• La série La Geste des Chevaliers-Dragons comporte 10 tomes, scénarisés par le couple Ange et mis en images par des dessinateurs différents ce qui permet de sortir plus d'un tome par an. Je consacrerais un autre billet aux tomes 5 à 8 et un billet spécial aux tomes 9 et 10 qui sont parmi les meilleurs de la série.

    Le tome 1 expose le monde de La Geste des Chevaliers-Dragons.

    Des créatures maléfiques, les dragons, apparaissent régulièrement dans le monde et corrompent la nature de tout ce qui les entoure, environnement, plantes, animaux, humains.

    Autour des dragons, se développe une énergie maléfique, le Veill, qui transmute les choses. Tant que le dragon est en vie, le Veill s'étend.

    Seules les jeunes filles vierges ne sont pas touchées par le Veill et ne sont par ailleurs pas détectées par les dragons. Dès lors, un ordre de chevalerie les recrute et fait d'elles des chevaliers-dragons appelées à combattre les monstres.

    Le tome 1, "Jaina", est illustré par Varanda qui est connu notamment pour avoir opéré sur le jeu de rôles In Nomine Satanis/ Magna Veritas (de Croc) dans les années 1990.

    Jaina et son écuyère Ellÿs partent affronter la bête et sont confrontées à la corruption . On aperçoit dans ce tome que le Veill qui touche les hommes peut aussi bien entraîner des malformations physiques mais aussi de la corruption morale et dans ces derniers cas, c'est peut-être la pire chose et ce qui causera la perte du chevalier Jaïna.

    Dans le tome 2, "Akanah", on retrouve une fillette faisant partie des réfugiés que Jaïna avait croisé dans le tome 1. Le dessinateur change et c'est cette fois Philippe Briones qui s'y colle.

    Les protagonistes sont Akanah et Eleanorn, deux chevaliers sous la tutelle d'Oris, une ancienne qui était à la Passe de Brisken (voir le tome 4). Il y a aussi Jan, un jeune noble porteur d'un talisman qui est censé le protéger des effets du Veill mais qui ,s'avérera inefficace. L'Ordre d'Aran monte une expédition en aéronef pour cartographier les changements apportés par le Veill et tout ce beau monde y prend part. Le voyage est l'occasion de mesurer l'ampleur du désastre... Jan, le jeune noble, et Akanah connaîtront une brève romance qui tournera court.

    On voit, dès ce deuxième tome, que les récits sont indépendants mais qu'il existe des liens ténus entre les histoires (personnages, événements clés).

    Le thème du tome 3 est "la famille " et ce tome s'intitule "Le Pays de Non-Vie". Une famille se rend sur des lieux où ungeste chevaliers dragons bd guinebaud dragon à récemment péri, au centre du Veill, là où se génèrent des pierres précieuses et magiques.Le tout est de ne pas arriver trop tôt pour ne pas subir les effets du Veill et pas trop tard pour éviter que tout le butin n'ait été raflé!

    On va voir qu'il existe des dissensions dans cette famille de chercheurs de trésors qui commettra une erreur de jugement. Un récit bien malsain ! L'illustration est signé Sylvain Guinebaud.

    Le tome 4 a pour titre "Brisken" et les héroïnes principales sont Alia, sa pupille Naelle et leur amie Tora ainsi que 400 chevaliers-dragons.

    Des chevaliers de l'ordre de Narak ont été chargés de tuer un dragon mais ont échoué dans cette mission. Les créatures du Veill menacent Messara, le siège de l'Empire et le berceau du premier ordre de Chevaliers-dragons. Une armée de 400 guerrières est envoyée à la Passe de Brisken pour stopper les colonnes de monstres, mais peu à peu, elles sont décimées sous les vagues successives des créatures. En fait, la réalité est bien pire : l'Empereur, jaloux du prestige de l'Ordre, a monté un traquenard de toutes pièces et les chevaliers devront déployer tout leurs talents pour survivre et triompher. Le dessin est à nouveau de Philippe Briones.

