• La Possibilité d'une Île - Michel Houellebecq

    La science-fiction reste un genre majeur pour Michel Houellebecq et l'auteur des ​Particules élémentaires ​- qui décrit une société moderne désabusée dans ses romans, s'y est essayé !

    La Possibilité d'une Île - Michel HouellebecqLa Possibilité d'une Île, paru en 2005, s'inscrit dans ce genre et se situe dans une ère lointaine, un millénaire après le XXIème siècle dans un monde post-apocalyptique et crépusculaire ! La Secte des Elohims, inspirée des Raéliens, qui prône l'immortalité par le clonage, s'est imposée au détriment des Religions du Livre ! Le génome humain a ainsi​ été modifié et les individus survivent désormais grâce à la seule énergie solaire.

    L'Homme, vu comme une "machine", a également été perfectionné sur le plan spirituel. Il ne ressent plus les sentiments, la peur, la souffrance, l'amour, le désir et la sexualité et s'est en quelque sorte déshumanisé ! On peut bien parler de post-humains à propos de cette Humanité ! L'état d'ataraxie cher à Epicure, est atteint !

    A la cinquantaine, les Elohimites, qui vivent individuellement dans des bunkers, mettent fin à leur vie volontairement et lèguent un échantillon de leur ADN et le journal intime de leur existence. Le récit se construit alternativement autour de l'histoire de Daniel 1, avatar de l'auteur, et les commentaires de ses clones, particulièrement Daniel 25.

    Daniel 1 vit au XXIème siècle et est une sorte de cynique désabusé, comique de profession, provocant et nauséeux, entre Dubosc et Dieudonné, croquant la société à la manière d'un balzacien. Il livre un constat acerbe sur ce monde en fin de parcours ! Mais Daniel a une faiblesse : le besoin d'amour. Il épouse Isabelle, une femme intelligente qui lui donne l'amour mais non la satisfaction sexuelle. La beauté de sa femme s'étant fanée, ce matérialiste la quitte pour une jeunette de 20 ans, Esther, pour qui cette fois il ressent du plaisir sexuel mais pas de sentiments, comme si les deux, amour et sexe, s'excluaient !

    Lorsqu'Esther quitte Daniel, il fait une tentative de suicide et ne trouve consolation que dans la promesse d'immortalité des Elohimites, dont l'auteur dresse un portrait étrangement bienveillant !

    Dans ce roman, Houellebecq nous peint en "éternels adolescents insatisfaits", des ​Kidultes, ​qui refusent la vieillesse et la souffrance ! Le terme de cette vie étant la mort, inévitable, auquel on ne se résigne plus ! Ce roman est une satire impitoyable avec des scènes de sexe décrites avec la crudité des films porno ( c'est la caractéristique de Houellebecq : il peut vous faire un exposé sur la Théorie des Cordes et trois pages plus loin vous décrire une "branlette dans les rideaux" !), le sens de la formule qui frappe, les développements scientifiques précis donc, des analyses de sociologues empruntées à Marcel Gauchet, Marc Augé et Gilles Lipovetsky, des résumés d'articles de Science et vie ou de Wikipédia sur le clonage et la cybernétique. Le tout avec la bonne dose de provoc chère à l'auteur ! Ereintement du "moralement correct", parodie de "beauf attitude" !

    Le roman qui verse parfois aussi dans le lyrisme est loin d'être le meilleur roman de Houellebecq, néanmoins, moi, il m'a convaincu. Il confirme la cohérence des orientations littéraires et des thématiques de son auteur, sa vision pessimiste du monde contemporain, ses peurs, ses misères et ses vaines espérances, ses faux-semblants aussi !

    A bientôt !

     

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