• La Technique et le Temps - Tome 2 : La Désorientation (1ère partie) - Bernard Stiegler

    La Technique et le Temps est la grande somme de Bernard Stiegler qui devait comporter 6 ou 7 tomes mais n'en a que trois. Le décès prématuré du philosophe à l'été 2020 a hélas interrompu cette oeuvre. Nous allons nous intéresser présentement au Tome 2 de ce corpus, tome intitulé "La Désorientation".

    Stiegler commence par faire un rappel de l'évolution de l'écriture, des pictogrammes à l'écriture alphabétique des Phéniciens en passant par l'écriture phonologique.

    La technique/l'écriture en l'occurrence, va plus vite que la société et produit un effet de sidération qui conduit au concept cher à Stiegler de "redoublement épokhal" ! La société va s'adapter à ces nouveaux outils comme elle le fera par la suite avec l'imprimerie puis le numérique et internet.

    La Technique et le Temps - Tome 2 : La Désorientation (1ère partie) - Bernard Stiegler

    Mais surtout, c'est l'écriture qui inaugure la scientificité de l'Occident.

    Stiegler analyse donc Barthes pour la photographie et Bottero pour l'écriture et en tire des notions proches.

    Dans le chapitre suivant, le chapitre 2, Stiegler écrit que "c'est le déterminisme de l'individu qui pose son inscription dans le groupe ethnique qui constitue un "déjà-là".

    Le groupe ethnique suppose et rabaisse l'individualisme via l'écriture et la technique.

    Pendant des siècles, le quotidien des hommes a été immuable. Mais depuis le XIXème siècle, le temps s'est accéléré et est apparu la notion de progrès ! Avec l'Ere scientifique et industrielle, tout est devenu changement et l'homme (le qui) est désormais dépendant des objets, ses prothèses (le quoi).

    Le qui et le quoi sont dans une relation transductive écrit Stiegler et les systèmes de communication - depuis l'écriture, l'imprimerie, la radio, la télé, en passant par le cinéma et jusqu'à l'informatique et internet, n'ont cessé d'évoluer pour s'adapter aux changements induits par l'explosion de l'industrie. L'Homme est dépendant de la technique et de la technologie qui constituent sa mémoire  épiphylogénétique, autrement dit son héritage !

    La faute à Epiméthée qui n'a pas doté l'Humanité selon le Mythe ! L'Humain est donc dans un état de "désorientation" car le social , la société, n'arrivent plus à s'adapter à la technique car cette dernière avance trop vite ! Le "redoublement épokhal" ne peut plus se produire et on est "sidéré" ! Stiegler analyse ceci au début  dans les 4 chapitres du tome 2 de La Technique et le Temps s'intitule "La Désorientation".

    Stiegler explique ensuite que ce qui nous inscrit dans l'historialité, c'est la présence du déjà-là, les objets déjà présents bien avant notre naissance dont les récits des Historiens où les photographies ne sont qu'une petite partie. On revient à la question des traces hypomnésiques, des documents et de l'écriture orthographique qui dit aussi le Droit !

    Stiegler s'appuie sur La Chambre claire, ce texte de Roland Barthes où le sémiologue est frappé par la photographie de sa mère alors décédée qui revient comme un spectre, figure du passé pourtant présente à travers la photo ! Rapport entre studium (le spectateur via la photo - la culture) et punctum (la photo qui touche le spectateur).

    Il y aurait beaucoup à dire sur La Chambre claire mais nous y reviendrons  le jour où j'analyserais l'oeuvre de Barthes.

    L'Homme prend conscience de son "je" lors du stade du miroir mais par la même aussi de son incomplétude et de sa néoténie ! La photographie et le cinéma sont échos là où le miroir est Narcisse et Pandore. Finalement, l'homme recours aux prothèses et le qui se  révèle dans le quoi qui porte aussi l'historialité du quoi.

    La technique est en fait une pensée du temps.

    Ave l'écriture, apparaissent l'Histoire, le Droit, la Poésie, la Philosophie, la Science, la Religion... Elle se veut exactitude et a une visée communautaire. Mise par écrit, la loi ne peut plus être ignorée. De plus, ceci ouvre à l'interprétation, à l'herméneutique et à la glose.

    Enfin,  lorsque je lis un texte de Platon, sauf feinte, j'accède à la pensée  de Platon.

    L'écriture raconte notre passé  et quand nous nous réapproprions les théories mathématiques, nous les réactualisons.

    Et l'écriture conduit aussi à l'autonomia, le citoyen éclairé. La prothèse est déjà là qui nous inscrit dans le temps,  le qui. Nous poursuivrons cet exposé dans la seconde partie !

    "Défi Lecture N°15".

    A bientôt !

    « Code Zéro - Ken FollettFriends - Saison 7 »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :