• Voici un récit, D'autres vies que la mienne, qui a été unanimement salué par la critique. Un récit entièrement autobiographique dans ces temps où règne l'autofiction, au titre lumineux, "une méditation intense sur l'ouverture aux autres" dixit Télérama !

    59948967Emmanuel Carrère est réputé, à tort, pour être un auteur narcissique. En 2000, il signe la biographie de Jean-Claude Romand, le mythomane assassin, récit intitulé L'Adversaire. Mais cette fois-ci il s’intéresse à des gens frappés par le malheur et profondément humains, tout le contraire du criminel.

    Deux récits, autour de deux Juliette. La première est une petite fille de quatre ans, victime du tsunami au Sri-Lanka en décembre 2004. des parents accablés dont Philippe le grand-père qui confiera à notre écrivain, Emmanuel Carrère : "Toi qui es écrivain, tu vas écrire un livre sur tout ça ? [...] Tu devrais. Si je savais écrire, moi, je le ferais. ".

    L'autre Juliette est la belle-sœur d'Emmanuel Carrère. Handicapée suite à un cancer, elle va connaitre une récidive qui lui sera fatale. Au passage, on découvre Estienne, lui aussi rescapé du cancer et soutien de Juliette. C'est le récit de l'amitié entre un homme et une femme.

    Dans le malheur, on découvre les forces et les faiblesses de tous ces êtres mais aussi les faiblesses de l'auteur-témoin, l'angoisse existentielle remontant à l'enfance, le "renard qui vous dévore le ventre".

    D'autres vies que la mienne, c'est aussi le récit d'une évolution, d'une transformation. En effet, par l'ouverture aux autres, Emmanuel Carrère réussit à vaincre ses craintes. Un récit témoignage pour le survivants, sans mélo, à la fin résolument optimiste.

    Bref, je le classe dans mes "Coups de coeur" !

    A bientôt !


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  • En 1995, Mike Pondsmith, concepteur de jeux de rôles (on lui doit Cyberpunk) trouve devant sa porte un mystérieux colis. L'ouvrant, il découvre à l'intérieur des carnets et des croquis expédiés par son ami informaticien Tom Olam, mystérieusement disparu lors d'un voyage d'agrément en Europe deux ans plus tôt.

    La vérité est tout bonnement incroyable : Tom Olam a été ensorlevé. Alors qu'il visitait le château de Neuschwanstein en Bavière, un cercle de feu s'ouvrit sous ses pieds et il se retrouva projeté dans une autre dimension, le Monde de la Nouvelle-Europe et de Château Falkenstein ! castle falkenstein cover1

    C'est l'énigmatique Seigneur Fae Aubéron, assisté du magicien Morrolan qui avaient accompli ce prodige ! Ils cherchaient en effet une arme secrète pour remettre le Roi Ludwig II sur le trône et contrer Bismarck, le Chancelier de Fer. Nous sommes en 1866 dans ce monde alternatif.

    Le monde de Château Falkenstein est un univers steampunk où se côtoient les automotives, les savants fous mais aussi les êtres féeriques et les dragons, un mélange entre Jules Verne et Tolkien en somme. Les personnages réels comme les écrivains côtoient les créations sorties de leurs esprits et l'on peu croiser Sherlock Holmes et le Capitaine Némo.

    Tom Olam raconte ses aventures extraordinaires dans ses carnets et Mike Pondsmith en fit un jeu à la présentation soignée, au "background" riche et qui a la particularité d'utiliser deux jeux de 52 cartes à jouer au lieu des traditionnels dés !

    J'avais l'habitude de jouer à ce jeu dans la deuxième moitié des années 90 et ce fut une expérience très fun. D'autant que nous disposions d'un Maitre de Jeu talentueux et inspiré. Parlant d'inspiration, il puisait ses idées de scénario dans des sources aussi variées que les nouvelles de Jean-Luc Bizien, les "jeudi de l'angoisse" sur M6 ou d'autres jeux de rôles tels Escryme ou Maléfices.

