• Ex-libris eroticis - Tome 1 - Massimo Rotundo

    Un ex-libris érotique est un tiré à part destiné aux livres licencieux ! C'est aussi le nom d'une série de bandes-Ex-libris eroticis - Tome 1 - Massimo Rotundodessinées érotiques, Ex-libris eroticis - dont chaque album compile des récits courts sans lien entre eux - de Massimo Rotundo.

    Présentons d'abord l'auteur, Massimo Rotundo,  artiste italien qui s'inscrit dans la veine d'un Milo Manara ou d'un Magnus ! Il est né à Rome en 1944 et a fait l'Académie des Beaux-Arts dont il conserve un pseudonyme de peintre, Max Grecoriaz. Il fait ses débuts dans la BD en collaborant à Lancio Story et Skorpio, deux hebdomadaires pas à proprement parlé versés dans l'érotisme mais néanmoins avec de belles pin-ups en couvertures !

    Rotundo apporte très tôt une touche de sensualité féminine dans ses BD. il se fait remarquer avec la publication de Il Pescatore - Le Pêcheur de Brooklyn - dans le prestigieux mensuel de BD, Orient-Express, en 1983, sur un scénario de Ricardo Barreiro - et traduit et publié en France par Glénat ! Ce premier succès est destiné à un public adulte et est bien dans l'esprit des années 1980, de RanXerox  ou de Judge Dredd, avec une humanité qui a atteint le point de non-retour, écologique, politique et social Son héros pêche des crocodiles mutants dans la baie de New York pour nourrir sa femme Marilyn.

    Parmi les autres œuvres de Rotundo, à la même époque, on a Il Detective senza nome, un polar en noir et blanc au temps de la Prohibition, écrit par Luigi Mignacco, jeune scénariste des publications Disney ! Là encore traduit en France sous le titre Pas de pitié pour le privé chez L’Écho des Savanes ! Il y eut aussi un récit rétrofuturiste, scénarisé par Giuseppe Ferrandino, I Padroni del silenzi - Les Maîtres du silence, en 1985 pour le mensuel Comic Art !

    Rotundo passe ensuite à l'érotisme à proprement parlé avec sa série - toujours pour Comic Art et toujours avec Ferrandino, en 1987, intitulée Sera Torbara. Cette série est publié en France par le groupe Dargaud mais  Georges Dargaud vend alors sa maison d'édition au groupe Ampère, qui en raison de son militantisme catholique, retire vite fait la série de Rotundo - ainsi que la Druuna de Serpieri ! - de son catalogue !

    Voici venir ensuite les Ex-libris eroticis ! Ces albums contiennent des récits courts qui évoquent les curiosa, les anciens romans de pornographie clandestine ! L'ex-libris, apposé dans un livre indique qui est son propriétaire et augmente potentiellement sa valeur !

    Le premier tome d'Ex-libris eroticis contient cinq nouvelles érotiques ! Celle qui ouvre le recueil porte le même titre que l'album et est une sorte de mise en abyme où un collectionneur d'images érotiques - tandis que sa femme le trompe ! - contemple les nombreuses estampes et vignettes qu'il possède ! D'une certaine façon, l'épouse infidèle se mêle aux personnages des images et se confondent ! On a des références par ailleurs à des artistes japonais, Kitagawa Utamaro et Suzuki Harunobui, tous deux de l'époque Edo connus pour leur "mages du monde flottant" ! Une allusion aussi au Français Edouard Henri-Avril, artiste de la seconde moitié du XIXème siècle, aussi spécialisé dans la gravure érotique et qui a illustré Salammbô de Flaubert et Gamiani ou deux nuits d'excès, un roman licencieux de Musset ! Enfin, le collectionneur a les traits de - et manie un ouvrage de -  Gabriele d'Annunzio, en un hommage appuyé !

    Ex-libris eroticis - Tome 1 - Massimo RotundoDans le second récit, "97 promesses d'amour", il est question d'une femme frigide et de zoophilie !  Mademoiselle Halebas " a quitté Montbéliard" pour un lieu retiré et veille à l'éducation de ses trois nièces qu'elle confie à Mademoiselle Marguerite, une jeune institutrice qui a un fort penchant pour les amours saphiques et va "initier"/ pervertir selon le point de vue les trois jeunes demoiselles ! Mademoiselle Halebas sévit et fait prendre l'institutrice par son danois, doté "d'attributs si impressionnants qu'ils auraient fait envie à un homme" ! Marguerite va ensuite se venger en découvrant le secret de la femme frigide et en utilisant à son tour le chien qui va délivrer à sa maîtresse les "97 promesses d'amour" !

    Le récit suivant , "Gymnase audace" contient peu de bulles et se déroule, comme son titre l'indique, dans un gymnase où une jeune femme vient trouver le couple de professeurs de gymnastique pour une longue séance de bondage où s'enchaînent les positions et les postures les plus improbables !

    La quatrième histoire, "Sens de l'observation" raconte l'existence d'un jeune homme qui se passionne précisément pour l'observation celle de ses contemporains, pour la botanique, pour la photographie érotique ou pour la pratique de la lunette astronomique ! Mais Miro ne fait pas que regarder les étoiles car il mate aussi en cachette sa belle voisine d'en face dont il est secrètement amoureux ! Hélas, il découvre que celle-ci a un amant - ce qui déplaît aux deux frères de la belle qui ont jurer à leur père sur son lit de mort de protéger l'honneur de leur soeur, et savent jouer du couteau !  L'amant finit par être trucidé par les deux gars et Miro forcé d'épouser la belle pour sauver l'honneur de celle-ci ! Ce qui ne lui déplaît pas au fond !

    Tous ces récit,vous l'aurez remarqué, se déroulent dans la seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème siècle ! C'est encore le cas du dernier récit, "28 centimètres" (mais de quoi s'agit-il ?) qui, outre qu'on y croise vite fait Marcel Proust, mets en scène un jeune Pablo Picasso, désargenté, dans sa "Période Noire" et dont, au début du récit, n'arrive pas à vendre ses toiles, à Madame Gregoriaz, une bourgeoise qui trouve obscène ses représentations de taureaux possédant des femmes, dans un style cubique ! Mais Picasso, qu'on savait très porté sur la chose, aura sa revanche car la bourgeoise obtue a vent de l'existence d'un certain "Minotaure", un homme aux forts attributs virils, au masque de taureau et qui sait honorer ces dames ! Madame Gregoriaz aura recours au service de cette "bête" dont l'identité la surprendra ! Vous aurez évidemment compris de qui il s'agissait !

    Tout cela est paru aux Éditions L’Écho des Savanes et chez Albin Michel donc ! Ces histoires ont été prépubliées à l'origine, en Italie dans la revue Diva, dans Playmen, puis dans Blue ! Lors de la parution en France, à l'époque, en 1987- 1988,  L’Écho et Albin Michel étaient dans le collimateur de la censure derrière Charles - " La Pudeur" - Pasqua, ministre de l'Intérieur et son "exposition de l'horrible" ! On mis alors les revues sous plastique et on y adjoignit des autocollants " plus de 18 ans" ! La censure a un peu reculé depuis - notamment avec internet ! - mais peut toujours faire son retour à tout moment ! Restons vigilants contre ceux qui veulent limiter - au delà même du plaisir des autres ! - la liberté d'expression !

    A bientôt !

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