    Une bonne série, à la tonalité sombre, mais un univers de fantasy qui n'est pas des plus original !

    A un de ces jours, pour la critique de la suite !


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  • Je vous propose aujourd'hui un panorama sur un thème littéraire très redondant dans l'Antiquité et qui touche à la Mort. Je tire ce billet d'après un article de l'historien de la philosophie Lucien Jerphagnon, La belle espérance, paru dans le magazine hors-série du Point 27H de mai-juin 2010 : Penser la mort - les textes fondamentaux.

    La descente aux enfers est un thème récurrent dans les lettres grecques et latines. Il apparait chez Homère dans le chant XI de L'Odyssée. Ulysse, après la Guerre de Troie, souhaite rentrer chez lui et pour cela il veut consulter le devin Tirésias. Mais celui-ci est mort et Ulysse est aidé par Circé la magicienne qui lui indique un passage vers les enfers par chez les Cimmériens pour aller retrouver le divin devin.

    Aux enfers, Ulysse rencontre Tantale et sa fringale, Sisyphe et son rocher. Il obtient des nouvelles de Pénélope et étreint sa mère. Puis il s'échappe discrètement.

    Vers 700 avant JC, les demeures des dieux de l'ombre (Hadès, Perséphone, Cerbère) sont évoqués dans la Théogonie d'Hésiode.

    Dans Les Sept contre Thèbes, Eschyle (526 - 456 avant JC) met les enfers sur scène et évoque l'Achéron.

    Dans Les Grenouilles (404 avant JC), Aristophane met en scène Dionysos, le dieu du théâtre qui cherche un poète. Pour en trouver un, il va aux enfers pour en ramener Euripide qui vient de mourir. On retrouve l'Achéron, Charon et sa barque et Aristophane multiplie les gags. On est donc passé du registre tragique au registre comique.

    Ces mythes seront repris par Platon (428 - 348 avant JC) dans ses dialogues, dans le Phédon, dans le Gorgias et dans La République.

    Le monde grec devient romain et les enfers perdurent.

    Avec l'Eneide, Virgile (70 - 19 avant JC) donne une suite à la série homérique. Enée, survivant de Troie, erre par le monde. Son père, qui réside à l’Élysée, lui apparaît en songe. Enée doit venir le voir et donc il traverse le fleuve Styx avec Charon, croise la reine carthaginoise Didon qui s'est suicidée.

    Virgile, dans la quatrième Géorgique, raconte la fausse joie d'Orphée aux enfers. On connaît le mythe d'Orphée et d'Eurydice.

    Dans Les Métamorphoses, Ovide (43 avant JC, 17 après JC) voit les ombres déambuler dans une ville aux mille avenues.

    Les Moralia de Plutarque relatent ce qu'a vu Thespesios, mort et ressuscité le troisième jour. Lucien de Samosate (120-180) raconte sa croisière à l'Ile des Bienheureux.

    Ainsi parlait-on des enfers au temps du monde romain mais y croyait-on ?

    Les mythes disaient tout, que la vie, la mort avaient un sens, que les bons étaient récompensés et les méchants punis.

    En réalité c'était l'affaire de chacun de croire ou de ne pas croire.


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  • Atiq Rahimi  est né en 1962 à Kaboul (Afghanistan). Il a fait ses études au lycée franco-afghan de Kaboul puis à l'université (section littérature)

    En 1984, il quitte l'Afghanistan pour le Pakistan à cause de la guerre contre les Soviétiques puis demande et obtient l'asile politique en France où il passe un doctorat de communication audiovisuelle à la Sorbonne.

    En 2008, Atiq Rahimi, qui vit et travaille aujourd'hui à Paris, se voit décerner le prix Goncourt pour Syngué sabour - Pierre de patience;

    Syngué sabour est le récit d'une femme qui veille son mari, paralytique. Le cadre est l'Afghanistan durant la guerre mais il est difficile de savoir si il s'agit de la guerre contre l'URSS ou du conflit contre les Talibans. A vrai dire, ce n'est pas cela le plus important.

