim réfute en passant le modèle.. de la société patriarcale que rien n'atteste historiquement.

    Notre auteur pose ensuite que tout un ensemble de mythes, de légendes, une sorte de "conscience collective" parcourt la société des gouvernés mais que dans le même élan, les gouvernants - l’État - génère aussi une pensée, une conscience - dont il est précisément le plus conscient. L’État pense et l'administration exécute.

    L’État est le garant des droits  de l'individu. Il a toutefois, note Durkheim d'autres rôles à remplir ! Le culte de la Cité, en rapport avec le religieux, le besoin pour l’État d'accroître son propre prestige est historiquement important ! Mais la vie individuelle a pris de plus en plus d'importance ! Les individus  deviennent des fins et non plus des moyens pour la gloire du collectif ! Culte de la cité et culte de l'individu !

    Par ailleurs, l’État concentre son action sur l'"intérieur" et délaisse peu à peu l'"extérieur" et la guerre. Une manière de réconcilier patriotisme et cosmopolitisme ?

    Durkheim rappelle ensuite la classification des régimes politiques en monarchie, aristocratie et démocratie - d'après Aristote et aussi Montesquieu qui les classe en fonction du nombre de gouvernants. Le père de la sociologie ajoute qu'en démocratie, le peuple réfléchit sur les décisions des gouvernants, réflexions qui réagissent en retour sur les milieux gouvernementaux - ce qu'on a appelé au XVIIIème siècle, la naissance de l'opinion publique ! C'est ce critère, pour Durkheim, communications entre gouvernants et gouvernés, champ d'action de l’État, qui est pertinent plus que le nombre des gouvernants !

    L’État est capable d'agir parce qu(il a conscience de comment est la société. Et à l'avenir, la sociologie, que fait Durkheim et son école, doit le renseigner pour guider l'action de l’État !

    La réflexion et l'esprit critique caractérisent les démocraties modernes. Il y a toutefois nécessité d'intermédiaires entre les gouvernants et le peuple - sans interrompre la communication !

    Comme intermédiaires, Durkheim pressent une fois de plus les corporations de métier  plus que les collectivités locales ! Il propose un modèle d'organisation politique démocratique ! Ces organes secondaires empêchent en outre l’État de tyranniser les individus !

    Dans son dixième cours, Durkheim étudie un devoir moral qui ne dépends pas de groupes, ni de la famille, de la corporation, ni de l’État : l'interdit de l'homicide ! Je ne m'attarderais pas sur ce point mais disons que l'homicide a régressé à la période moderne car la valeur de l'individu a augmenté et les motifs qui poussaient au meurtre ont reculé car ils étaient liés au sentiment du collectif (défense de la religion,de la nation, de l'honneur d'un clan, etc,...) ou encore liés au "niveau passionnel de la vie publique" !

    Puis vient encore un cours sur un autre de ces devoirs moraux "indépendants", celui qui a trait aux attentats contre la propriété - ce qui pose la question de la propriété. Passons...

    Trois leçons sont consacré à la propriété qui en montrent notamment le caractère sacré dans l'Antiquité ! Le sol est en effet peuplé de "principes divins" et pour se l'approprier, il faut procéder à une cérémonie sacrificielle qui se reporte sur la périphérie du champ : les termes. Ces principes religieux ne sont que l'expression métaphorique de réalités sociales qui les sous-tendent !

    Durkheim termine sur le droit contractuel et repose que le culte de l'individu a à voir avec la propriété ! Et là encore les formules juridiques ne sont qu'un succédané du formalisme religieux. Le contrat est ce qui lie deux volontés. Par la suite, il devient plus flexible, loin du contrat solennel. C'est le contrat consensuel !

    Il est ensuite question de morale contractuelle et de droit contractuel - ce qui nous conduit au contrat équitable.

    Ces leçons se concluent  en effet sur la dix-huitième leçon qui traite du contrat équitable, établi sans aucune pression manifeste. Il est aussi évoqué en conclusion le problème du déséquilibre entre riches et pauvres, accentué par les héritages. A l'époque moderne, comme l'a montré Tocqueville, le besoin d'égalitarisme est fort et c'est sur cette problématique que Durkheim termine ici ses/ces dix-huit leçons très érudites !

    A bientôt !

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