• Je vais maintenant déguster ma petite madeleine de Proust personnelle !Les Aventures d'Alix - Jacques Martin

    Les aventures d'Alix ont accompagné mon enfance, entre 7 et 10 ans. En effet, mon grand-oncle Alain P. qui est un passionné d'Histoire m'avait offert quasiment tous les albums d'Alix parus à cette époque jusqu'à 1983. Il y en avait un qui m'avait fait plus forte impression que les autres - et qui est d'ailleurs reconnu par les fans de Jacques Martin comme l'un de ses chef d'oeuvres, à savoir Le Dernier Spartiate !

    La série Alix - qui compte à ce jour 31 albums par Martin et ses continuateurs (plus les Voyages d'Alix et Alix Senator) - débute en 1948 lorsque son auteur (scénariste et dessinateur) Jacques Martin (à ne pas confondre avec l'animateur télé des dimanches d'Antenne 2) propose une page de test sur un héros de l'antiquité, Alix, à Hergé. Dans l'urgence, il doit ensuite réaliser dix pages de plus car l'essai est concluant ! Ainsi commence l'aventure Alix !

    Si Martin est aussi connu pour ses séries Lefranc, Jhen ou Orion, Alix demeure son personnage le plus emblématique !

    En tant que dessinateur, il est un partisan de la "ligne claire". Ses panoramas - en particulier les vues d'ensembles architecturaux - fourmillent de détails visuels ! Au niveau du scénario, le récit est toujours habilement mené, complexe et subtil mais lisible en même temps. C'est à ne pas s'y tromper un maître de la narration qui excelle dans la nuance et dont les personnages ont des failles !

    Son travail s'appuie par ailleurs sur une abondante documentation historique (qui donnera lieu aux Voyages d'Alix avec des historiens !) : ensembles urbains, costumes, objets, armes, marines antiques, coutumes... Tout est minutieusement scruté ! A ce titre, les albums d'Alix - dont l'action se situe pendant la Guerre des Gaules et la rivalité entre César et Pompée en 50 avant JC - ont été accaparés par les instituteurs et les professeurs de collège pour illustrer leurs propres cours.

    Le cadre est donc la Rome antique de César (qu'Alix va croiser à plusieurs reprises !) et les personnages, le jeune adulte Alix, son compagnon - qui s'avérera être un prince égyptien, l'adolescent Enak (avec lequel Martin élargit le cadre spatial à l’Égypte) et le méchant récurrent le Grec Arbacès.

    Dans les dix-sept premières années de la série, Martin met du temps à livrer ses albums mais sa production s’accélère dans les années 1980 (avec quasiment en dix ans autant d'albums que les deux décennies précédentes !). Puis, sur le tard, il devient peu à peu aveugle et cède la main à Moralés, Henniquiau, Hervan, Simon, Ferry, Nénanzi, Maingoval et Weber. Martin meurt le 21 janvier 2010 à l'âge de 88 ans. Alix lui a survécu jusque dans sa dernière incarnation, par Valérie Mangin, dans une série plus crue avec un Alix vieillissant endeuillé d'Enak, dans Alix Senator.

    Alix est une série à (re)découvrir, qui ne se résume pas -comme le pense ses rares détracteurs à une homosexualité latente entre ses deux protagonistes principaux (on fit le même procès à Batman et Robin !) mais aux récits bien menés et aux dessins très riches !

    Pour ma part, j'ai fait l'acquisition récemment de l'intégrale en 57 volumes des Aventures et des Voyages en librairie à l'initiative d'Hachette.

    Vini, vidi, vici !

    A bientôt !

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  • Nous avions laissé Freud au commencement du XXème siècle alors qu'il publiait L'interprétation des rêves.Vie de Sigmund Freud - II - La naissance de la psychanalyse

    Très vite, il va regrouper un petit cercle autour de lui. En effet, en 1902, il fonde la Société psychologique du mercredi, avec notamment Alfred Adler et Wihelm Stekel. En 1905, il publie Trois essais sur la théorie de la sexualité.

    La psychanalyse va prendre de l'ampleur ! En 1908 se tient le Premier Congrès de psychanalyse à Salzbourg en Autriche avec quarante-deux participants venus de six nations.

    Les théories de Freud vont se faire connaitre jusque de l'autre côté de l'Atlantique et en 1909, il voyage aux Etats-Unis où il donne cinq conférences dans le Massachusetts à la Clark University qui donneront lieux aux Cinq leçons sur la psychanalyse.