    Le mari donc menait le djihad et s'est pris une balle dans la nuque lors d'une altercation avec un compagnon d'arme. Lui qui ne voyait que par l'âme se voit aujourd’hui prisonnier d'un corps. Les deux protagonistes -dont l'un est immobile et ne fait qu'écouter (mais entend-t-il?) - sont désignés par les termes "l'homme", "la femme" - ils n'ont pas de noms ce qui rend le propos universel.  Tout le récit se passe dans une chambre et les pièces attenantes donnant des allures théâtrales à ce long monologue.

    La femme se confie. La narration possède des marques de régularité; certains rituels reviennent à intervalles réguliers : les gouttes de collyre, la solution sucrée-salée, l'appel à la prière du mollah, soulignant le caractère répétitif et lancinant des événements.

    La femme se croit possédée par une démone. elle prend l'ascendant sur son époux. Il est sa Syngué sabour, sa pierre de patience, à laquelle on raconte ses vérités avant que la pierre n'explose. il y a une comparaison avec la Pierre Noire de la Mecque qui est posée.

    Le roman est particulièrement bien écrit. il y a certains passages assez crus. On entre dans l'intimité d'une femme.

    A bientôt !


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  • J'aurais l'occasion de m'attarder sur la vie de George Orwell lorsque je parlerais de La Ferme des Animaux. Présentement, c'est 1984 qui m’intéressera.

    Le roman décrit une contre-utopie encore appelé dystopie. Rappelons d'abord ce qu'est une utopie. C'est un lieu idéal qui n'existe nul part. On trouve des utopies en philosophie (La République de Platon) et en littérature : citons Thomas More et son Utopia, l'abbaye de Thélème à la fin de Gargantua de Rabelais ou encore Lilliput dans Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.

    Le décor de 1984 est une Londres sinistre d'un terrifiant monde totalitaire soumis à Big Brother, située en Océania.

    Le personnage principal est Winston qui travaille au Ministère de la Vérite où l'on falsifie à longueur de temps les documents historiques car "qui contrôle le présent contrôle le passé." On sait en effet que ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l'Histoire.

    C'est la société du tout-contrôle sous la surveillance des télécrans, préfigurant nos écrans portables modernes. Les actes de tous les individus sont donc tous notés. Mais c'est aussi une société de pénurie et de peur !

    L'Océania de Big Brother et du Parti est en guerre permanente contre l'Eurasia ou bien est-ce contre l'Estasia? Peu importe, rien n'est sûr dans ce monde hormis ce que décide et dicte le Parti. L'ennemi permet de liguer la société contre un bouc-émissaire. Orwell fait vraiment figure de visionnaire ! De même, les bas-instincts réprimés -ou encouragés tel la délation des parents par les enfants - ont une occasion de s'exprimer au cours de la Minute de la Haine, véritable débauche hystérique.

    A côté des cadres et des membres du Parti, il y a une frange d'exclus de la société, les Prolétaires, abrutis de bière, de foot et d'émissions télévisées.

    couverture-de-1984Le "héros" Winston commence à douter de la ligne directrice, à avoir des pensées subversifs, à noter des contradictions dans les discours du Parti, à avoir des réminiscences des temps d'avant. Il tient même un journal intime en cachette. il commence a s’intéresser aux écrits subversifs d'un opposant, Goldstein dont on ne sait pas si il est un mythe ou une réalité.

    De plus, Winston va s'autoriser une histoire d'amour -dissimulée - avec Julia et pensera trouver un allié en contact avec la Résistance chez O'Brien. Mais, en réalité, le Parti contrôle véritablement tout le système et l'emportera sur le "dernier représentant de l'humanité" tel que se présente Winston.

    En effet, le Parti n'a jamais cesser de surveiller Winston. O'Brien est un serviteur dévoué du Parti et Winston sera torturé longuement- et rééduqué - de sa main au sein du Ministère de l'Amour.

