• Assommons les pauvres ! - Shumona Sinha

    Sous ce titre emprunté à un poème de Baudelaire, Assommons les pauvres !, il y a un roman de Shumona Sinha, auteure d'origine indienne, également connue pour sa poésie en bengalie primée.

    Ce court roman est la rencontre de deux mondes et tourne autour de ceux que l'on nomme -souvent avec mépris - les "immigrés clandestins". La narratrice est une interprète -qui a réussi il y a longtemps à s'intégrer en Occident - et qui fait le lien entre ce monde de pauvreté, ces terres couleurs ocres où rien ne pousse qui permettrait d'assurer la subsistance et notre société moderne hyperconsumériste et individualiste, marquée elle par une nouvelle forme de barbarie qui consiste à refouler la misère, du moins à ne pas vouloir la voir !

    Notre narratrice en vient à se demander qui dirige depuis les coulisses ce théâtre d'êtres humains, marionnettistes ou marchands d'hommes, versés dans l'illégalité mais possédant également des vitrines publiques, des sociétés légales dont les immigrés pourvoient à la main d’œuvre bon marché !

    Le livre pourrait donner dans le misérabilisme - et on a effectivement toute l'ordure du monde - mais allège son sujet par l'humour, un humour légèrement décalé. en effet, nos marchands d'hommes fournissent aussi des récits aux paysans en partance pour une vie meilleure et les agents de l'immigration font souvent face à des histoires décousues, incohérentes voire totalement délirantes ! La narratrice reconnait, à sa grande honte, avoir envie de rire dans ces moments là. Peut-être pour mieux se libérer d'un poids !

    Car notre "héroïne", au début du roman, agresse un clandestin avec une bouteille de vin. La barbarie du monde moderne la gagnerait-elle ? Des chapitres sur sa vie sentimentale et sexuelle montre aussi la perte du sentiment amoureux chez elle, perte du désir de l'autre, de l"empathie, de l'estime de soi, à trop côtoyer la misère et l'indifférence face à celle-ci !

    Du point de vue stylistique, on sent la verve poétique de l'écrivaine et j'ai été notamment frappé par la récurrence des champs lexicaux relatifs aux éléments : eau (la pluie, la mer), feu, terre (la boue), l'air (le ciel)... Il serait intéressant de se plonger dans sa poésie pour voir si il y a là une constante de procédés ! A côté de cela, il y a l'Occident aseptisé fait d'ordinateurs et de formulaires !

    Bref, un bon roman, qui décille le regard, au propos politique mais pas seulement...

    A lire pour apprendre la tolérance !

    A bientôt !

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