    Je parle de cette expérience brièvement dans ma nouvelle "Au fil de l'eau" sur inlibroveritas et j'ai aussi commencé à mettre en ligne les compte-rendus romancés et donc remaniés et enrichis de ces parties dans "Contes de la Nouvelle-Europe" Tome 1. Le Tome 2 verra le jour prochainement quand je dirigerais des parties à mon tour.

    Voila, la prochaine fois, je vous parlerais, après le steampunk, du radiumpunk !


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  • La période qui nous intéresse aujourd'hui couvre les années 1866 - 1868.

    Zola quitte la Librairie Hachette le 31 janvier 1866. La Confession de Claude, paru en novembre 1865, provoque un tapage depuis lors, déclenchant une enquête du procureur général. il y a aussi une polémique qui oppose Zola à Barbey d'Aurevilly et au journal Le Nain jaune.

    Ces remous gênent le successeur de Louis Hachette et pour sa part, Émile Zola décide de lancer sa carrière. Pour cela, il a besoin d'un emploi du temps plus libre.

    Le 1er février de cette même année, Zola devient courriériste littéraire du journal L'Evènement et collabore toujours au Salut public de Lyon. Il publie un roman feuilleton, Le Voeu d'une morte, dans L'Evènement.

    Â côté, il donne une étude sur Taine à La Revue contemporaine et des contes à L'Illustration.

    Ses préférences littéraires, qu'il affiche, vont aux Goncourt, à Balzac à Flaubert et en peinture, il défend, dans son Salon, Manet et Courbet contre la peinture académique.

    La peinture est un des grands centres d'intérêt de Zola, ami de Cézanne, de Guillemet. il découvre Bennecourt et fait plusieurs séjours sur les bords de la Seine. Il publie successivement Mon Salon et Mes Haines.

    A cette époque, Émile Zola est débordant d'optimisme, ce qui ce ressent dans sa correspondance.

    Pourtant, les choses ne vont pas durer ainsi et la fin de l'année 1866 et 1867 sont plus sombres car des collaborations sont résiliés avec Zola par ses employeurs des journaux. Bien vite, les difficultés financières se font sentir bien qu'il arrive toujours à placer quelques textes (dans La Situation et dans La Rue de Jules Vallès)

    Bien que 1867 soit une année noire, c'est aussi l'année où l'écrivain publie son premier chef-d’œuvre, Thérèse Raquin.

    En parallèle, il publie Les Mystères de Marseille dans Le Messager de Provence.

    A cette époque, Zola fait la connaissance des Goncourt, correspond avec Taine et Sainte-Beuve. Il lit des ouvrages sur l'hérédité, sur la physiologie, ce qui posera les bases des Rougon-Macquart. Le premier projet se nomme alors L'Histoire d'une famille en dix volumes. Dès lors, il cherche un éditeur pour pouvoir mener à bien son projet et s'assurer une sécurité matérielle.

    A bientôt !


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  • La peau de chagrin. Voici un classique que j'ai lu il y a quelques années et qui m'avait marqué ! Je pensais en avoir rédigé un billet et bien non ! Chose réparée désormais !

    Pour ceux qui s'interessent à Balzac (Honoré de Balzac et non Guez de Balzac !), je renvoie à mes précédents billets sur Le père Goriot, Le colonel Chabert, Ferragus et Les chouans.

    Par ailleurs, dès que j'aurais achevé ma série de billets "vie de Zola", je commencerais une série " Vie de Balzac" et il y a beaucoup à dire !

    Enfin, ne cherchez pas ce billet dans la catégorie "littérature XIXème" sur biblio-drizzt , je l'ai en effet classé dans "coups de coeur" !

    La peau de chagrin est un récit fantastique de Balzac, faisant partie du sous-ensemble de la Comédie Humaine intitulé "Études philosophiques" à coté de  Melmoth réconcilié ou Jésus Christ en Flandre entre autres.

    Le roman débute par la description d'un milieu - un sociotope dirait-on savamment - celui d'une salle de jeu. Le protagoniste principal du récit, qui a ce stade n'est pas nommé, va perdre ses derniers sous et en désespoir de cause se décidera en bout de course à se jeter dans la Seine (l'intrigue se passe en partie à Paris).

    Enfin, nous découvrons l'identité du personnage lorsque celui-ci est interpelé par ses amis : il se prénomme Raphael et renonce du même coup à son suicide.

    Très rapidement, par la suite, il va errer dans les rues et plus sombres de Paris et découvrir la boutique d'un antiquaire aussi mystérieux qu'inquiétant dont la description que nous donne  l'auteur est un morceau d'anthologie à lui seul. Balzac pratique la description comme un maître , passant du vêtement, au physique puis au mental. L'apparence est pour ce romancier une manifestation de l'intériorité.

    Raphael va passer avec cet homme - mais est-ce un homme ou un diable? - une sorte de pacte qui n'est pas sans rappeler Faust. Il acquiert une peau de chagrin (le chagrin est une espèce d'âne). Dès lors tous ses souhaits vont se réaliser. Mais cela a un coût ! A chaque vœu réalisé, la peau de chagrin se rétréci et malheureusement pour Raphael, elle représente sa durée de vie.

    On retrouve là une des théories émises par Balzac. Chaque homme possède un capital  de vie ou d'énergie et plus il fait d'efforts, plus il donne cours à ses désirs, plus il entame ce capital. Donc l'alternative est la suivante : soit l'on consume la chandelle en ayant une vie intense et riche mais qui sera courte, soit on mène une vie longue mais morne. On sait par ailleurs que Balzac mourut à 51 ans et était un bourreau de travail. Quel meilleure illustration de ses idées !

    Finalement, Raphael en viendra à essayer de ne plus rien désirer mais c'est impossible, nul ne peut faire taire sa volonté et il connaitra le trépas dans les bras de la brave Pauline !

    Deux choses me restent encore à dire. D'une part la peau de chagrin fut publié en 1831 et, encore plus que les chouans, marquent la reconnaissance de Balzac comme romancier. D'autre part, l'édition Folio (numéro 555) comporte une préface d'André Pieyre de Mandiargue !

    Voila ! Rideau !

     


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  • Sans remonter jusqu'à la grotte de Lascaux ou à la tapisserie de Bayeux, voyons quelles sont les premières bande-dessinées à avoir vu le jour à la fin du XIXème siècle !

    On s’intéressera à La Famille Fenouillard, Becassine et Les Pieds Nickelés. On aurait pu aussi mentionner The Yellow Kid, Bicot ou Zig et Puce.

    La Famille Fenouillard parait en 1893 et est la première BD publiée en France. C'est une satire sociale ironique et tendre. Elle est l’œuvre de George Colomb, diplômé de l’École Normale, docteur en sciences naturelles et professeur au Lycée Condorcet puis à la Sorbonne. Il comptait parmi ses relations le philosophe Henri Bergson, Jean Jaurès et Tristan Bernard.

    Mais il utilise le pseudonyme de Christophe lorsqu'il publie dans Le Petit Français illustré, journal destiné à la jeunesse. A l'intérieur on trouve principalement des jeux et des romans illustrés mais Christophe privilégie le dessin en constituant une grille de six cases avec des textes en-dessous. Les bulles n'existent pas encore !

    La Famille Fenouillard est composée d'Agénor et Léocadie Fenouillard qui tiennent un magasin de bonneterie en province, couple bourgeois, notablement stupide et parents de deux filles, Artémise et Cunégonde. Il leur arrive des aventures diverses et variées, rencontres avec des Sioux, des Papous. Ceci rappelle par anticipation Les Aventures de Tintin. Le ton rappelle celui du vaudeville et le dessin est caricatural mais sans méchanceté.

    Enfin signalons que Christophe est aussi le papa du sapeur Camembert et du savant Cosinus.

    becimagesPassons à Bécassine ! Voila un personnage que l'on connait surtout par la chanson de Chantal Goya de 1979. Elle "nait" le 5 février 1905 dans le premier numéro de La Semaine de Suzette, un "illustré" destiné aux fillettes Le texte est de Jacqueline Rivière, rédactrice en chef de l'hebdomadaire et les illustrations sont de Porphyre Pinchon.

    Anaîk Labornez est une brave fille de la campagne qui monte à Paris. C'est une gaffeuse invétéré.

    Bécassine connaitra alors un grand succès populaire et la série continuera jusqu'au début des années 60.

    A noter que durant la Grande Guerre, Bécassine a soutenu le moral des Poilus... tout comme Les Pieds Nickelés.

    Les Pieds Nickelés sont des escrocs à la petite semaine, un brin anarchistes ou gentlemen-camlbrioleurs. Ils incarnent l'arnaque en tout genre mais toujours dans la bonne humeur.

    La première planche est dessinée en 1908 par Louis Forton. Ils se nomment Croquignol, Filochard et Ribouldingue, ne possèdent pas la moindre moralité et s'expriment en argot. On est bien à l'opposé de la gentille Bécassine.

    Cette œuvre est la propriété des Editions Offenstadt, spécialisées dans les illustrés populaires. Le trio apparait pour la première fois dans L'épatant à partir du numéro 9. Les Pieds Nickelés sont des paresseux, réticents à toute forme d'autorité dont le but est de sans mettre "plein les fouilles" ! Comme Bécassine, ils prendront part à la Guerre de 14-18 en allant jouer des tours aux Boches.

    Forton a également crée Bibi Fricotin mais Les Pieds Nickelés constituent son succès sur la durée.

    Si La Famille Fenouillard s'est un peu éclipsée, il est toujours possible de trouver les albums de Bécassine et des Pieds Nickelés !

    A bientôt !


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  • Nous y sommes ! Au terme de la série 24 heures chrono ! Il est temps de revenir sur la saison 8 - l'ultime saison - et de dresser un bilan.

    Attention, ce billet révèle des moments-clés de l'intrigue !

    Au début de la Journée 8, Jack Bauer goûte des moments heureux avec sa fille, son gendre, et sa petite-fille Teri. Pendant ce temps, la présidente Taylor s’apprête à signer à l'ONU un traité de paix avec le leader du Kamistant, le président Hassan. L'intrigue, cette fois-ci, se déroule à New-York. On sent la présence du 11 septembre en arrière-plan.

    Les évènements vont comme toujours rattraper Bauer. Un de ses anciens contact lui révèle avant de mourir un complot contre la vie d'Hassan. Jack informe la CTU (Counter Terrorist Unit) de New-York qui réside en sous-sol, dans un décor high-tech avec écran géant qui renvoie des images de la ville. Coup de force d'ouvrir la CTU sur le monde extérieur malgré sa localisation souterraine ! 24-Season-8

    De nouveaux personnages sont introduits. A côté de l'eternelle Chloé O'Brien, on retrouve Cole Ortiz, interprété par Freddy Prince junior et qui représente un peu la nouvelle génération d'agents. Il y a aussi Dana Walsh qui s'avérera être une taupe de l'ennemi infiltrée au sein de la Cellule.

    Des rebondissements il y en a au cours de la saison, c'est la marque de fabrique de la série avec le split-screen et le temps réel ! Des revirements de folie à ce demander à quoi carburent les scénaristes ! Même au bout de huit saisons, il arrivent encore à se renouveler.

    La tentative d'assassinat est rapidement déjouée et l'on enchaine sur une menace nucléaire. Les activistes du Kamistan veulent faire capoter l'accord de paix en fabriquant et en faisant exploser au coeur de Manhattan une bombe sale.

    La bombe sera récupérée d’extrême justesse mais le président Hassan est sacrifié. On en est à ce stade à la seizième heure de la série et tout semble terminé. Que nenni !

    En effet, les implications de ces complots vont plus loin que des tiers mondistes. La Russie est impliquée.

    Ah oui, j'ai oublié de signalé qu'au cours de cette saison, l'agent Renée Walker, introduit au cours de la saison 7, est de retour et entamera une liaison avec Jack Bauer.

    A ce moment de la série, l'histoire vire à la tragédie antique. Renée est abattue dans l'appartement de Jack, sous ses yeux, par un sniper russe. Elle succombe et dès lors le héros va rechercher autant la vengeance que la justice.

    La série devient à ce moment plus sanglante que jamais. Jack exécute à bout portant Dana Walker. il éviscère le sniper pour récupérer une carte sim qui lui donnera les noms des commanditaires.

    Charles Logan est de retour. Il est délicieux dans son rôle de traitre machiavélique et puant. Une nouvelle conspiration se met en marche et Bauer est seul contre tous, Logan, les Russes et même la présidente Taylor.

    La fin de la série est proprement vertigineuse: Jack va-t-il assassiner le président russe à l'aide d'un fusil de visée et déclencher la Troisième Guerre Mondiale ou Chloé parviendra-t-elle à l'en dissuader et à révéler au public les preuves de l'implication des russes que la présidente Taylor veut étouffer ? Les héros sont coincés entre les assassins et les menteurs !

    En fait, Jack, Chloé et Cole sont arrêté par les instigateurs du complot, les preuves sont saisies et écartées. Tout semble perdu et Jack sur le point d'être exécuté. C'est sans compter sur un ultime twist que je vous laisse découvrir.

    Une série très addictive et époustouflante, qui a suscité des polémiques et que l'on voit à regrets se terminer.

    Y aura-t'il un jour un film conclusif de 24 heures chrono ou une reprise du concept temps réel appliqué par exemple à des policiers, des pompiers ou des urgentistes ? On ne peut que croiser les doigts !

    A bientôt !


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  • Alain Finkielkraut est un écrivain, philosophe et essayiste français. Il anime chaque semaine une émission sur France Culture, Répliques.

    Quel est le propos d’Un cœur intelligent ? Le livre est un rapport à la littérature. A une époque où la religion et la philosophie ne parviennent pas à apporter des réponses aux questionnements de l’Homme, la littérature pose notre lien au réel. En effet, tout est narration, tout est récit… Finkielkraut utilise neuf textes remarquables de la littérature mondiale pour tenter d’aborder certaines problématiques.

    Ces textes sont La Plaisanterie de Milan Kundera, Tout passe de Vassili Grossman, Histoire d’un allemand de Sébastian Haffner, Le Premier Homme d’Albert Camus, La Tache de Philip Roth, Lord Jim de Joseph Conrad, Les Carnets du sous-sol de Fédor Dostoïevski, Washington Square de Henry James et Le Festin de Babette de Karen Blixen.

    Faisons un rapide tour d’horizon sans entrer dans les détails.

    Dans La Plaisanterie, un jeune militant d’un pays communiste compose, par dépit amoureux, une lettre légère, ou par bravade, il renie les idéaux de son pays. Cela  lui vaut d’être arrêté, mis au ban et envoyé dans un camp. C’est la révolte des Pays de l’Est contre la révolte de Mai 1968 qui sont mis en perspective par Kundera. Le héros du roman aura l’occasion de se venger de celui qui l’a dénoncé et fait interner. Du moins, c’est ce qu’il croit mais il obtiendra l’effet contraire : en séduisant son épouse, il rendra un service à ce dernier. Car en le nœud du problème, c’est que la société a évolué entre temps et pas le héros. Il est resté hors l’Histoire, figé comme un vestige du passé !

    Tout passe est un roman testamentaire de Vassili Grossman, qui narre le retour chez lui d’un survivant des camps de Staline après la mort du dictateur. Sommes-nous devant un nouveau Edmond Dantès ou un nouveau Colonel Chabert ? Rien n’est moins sûr. De fait, le roman interroge sur la question des dénonciateurs et analyse leur mobile. Plus on progresse dans le récit, plus ces dénonciateurs sont monstrueux et pourtant, ils sont humains et ont tous leurs raisons d’agir. C’est ce que nous montre Grossman analysé par Finkielkraut.

    Histoire d’un allemand nous montre comment une société, l’Allemagne des années 1930, s’est vu entraîné dans la folie et la barbarie nazie. En réalité, l’auteur nous montre un mécanisme d’endoctrinement implacable : l’esprit de camaraderie, cette « psychologie des foules » qui a jadis été théorisée par Gustave Le Bon et dont les dictateurs, Hitler et Staline en tête, se sont resservi.

    A propos du Premier Homme, Finkielkraut revient sur la brouille entre Camus et Sartre –avec Janson au milieu – à l’occasion en 1951 de la sortie de L’Homme révolté.  Sartre accuse Camus de prôner une révolte bourgeoise, détachée de l’Histoire. Camus, lors de la remise de son Prix Nobel déclarera préférer sa mère à la justice. Ces propos feront couler beaucoup d’encre. Débats complexes que je peine à vous retranscrire ici et que Finkielkraut rapporte. Le Premier Homme, roman posthume, apporte de nouveaux éclairages.

    La Tache de Philip Roth est le récit des déboires d’un universitaire, qui cache la vraie couleur de sa peau et qui se retrouve sur un malentendu accusé de racisme. C’est l’histoire de l’Amérique des bien-pensants et du politiquement correct.

    Lord Jim est un récit de navigateur où comment un homme passe à côté de son destin, dévie les circonstances qui auraient pu faire de lui un héros et reste toute sa vie avec un poids sur sa conscience…

    Puis Finkielkraut se penche sur Les carnets du sous-sol, histoire de solitude et de misanthropie, Washington square où une jeune fille est mal considérée par son père et enfin Le festin de Babette, récit sur l’art qui déjoue à la fois ascétisme et matérialisme.

    Bref des études très intéressantes qui vous donneront peut-être comme moi envie de vous pencher directement sur les textes dont il est question. En attendant, chaque « article », chaque étude, permet de se faire une première idée.

    Par ailleurs, je vous renvoie à mes billets précédents sur Henry James (Le motif dans le tapis), Albert Camus (Le Premier Homme) et Karen Blixen (Le Festin de Babette) ainsi qu’à mon étude sur « la figure du général Löwenhielm ».


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  • Henri Matisse, roman n'est pas à proprement parlé un roman. il relève à la fois de l'essai, de la chronique et du livre d'art. Mais c'est un roman dans le sens où il met en avant un personnage et le récit de son art, Henri Matisse!

    Ce projet a mis 27 longues années avant d'aboutir. Le livre, disponible dans la collection Quarto chez Gallimard, est épais: 850 pages. il comporte deux tomes regroupés au sein du même volume. Chaque tome regroupe un panel de textes écrits dans différentes circonstances de 1941 à 1968 et se termine par une anthologie où Aragon passe en revue les œuvres du peintre. Le livre est abondamment illustré des œuvres du maitre (malheureusement dans cette édition en noir et blanc!) et comporte également des photos qui montre Matisse au travail.

    Aragon et Matisse était amis. Ils se sont rencontré en 1941 à Cimez où résidait le peintre tandis qu'Aragon et Elsa triolet vivait eux à Nice. C'était l'époque de la Seconde Guerre Mondiale ! Aragon composa très vite "Matisse-en-France", le premier texte du volume. il admirait Matisse depuis longtemps et en 1917, avec André Breton, il avait affiché sur leurs murs au Val-De-Grace des reproductions de toiles de Matisse.

    Matisse a étudié la peinture dans l'atelier de Gustave Moreau mais très vite il s'en est détaché et a "simplifié la peinture". Aragon dira qu'en fait il l'a compliqué. Pour voir l'évolution de son style, on compara ses deux tableaux nommés La desserte.

    Il lance son art dans de nouvelles direction et en 1907, au Salon d'Automne, il est qualifié de 'fauve" par le critique d'art Vauxcelle. Le fauvisme est lancé et se caractérise par des couleurs éclatante. La peinture de Matisse est résolument optimiste !