    Enfin, il faut signaler qu'en Océania existe une langue spécifique en cours d'élaboration : la novlangue, avec un vocabulaire réduit. Le langage autorise la pensée et donc si l'on restreint celui-ci on décourage l'hérésie. Liberté, émancipation, droits de l'homme sont résumés en novlangue par le terme "penséecrime".

    Une oeuvre sombre,assez désespérante et sans concession. Néanmoins, elle a le mérite de faire réfléchir. A rapprocher des événements historiques du XXème siècle,  nazisme et stalinisme.

    Bien que la date de 1984 soit passée,le livre demeure d'actualité et Big Brother, Novlangue sont des termes passés dans le langage commun, utilisés par ceux qui défendent les libertés.

    Restons vigilants si nous voulons éviter une dérive vers de tels modèles de sociétés !

    A bientôt !


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  • Dans les enfants de Staline, la biographie familiale vient recouper la Grande Histoire. C'est à un véritable travail d'enquête, de retour sur son passé que s'est livré l'auteur, diplomé d'Histoire à Oxford et journaliste, actuellement directeur de la rédaction de Newsweek à Moscou.

    Owen Matthews est né à Londres, d'une mère russe et d'un père anglais. Le roman revient deux générations en arrière, d'abord dans les années trente avec le grand-père, Boris Bibikov, pur homo sovieticus.

    Revenons sur le contexte, les années trente en URSS voient la collectivisation forcée des terres appartenant aux koulaks, à l'occasion du Premier Plan. Il s'ensuit des famines abominables. C'est aussi la veille des grandes purges qui commencent avec l'assassinat de Kirov. Boris Bibikov va être victime de ces purges. Jugé selon les méthodes du NKVD, il est tué d'une balle dans la nuque en 1937. Sa femme, Martha, connaitra le goulag et ses filles les orphelinats.

    Puis c'est la Seconde Guerre Mondiale, le plan Barbarossa, la Bataille de Stalingrad. Les deux filles survivent au milieu de ce chaos.

    Ensuite, on revient sur Ludmilla la mère russe de l'auteur. Elle mènera une belle carrière universitaire. Son père sera réhabilité en 1956, conséquence du XXème congrès du PC.

    Elle rencontre Mervyn Mathhews, diplomate anglais auquel le KGB fait des avances qu'il refuse, on est en pleine Guerre Froide.

    La suite on la connait, Gorbatchev arrive au pouvoir; c'est la Perestroika. 1989, chute du mur de Berlin et 1991, effondrement de l'URSS.

    Un livre intéressant pour sa valeur de document. Une écriture rigoureuse et précise et parfois poignante.

    Plus un livre de journaliste que d'écrivain à proprement parler !

    A bientôt !


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  • Aujourd'hui, je commence une série de billets consacrés au fantastique comme j'en ai commencé une sur la SF.

    Pour le lecteur qui souhaiterait s'informer plus précisément sur ce genre, on peut recommander les ouvrages suivants :

    - Roger Cailloix; Au coeur du fantastique; Gallimard, 1965

    - Pierre-George Castex; Le Conte fantastique en France; Corti, 1966

    - Tzvetan Todorov; Introduction à la littérature fantastique; Points Essais, 1970

    C'est sur ce dernier livre que je m'appuierais pour fournir la matière de ce billet.gargouille

    Le genre fantastique relève d'une hésitation. Dans les histoires fantastiques, surviennent des évènements que l'on pourrait qualifier d'irrationnels, qui défient la raison. Le fantastique, c'est l'hésitation éprouvé par un être qui ne connait que les lois naturelles, face à un évènement en apparence surnaturel.

    Cet être, c'est à la fois le personnage et le lecteur. Dès lors, très souvent dans ce genre, mais pas toujours, il y a identification entre le lecteur et le personnage.

    Il y a un genre qui pourrait relever du fantastique mais qui n'en relève pas : c'est la poèsie. La poésie est une envolée du "je poétique" mais elle n'est pas représentative. "Ce n'est qu'une séquence verbale, à prendre comme telle, sans essayer d'aller au dela des mots" dit Todorov.

    Le fantastique ne doit être ni "poétique", ni "allégorique".

    Signalons encore une autre conception du genre, celle théorisée par H.P. Lovecraft pour qui le fantastique se juge au fait qu'il doit susciter la peur chez le lecteur. Mais c'est là une conception dépassée du genre qui serait basée sur le degré de sang-froid du lecteur.

    Il faut retenir dans cette définition que je ne développerais pas davantage que le fantastique est une oscillation. Dès que l'on bascule dans l'explication rationnelle (rêve, manipulation, folie, hallucination) on est dans un genre voisin : l'étrange. Si en revanche, on opte pour une explication surnaturelle (le monde n'est pas comme il semble), on est dans le merveilleux.

    Dans un prochain billet, je dresserais un historique non exhaustif du genre : Cazotte, Hoffmann, Poe, Nerval, Gautier, Mérimée, Maupassant...

     

    A bientôt !


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  • Le XVIIIème siècle, sous l'impulsion des philosophes des Lumières, avait vu l'émergence d'une pensée critique et de l'opinion publique, d'une pléthore de journaux critiques (essentiellement protestants) en provenance de Hollande (Pierre Bayle; Nouvelles de la République des Lettres ou Jean-Frédéric Bernard; Bibliothèque universelle) et la vogue des encyclopédies (Chambers en Angleterre, Diderot et D'Alembert en France).

    La censure demeurait la règle mais était largement inefficace. Elle diminua à la révolution pour s'accentuer sous la Terreur, le Directoire et l'Empire. Puis arrive le mouvement romantique avec Balzac, Chateaubriand, Vigny, Hugo, Musset, Sand...

    Au cours du XIXème siècle, la production de livres va exploser. On passe de 2000 ouvrages publiés par an en France à  plus de 15000. Ceci est du à l'amélioration des moyens de production (nouvelles presses mécanisées, chemins de fer pour la diffusion) et à la demande du public qui s’accroît.

    En effet, au long du XIXème siècle, on passe de 50 pourcents d'alphabétisation à presque 100 pourcents en 1914 (d'après les registres des conscrits). La Loi Guizot en 1833 crée une école primaire dans chaque commune. La Loi Falloux en 1850 crée des collèges et la Loi Ferry en 1882 rend l'enseignement gratuit et obligatoire.

    L'accès au livre est facilité. La première moitié du siècle voit l'apparition du cabinet de lecture et l'année 1862 sont crées les premières bibliothèques municipales (voir mon billet sur le sujet).

    L'année 1836 est un tournant pour les journaux. Émile de Girardin crée La Presse et y insère de la publicité. Le prix des abonnements baisse de moitié. C'est aussi l'apparition du roman feuilleton ou s'illustreront Balzac (La vieille Fille) et surtout Eugène Sue (Les Mystères de Paris). Le roman feuilleton qui remplace le feuilleton critique se trouve en bas de première page. Les lecteurs peuvent donc découper ce bas de page et se constituer un livre à bon marché.

    L'éditeur Ladvocat innove dans la publicité: il crée l'affiche. En quatrième page des journaux, on trouve les réclames.

    Le monde de l'édition se divise entre libraire-éditeur et libraire-commissionnaire. Les fonctions de libraires et d'imprimeurs se séparent.

    Dans la première moitié du siècle, les romantiques se montrent hostile à la logique du livre comme objet commercial. Ils considèrent les libraires comme de vulgaires épiciers qui fabriquent des livres de mauvaises qualités et exploitent les écrivains. Cette vision évoluera avec la notion d'éditeur à la fois homme d'affaire et homme de goût à la fin du siècle, citons par exemple Hetzel.