    Le deuxième Congrès international de psychanalyse se tient en 1910 à Nuremberg. A cette occasion est fondé l'Internationale Psychoanalytische Vereinigung (IPV) qui deviendra en 1936 l'International Psychoanalytical Association (IPA).

    Mais des schismes vont bientôt se produire au sein du groupe, des scissions ont lieux. En 1911 et 1912, Alfred Adler et Wihelm Stekel quittent l'IPA. En réaction, Ernest Jones forme un "Comité secret" autour de Freud qui réunit Karl Abraham, Max Eitingon, Sandor Ferenczi, Otto Ranks et Hanns Sachs.

    Totem et tabou, livre au succès retentissant parait en 1913. Freud tente d'y appliquer la psychanalyse à certains phénomènes collectifs pour la première fois.

    Durant la Première Guerre Mondiale l'activité collective des psychanalystes est mise en veille. Freud rédige néanmoins Considérations actuelles sur la guerre et la mort et publie L'Introduction à la psychanalyse.

    On le voit la sexualité et la guerre sont deux sujets abordés par Freud et qui sont au coeur de son oeuvre et de la psyché humaine : Eros et Thanatos ou pulsions de vie et pulsions de mort qui tiraillent l'individu.

    1920 voit la parution d'un autre ouvrage essentiel : Au delà-du principe de plaisir où il est question de désir, de principe de plaisir et de principe de réalité.

    Mais 1923 est une année sombre pour Freud qui voit apparaitre les premiers signes de son cancer de la machoire. C'est pourquoi, en 1926, à l'occasion de son 70ème anniversaire, le penseur autrichien annonce qu'il cesse sa participation active au mouvement psychanalytique et se met un peu à l'écart. Il continuera néanmoins à réflléchir, à écrire et à publier, ainsi en, 1927 avec l'Avenir d'une illusion qui traite la question religieuse (et dont j'ai proposé un billet sur ce blog !).

    En 1930, Freud continue de réfléchir sur le destin collectif à l'aune de la discipline qu'il a fondée avec Malaise dans la civilisation.

    1933 annonce des lendemains qui déchantent, particulièrement pour le peuple juif. Or Freud est juif et en conséquence, Hitler arrivé au pouvoir condamne la psychanalyse comme "science juive". Les livres de Freud font l'objet d'autodafés à Berlin par les nazis. Dans le même temps, Freud s'entretient avec un autre juif de renom, Albert Einstein.

    En 1934 - 1935, avec l'accord de Freud, Ernst Jones trouve un compromis avec les nazis et met en place une politique de collaboration pour "sauvegarder la psychanalyse".

    Mais, en juin 1938, deux mois après l'Anschluss, Sigmund Freud se résout à quitter Vienne pour Londres.

    Il meurt le 23 septembre 1939, à Londres, six mois après la publication de son dernier livre Moïse et le monothéisme.

    La psychanalyse va connaitre un retentissement mondial (mais aussi des dissidences et des polémiques). Elle essaimera aux Etats-Unis, en France avec Marie Bonaparte où elle sera connue relativement tardivement.

    A côté des théories de Freud, il faudrait dire un mot de "l'inconscient collectif" de Carl Jung ou de l'analyse du langage selon Jacques Lacan.

    A bientôt !

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  • Philip Roth est l'une des figures les plus imposantes de l'actuel paysage littéraire de l'Amérique du Nord. Il est l'auteur d'une trentaine de livres et a été multirécompensé. Ses ouvrages sont à la fois poignants, émouvants et donnent à réfléchir sur les Etats-Unis.

    Or, il a récemment déclaré qu'il n'écrirait plus de fictions. C'est pourquoi Némésis,roman qui raconte le destin d'un jeune professeur de sport de Newark touché par la polio, doit clôre une époque. La littérature a toujours interrogé les états d'âmes et les problèmes moraux du genre humain. Bucky Cantor, le personnage en question ne va pas cesser de se demander ce qu'il aurait pu faire face à l'épidémie qui touche la jeunesse de son quartier à l'été 1944.

    Mais présentons rapidement Mr Cantor ! Bucky n'a jamais connue sa mère, morte en couche, son père étant un voleur, ce sont ses grands-parents maternels qui l'ont élevé.

    Notre protagoniste aurait souhaité s'engager après Pearl Harbor comme l'ont fait ses deux meilleurs amis mais une vision défaillante l'en a empéché. au lieu de cela, il dirige et anime un terrain de softball.

    Par ailleurs, Bucky va se fiancer à la jolie Marcia Steinberg, comme lui de confession juive. Tout semble aller pour le mieux. Seulement le virus mystérieux de la poliomyélite va frapper.

