• Le vieux qui lisait des romans d'amour - Luis Sepulveda

    Partons cette fois pour une destination exotique, le Pérou et la forêt amazonienne et le petit village d'El Idilio, dans ce roman de Luis Sepulveda, Le vieux qui lisait des romans d'amour, en 1992.

    Le Vieux qui lisait des romans d'amour - Luis SepulvedaLe roman raconte l'affrontement entre un homme, Antonio José Bolivar, et un ocelot et fait à cette égard penser à Le vieil homme et la mer d'Ernest Hemingway. Pourtant le propos est différent et il ne s'agit pas ici de lutter contre l'adversité que de protéger la nature des ravages de l'homme ! De plus, le héros de Sepulveda, rompu aux techniques des "sauvages" est moins démuni que le personnage d'Hemingway !

    Ce roman reçu un très bon accueil à sa sortie remportant aussi bien le prix populaire des Relais H que l'élitiste Prix France Culture ! Il est vrai que le récit résonne avec des combats de l'époque, le chef Raoni, le chanteur Sting et la défense du poumon de la planète, l'Amazonie.

    Mais l'Amazonie, ce ne sont pas que des millions d'espèces végétales et animales méconnues mais aussi des peuples indigènes qui possèdent un savoir - par exemple médical - et des traditions, des légendes uniques, vivant en harmonie avec la Nature.

    Ce savoir, l'auteur, Luis Sepulveda, ami de Chico Mendes, le grand partisan de la cause écologiste assassiné par des crapules, le connait bien ! Né au Chili en 1949, emprisonné puis contraint à l'exil sous la dictature Pinochet, il a parcouru l'Amérique latine et vécu en Amazonie parmi les indiens Shuars - dont les Jivaros sont la forme "corrompue" au contact des Espagnols ! Le héros du roman a suivi une trajectoire similaire. Ayant atteint le Chili, Antonio José Bolivar se lie avec les autochtones Shuars et apprends d'eux les "règles" innombrables et complexes de la forêt.

    Cela va lui servir le jour où une ocelot - dont un gringo a tué les petits - laisse une trace sanglante, faite de colons éviscérés sur ses pattes ! L'antipathique et imbécile maire d'El Idilio -la Limace - recourt au service du "Vieux" pour traquer l'animal !

    Ce récit est teinté d'exotisme, de descriptions précises et authentiques ! Mais ce n'est pas un exotisme raffiné fait de colliers de fleurs et de Ukulélé mais de cadavres dévorés par les vers et de squelettes nettoyés par les fourmis ! La mort, la puanteur, la corruption des Blancs, la malaria rôdent !

    Ce roman est un plaidoyer pour appeler à respecter la Nature, à sauvegarder des savoirs ancestraux qui risquent de disparaitre, entrainant notre propre disparition ! Ce roman date de 1992 mais son propos n'a jamais été aussi actuel !

    Donc tant sur la forme que sur le fond, Sepulveda fait mouche !

    Et les "romans d'amour" me direz-vous, c'est le secret du "Vieux", il aime lire les romans d'amour. En fait, c'est pratiquement le seul autre accès - biaisé - qu'il a -avec son quotidien dans la jungle et, à El Idilio - avec la Nature Humaine ! Or ce dépaysement par les livres ne coïncide pas avec la cruauté des colons. C'est en quelque sorte un contrepoint narratif et un élément comique !

    Excellente - mais courte et intense ! - lecture !

    A bientôt !

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