    Il ne cesse jamais d'explorer de nouvelles voix, fait des recherches sur la couleur, utilise plus tard les collages dans un ouvrage intitulé Jazz dont l'un des plus célèbres est Icare.

    En 1941, Matisse est opéré pour des problèmes intestinaux. Cette opération lui laissera treize année de répit. il meurt le 3 novembre 1954. Aragon, dans le livre, évoque la maladie sous l’appellation Le Personnage. Matisse se montrait très pudique sue ce point. En attendant il rêve, comme il le dit lui même de faire " la grande composition". "Grande composition" par la taille notamment comme la chapelle de Vence qu'il décora de 1948 à 1951.

    Matisse a illustré un grand nombre de littérateurs : Charles Baudelaire, Charles d'Orléans, Ronsard... A chaque fois, il apporte sa vision personnelle.

    Homme aussi génial que modeste, le Matisse que l'on découvre dans le livre d'Aragon est un personnage attachant. J'ai par ailleurs eu l'occasion de feuilleter un ouvrage de la collection Le Figaro - Les grands maitres de l'art qui lui est consacré et je déplore que l'ouvrage d’Aragon ne soit pas mentionner dans la bibliographie de ce livre d'art.

    A bientôt !


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  • Voici un nouveau billet sur une bande-dessinée. Mais présentons d'abord rapidement les auteurs !

    Thierry Cailleteau est le scénariste de Cryozone. On lui doit précédemment un autre récit de science-fiction Aquablue.

    Aquablue raconte le périple d'un orphelin qui s'érige en protecteur d'une planète aquatique et de son peuple indigène contre l'avidité des mégacorporations de la Terre. Ce motif de l'avidité et du manque de scrupule des industriels et des financiers est aussi un leitmotiv de  Cryozone. En résumé, Aquablue, dessiné par Olivier Vatine et Cyrus Tota est un conte écologique.

    J'ai déja eu l'occasion de vous parler de Denis Bajram. Mais si rappelez-vous! Non... Et bien reportez vous à mon billet sur UW1 - Universal War One. Encore un récit de science-fiction ! Cette histoire manie avec brio les paradoxes temporels et dessine une galerie de personnages bien campés.

    bibliographie-Cryozone_t1.jpgRevenons au sujet de ce billet : Cryozone ! La BD est publiée par Delcourt et comporte deux tomes respectivement intitulés "Sueurs froides" et "Syndrome Z".

    De quoi s'agit-il ? Et bien en fait, Cryozone démarre comme un récit d'exploration spatiale. Le Neil Amstrong est un vaisseau largué de la Terre et qui doit mettre plusieurs décennies pour atteindre le système stellaire le plus proche. Pour cela, une partie de l'équipage est mise en cryocongélation et doit relayer l'équipage actuel le temps venu!

    D'ailleurs, si ce style d'histoire de conquête spatiale vous intéresse, je signale que j'ai écrit une nouvelle sur ce thème qui s'intitule "la colonie" et que vous trouverez sur inlibroveritas.net.

    Voila pour la parenthèse! De conquête spatiale,le récit va virer au survival-horror ou encore à ce que l'on qualifie de récit de zombie. En effet, suite à un jeu de circonstances fâcheuses, on doit procéder au réveil prématuré de tout l'équipage. Malheureusement, l'agent cryogénique, le virus CM661 transforme les cryogénisés en morts-vivants assoiffés de chair humaine. La course pour la survie commence.

    Au milieu du chaos, Slobodan et Lise, Adam et Eve de l'espace vont devoir se démener pour s'en sortir. La tâche est compliquée par un sbire de la corporation qui a mis au point le processus cryogénique défectueux qui veut effacer toute trace du fiasco en tuant tout le monde!

    Voila, une BD que je vous conseille. Le récit est assez manichéen, l'intrigue pas extrêmement ramifiée mais il y a des rebondissements. Et évidemment, la tronçonneuse à zombies est présente !

    A bientôt !


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