    Mr Cantor va donc avoir son propre combat, sa propre guerre a mener : contre la maladie qui frappe des enfants innocents ! Dès lors, des interrogations vont naitre en lui, particulièrement de savoir si Dieu est bon ou impuissant et pourquoi il permet la mort d'innocents ! Il se demande aussi dans quel mesure il peut proteger ses jeunes.

    Mais las, il va en quelque sorte "prendre la fuite"  - c'est du moins ainsi qu'il le ressent -en partant superviser un camp de vacances dans les montagnes et rejoindre sa fiancée.

    La troisième partie montre comment la polio va le rattraper. En effet, lui aussi sera touché. Dès lors, il fera un choix dramatique !

    Un roman très émouvant qui mine de rien est infiniment plus profond qu'il n'y parait, que la simple anecdote et on pourrait gloser longuement sur l'oeuvre de Roth !

    Une histoire qui m'a beaucoup plu même si j'ai eu un peu de mal à accrocher au départ !

    A bientôt !

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  • Star Wars - Le Destin des Jedi - Tome 1 : ProscritLes aventures des familles Skywalker et Solo vont se poursuivre à partir de 2015 au cinéma ! Mais il existe déjà des romans - un Univers Etendu - dont la Postlogie risque de faire table rase...

    La série "Le Destin des Jedi" compte 9 romans conçus par un triptyque d'auteurs. Je ne parlerais ici que du tome 1 - Proscrit -  par Aaron Allston.

    La Galaxie, à peine remise de l'invasion des extragalactiques Yuuzhan Vong, subit une Deuxième Guerre Civile à cause de la chute vers le Côté Obscur d'un des fils de Leia Organa et Han Solo, Jacen Solo qui devient Dark Caedus.

    Au commencement du "Destin des Jedi", l'Alliance Galactique, qui a succédé à la Nouvelle République, veut remettre de l'ordre et inculpe Luke Skywalker, le Grand Maitre du Nouvel Ordre Jedi, pour ne pas avoir perçu les changements dramatiques chez son neveu. Il règne -une fois de plus - un fort ressentiment anti-Jedi. Luke est contraint à l'exil, loin de Coruscant, son fils Ben choisit de l'accompagner.

    Le roman mène trois intrigues de front.

    Tout d'abord, il y a la quête de Luke et Ben, qui débute sur la planète Dorin, pour découvrir ce qui a poussé Jacen vers le Côté Obscur. Les deux Jedi apparentés vont être confrontés, sur la planète des Kel Dor, à une communauté de mystiques, cachant un secret inquiétant, qui a mis en place son propre plan pour échapper à la Purge de Palpatine soixante ans plus tôt !

    Ensuite, il y a le cas Valin Horn. En effet, des Jedi sont soudain frappés de folie, pris d'une sorte de paranoia sans qu'on puisse fournir une explication médicale. Jaina Solo et ses "conspirateurs" vont mener l'enquête.

    Enfin, le couple Solo, Han et Leia, viennent une fois de plus en aide à Lando Calrissian et s'engagent dans une course contre la montre pour sauver la planète Kessel de la destruction. Ils vont faire des découvertes archéologiques liées -semble-t-il - aux Celestials (les Celestes). A vrai dire, l'amas de trous noirs de la Gueule (The Maw) semble cacher un lourd secret ! Et quelle est cette voix qui appelle la petite Allana, la petite fille des Solo ?

    Je ne doute pas que les intrigues vont se rejoindre dans les tomes suivants. La chute de Jacen et la folie de Valin Horn trouveraient-t-elles leurs origines dans la Gueule ? C'est ce que je pressens !

    Un très bon livre Star Wars, non dénué d'humour - par exemple quand Luke envoie son fils au combat en lui lachant "je suis vraiment un père déplorable" - qui met en avant une nouvelle génération de personnages, de héros. J'adore !

    A bientôt !

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  • Dans la trilogie Star Wars des épisodes IV à VI, le commun des mortels découvrait une nouvelle "race" de Star WArs - La Genèse des Jedi - Tome 1 - John Ostrander & Jan Duursemahéros, les Jedi, qui "pendant des centaines de générations ont su maintenir la paix dans l'Ancienne République". Mais les Jedi n'étaient alors représentés que par un Jedi vieillissant et en exil (Obi-Wan Kenobi), un apprenti (Luke Skywalker) et un Jedi déchu (Anakin Skywalker aka Dark Vador). L'Ordre avait en effet été exterminé par leur pendant obscur, les Sith !

    Dans la prélogie des épisodes I à III, on voyait un Ordre Jedi encore relativement à son apogée avec près de 10000 membres auquel la Guerre des Clones et la Purge allaient porter le coup fatal.

    John Ostrander, le scénariste et Jan Duursema la dessinatrice ont déja œuvré ensemble sur Star Wars puisqu'on leur doit plus d'une vingtaine d'albums traduits chez Delcourt dont les séries durant la période "Republic",des récits de "The Clone Wars" et la saga "Legacy".

    D'autre part, l'Ancienne République a déja été mise en lumière dans la période 5000 -4000 ans avant l’Épisode IV (Bataille de Yavin) avec les "Légendes des Jedi" puis la série de John Jackson Miller - "Chevaliers de l'Ancienne République" et les jeux vidéos KOTOR I, KOTOR II et Star Wars TOR (The Old Republic), dernier jeu sur lequel j'ai fait un billet !

    Mais là, c'est le grand saut avec une certaine audace dans le temps. Après l'immersion 137 ans après la Bataille de Yavin, cette fois, nous couvrons la période entre 35000 et 25000 ans avant ladite Bataille fondatrice, nous allons découvrir un âge où la République Galactique n'existait pas, où des races aliens étranges se partageaient la Galaxie très lointaine tels les Célestes, les Gree, les Rakatas ou les Killiks. C'est plus précisément l'avènement de l'Empire Infini des Rakatas !

    En ces temps là, les Jedi ne s'appelaient pas encore les Jedi mais les Jee'Dai qui signifie en Dai Bendu "Équilibre Mystique". De mystérieux vaisseaux dont on ignore l'origine rassemblent des êtres sensibles à la Force dans toute la Galaxie et les conduisent en son centre sur la planète Tython. Là, les Jee'Dai vont développer leur philosophie durant près de 10000 ans ! Et oui les échelles de temps et de distances ne sont pas les mêmes et le voyage plus vite que la lumière n'existe pas à large échelle mais uniquement pour les races aliens précitées !

    Mais l'équilibre de Tython va être troublée par l'arrivé d'un "Limier de Force", un traqueur nommé Xesh, sensible à la Force et au service des Rakatas, baigné dans l'Obscurité et chargé de traquer les autres êtres et civilisations sensibles à la Force.

    Trois Jedi, descendants de Dathomirien, de Sith et de Twi'lek vont unir leurs ressources pour capturer Xesh et l'isoler sur Bogan la lune du Côté Obscur où réside un mystérieux prisonnier qui sera au coeur du tome 2.

    Le tome 1 - "L'Eveil de la Force", évoqué ici, pose les principes et les bases de la série, ainsi que de nombreuses questions. J'avais eu des réserves vis à vis de la série précédentes des deux auteurs à savoir "Legacy" où je trouvais Cade Skywalker le héros peu charismatique et les vilains un peu ridicules bien que pourtant dans la surenchère (peut-être ridicules PARCE QUE dans la surenchère ?). Mais là avec "La Genèse des Jedi", je suis agréablement surpris ! Ostrander livre un très bon scénario aux possibilités multiples dans une période vierge de l'Univers Étendu de Star Wars, période qu'il défriche. Je salue au passage ce scénariste qui a eu récemment de gros problèmes de santé. Le dessin de Duursema est comme à son habitude impeccable ! Ce sont, à vrai dire, deux des piliers de Star Wars en comics.

    Reste à savoir si la série aura la possibilité de se développer. En effet, elle est développée par l'éditeur US Dark Horse, un "petit" éditeur indépendant. Or Lucasfilm vient d'être vendu à Disney et par conséquent, Marvel récupère les droits des BD. Marvel signera-t-il un contrat à Ostrander et Duursema, mettra-t-il d'autres personnes aux commandes (ce qui serait particulièrement discourtois pour ne pas dire plus !) ou abandonnera-t-il simplement ce projet prometteur !?

    Voila, l'avenir nous le dira car il risque d'y avoir encore plein de récits Star Wars dans un proche avenir !

    Perso, je m'en réjouis !

    A bientôt !

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  • Vous avez peut-être déja eu l'occasion de lire mes billets sur Le degré zéro de l'écriture et sur Mythologies.

    Roland Barthes et la passion du langageCette fois-ci, je vais tenter de dresser une rapide biographie de ce théoricien brillant et marquant pour les études littéraires et la pensée en général que fut Roland Barthes, l'"Enragé du langage". Je m'appuierais pour se faire sur un article  du hors-série du Point de septembre-octobre 2011 "Nos derniers maitres" !

    Roland Barthes se fait connaitre au public et au monde académique en 1957 lorsqu'il publie Mythologies qui comme son titre l'indique dépeint des mythologies mais des mythologies modernes, des années 1950, la DS, l'Abbé Pierre, le Tour de France. Barthes a alors 42 ans.

    Il est en effet né à Cherbourg en 1915, dans une famille bourgeoise, ayant perdu très tôt son père. Toute son existence, Barthes ne craindra rien de plus que l'ennui. Il passe une partie de sa jeunesse dans des sanatoriums pour soigner une tuberculose. Durant ces années, il dévore Sartre, Michelet ou Marx

    Alors jeune homme, il est certifié en philologie (l'étude qui consiste à retracer la généalogie des textes) et en grammaire puis fait la rencontre de Maurice Nadeau, l'éditeur du journal Combat. C'est suite à cette rencontre - et à la commande d'articles - que sortira le degré zéro de l'écriture, la vitrine d'une nouvelle critique en 1953.

    On est alors dans la période structuraliste à laquelle Barthes va adhérer un temps, se faisant sémiologue (étude des signes) et c'est aussi l'avénement du Nouveau Roman avec Les Gommes d'Alain Robbe-Grillet.

    En 1960, Barthes noue l'une des amitiés décisives de sa vie avec Phillippe Sollers (Tel quel) et est célébré à la foi par François Mauriac et Louis Aragon, faiseurs de rois.

    En 1960, Barthes devient chef de travaux à l’École pratique des hautes études avant d'y devenir directeur d'études deux ans plus tard. La même année, il entre au comité de rédaction de la revue Critique avec Michel Foucault et Michel Deguy. Il est alors victime d'attaques l'accusant d'utiliser un langage jargonneux et en ressort blessé lui qui accordait tant d'importance à son style. Indifférent aux évènement de Mai 68, il est à nouveau chahuté.Il est de plus sceptique face à l'engagement Maoiste de ses amis de Tel quel. Dans les années 1970, il fait un voyage en Chine avec Phillippe Sollers et Julia Kristeva où il s'ennuie, lui grand amoureux du Japon.

    Il publie beaucoup dans les années 1970 : L'Empire des signes, Sade, Fourier, Loyola, Nouveaux essais critiques, Roland Barthes par Roland Barthes et ses Fragment d'un discours amoureux son plus gros tirage. Malgré des polémiques, son aura ne cessse de croitre.Des revues lui consacrent des numéros spéciaux, un colloque à Cerisy-La-Salle lui est dédié.

    En 1977, il commence son cours à la chaire de sémiologie au Collège de France devant des salles combles. Cette même année, il est endeuillé par le décès de sa mère qu'il aimait tant. Il rédige à cette occasion Journal de deuil et La Chambre claire. Il ressort très abattu.

    Il est renversé par une camionnette de blanchisserie le 25 février 1980. Il est hospitalisé et malgré l'optimisme des médecins meurt le 26 mars. De chagrin ?

    Roland Barthes est une figure marquante de la pesée de la deuxième moitié du XXème siècle et ses œuvres intégrales sont disponibles en cinq volumes épais au Seuil. On peut aussi écouter ses cours au Collège de France sur ubuweb.

    A bientôt !

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  • Je vais maintenant faire un peu d'autopromotion !

    Depuis deux ans, je m'essaie à la cuisine. Certes, je n'ai pas le niveau des candidats de "MasterChef" - bien loin ! Mais cela m'amuse et me détends.

    C'est dans cette logique que je publie - et augmente régulièrement - sur inlibroveritas un "dossier" avec des recettes de cuisine que j'ai toutes testées.

    Je vous donne ici le lien "Ma cuisine à Ouistreham - Écrits culinaires vol.1"
    http://www.inlibroveritas.net/lire/oeuvre33416.html

    Et je vous livre aussitôt la dernière recette testée - ces recettes sont tirées la plupart du temps du site et du magazine Marmiton.

    Pain de thon rapide :

    Temps de préparation : 20 minutes
    Temps de cuisson : 30 minutes

    Ingrédients (pour 6 personnes) :

    - 3 œufs en omelette
    - 7 cuillères à soupe de farine
    - 24 cl de lait
    - 11 g de levure
    - 320 g de thon à l'huile
    - 100 g de gruyère râpé

    Préparation de la recette :

    Battre les œufs, ajouter la farine, le sel, le poivre. Mouiller avec le lait. Ajouter la levure, le thon émietté et le gruyère râpé.
    Mettre dans un moule à cake garni de papier sulfurisé et enfourner pour 30mn th°6/7.
    Servir tiède avec une sauce poivre.

    Bon appétit et à bientôt sur ILV !

    COMPTE A REBOURS : 8... (QUESAKO ?)


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  • Même si j'ai la possibilité de suivre des enseignements de philosophie à la faculté, je m'intéresse aussi à cette discipline par moi-même, en dilettante et hors des murs de l'institution, en écoutant notamment les discours de personnes comme Michel Onfray, Bernard Stiegler (dont je vous recommande le site Pharmakon !) et Luc Ferry.

    C'est sur Luc Ferry que nous allons nous arrêter aujourd'hui et sur son ouvrage Apprendre à vivre ("je vais te raconter l'histoire de la philosophie" précise le bandeau -le ton est au tutoiement). C'est le premier d'une série d'ouvrages dont le tome 2 porte sur les mythes.

    La philosophie à l'université est devenue technique mais elle est bien plus que cela et revêt trois aspects qu'expose Luc Ferry : la theoria (discours de la connaissance), la morale et l'éthique (manière de se comporter vis-à-vis d'autrui) et enfin une sotériologie (doctrine du salut). C'est tout en gardant à l'esprit ces trois axe que notre philosophe avance dans l'histoire de la philosophie au fil de six chapitres.

    Il y a tout d'abord la philosophie des Anciens, celle de Socrate, de Platon, d'Aristote, des stoïciens et des épicuriens. Le cosmos, harmonieux et divin, est au centre de tout. La theoria consiste à le contempler. Le rôle de l'homme consiste à être à sa place dans l'harmonie : c'est une vision aristocratique. De plus, le salut, pour les stoiciens consiste à ne considérer que le présent, ici et maintenant et non le passé ou/et le futur.

    Puis, les monothéismes - en particulier le Christianisme - sont présentés. Pour le Christianisme, le Verbe s'est fait chair et le divin est en la personne du Christ. Ce n'est plus la raison qui prévaut mais la foi. Le Christ doit racheter la Chute et promet - pour qui a la foi - la vie après la mort. La morale réside dans l'amour d'autrui et le savoir vient des sources d'autorité.

    Ensuite vient la modernité, avec l'Humanisme, avec Descartes qui introduit le sujet et avec les Lumières. L'attention est portée sur Rousseau qui annonce que l'homme se différencie de l'animal par sa liberté. Alors que l'animal n'obéit qu'à son instinct, son "programme", l'homme peut se perfectionner : c'est le sens de "grandir". La science se développe et à alors pour finalité la liberté et le bonheur. L'homme occupe la place centrale.

    Succède à cette période, la post-modernité et la "Déconstruction". Ce sont Nietzsche, Freud et Marx, qui mettent à mal les valeurs traditionnelles. Nietzsche récuse toute forme d'idéalisme et instaure le matérialisme. Le socialisme, le scientisme, le communisme et les idées démocratiques des Lumières sont accusés d'être autant d'idéalismes !

    Nietzsche fait de "la philosophie au marteau". Il invente les concepts de '"Éternel Retour" et de l'"Amor Fati" : vivre le présent (reprenant les stoïciens et le bouddhisme), concilier les "forces réactives" (forces qui s'opposent) et les "forces actives". Il s'agit de vivre sa vie au maximum, c'est la "Volonté de Puissance" qui donna lieu à tant d'interprétations erronées et dommageables ! Ferry note que ce matérialisme renonce à faire sa propre autocritique.

    Dans le dernier chapitre, Luc Ferry plaide pour un nouvel humanisme. En effet, la decontruction - et les avant-gardes artistiques - ont permis en quelque sorte, en plaidant pour l'ici et maintenant - la mondialisation où la finalité de l'homme est éclipsée. Heidegger avait bien perçu la "technicisation" du monde. Et si la transcendantalité des Anciens et du Christianisme ("Dieu est mort") ont été battu en brèche, un courant de pensée philosophique, héritier de Kant, procède d'un nouvel humanisme post-nietzschéen à savoir à travers Husserl qui pose une "transcendance dans l'immanence" : pour faire court, il y a de l'"invisible" dans le réel, un horizon indépassable (les faces cachées à notre vue d'un cube par exemple). Par ailleurs, le temps de l'autoréflexion est venu !

    Le défi de la philosophie moderne - et c'est le mot de conclusion (provisoire ?) de l'auteur de ce livre didactique - est de construire une philosophie de notre temps, le XXIème siècle (pas forcément à l'Université !).

    A bientôt !

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  • Nous poursuivons ici la série de billets sur l'histoire de la conception de l'Univers !

    Le récit de la Génèse imprime au cosmos des Anciens la marque du dogme chrétien. Le Divin ne se manifeste plus dans l'ensemble des choses mais s'incarne en un être humain, le fils de Dieu, le Christ.

    Le modèle géocentrique est LE modèle à cette époque - le IIème siècle après J.C.- batit par Ptolémée. Le cosmos est un fluide dans lequel glissent tous les astres.

    Mais, bien avant Copernic et Galilée, ce système de Ptolémée est mis en doute par les penseurs arabes. Ibn al-Haytham fait un bilan de ses "doutes sur Ptolémée" et montre les incohérences de son système au XIème siècle de notre ère. Au XIIème siècle, Al-Razi émet l'hypothèse d'un monde non-aristotélicien infini avec d'autres planètes habitées !

    Revenons au Vème siècle ! Saint Augustin dans De la genèse au sens littéral pose que Dieu,absolument transcendant, crée le monde à partir du néant.

    Au XIIIème siècle, Thomas d'Aquin suit la pensée de Ptolémée et la cosmologie de Thomas d'Aquin, dans Somme contre les gentils, cherche à faire coincider l'héritage aristotélicien avec le dogme chrétien de la Genèse.

    Toujours au XIIIème siècle, Dante écrit sa Divine Comédie, un voyage métaphysique qui donne une version poétique du ciel médiéval, où la Physique d'Aristote se mêle à l'astrologie et au dogme chrétien de la Genèse.

    Puis, au XVème siècle, dans De la docte ignorance, Nicolas de Cues affirme que le monde, oeuvre d'un Dieu omnipotent, ne peut être fini et limité. Redécouvrant le poème de Lucréce, il imagine à partir de celui-ci un Univers illimité contenant une pluralité de mondes. Giordano Bruno n'est pas si loin !

    A ce système géocentrique, qui succède au monde clos, succédera bientôt un système héliocentrique. Mais nous verrons cela plus tard !

    A bientôt !

    Source : Philosophie Magazine Hors-Série N°9 - Février/ mars 2011 - Le Cosmos des Philosophes.

    PS : Un nouvel événement se profile sur ce blog et je commence dès à présent un nouveau compte à rebours !

    Donc COMPTE A REBOURS : 10...


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  • World War Z - Max BrooksDans le cadre de mes billets sur les oeuvres mettant en scène des zombies, série qui inclut déja une critique de Walking Dead (le comic, pas la série télé dérivée !) et un jour quelques mots sur le jeu de rôle Z-Corps, je vais vous parler maintenant d'un roman qui m'a enthousiasmé, qui m'a passionné de bout en bout, à savoir World War Z de Max Brooks (qui est disons le au passage le fils de Mel Brooks).

    Si, dans la culture zombie, La nuit des morts-vivants de George A. Romero constitue la référence indétronable sur le support cinématographique, World War Z est sans conteste son équivalent sur le support roman ! Par ailleurs, un film avec Brad Pitt en héros va en être tiré qui sort à l'été 2013 ! J'ai du mal d'ores et déja à imaginer comment un film pourrait retranscrire - transposer - tous les moments d'anthologie du roman qui a pour cadre le monde entier !

    World War Z se présente comme un recueil de témoignages des survivants - et acteurs - de la Guerre des Zombies qui a éradiqué des milliards d'individus mais dont l'humanité est tout de même sortie victorieuse !

    Le livre contient donc des dizaines et des dizaines d'interviews - qui sont autant de mini-nouvelles dont beaucoup sont excellentes ! Elles se passent dans le monde entier - USA, Europe, Chine, Japon, Amérique du Sud, Espace orbitale, Océan Atlantique, Antarctique etc... et durant les différentes phases de la crise : dénégations initiales des gouvernements, Grande Panique, Plan Redecker, Reconquête. Contrairement à la BD de Robert Kirkman, on ne suit pas ici un petit groupe de survivants - ou plutôt si on en suit plusieurs - mais on a une vue d'ensemble du conflit et certains événements évoqués se font échos d'un témoignage à l'autre pour former une sorte de toile des évènements : Bataille de Yonkers, conception Phalanx, rupture d'un barrage et guerre civile en Chine, conflit nucléaire en Asie, organisation de l'économie de guerre....

    Max Brooks signe là un grand roman du genre qui trouve son pendant dans le Guide de survie en territoire zombie qui développe et enrichit les clichés du genre : frapper les zombies à la tête, ne pas s'enfermer dans un batiment, rouler à vélo plutôt qu'en voiture, se réfugier dans les étages etc...

