• Esthétique et métaphysique - Arthur Schopenhauer

    On a souvent parmi les étudiants en Philosophie l'image d'Arthur Schopenhauer comme un Philosophe pessimiste voire misanthrope qui n'aimait que son caniche ! Il n'en reste pas moi que pour moi c'est un de mes philosophes préférés. Son maitre ouvrage - qui inspira Nietzsche - est Le monde comme volonté et comme représentation  qui ne rencontra de l'écho que sur le tard.  Mais ici je vais vous parler des trois petits essais de Esthétique et métaphysique qui fait partie de l'ensemble plus vaste qu'est Parerga et paralipomena,  publié en 1851 et qui reprend des concepts de son oeuvre maitresse.

    Pour Schopenhauer, il y a deux choses dans le monde, la Volonté d'une part et la Représentation d'autre part. La Volonté est la véritable essence derrière les choses et elle n'est pas connaissable, elle demeure cachée et insondable et selon mon interprétation elle préfigure un peu les concepts vitalistes que défendra plus tard un Bergson  - ou encore le "vouloir vivre" de Nietzsche.

    La Volonté mène le monde et s'instancie objectivement dans les idées, les êtres et nous-mêmes. Elle est notre part subjective. La Volonté se montre dans la représentation qui est sa manifestation, découle d'elle mais elle, elle demeure inatteignable !

    Dans le premier essai, Schopenhauer se penche sur le destin, le fatum et la Providence ou pour le dire autrement sur le contingent et le nécessaire. La Volonté rend-t'elle le monde nécessaire ? Tout découle de la causalité qui découle de la Volonté et l'Homme court vers son malheur dans une vie de souffrances. Ce n'est pas le bonheur qui constitue la positivité mais la souffrance, le bonheur est une circonstance par défaut.

    Ce premier essai a pour titre : " Spéculation transcendante sur l'apparente préméditation qui règne dans la destinée de chacun" où notre auteur démontre qu'on ne peut prédire l'avenir car si la Physique fait effectivement des prédictions sur le monde - en fonction de lois qui découlent du général et de l'universel, l'astrologie ne saurait faire de même car elle s'intéresse aux destins singuliers et nulle loi ne peut être tiré du singulier.

    Le second essai porte sur la question du génie. Il s'intitule " Pensées se référant sous tout rapport d'une manière générale à l'intellect". On peut voir aussi cette essai comme un traité de psychologie avant la fondation véritable de cette discipline par Wundt et confrères. Schopenhauer y mentionne notamment les mécanismes de la mémoire.

    Qu'est-ce que l'intelligence ? Et qu'est-ce par rapport à la Volonté ? Il y a l'intelligence pour les choses communes et le surplus d'intelligence qui n'est véritablement pure et objective que quand elle est dégagée de la Volonté et du subjectif.

    Schopenhauer dresse une ligne de partage entre les gens du commun, engoncés dans leurs affaires triviales, obéissant à leur ventre et ne s'intéressant qu'au négoce et aux choses matérielles et les génies - qui sont rares - et flottent un peu dans l'éther de l'esprit, ont une vision claire et parfaite du monde et sont désintéressés. Le génie n'oeuvre pas pour la postérité et il offre son savoir à l'Humanité qu'il fait progresser, savoir qu'il ne tient de personne. Je vous laisse deviner où Schopenhauer se situe en sous-texte ?

    Le troisième et dernier essai, " Esthétique et métaphysique du Beau" parle d'arts et Schopenhauer y expose ses idées sur la peinture, la sculpture, l'architecture, la musique (dans des pages très savantes qui dépassent de loin mes compétences en la matière), l'opéra, le drame, le roman, l'Histoire et même brièvement la mode et le journalisme. Certaines considérations sur les artistes rejoignent celles du deuxième essai sur les génies.

    De manière générale, Schopenhauer semble regretter les artistes de l'Antiquité, les Anciens, et pense que l'art contemporain, l'art de son époque n'est que décadence ! C'est un constat qu'on retrouve à beaucoup d'époques chez beaucoup de critiques.

    Voilà pour cette bref présentation ! Livre très intéressant, pas très épais, parfait pour la culture philosophique en attendant de se pencher dans les 2 gros tomes du Monde comme volonté et comme représentation.

    A bientôt !

     

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