    En 1838, Gervais Charpentier change le format in-octavo pour le in-18 plus petit (un feuillet donne 18 pages). La qualité du papier s'améliore et il y a plus de texte. Le prix baisse également. Il crée "la Bibliothèque Charpentier" dont le tome 1 regroupe La physiologie du goût de Brillat-Savarin et La physiologie du mariage de Balzac.

    Louis Hachette en 1852 obtient le monopole des librairies dans les gares et en 1853, il lance la "Bibliothèque des Chemins de fer" pour une littérature de haute-tenue.

    Le développement du procédé de la lithographie, en Allemagne à la fin du XVIIIème siècle et de celui de la gravure sur bois en 1830 permet le développement du livre illustré et du livre d'art. Pour l'anecdote, Gustave Flaubert était opposé au principe de l'illustration pour ses livres.

    On le voit, le monde de l'édition est en pleine essor au XIXème siècle et les choses vont encore s'intensifier jusqu'à nos jours.

    J'y reviendrais ! A bientôt !


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  • Les Provinciales ou Les Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces pères  est un ensemble de dix-huit lettres publiées anonymement en 1656 et au début de 1657 pour prendre la défense d'Antoine Arnauld jugé par la faculté de théologie, à savoir la Sorbonne.

    En effet, dans une lettre de 1655, Arnauld défend les jansénistes de l'accusation d'hérésie. Les adversaires - les jésuites et les thomistes (les dominicains qui suivent les préceptes de Saint-Thomas) et le P. Annat, jésuite et confesseur du roi - attaquent à travers Jansénius, la théologie de la grâce de Saint Augustin.

    Le christianisme est une religion du salut. Jésus, par sa crucifixion et sa résurrection, a racheté le péché originel. Tout homme qui croira sera sauvé. Pour être sanctifié, il faut recevoir la grâce de Dieu mais selon certains, par exemple le moine Pélage, l'homme peut se racheter par ses seules actions. La grâce s'oppose à la notion de libre-arbitre. Les jésuites pensent que les actions des hommes suffisent, les calvinistes (protestants) penchent pour la grâce à laquelle il ajoutent la prédestination (peu importent les actes, c'est Dieu qui décident d'accorder la grâce et pas à tout le monde).

    Les jésuites et les autorités judiciaires ne découvriront jamais qui est l'auteur des Provinciales du vivant de l'auteur. De fait, c'est Blaise Pascal aidé d'amis qui collationnaient les références citées dans ces lettres missives.

    Blaise Pascal est né en 1623 et meurt en 1662. C'est à la foi un philosophe (on lui doit Les Pensées -écrites après Les Provinciales). C'est aussi un homme de science, génie précoce, auteur de traités scientifiques (dont un sur les cônes à 16 ans), prônant l'intuition en mathématiques et l'expérimentation en physique, inventeur d'une machine à calculer la Pascaline (voir l'article "Histoire de l'informatique" sur historia-drizzt).

    Dans Les Provinciales, Pascal pratique la satire à l'encontre des jésuites dont il critique la théologie morale ou casuistique qu'il juge trop laxiste car elle semble pouvoir s'adapter à toutes les situations, complaisante pour rassembler large !

    L'auteur épistolaire piège un jésuite en l'attirant dans une maïeutique (un questionnement) ou cette casuistique complaisante est mise à jour, provoquant les sourires du lecteur complice !

    Les lettres sont une œuvre qui évolue avec les péripéties judiciaires et après une lettre 11 sur le rire classique et le rire religieux, les lettres suivantes sont directement adressées aux jésuites.

    En conclusion, sur la morale relâchée des jésuites, Pascal l'emporte mais pas sur le problème de la grâce. Par la suite, il tentera de convertir les libertins et Les Pensées seront -entre autre- une revanche sur l'échec des Provinciales.

    Il faut retenir que ces dix-huit lettres sont un combat. Une minorité - celle de Port-Royal, bastion du jansénisme - essaie de préserver sa liberté de conscience contre un pouvoir qui écrase.

    A bientôt !


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