    C'est pour toutes ces raisons que je classe World War Z dans ma catégorie "Coup de Coeur" !

    A bientôt !


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  • Eliette Abécassis ne cesse d'explorer les multiples facettes de la condition de femme tout en abordant ses thèmes secondaires : la judéité ou encore les relations parents-enfants.

    Après avoir écrit sur la relation père/fille dans Mon père, l'écrivaine à la plume si fine et juste s'attarde sur les liens mère/fille dans Mère et fille, un roman... A travers deux femmes, Sonia, la mère et Nathalie la fille qui s'inscrivent dans une plus longue lignée de femmes qui puisent ses origines en Russie, en Roumanie, en France et dans le judaïsme.

    Ces deux femmes, très liées, sont deux créatrices de mode qui mènent leur entreprise là aussi familiale. Abécassis déploie son art à "disséquer" tous les aspects des liens entre mère et fille : amour, admiration, dépendance réciproque, étouffement, possessivité, aliénation, bref ambiguité. Le fond n'est pas vraiment nouveau, le thème étant universel et bien connu des femmes qui ont été mère ou au moins fille mais la façon de l'aborder, avec l'élan poétique de cette auteure est intéressant.

    Pourtant, je n'ai pas été entièrement convaincu -peut-être parce que je suis un homme. mon principal grief est que le texte est surtout une description de personnalités,autrement dit des portraits, qu'une véritable intrigue. Certes il y a des récits biographiques, les analyses des caractères et motivations, désirs, aspirations etc... Mais à vrai dire Eliette Abecassis est surtout une fine observatrice du sentiment - le terme "psychologie" étant à utiliser avec précautions pour des personnages de roman ! Cela a son charme !

    Ces portraits et cette absence d'intrigue confère, cela n'engage que moi, un aspect intemporel à cette exposition, la femme, les femmes de tout temps !...

    L'autre point d'ancrage du roman est le monde de la mode. La créatrice de mode est conçu comme une artiste: elle se nourrit de son milieu et "pose, dispose, transpose", se faisant elle modèle la femme.

    En conclusion totalement subjective, je dirais que ce roman est élégant, comme toujours avec Eliette Abecassis mais personnellement, je ne me sens pas concerné par son sujet...

    A bientôt !


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  • Arthur Schopenhauer est le premier philosophe contemporain, le premier de ceux que Paul Ricoeur a appelé les philosophes de "l'Ere du Soupçon" (Nietzsche, Freud, Marx).

    Je vais m'interesser à son écrit Sur la Religion que j'ai lu dans une édition partielle, celle de la collection "Les Livres qui ont changé le monde" (Le Monde/Flammarion) et dont je commenterais les grandes lignes.

    Schopenhauer livre une attaque en règle contre les religions monothéistes. Dans le premier fragment de l'ouvrage tiré des Paralipomena, le fragment 174, le philosophe met en scène un dialogue entre Démophèle (qui défend la religion) et Philalèthe (qui la critique de manière virulente).

    La religion se voit reproché de présenter du vrai sous l'apparence du faux, ou encore de recourir à des allégories pour se faire comprendre. A contrario, la philosophie tente de discerner le vrai sensu proprio. La religion a recours à de tels artifices car elle s'adresse aux masses, aux gens de tous niveaux intellectuels alors que la philosophie est réservée à une élite. Philalèthe reproche ce procédé à la religion. Il reconnaît que la masse doit s'élever en pensée mais ne peut le faire car engluée dans le labeur. il plaide pour une évolution intellectuelle de l'humanité.

    Démophèle reprend ensuite l'argument de Voltaire à savoir que la religion est le garant de la morale et de l'Ordre Public. A quoi son interlocuteur rétorque que la religion est un moyen d'asseoir le pouvoir et de citer les croisades et la Saint-Barthélémy.

    D'autre fragments complètent cette édition dont une intéressante généalogie du monothéisme - le Judaïsme découlerait d'un culte babylonien - et un plaidoyer pour les droits des animaux.

    Schopenhauer est donc très critique du Judaïsme, du Christianisme et de l'Islam et les oppose aux religions d'Orient. Le philosophe était en effet très influencé par le Bouddhisme.

    Je me rends bien compte que mon exposé est très incomplet. Le mieux - si cela vous interpelle - est de lire vous-même ce penseur dont on a fait à tort un philosophe du pessimisme.

    J'avais déja eu l'occasion de vous parler du Traité d'Athéologie de Michel Onfray. Le philosophe de l'Orne puise sa pensée notamment chez Schopenhauer. Donc vous savez où chercher...!

    A bientôt !


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